Quels sont les meilleurs pays d’Europe en matière de formation ? Quel rang occupe la France dans ce concert des nations ? Ce sont les questions auxquelles nous nous sommes efforcés de répondre en dressant un bilan des championnats d’Europe de jeunes sur la période 2000-2019, autrement dit sur ces vingt dernières années, pour un total de 18 éditions (les Euros de jeunes n’ont lieu tous les ans que depuis 2004, ils se déroulaient auparavant sur un rythme bi-annuel). Dans cette première partie (les autres suivront dans les jours à venir), nous nous intéresserons aux Euros U16, réservés aux moins de 16 ans. Avec en premier lieu une analyse par pays. Demain, une analyse par joueurs.
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Les championnats d’Europe des moins de 16 ans (les Euros U16) ont cette particularité qu’ils concernent des joueurs pas encore « finis », que ce soit au plan physique, technique ou psychologique. Ce qui fait que, si certains des joueurs qui s’y sont illustrés sont devenus de grandes stars (on pense à Rudy Fernandez, Ricky Rubio, Jonas Valenciunas ou Evan Fournier et Antoine Diot pour la France), d’autres qui ont été sélectionnés dans le cinq majeur de telle ou telle édition n’ont jamais confirmé à l’âge adulte, abandonnant même parfois le basket avant d’être devenus des professionnels confirmés.
Cela étant, les résultats aux U16 donnent une bonne indication sur les capacités de détection et de formation d’un pays, tout en mettant en valeur des « prodiges », ces joueurs capables de s’exprimer à ce niveau, voire de dominer, tout en étant âgés de 14 ou 15 ans, comme ce fut le cas de l’Espagnol Usman Garuba (MVP de l’Euro 2016 à 14 ans).
Plusieurs méthodes peuvent être prises en compte pour déterminer un classement des nations présentes de manière régulière lors de ces Euros U16. La plus évidente consiste à dresser le tableau des médailles (or, argent, bronze) obtenues par ces divers pays. Mais elle peut se révéler restrictive, en ce sens qu’elle peut distinguer une contrée qui a bénéficié d’une génération dorée tout en se retrouvant en fond de classement, voire non-qualfiée pour certaines éditions, le reste du temps. C’est pourquoi nous avons également établi une hiérarchie prenant en compte tous les résultats de chaque pays sur les dix-huit éditions de l’Euro ayant eu lieu depuis 2000 (en fait, depuis 2001 pour les U16, qui ont également joué en 2003 alors que les catégories plus âgées, U18 et U20, s’affrontaient en 2000 et 2002). Et l’on verra que ces deux méthodes de hiérarchisation amènent quelques nuances dans le classement, même si les « têtes d’affiche » restent sensiblement les mêmes.
Par ailleurs, celui qui est habitué à suivre ces compétitions de jeunes pourra s’étonner de ne pas trouver dans notre classement la Bosnie-Herzégovine (championne d’Europe U16 en 2015) ou la République Tchèque (2e en 2008 et 2011), mais ces deux pays n’ont participé qu’à, respectivement, quatre et cinq éditions d’un Euro U16 sur ces vingt dernières années, ce qui rend leur présence au plus haut niveau trop ponctuelle (même si parfois brillante) pour être prise en compte. Ce sont donc les 14 pays les plus fréquemment présents lors de ces Euros U16 qui figurent dans notre classsement.
Pour commencer, voici le tableau des médailles :
Or | Argent | Bronze | |
Espagne | 5 | 2 | 4 |
France | 3 | 3 | 0 |
Serbie* | 3 | 1 | 4 |
Croatie | 3 | 0 | 0 |
Turquie | 2 | 1 | 6 |
Lituanie | 1 | 4 | 1 |
Russie | 0 | 3 | 1 |
Monténégro | 0 | 1 | 0 |
Lettonie | 0 | 1 | 0 |
Grèce | 0 | 0 | 1 |
Italie | 0 | 0 | 1 |
Allemagne | 0 | 0 | 0 |
Israél | 0 | 0 | 0 |
Slovénie | 0 | 0 | 0 |
* Jusqu’en 2003, la Serbie évoluait sous le nom de Yougoslavie, puis de Serbie-Monténégro jusqu’en 2006 |
En termes de médailles, six pays se distinguent donc par leur permanence au plus haut niveau : l’Espagne, la France, la Serbie (et avant elle la Yougoslavie puis la Serbie-Monténégro), la Croatie, la Turquie et la Lituanie.
