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20 ans de Ligue Féminine : Au Bonheur des Dames

A l’occasion de son 13e Open à Paris-Coubertin, la Ligue Féminine de Basket a lancé sa saison et a commencé à commémorer ses vingt ans. Au fil du temps, les joueuses ont obtenu l’estime de tous mais si les générations passent, les Tango de Bourges sont toujours le fil rouge de son histoire sportive.

A l’occasion de son 13e Open à Paris-Coubertin, la Ligue Féminine de Basket a lancé sa saison et a commencé à commémorer ses vingt ans. Au fil du temps, les joueuses ont obtenu l’estime de tous mais si les générations passent, les Tango de Bourges sont toujours le fil rouge de son histoire sportive.

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En vingt ans la Ligue Féminine de Basket a fait jouer 3 500 matches, qui ont concerné des joueuses de 44 nationalités, imposé la couleur fuchsia, des directrices à sa tête –dans l’ordre, Monique Amiaud, Magali Andrier et Irène Ottenhof-, de plus en plus de femmes arbitres –et une exclusivité pour la gent féminine à l’Open-, des consultantes sur la chaîne dédiée, LFBTV : Isabelle Fijalkowski et Loëtitia Moussard (Championnes d’Europe 2001), Caroline Aubert (5 fois meilleure passeuse de LFB), Clarisse Costaz (7 saisons en LFB, qui était membre du comité de candidature de Paris 2014), Yacine Sene (15 saisons en LFB) et une journaliste au bord du terrain, Chloé Westelynck, elle aussi ancienne membre de la famille.

Bien sûr, tout n’est pas encore satisfaisant. Il n’y a qu’une seule head coach, la rookie Cathy Melain, et trois assistantes, Julie Barennes, qui lui est associée à Basket Landes, Caroline Aubert (Nantes), Aurélie Bonnan (Lattes-Montpellier) et Ljubica Drljaca (Villeneuve d’Ascq). Longtemps la présidence des clubs fut chasse gardée des hommes et là, deux femmes font fi des préjugés, Régina Dutacq à Mondeville, et Marie-Sophie Obama, présidente déléguée à l’ASVEL, et elle aussi une ancienne joueuse professionnelle.

D’autres éléments récents sont à l’évidence très positifs en Ligue féminine comme le fait d’avoir réduit le nombre d’équipes à douze ce qui densifie le niveau, de s’être converti depuis la saison dernière à de véritables playoffs avec une finale en cinq manches, d’avoir mis au point des playdowns plus compréhensibles, et nouveauté de cette saison, d’avoir institué trois arbitres comme dans la ligue masculine et des Pré-Open sur quatre sites qui permettent de mieux ordonnancer les derniers matches de préparation.

Même si elle n’a pas ces fameux mécènes qui permettent d’avoir des clubs richissimes en Italie, Russie et Espagne d’abord, en Turquie désormais -ce qui dérégule artificiellement le marché-, la Ligue féminine est saine –le contrôle de gestion a écarté les brebis galeuses comme l’était Perpignan- et toujours attractive. Pas de « dreamteameuses » américaines en son sein mais huit Françaises vice-championnes d’Europe, sachant que trois autres sont à l’étranger et une, Gaëlle Skrela, partie à la retraite. Rappel comparatif : seul du dernier Euro Louis Labeyrie est toujours en Pro A.

Ce qui fait encore plus la force de la LFB, c’est sa densité. On peut écrire que le pass d’admission quasi indispensable, c’est une médaille en équipe de France de jeunes. On exagère à peine tant il y des dizaines de joueuses qui sont montées au préalable sur un podium européen en cadettes, en juniors ou U20.

Patrick Beesley, Céline Dumerc et Jean-Pierre Siutat.

Le rêve réalisé d’Anaël Lardy

Que de chemin parcouru depuis le 1er février 1998, date à laquelle fut créée à Villeurbanne la Ligue Féminine de Basket pour gérer le basket féminin de haut niveau sur une idée d’Yvan Mainini, président fédéral de l’époque, en se donnant Serge Gérard comme président.

