Le conflit entre la FIBA et l’Euroleague a amené cette dernière à aligner son calendrier sur celui des fenêtres internationales de qualification au Mondial organisées par la FIBA. De sorte que les joueurs d’Euroleague n’ont pratiquement pas pu évoluer pour leur sélection nationale. Tous ? Pas tout à fait : ils sont 28 faisant partie d’un club d’Euroleague à avoir rejoint l’équipe de leur pays. Dont quelques grands noms comme Shane Larkin ou Tornike Shengelia.
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On l’a lu et entendu à maintes reprises, les sélections nationales impliquées dans les fenêtres qualificatives au Mondial 2023 organisées par la FIBA allaient être obligées de se passer de leurs joueurs évoluant en Euroleague en sus de ceux jouant en NBA. Et cela s’est en grande partie vérifié : rien que pour la France, des joueurs comme Élie Okobo, William Howard (LDLC Asvel) ou Léo Westermann (Monaco) ont été retenus par leur club, qui jouaient la 12e journée de la coupe d’Europe majeure l’un contre l’autre le même jour que la France face au Monténégro. Et cela a été la même histoire pour de nombreuses sélections, Italie, Serbie, Lituanie et autres.
Sauf que… Sauf que, en consultant les feuilles de matchs de tous les matchs de qualification organisées sur quatre continents (Afrique, Amérique, Asie, Europe), nous avons pu recenser 28 joueurs appartenant à une équipe d’Euroleague ayant tout de même pris part à l’une ou l’autre de ces rencontres.
Stars et joueurs de complément
En analysant la liste de ces 28 joueurs, on remarque tout d’abord que l’immense majorité d’entre-eux a joué pour une sélection nationale européenne – les deux seules exceptions étant le très jeune Uruguayen Augustin Ubal (né en 2003, Barcelone) et… « l’Ougandais » Brandon Davies (Barcelone également) appelé à remplacer dans le rôle du naturalisé l’ancien Strasbourgeois Ishmail Wainwright.
Deuxième constat : certains pays ont pu bénéficier de l’apport de joueurs d’Euroleague à bien plus grande échelle que d’autres. Ainsi, on peut comptabiliser 8 Russes, 6 Turcs, 4 Israéliens et 3 Grecs dans la liste des participants aux deux compétitions.
Cela étant, il s’agit rarement de stars, le plus souvent, au contraire, de joueurs de bout du banc. Quatre de ces 28 joueurs n’ont ainsi jamais joué avec leur équipe en Euroleague : les Russes Alexander Khomenko (CSKA Moscou) et Evgeny Valiev (Zenit St-Petersburg), le Grec Vassilis Kavvadas (Panathinaïkos) et l’Italien Davide Alviti (Milan). Plus globalement, on s’aperçoit que seuls 9 joueurs de cette liste de 28 jouent plus de 10 minutes par match en Euroleague. Ce sont donc surtout des joueurs de complément que les clubs ont libéré pour ces fenêtres internationales. Ansi, les 8 Russes évoluant dans des clubs d’Euroleague sélectionnés par leur pays cumulent 36 matchs (en 12 journées) et 13 points au total en coupe d’Europe. De même, si l’on exclut Shane Larkin, les cinq autres Turcs sélectionnés pèsent, en Euroleague, 29 matchs et 12,2 points.
Mais il n’y a pas seulement que des joueurs de complément qui ont été libérés par leur club. Ainsi, quatre très forts joueurs d’Euroleague ont pris part à au moins un match lors de ces fenêtres qualificatives. Filip Petrusev (Serbie) et Shane Larkin (Turquie) ont été libérés pour un match par l’Anadolu Efes, alors que Brandon Davies (Ouganda) a participé aux trois matchs joués par ce pays africain. Enfin, cas remarquable car il revenait de blessure, le Géorgien Tornike Shengelia a sauté d’un avion à un parquet et retour pour à la fois jouer avec le CSKA Moscou et avec une sélection nationale qui lui tient terriblement à cœur.