En prenant en compte l’ensemble des résultats obtenus par ces pays lors de ces dix-huit éditions de l’Euro U16 (le calcul s’établit simplement en additionnant les places puis en divisant le total par 18 – chaque non-participation d’un pays étant « sanctionnée » par un 20), le classement est le suivant :
1 | Espagne | 3,33 |
2 | France | 3,94 |
3 | Turquie | 4,28 |
4 | Serbie | 5,06 |
5 | Lituanie | 6,11 |
6 | Croatie | 7,11 |
7 | Italie | 7,83 |
8 | Russie | 9,22 |
9 | Grèce | 9,83 |
10 | Lettonie | 10,39 |
11 | Allemagne | 13,06 |
12 | Israél | 13,5 |
13 | Monténégro | 13,75 |
14 | Slovénie | 14,5 |
Où l’on s’aperçoit que si l’Espagne et la France restent en haut du classement, la Turquie et la Lituanie gagnent des places face à, respectivement, la Serbie et la Croatie par le biais d’une plus grande régularité en haut du classement.
Par pays
1er : Espagne
En dix-huit éditions de l’Euro U16, l’Espagne a récolté 11 médailles et n’a jamais fini au-delà de la 7eplace (en 2004, 2012 et 2017). Autrement dit, elle a toujours figuré en quarts-de-finale et 14 fois en demi-finales ! Une impressionnante permanence au plus haut niveau qui souligne la capacité de l’Espagne à renouveler ses générations de jeunes joueurs.
2e : France
Comme l’Espagne, la France a pour plus mauvais classsement à un Euro U16 depuis 2001 une place de 7e(en 2009). Mais, outre le fait qu’elle n’est montée « que » six fois sur le podium, notre équipe nationale U16 n’a atteint que neuf fois le stade des demi-finales (trois places de 4e). Mais, globalement, les résultats des Bleuets sont plus que satisfaisants.
3e : Turquie
Toujours dans les huit premiers, onze fois présents au stade des demi-finales (4e en 2007 et 2014), les jeunes Turcs se placent haut la main sur le podium des nations les plus fortes lors d’Euros U16.
4e : Serbie
Que ce soit sous le nom de Yougoslavie, de Serbie-Monténégro ou de Serbie, le pays des Balkans fait partie des meilleurs pays en matière de formation, cela n’est une surprise pour personne. Du fait de son histoire mouvementée, il n’est plus aussi rayonnant qu’à la grande époque (au siècle dernier) et son dernier titre remonte à 2007, année qui l’a également vu l’emporter aux Euros U18 et U20 ! Et cela se traduit par une certaine irrégularité dans les résultats, avec des places de 9eou 10e (2004, 2005, 2011, 2016) peu en rapport avec le standing de l’école « yougoslave ».
5e : Lituanie
Le plus grand des pays baltes fait, tout comme la Serbie, figure de modèle lorsque l’on parle de formation de jeunes. Et l’incroyable réservoir d’un si petit pays (qui ne compte que 2,8 millions de ressortissants) semble toujours sans fin. Certes, les générations ne sont pas toutes de même niveau (les U16 lituaniens ont terminé cinq fois entre la 10e et la 13e place). Mais le pays a tout de même remporté six médailles et toujours figuré dans les 16 meilleures équipes européennes de cette classe d’âge.
6e : Croatie
Outre ses trois titres, la Croatie a figuré trois fois en demi-finales, ne ratant que quatre fois le stade des quarts-de-finale, sans compter une non-participation en 2003 (relégué après une 12e place en 2001). La Croatie produit toujours des joueurs de grand talent (Dario Saric ou Mario Hezonja, MVP des Euro U16 2010 et 2011, notamment). Mais le réservoir n’est peut-être plus aussi important, d’où un manque de constance dans les résultats.