« Il y a vingt ans mon petit frère est né ! », rigole la meneuse de Lattes-Montpellier Anaël Lardy, 30 ans dans quelques jours, quand on lui demande ce qu’elle faisait il y a vingt ans, elle qui est issue d’une célèbre famille savoyarde de basketteuses, les Falcoz. « J’ai ma tante, Fabienne Falcoz qui a joué à haut niveau, qui a fait l’équipe de France A’. Quand on me demande qui était ton idole ? C’était ma tante. J’ai vécu à travers sa carrière. Ça a toujours été un rêve. J’ai fait plein de sports auparavant et j’ai eu un choix à faire entre athlétisme et basket. J’ai fait du basket non pas à cause de ma famille mais parce que je l’ai choisi et aujourd’hui je suis la plus heureuse. Ma tante a joué à Aix-en-Provence avec Edwige (Lawson) et Allison Feaster. Pour moi, la ligue c’était un rêve. Parfois j’allais avec elles dans le bus quand elles faisaient un déplacement. Ça été très bizarre de jouer avec Edwige en équipe de France. C’est mon rêve qui s’est réalisé car ça a toujours été dans un coin de ma tête. »

Audrey Sauret fut l’un des membres de la saison inaugurale. Elle avait 21 ans, portait le maillot de Valenciennes, et s’offrit à Bourges son premier Final Four d’Euroleague. Aujourd’hui elle est manager générale de l’Etoile de Charleville club de Pro B. Elle fait remarquer que les mœurs ont changé en deux décennies, sur les parquets et dans la société toute entière.

« Les choses vont continuer à évoluer. On entend beaucoup de gens très impatients, ça ne va jamais assez vite, mais chaque chose en son temps. On voit que la société a changé. Avec les réseaux sociaux, il y a beaucoup plus de popularité, de vues pour toutes ces joueuses. Je pense que ça ne peut aller que de l’avant », déclare-t-elle, estimant que si elle observe davantage de shoots extérieurs, il y a vingt ans, le jeu ne s’est pas réellement métamorphosé.

C’est au minimum dans les années quatre-vingt-dix que le basket des femmes a changé de braquet avec des joueuses mieux carénées, plus physiques, et qui se sont consacrées à temps plein à leur sport. Des professionnelles en somme, biberonnées au Centre Fédéral et dans des centres de formation performants. Et année après année, elle se sont mis à courir plus vite, à sauter plus haut, à se téléscoper de plus en plus fort.

Alexia Chartereau et Audrey Sauret.

L’Open, la marque de fabrique de la LFB

La LFB a fortement innové avec le lancement, le 1er octobre 2005, de l’Open qui sert de première journée de championnat et qui concerne l’ensemble des clubs. En prenant systématiquement comme cadre Paris et le Stade Coubertin, la ligue s’est assurée une exposition médiatique nationale bien supérieure à ce qui est possible dans n’importe quelle ville de province.

Le media day qui permet aux capitaines et aux joueuses d’aller à la rencontre de la presse, de faire avec bonne humeur quantité de photos et aussi de papoter les unes avec les autres est devenu incontournable. Les deux Belges Emma Meesseman et Julie Vanloo, alors à Villeneuve et Mondeville, nous avaient dit combien elles étaient impressionnées par le décorum. Ses affiches parfois un peu canailles ont fait aussi sa promo et l’adjonction d’un Match des Champions –le champion face au vainqueur de la Coupe de France- s’est avérée profitable. En revanche, le choix de préférer cette année le vendredi au dimanche n’a pas eu l’heur de plaire à pas mal de provinciaux.

« J’ai été à l’origine de l’Open », a rappelé Jean-Pierre Siutat qui fut pendant huit années le président de la ligue. « On a souvent été copié, jamais égalé », a t-il lancé dans un clin d’œil.