Six clubs très prêteurs
Quels sont les clubs qui ont libéré le plus de joueurs pour ces fenêtres qualificatives ? Trois équipes se sont passées de quatre joueurs chaque : l’Anadolu Efes (Turquie), le CSKA Moscou (Russie) et le Maccabi Tel-Aviv (Israël), à chaque fois pour des joueurs nationaux à l’exception du Serbe Filip Petrusev de l’Anadolu Efes. Viennent ensuite, avec trois joueurs chacun, le Fenerbahce (Turquie), l’Unics Kazan et le Zenit St-Petersburg (Russie), qui ont également surtout libéré des joueurs locaux, à l’exception du Lituanien Mindaugas Kuzminskas pour le Zenit.
Quel rendement en sélection nationale ?
Quel a été l’impact de ces joueurs d’Euroleague lors de ces fenêtres qualificatives ? Tout d’abord, il faut noter que 11 de ces joueurs n’ont pris part qu’à une seule rencontre. Mais à deux exceptions près (Davide Alviti avec l’Italie et Evgeny Valiev avec la Russie), ils ont tous joué plus de 10 minutes par match, dont 13 plus de 20 minutes.
Le rendement de ces 28 joueurs en équipe nationale s’est révélé très variable. Certains ont été des fers de lance de leur équipe, comme Tornike Shengelia (16 points, 23 d’évaluation), John Di Bartolomeo (Israël, 10 points, 13 d’évaluation), Leonidas Kaselakis (Grèce, 14 points, 11 d’évaluation), Mindaugas Kuzminskas (Lituanie, 13 points, 17 d’évaluation), Andrey Zubkov (Russie, 14 points, 21 d’évaluation), Filip Petrusev (16 points, 15 d’évaluation), Shane Larkin (Turquie, 22 points, 30 d’évaluation) – tous ces joueurs n’ayant joué qu’un seul match pour leur pays, au contraire de Bugrahan Tuncer (Turquie, 12,0 points, 15,5 d’évaluation, 2 matchs) et surtout de Brandon Davies avec l’Ouganda : 24,3 points et 21,3 d’évaluation en 34 minutes de moyenne sur trois matchs.
Pour tous les autres, le rendement en sélection a été moindre que celui de ces têtes d’affiche, mais ils ont tout de même apporté leur écot à leur pays. En fait, tous les joueurs d’Euroleague appelés lors de ces fenêtres affichent des stats meilleures en match international qu’en coupe d’Europe des clubs. L’exemple type est celui de Paul Lacombe (LDLC Asvel), qui produit 4,5 points et 4,2 d’évaluation en 14,5 minutes avec son club en Euroleague mais 8,0 points et 11,5 d’évaluation avec l’équipe de France en 19,3 minutes.
Le constat que l’on peut tirer de ces stats est que ces joueurs, même ceux qui ont un rôle mineur en Euroleague, sont de très bon niveau. Et parfois même essentiels à leur sélection nationale, le réservoir de joueurs de leur pays n’étant pas toujours très important – nous pensons principalement à la Russie, à la Turquie et à Israël. Ce qui met encore plus en lumière la belle quantité de joueurs de qualité que peuvent aligner des pays, même sans joueurs NBA ou d’Euroleague, comme la Lituanie, l’Espagne, la Slovénie ou, on le sait, la France.
Géométrie variable ?
Tout ceci étant dit, on peut toutefois dresser un constat relativement amer : de nombreux clubs d’Euroleague retiennent leurs joueurs internationaux lors des fenêtres qualificatives (on pense à des Vasilije Micic ou Adrien Moerman à l’Anadolu Efes ou à Nando de Colo au Fener, par exemple) tout en acceptant de lâcher certains de leurs joueurs nationaux. Une façon de faire qui peut prêter à débat. Tout comme le procédé inverse mis en œuvre par Barcelone, qui a laissé partir Brandon Davies et Agustin Ubal mais a retenu au club tous ses joueurs espagnols ainsi que la plupart de ses forts joueurs étrangers (Sergi Martinez ou Pierre Oriola pour les Espagnols, Nick Calathes, Rokas Jokubaitis ou Sertac Sanli pour les internationaux).
