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Pascal Donnadieu (Nanterre) : « Mon rêve c’était d’atteindre la Nationale 4 »

Dans son bureau trônent une réplique parfaitement réalisée du trophée de champion de France et l’original de l’EuroChallenge que la JSF Nanterre 92 a pu conserver après en avoir remporté la dernière édition en 2015. L’histoire est connue : Pascal Donnadieu a franchi toutes les étapes – onze montées

Dans son bureau trônent une réplique parfaitement réalisée du trophée de champion de France et l’original de l’EuroChallenge que la JSF Nanterre 92 a pu conserver après en avoir remporté la dernière édition en 2015. L’histoire est connue : Pascal Donnadieu a franchi toutes les étapes – onze montées en 24 ans – avant de faire partie du Gotha français et même européen. Il est aujourd’hui en sus adjoint de Vincent Collet en équipe de France. Il n’y a pas d’autres cas similaire dans le sport français. Le coach de la JSF nous raconte ses premières saisons dans l’ombre.

[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »] »Je suis né avec un ballon de basket, je suivais mon père (Ndlr : Jean, président du club), j’avais un petit panier dans ma chambre à une époque où on n’en vendait pas. Je fais 1,70 m, j’étais meneur de jeu, on jouait dans une petite salle de quartier, le gymnase Romain-Rolland, à 500m d’où habitaient mes parents. On avait une équipe qui jouait en Honneur Région et qui vivotait avec des jeunes de 18-20 ans comme moi et des joueurs en fin de carrière. Comme les matches n’étaient pas très plaisants, les mecs s’engueulaient, avec les adversaires, les arbitres, mon père a dit stop ! Plus d’équipe première. J’entraînais depuis une ou deux saisons avec un pote et on commençait à montrer le bout de notre nez sur les équipes de jeunes où on était très compétitifs. On a fait venir un week-end à notre école de basket Jacky Chazalon (Ndlr : meilleure joueuse française des années 70) et Gérard Bosc (Ndlr : futur Directeur Technique National) pour faire une démonstration. Mes potes sont partis jouer aux alentours et moi je me suis entraîné avec Rueil qui était en Nationale 4 et ils m’ont recruté pour jouer avec eux. Parallèlement, j’ai continué à entraîner les jeunes à la JSF. Avec Rueil, on monte en Nationale 3. J’ai quelques potes qui viennent me voir en me disant qu’ils voulaient rebâtir une équipe à Nanterre et puisque je jouais à Rueil le samedi soir avec deux ou trois entraînements, je pouvais peut-être m’occuper d’eux avec un entraînement par semaine et en jouant le dimanche. J’ai dit banco ! On a soumis l’idée à mon père et il a accepté.

Employé à la mairie

Comme on n’avait pas eu d’équipe pendant un an, forcément on est reparti au plus bas. C’est à dire la première série interdépartementale sachant qu’il y avait trois échelons au niveau du département. Et ensuite on accédait au niveau régional. Je n’étais qu’un entraîneur de jeunes et à l’époque il y avait les moniteurs 1, 2. Je n’avais passé que les petits diplômes d’un gars qui avait vingt ans et qui avait un boulot à côté. J’étais employé de banque depuis l’âge de 17 ans. À la vérité, ma vie c’était le basket et j’avais déjà une vraie passion pour entraîner les petits. C’est pourquoi je suis rentré très vite dans le milieu professionnel car ça me permettait de faire beaucoup de basket à côté. Je ne touchais pas d’indemnités pour ça. Le premier argent que j’ai eu c’est à Rueil en Nationale 4 avec des primes de match. À Nanterre, j’ai gagné un peu d’argent à partir de Région. Plus tard, en 1996, je suis ensuite devenu employé à la mairie de Nanterre pour développer la pratique basket. Le club avait déjà grandit, on était en Nationale, et la mairie sentait que le basket prenait de l’importance et voulait faire des actions en direction des quartiers. Il y avait un chargé d’action foot, un autre sports individuels, et moi pour le basket. J’ai créé un atelier, un tournoi international pour les jeunes. Ça n’avait aucun rapport avec le club et en aucun cas la mairie ne m’a payé pour entraîner. Quand on s’est retrouvé en N1, dans un premier temps, je suis passé à mi-temps au service des sports. Quand on est monté en Pro B, je me suis consacré entièrement au coaching.

