Il ne fait pas de doute que Frank Ntilikina est le meilleur jeune meneur de jeu français depuis Tony Parker. Elu MVP de l’Euro U18, le champion d’Europe fait déjà saliver les scouts NBA, et il est évidemment tentant de comparer les deux spécimens au même âge, même si morphologiquement, il ne se ressemble pas.
Le Strasbourgeois (1,96m) est sensiblement plus grand que le meneur des Spurs (1,88m) et il possède des bras gigantesques (2,13m d’envergure !), une vertu naturelle précieuse pour le basket. Au même âge, TP était lui d’une rapidité exceptionnelle même si Ntilikina est loin d’être un tracteur.
La comparaison la plus objective, ce sont les statistiques, même si là aussi, prudence. Celles-ci sont beaucoup fonction de l’environnement. Mais tout de même…
Le Strasbourgeois sort de l’Euro U18 qui vient de se tenir en Turquie avec en 28 minutes par match : 15,2pts, 50.0% dans les shoots et surtout un formidable 58,6% à trois-points, 4,5 passes, 2,8 rebonds, 2,2 interceptions, 1,2 contre -ce qui est énorme pour un arrière- et 3,3 balles perdues -ce qui à l’inverse est un peu trop même quand vous avez beaucoup la balle en main.
A Zadar, en 2000, Parker fut lui aussi champion d’Europe et élu MVP du tournoi. Il joua un nombre de minutes presque égale (29) avec 14,4 pts, 45,3% dans les shoots, 34,8% à trois-points, 2,5 passes, 2,8 rebonds, 1,8 interception, pas de contre, et 1,3 balle perdue.
Bref, la production chiffrée du futur quadruple champion NBA fut sensiblement inférieure à celle de son héritier même s’il fut moins dispendieux.
T.P. avait beaucoup plus de temps de jeu en club
Une autre comparaison peut être faite.
A la SIG, Frank Ntilikina passe actuellement en moyenne 13 minutes par match sur le terrain pour 3,8 pts, 52,9% dans les shoots dont 45,4% à trois-points, 0,5 passe, 1,2 rebond, 1,7 interception, pas de contre, 0,7 balle perdue. C’est encore un apprenti, il est le backup d’un Américain, Erving Walker, et il est parfois utilisé en deuxième arrière.
Tony Parker, lui, n’avait plus Laurent Sciarra en concurrence interne au Paris Basket Racing. Il était passé titulaire et son temps de jeu avait bondi à 33 minutes. A la fin de la saison 2000-01, il en était à 14,7 pts, 48,9% dans les shoots, 30,3%, 5,6 passes, 2,7 rebonds, 2,3 interceptions, pas de contre, et 2,2 balles perdues. TP était déjà considéré comme un adulte.
En club et à dix-huit ans, Frank Ntilikina est donc sensiblement en retard sur son glorieux aîné sachant que celui-ci fut drafté à la fin de cette saison parisienne (28e choix) et qu’il trouva aux Spurs un environnement parfait pour développer sa précocité.
Moralité : s’il devrait être drafté sensiblement plus haut que Parker, la route est encore longue pour l’Alsacien surdoué s’il veut un jour rivaliser avec le meilleur basketteur français de tous les temps. Mais il a le temps pour y arriver, éventuellement.