Tout cela confirme le caractère ubuesque de la guéguerre entre la FIBA et l’Euroleague et montre qu’il va bien falloir que les deux organismes trouvent un terrain d’entente. Déjà privées de leurs joueurs NBA, de nombreuses sélections nationales pâtissent de l’absence de leurs joueurs d’Euroleague. D’un autre côté, cela permet de découvrir en équipe nationale de nouvelles têtes, de nouveaux talents. Et d’apprécier la profondeur du réservoir de chaque pays. Mais il n’en reste pas moins que ces fenêtres qualificatives gagneraient forcément à ce que ces joueurs d’Euroleague puissent tous intégrer leur sélection nationale.
La liste par pays des joueurs d’Euroleague lors des dernières fenêtres internationales
Stats Euroleague | Stats fenêtres | |||||||||
Joueur | Club | Nation | Matchs joués | Minutes | Points | Evaluation | Matchs joués | Minutes | Points | Evaluation |
Paul Lacombe | Asvel | France | 11 | 14,5 | 4,5 | 4,2 | 2 | 19,3 | 8,0 | 11,5 |
Tornike Shengelia | CSKA Moscou | Géorgie | 8 | 28,4 | 15,1 | 17,4 | 1 | 32,8 | 16,0 | 23,0 |
Michail Lountzis | Olympiakos | Grèce | 5 | 1,0 | 0,0 | -0,4 | 2 | 18,6 | 8,5 | 3,5 |
Vassilis Kavvadas | Panathinaïkos | Grèce | 0 | 2 | 12,5 | 2,0 | -0,5 | |||
Leonidas Kaselakis | Panathinaïkos | Grèce | 11 | 8,4 | 2,6 | 2,7 | 1 | 29,0 | 14,0 | 11,0 |
John Di Bartolomeo | Maccabi Tel-Aviv | Israël | 9 | 9,1 | 2,1 | 0,9 | 1 | 21,7 | 10,0 | 13,0 |
Roman Sorkin | Maccabi Tel-Aviv | Israël | 10 | 8,0 | 3,2 | 4,2 | 1 | 12,9 | 8,0 | 9,0 |
Jake Cohen | Maccabi Tel-Aviv | Israël | 2 | 5,3 | 4,0 | 2,0 | 2 | 17,3 | 7,5 | 8,5 |
Iftah Ziv | Maccabi Tel-Aviv | Israël | 7 | 4,1 | 0,3 | -1,6 | 2 | 12,5 | 2,0 | -1,0 |
Davide Alviti | Milan | Italie | 0 | 2 | 6,9 | 3,0 | 2,0 | |||
Mindaugas Kuzminskas | Zenit St-Petersburg | Lituanie | 12 | 10,5 | 4,6 | 5,3 | 1 | 21,2 | 13,0 | 17,0 |
Brandon Davies | Barcelone | Ouganda | 11 | 21,2 | 12,7 | 12,8 | 3 | 34,0 | 24,3 | 21,3 |
Vladimir Ivlev | CSKA Moscou | Russie | 1 | 1,5 | 2,0 | 3,0 | 2 | 10,8 | 4,0 | 4,5 |
Semen Antonov | CSKA Moscou | Russie | 9 | 5,4 | 1,3 | 0,8 | 2 | 22,0 | 5,0 | 6,0 |
Alexander Khomenko | CSKA Moscou | Russie | 0 | 2 | 14,5 | 6,0 | 7,5 | |||
Artem Komolov | Unics Kazan | Russie | 1 | 3,4 | 0,0 | 1,0 | 2 | 19,3 | 8,5 | 8,0 |
Viacheslav Zaitsev | Unics Kazan | Russie | 5 | 10,3 | 1,0 | 3,2 | 2 | 19,9 | 7,0 | 12,5 |
Evgeny Valiev | Unics Kazan | Russie | 0 | 1 | 9,9 | 0,0 | 4,0 | |||
Andrey Zubkov | Zenit St-Petersburg | Russie | 12 | 17,5 | 4,1 | 3,3 | 1 | 23,0 | 14,0 | 21,0 |
Dimitri Kulagin | Zenit St-Petersburg | Russie | 8 | 16,4 | 4,6 | 3,8 | 1 | 17,8 | 5,0 | 4,0 |
Filip Petrusev | Anadolu Efes | Serbie | 12 | 12,3 | 7,2 | 7,6 | 1 | 19,9 | 16,0 | 15,0 |
Tolga Gecim | Anadolu Efes | Turquie | 6 | 6,3 | 1,3 | 1,0 | 2 | 13,9 | 4,0 | 4,5 |
Bugrahan Tuncer | Anadolu Efes | Turquie | 2 | 6,4 | 3,0 | 4,5 | 2 | 24,2 | 12,0 | 15,5 |