Chacun lavait ses maillots

Lors de ma première année d’entraîneur, à part peut-être un ou deux qui faisaient le banc, tous les joueurs étaient plus vieux que moi. Jusqu’en Excellence Région, on a gravi un échelon chaque année. Au début on était au-dessus car il y avait des joueurs de qualité, de niveau région, mais chaque année il y avait deux ou trois équipes majeures, aussi la saison se jouait souvent sur un aller-retour. Tu peux perdre deux matches et même un seul et ne pas monter. C’était une sacrée pression. À domicile, il y a eu rapidement un peu de monde car il y avait une grosse dynamique au niveau des jeunes et tous les gamins venaient voir les matches de l’équipe première. Mais il n’y avait pas de tribune dans la salle Romain-Rolland. Les gens s’asseyaient tout autour du terrain et comme il y avait très peu de recul, ce n’était pas facile pour les adversaires. Ensuite quand on est monté en Nationale 4, on est passé dans une salle intermédiaire Evariste-Gallois avec une tribune de 200 personnes, et c’est quand on est monté en N1 que l’on s’est retrouvé ici à Maurice-Thorez. C’était la salle du hand et du volley qui était monté jusqu’en Pro B. Tous nos jeunes sont encore aujourd’hui à Romain-Rolland. Nous, on était plutôt bien organisé mais deux fois sur trois il n’y avait pas d’arbitre officiel, aussi tu étais à l’extérieur avec des arbitres du club avec tout ce que ça peut impliquer. C’était parfois de sacrés pièges dans des salles un peu chaudes. En dehors du basket proprement dit, il fallait gérer ce genre de situation sans t’énerver !

C’étaient des équipes unes de clubs pas des réserves. Je me souviens que la première année il y avait un club mythique de Paris, l’AS Bonconseil, et le premier match que l’on a fait c’était contre Saint-Denis. On jouait contre des équipes de la Petite Couronne. On y allait en voitures et on se suivait. On faisait des plans sur des photocopies mais il n’y avait pas de GPS, de portables, or il y en a toujours qui vont faire de l’essence sans te prévenir. La première victoire, c’était d’arriver au complet et à l’heure pour bien t’échauffer. Chacun lavait ses maillots. Je crois qu’on s’entraînait le mercredi, le jour où il n’y avait pas d’entraînement à Rueil. Il fallait aussi que je m’arrange pour jouer le dimanche puisque moi je jouais le samedi soir, une année en Nationale 4 et deux en Nationale 3. La deuxième année en N3, je jouais de plus en plus et de mieux en mieux même si je n’étais pas un joueur formidable, mais quand tu as tout tes potes dans le club d’à côté, que tu as ton père qui te fait les yeux doux pour que tu reviennes et que tu es monté pendant deux ans… Je me suis dit que je ne serai jamais un joueur hors normes, j’ai fait le choix du cœur et je suis revenu avec mes potes. Au bout de trois ans de l’histoire de cette équipe, je suis devenu entraîneur joueur. Je me suis blessé. J’ai moins joué en Excellence Région, quelques matches en Nationale 4 et après plus le niveau monte et plus c’est difficile d’assumer les deux casquettes, alors j’ai laissé tombé.

Élevé au basket parisien

Je voulais être journaliste sportif. J’ai dû lire L’Équipe dès que j’ai su lire, tous les sports. Je jouais avec des petits coureurs cyclistes, comme les Subbuteo au foot, et je commentais en même temps avec un petit magnétophone. Lorsque je jouais à Rueil ma référence c’était eux, et aussi Chatou qui était à l’époque en Nationale 2 et c’était Alain Weisz qui entraînait, j’ai vu évoluer un garçon comme Philippe Hervé.