L’Open, c’est l’occasion d’une kyrielle de célébrations. Le vendredi, les vice-championnes d’Europe ont été honorées et plus particulièrement les néo-retraitées internationales, Gaëlle Skrela et Céline Dumerc, qui a établi un record de 262 sélections. Tout comme l’ancienne détentrice, Paoline Ekambi, l’ancienne présidente de Nice, Laurence Laborde et son homologue de Lattes-Montpellier, René Comes. Les trois MVP de la saison précédente (Amel Bouderra, Katherine Plouffe et Alexia Chartereau) ont été présentées au public. Et puis aussi les jeunes dont les cadettes championnes d’Europe.

« Fauthoux, Rupert, ce sont des noms qui nous parlaient il y a vingt ans et je pense que c’est la génération de 2024 », a souligné Jean-Pierre Siutat, rappelant ainsi que Marie et Ilona sont les filles de Freddy et Thierry.

La bonne santé de la Ligue Féminine est évidemment intimement liée au nombre de licenciées et aux résultats des équipes nationales. Et de ce côté-là, TOUT VA BIEN. Avec 220 000 licenciées, le basket-ball est toujours en tête des sports co féminins même s’il sait qu’il va bientôt se faire surpasser par le football qui bénéficie d’une bienveillance médiatique qui est tout simplement choquante. Quant aux Bleues, on peut constater qu’elles ont gagné six médailles depuis 2009 chez les séniors et qu’il n’y a pas de raison que la source s’appauvrit quand on sait que les juniors –la catégorie de référence-, sur la même période, sont montées chaque année sur un podium européen.

En 2018, l’équipe de France va participer avec quelques ambitions à la Coupe du Monde en Espagne et sur le territoire national à un tournoi de prestige avec les Etats-Unis, l’Espagne et peut-être une autre nation mondiale de pointe.

L’équipe de France vice-championne d’Europe.

De plus en plus médiatisé

Le temps où le basket des femmes valait au mieux une totale indifférence, au pire des commentaires sexistes de bas niveau n’est plus que mauvais souvenir.

« La place du sport féminin est de plus en plus grande même si nous sommes tous d’accord, ce n’est pas encore ça », constate le président de la LFB, Philippe Legname. « Aussi l’initiative de la ministre des sports (NDLR : Laura Flessel) qui a créé la conférence permanente du sport féminin est intéressante. Il y a plusieurs thématiques, la place du public féminin dans le sport, trouver des solutions pour structurer et professionnaliser le sport professionnel féminin, améliorer sa médiatisation, développer en même temps le haut niveau et le sport de masse et accompagner les joueuses de haut niveau pour leur reconversion. »

Au niveau fédéral, des packs sur le basket féminin ont été envoyés aux comités départementaux, aux ligues régionales et aux clubs.

« Nous organisons également des tournois dans les universités et les grandes écoles. Avec Irène (Ottenhof) nous ne déplaçons dans les territoires pour soutenir les organisateurs qui mettent sur pied les Open et les tournois 3×3. Nous avons une volonté qui est grande de développer le basket et le sport féminin à la condition évidemment que les résultats soient à la hauteur des investissements. »

Pour ces vingt ans, la ligue a fait faire un logo qui a été décliné pour tous les clubs. Il leur sera demandé de les mettre en exergue sur leurs différents supports et réseaux. L’histoire et l’actualité de ces deux décennies seront mises en lumière sur le site internet de la LFB par le biais d’articles sur les joueuses, les coaches, les clubs, les présidents, les arbitres, les événements.