Shane Larkin | Anadolu Efes | Turquie | 12 | 29,1 | 13,1 | 17,4 | 1 | 36,2 | 22,0 | 30,0 |
Metecan Birsen | Fenerbahce | Turquie | 4 | 6,1 | 0,0 | -2,3 | 2 | 29,4 | 9,5 | 16,0 |
Sehmus Hazer | Fenerbahce | Turquie | 8 | 10,4 | 3,9 | 4,0 | 2 | 20,9 | 12,0 | 8,0 |
Melih Mahmutoglu | Fenerbahce | Turquie | 9 | 9,0 | 4,0 | 2,6 | 1 | 31,1 | 9,0 | 2,0 |
Agustin Ubal | Barcelone | Uruguay | 1 | 2,4 | 0,0 | 1,0 | 2 | 21,8 | 8,5 | 8,0 |
Photo d’ouverture : Brandon Davies (Ouganda), Paul Lacombe (France), Tornike Shengelia (Géorgie) – Crédit photos : FIBA
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On l’a lu et entendu à maintes reprises, les sélections nationales impliquées dans les fenêtres qualificatives au Mondial 2023 organisées par la FIBA allaient être obligées de se passer de leurs joueurs évoluant en Euroleague en sus de ceux jouant en NBA. Et cela s’est en grande partie vérifié : rien que pour la France, des joueurs comme Élie Okobo, William Howard (LDLC Asvel) ou Léo Westermann (Monaco) ont été retenus par leur club, qui jouaient la 12e journée de la coupe d’Europe majeure l’un contre l’autre le même jour que la France face au Monténégro. Et cela a été la même histoire pour de nombreuses sélections, Italie, Serbie, Lituanie et autres.
Sauf que… Sauf que, en consultant les feuilles de matchs de tous les matchs de qualification organisées sur quatre continents (Afrique, Amérique, Asie, Europe), nous avons pu recenser 28 joueurs appartenant à une équipe d’Euroleague ayant tout de même pris part à l’une ou l’autre de ces rencontres.
Stars et joueurs de complément
En analysant la liste de ces 28 joueurs, on remarque tout d’abord que l’immense majorité d’entre-eux a joué pour une sélection nationale européenne – les deux seules exceptions étant le très jeune Uruguayen Augustin Ubal (né en 2003, Barcelone) et… « l’Ougandais » Brandon Davies (Barcelone également) appelé à remplacer dans le rôle du naturalisé l’ancien Strasbourgeois Ishmail Wainwright.
Deuxième constat : certains pays ont pu bénéficier de l’apport de joueurs d’Euroleague à bien plus grande échelle que d’autres. Ainsi, on peut comptabiliser 8 Russes, 6 Turcs, 4 Israéliens et 3 Grecs dans la liste des participants aux deux compétitions.
Cela étant, il s’agit rarement de stars, le plus souvent, au contraire, de joueurs de bout du banc. Quatre de ces 28 joueurs n’ont ainsi jamais joué avec leur équipe en Euroleague : les Russes Alexander Khomenko (CSKA Moscou) et Evgeny Valiev (Zenit St-Petersburg), le Grec Vassilis Kavvadas (Panathinaïkos) et l’Italien Davide Alviti (Milan). Plus globalement, on s’aperçoit que seuls 9 joueurs de cette liste de 28 jouent plus de 10 minutes par match en Euroleague. Ce sont donc surtout des joueurs de complément que les clubs ont libéré
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