Mon père aimait nous emmener de temps en temps à Coubertin ou alors, plus petit, à Bagnolet. Je me souviens des frères Dorigo (Laurent et Maxime), des Berté (Christian et Gérard), de (Michel) Longueville. Le premier joueur que j’ai trouvé très fort c’est Marko Ostarcevic (Ndlr : auteur de 64 points avec le Racing Paris contre Graffenstaden en 1971). Je suis allé voir le tournoi pré-olympique de 1984 et la même année la finale de la Coupe Korac d’Orthez à Coubertin. Je me souviens des matches de Berck à la télé, le soir, avec les commentaires de Jean Raynal (Ndlr : au milieu des années 70). Bien sûr, après il y avait ceux commentés par Bernard Père, Patrick Chêne. Ce qui était sympa c’était de les regarder le samedi après-midi et de jouer après. J’avais une équipe de poussins/benjamins et avec elle je suis parti à un camp de George Fisher à Orthez. Mais même si je m’intéressais au haut niveau, lorsque j’ai commencé à entraîné Nanterre, mon rêve c’était d’atteindre la Nationale 4 !

Lorsque je suis rentré dans le basket professionnel, ce n’est pas que tu complexes, mais tu ne peux arriver que sur la pointe des pieds. Lorsque tu rentres dans ce milieu, tu te retrouves avec des gens que tu as regardé, admiré, et là tu es au même niveau qu’eux. Je me suis dit que je devais davantage prouver car je venais de tout en bas, mais c’était une richesse d’avoir connu toutes les divisions, tous les types de basket. C’est sans doute un avantage vis à vis de gens qui n’ont connu que les centres de formation, une carrière de joueur et après une carrière d’entraîneur. Beaucoup de mes anciens coéquipiers de départementale suivent toujours la JSF et viennent aux matches, sont abonnés. C’était mes coéquipiers, j’ai été leur entraîneur et c’était des amis. Même si j’ai dû dire à des joueurs de jouer moins, ça a pu emmagasiner une certaine frustration pour eux et ils ont pris leurs distances. L’un des joueurs les plus emblématiques, c’est François Godener. Il a joué avec moi à Rueil et il marquait 10-15 points en Nationale 3 sans trop se faire remarquer. Il était chirurgien-dentiste. Un jour il est venu voir mon père et il lui a demandé s’il pouvait signer au club car il considérait qu’il ne pouvait plus faire les deux. Aujourd’hui, il vient à tous les matches. »

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« Je suis né avec un ballon de basket, je suivais mon père (Ndlr : Jean, président du club), j’avais un petit panier dans ma chambre à une époque où on n’en vendait pas. Je fais 1,70 m, j’étais meneur de jeu, on jouait dans une petite salle de quartier, le gymnase Romain-Rolland, à 500m d’où habitaient mes parents. On avait une équipe qui jouait en Honneur Région et qui vivotait avec des jeunes de 18-20 ans comme moi et des joueurs en fin de carrière. Comme les matches n’étaient pas très plaisants, les mecs s’engueulaient, avec les adversaires, les arbitres, mon père a dit stop ! Plus d’équipe première. J’entraînais depuis une ou deux saisons avec un pote et on commençait à montrer le bout de notre nez sur les équipes de jeunes où on était très compétitifs. On a fait venir un week-end à notre école de basket Jacky Chazalon (Ndlr : meilleure joueuse française des années 70) et Gérard Bosc (Ndlr : futur Directeur Technique National) pour faire une démonstration. Mes potes sont partis jouer aux alentours et moi je me suis entraîné avec Rueil qui était en Nationale 4 et ils m’ont recruté pour jouer avec eux. Parallèlement, j’ai continué à entraîner les jeunes à la JSF. Avec Rueil, on monte en Nationale 3. J’ai quelques potes qui viennent me voir en me disant qu’ils voulaient rebâtir une équipe à Nanterre et puisque je jouais à Rueil le samedi soir avec deux ou trois entraînements, je pouvais peut-être m’occuper d’eux avec un entraînement par semaine et en jouant le dimanche. J’ai dit banco ! On a soumis l’idée à mon père et il a accepté.

Employé à la mairie

Comme on n’avait pas eu d’équipe pendant un an, forcément on est reparti au plus bas. C’est à dire la première série interdépartementale sachant qu’il y avait trois échelons au niveau du département. Et ensuite on accédait au niveau régional. Je n’étais qu’un entraîneur de jeunes et à l’époque il y avait les moniteurs 1, 2.

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Article paru dans Basket Hebdo en 2016 – Photo: FIBA Europe

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