« On va faire un appel aux fans du basket féminin, leur demander leur avis à travers un vote sur le Web afin de mettre en valeur les joueuses les plus marquantes des vingt dernières années », informe la directrice de la ligue, Irène Ottenhof, qui assure travailler main dans la main avec la LNB. « Ils ont un temps d’avance, ils ont fêté leurs 30 ans l’année dernière. On s’inspire de ce qu’ils ont fait au niveau de la charte maillot pour travailler sur l’identité visuelle des clubs et aussi en reprenant le système Kmotion pour filmer les matches des douze équipes. C’est dans le but de pouvoir à terme diffuser un maximum de contenu vidéo sur le net aussi des matches en direct. » Le 21 octobre, le match Lyon-Charleville poursuivra la série entamée par l’Open.

L’une des récentes révolutions est la part belle faite sur SFR Sport 2 au basket des dames. Jamais une couverture aussi complète n’avait été observée. Avec 15 matches de LFB, la finale de la Coupe de France, Bourges en Euroleague et les matches de préparation de l’équipe de France, ce sont une quarantaine de matches qui ont été diffusés par la chaîne au cours de la saison dernière.

« On espère faire mieux cette année », annonce son rédacteur en chef David Cozette. « Les coupes européennes c’est un peu au cas par ça et année après année. On attend de voir le parcours des clubs féminins avant de choisir quelques options. On va couvrir les matches les plus importants, le match des champions, les playoffs. Et après ça va dépendre des histoires à raconter sur la saison. Des stars dans le championnat féminin il y en a et on a envie de les mettre en avant. On ne va pas se mentir : le basket masculin occupe la plus grande partie de la programmation mais on va faire vivre le basket féminin toute la saison et notamment dans l’émission Buzzer. On a déjà présenté le nouveau projet de l’ASVEL féminin de Tony Parker. On tourne un sujet sur Jimmy Verove pour ses premiers pas à la tête de Nice. »

Rebecca Allen (Lyon).

Lyon, le centre d’attention

L’Open a permis de fournir les premiers enseignements, de rassurer ou d’inquiéter. Ainsi le petit nouveau Roche Vendée s’est fait battre mais sans se faire croquer (72-62) lors du premier match par Mondeville, qui comme Bourges, a participé à toutes les saisons de la LFB et a gagné ainsi 11 de ses 13 matches à l’Open.

« Quand j’ai lu le cahier des charges vis-à-vis de la Ligue 2, je me suis dit que je ne pensais pas que c’était aussi élevé mais j’attends ça avec beaucoup de plaisir », disait la veille le président vendéen Philippe Provost. « Quand on a été voir nos partenaires pour cette montée en Ligue, ils nous ont tous suivi. Je pense que l’on est une véritable terre de basket. Et il faut maintenant que l’on se maintienne. Ce n’est pas gagné mais on va réussir quand même ! »

C’était aussi une grande première comme coach pour Cathy Melain, qui n’avait connu l’Open qu’en short et maillot. A la conférence de presse d’après-match, elle était assise au côté de son amie et désormais capitaine Céline Dumerc et c’était pour analyser une lourde défaite concédée face au Hainaut (67-53).

« Malheureusement, on n’a pas eu cette difficulté en préparation qui nous permet d’aller voir au fond de nos tripes ce que l’on a en tant qu’individu et en tant qu’équipe. Je m’attendais à ce que ça arrive, je priais pour que ça n’arrive pas maintenant. C’est comme ça. Maintenant, tout dépend de ce que l’on va être capable de faire de cette défaite qui est une bonne fessée. Ça ne fait jamais plaisir mais j’espère que ce match sera utile pour la suite. »

A l’applaudimètre, Céline Dumerc est toujours la numéro un mais incontestablement, c’est l’ASVEL déclinée au féminin qui était à l’Open le centre d’attention. Normal puisque le club a été repris par Tony Parker désormais épaulé par Nicolas Batum. TP a demandé à sa copine de l’INSEP Marie-Sophie Obama d’en être la présidente déléguée, a épongé une dette de l’ancienne équipe estimée à 400 000€ et bâti une équipe déjà compétitive. Tarbes a dégusté, 74-45.