7e : Italie
L’Italie a remporté cette année sa première médaille en U16 de ces vingt dernières années. Pour autant, le pays transalpin ne fait pas figure de nation « faible » : il a participé aux 18 éditions de l’Euro U16, atteint trois fois les demi-finales (pour une médaille de bronze) et neuf fois au total celui des quarts-de-finale.
8e : Russie
Longtemps au plus haut niveau dans les catégories de jeunes (ainsi qu’en A), la Russie décline avec le temps. La plus récente de ses quatre médailles remonte à 2006 et elle n’avait pas participé à deux des quatre dernières éditions de l’Euro U16. Lueur d’espoir : les cadets russes ont fini 4e de la dernière édition.
9e : Grèce
Le pays hellène n’a jamais vraiment connu de grand succès dans la catégorie des U16, si l’on excepte sa médaille de bronze de 2013. Présente dans les huit premiers entre 2001 et 2004, elle a ensuite glissé vers le bas du classement, n’accrochant les quarts-de-finale (7e) qu’en 2007 avant de connaître une traversée du désert (hormis 2013) qui s’est terminée par une relégation dans le groupe B en 2016. Un électrochoc semble-t-il salutaire : les jeunes Grecs ont terminé 6e lors des deux derniers Euro U16.
10e : Lettonie
« L’autre » pays balte tient son rang dans le concert des nations à l’Euro U16. Sur les dix-huit dernières éditions, il n’a été absent qu’une fois (en 2003), a remporté une médaille d’argent en 2014 et a figuré cinq fois au total dans les huit premiers. Pas mal pour un pays de moins de deux millions d’habitants !
11e : Allemagne
Entre 2001 et 2008, l’Allemagne n’a participé que deux fois à l’Euro U16 groupe A, en 2004 et 2006, avec à chaque fois une relégation en groupe B à la clé. Depuis, petit à petit, les résultats s’améliorent, même si les trois dernières éditions ont vu le pays être éliminé avant les quarts-de-finale. Le meilleur résultat obtenu est une 5eplace en 2012. L’Allemagne a commencé tardivement à s’intéresser à la formation de ses jeunes…
12e : Israël
On le verra par ailleurs, Israël est capable d’obtenir d’excellents résultats dans les Euros de jeunes. Mais, en U16, le pays souffre de son faible réservoir. Entre 2011 et 2016, il n’a participé qu’à un seul Euro du groupe A, conclu par une relégation. Et il n’a atteint qu’une seule fois le stade des quarts-de-finale (7e), en 2006.
13e : Monténégro
Indépendant depuis 2006, le Monténégro et ses 660 000 habitants ont pourtant réussi à s’installer dans l’élite U16 depuis 2009, date de leur première participation à un Euro du groupe A. Depuis, il a certes été absent trois fois d’une édition de ce championnat d’Europe, mais a tout de même obtenu une médaille d’argent et deux places de 8e (2010 et 2016).
14e : Slovénie
S’il connaît de belles réussites dans des générations plus âgées, le petit pays indépendant depuis 1991 souffre dans la catégorie des U16. Il n’a participé qu’à la moitié des dix-huit dernières éditions de l’Euro U16, avec comme meilleur résultat une 6e place en 2003.
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Les championnats d’Europe des moins de 16 ans (les Euros U16) ont cette particularité qu’ils concernent des joueurs pas encore « finis », que ce soit au plan physique, technique ou psychologique. Ce qui fait que, si certains des joueurs qui s’y sont illustrés sont devenus de grandes stars (on pense à Rudy Fernandez, Ricky Rubio, Jonas Valenciunas ou Evan Fournier et Antoine Diot pour la France), d’autres qui ont été sélectionnés dans le cinq majeur de telle ou telle édition n’ont jamais confirmé à l’âge adulte, abandonnant même parfois le basket avant d’être devenus des professionnels confirmés.
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Photo d’ouverture : FIBA Europe