« La semaine dernière, on était très en retard sur la préparation », notait le nouveau coach Valéry Demory. « On n’est pas encore totalement prêt mais on a rattrapé une bonne partie du déficit. Il y a encore eu quelques oublis mais c’est forcé, on n’apprend pas huit ou neuf systèmes en une semaine. »
« Il y avait beaucoup d’attente mais on a essayé de mettre ça de côté, ça reste du basket », relativisait Paoline Salagnac qui en a connu d’autres avec Bourges et l’équipe nationale. « C’était le premier match de la saison et le fait de jouer à l’Open, le contexte est compliqué pour tout le monde. Il y a du monde, c’est différent que de jouer chez nous ou dans un autre club. On a essayé d’aborder ça sereinement et surtout on savait que ça serait un vrai combat car on connaissait leurs qualités. C’est sûr que l’on ne s’attendait pas forcément gagner avec un tel écart car on savait qu’elles avaient fait une très belle préparation. Maintenant, il ne faut pas s’arrêter là. »

Marine Johannes (Bourges).

Bourges, toujours

Et puis, il y a Bourges. LA référence du basket féminin français. De tous les temps. Trois Euroleague au palmarès et qui rêve d’un 14e titre national pour mettre définitivement le Clermont Université Club derrière lui. Bourges de l’éternel président Pierre Fosset, qui a transformé au fil du temps son Prado de citrouille en carrosse.

Bourges qui se permet de ne pas mettre Marine Johannes et Valériane Ayayi dans le Cinq de départ sans que ce soit une aberration puisqu’il y a Sarah Michel et Diandra Tchatchouang sur le même poste. Bourges qui est revenu sur ses fondamentaux avec seulement deux étrangères et pas d’Américaine si l’on excepte la naturalisée K.B. Sharp, internationale française elle aussi.

Un fois encore Marine Johannes, la tête d’affiche de la ligue pour la nouvelle génération, est sortie du match avec la meilleure note artistique mais c’est surtout la défense bunker des Berruyères que Villeneuve d’Ascq, champion de France, a peu apprécié.

« Bourges est plus fort que nous à l’heure actuelle, il n’y a pas photo que ce soit collectivement ou dans la dureté, dans l’intégration des systèmes de jeu », a avoué Frédéric Dusart, qui a fait preuve en conférence de presse d’un étonnant sens de l’autocritique. « Je découvre le temps de jeu de Laetitia (NDLR : Kamba, qui était à côté de lui). J’aurais dû la mettre plus que je l’ai mise. Il y a des erreurs chez les joueuses, chez le coach, à l’entraînement tous les jours qu’il faut que l’on corrige. On a pris ce soir une petite leçon de dureté, de rebond offensif. Un collectif ne se fait pas en un mois. On n’est pas inquiet. On sait que c’est une équipe différente. On sait que l’on a perdu des individualités, il ne faut pas comparer cette équipe avec celle de l’an dernier. On est sûr de la reconstruction. »

Chaque saison depuis vingt ans, vingt-cinq même, les Tango font parties des deux, trois favoris de la compétition nationale. Et même en l’occasion, on peut les mettre en tête des prédictions.

A propos de son attaque, le nouveau coach Olivier Lafargue disait : « Villeneuve nous a mis dans des situations inconfortables. Je trouve que la balle n’a pas assez voyagé. On a besoin de travailler pour savoir comment jouer dans des situations comme ça. Par contre, ce que j’ai trouvé assez remarquable c’est le fait que l’on a été très performant défensivement. C’est ce qui nous a permis de ne pas les laisser revenir. »

Quant à Alexia Chartereau, née la même année que la ligue, elle se fixe un objectif qu’étant donné son talent elle est tout à fait capable de réaliser :

« C’est à nous maintenant d’écrire la suite. »

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En vingt ans la Ligue Féminine de Basket a fait jouer 3 500 matches, qui ont concerné des joueuses de 44 nationalités, imposé la couleur fuchsia, des directrices à sa tête –dans l’ordre, Monique Amiaud, Magali Andrier et Irène Ottenhof-, de plus en plus de femmes arbitres –et une exclusivité pour la gent féminine à l’Open-, des consultantes sur la chaîne dédiée, LFBTV : Isabelle Fijalkowski et Loëtitia Moussard (Championnes d’Europe 2001), Caroline Aubert (5 fois meilleure passeuse de LFB), Clarisse Costaz (7 saisons en LFB, qui était membre du comité de candidature de Paris 2014), Yacine Sene (15 saisons en LFB) et une journaliste au bord du terrain, Chloé Westelynck, elle aussi ancienne membre de la famille.

Bien sûr, tout n’est pas encore satisfaisant. Il n’y a qu’une seule head coach, la rookie Cathy Melain, et trois assistantes, Julie Barennes, qui lui est associée à Basket Landes, Caroline Aubert (Nantes), Aurélie Bonnan (Lattes-Montpellier) et Ljubica Drljaca (Villeneuve d’Ascq). Longtemps la présidence des clubs fut chasse gardée des hommes et là, deux femmes font fi des préjugés, Régina Dutacq à Mondeville, et Marie-Sophie Obama, présidente déléguée à l’ASVEL, et elle aussi une ancienne joueuse professionnelle.

D’autres éléments récents sont à l’évidence très positifs en Ligue féminine comme le fait d’avoir réduit le nombre d’équipes à douze ce qui densifie le niveau, de s’être converti depuis la saison dernière à de véritables playoffs avec une finale en cinq manches, d’avoir mis au point des playdowns plus compréhensibles, et nouveauté de cette saison, d’avoir institué trois arbitres comme dans la ligue masculine et des Pré-Open sur quatre sites qui permettent de mieux ordonnancer les derniers matches de préparation.

Même si elle n’a pas ces fameux mécènes qui permettent d’avoir des clubs richissimes en Italie, Russie et Espagne d’abord, en Turquie désormais -ce qui dérégule artificiellement le marché-, la Ligue féminine est saine –le contrôle de gestion a écarté les brebis galeuses comme l’était Perpignan- et toujours attractive. Pas de « dreamteameuses » américaines en son sein mais huit Françaises vice-championnes d’Europe, sachant que trois autres sont à l’étranger et une, Gaëlle Skrela, partie à la retraite. Rappel comparatif : seul du dernier Euro Louis Labeyrie est toujours en Pro A.

Ce qui fait encore plus la force de la LFB, c’est sa densité. On peut écrire que le pass d’admission quasi indispensable, c’est une médaille en équipe de France de jeunes. On exagère à peine tant il y des dizaines de joueuses qui sont montées au préalable sur un podium européen en cadettes, en juniors ou U20.

Patrick Beesley, Céline Dumerc et Jean-Pierre Siutat.

Le rêve réalisé d’Anaël Lardy

Que de chemin parcouru depuis le 1er février 1998, date à laquelle fut créée à Villeurbanne la Ligue Féminine de Basket pour gérer le basket féminin de haut niveau sur une idée d’Yvan Mainini, président fédéral de l’époque, en se donnant Serge Gérard comme président.

« Il y a vingt ans mon petit frère est né ! », rigole la meneuse de Lattes-Montpellier Anaël Lardy, 30 ans dans quelques jours, quand on lui demande ce qu’elle faisait il y a vingt ans, elle qui est issue d’une célèbre famille savoyarde de basketteuses, les Falcoz. « J’ai ma tante, Fabienne Falcoz qui a joué à haut niveau, qui a fait l’équipe de France A’. Quand on me demande qui était ton idole ? C’était ma tante. J’ai vécu à travers sa carrière. Ça a toujours été un rêve. J’ai fait plein de sports auparavant et j’ai eu un choix à faire entre athlétisme et basket. J’ai fait du basket non pas à cause de ma famille mais parce que je l’ai choisi et aujourd’hui je suis la plus heureuse.

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Photos: Bellenger/Lecoq/IS/FFBB

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