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[REDIFF] 3×3 aux JO – Marie-Eve Paget : « Je vois mal une équipe de 3×3 qui ne s’entend pas performer »

Marie-Eve Paget (1,71m, 26 ans), alias MEP, a connu une dizaine de jours absolument extraordinaires puisqu’elle a été championne de France avec Basket Landes -un club avec lequel elle a re-signé jusqu’en 2024- et dans la foulée, elle s’est qualifiée, au TQO de Graz, pour les Jeux Olympiques de Tokyo

Marie-Eve Paget (1,71m, 26 ans), alias MEP, a connu une dizaine de jours absolument extraordinaires puisqu’elle a été championne de France avec Basket Landes -un club avec lequel elle a re-signé jusqu’en 2024- et dans la foulée, elle s’est qualifiée, au TQO de Graz, pour les Jeux Olympiques de Tokyo avec l’équipe de France 3×3. Et le meilleur est peut-être encore à venir, au Japon, car les Bleues sont incontestablement médaillables.

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D’ordinaire, après un titre de champion de France, on le célèbre trois jours et trois nuits. Comment ça s’est passé pour vous ?

J’ai juste célébré une journée et une nuit. On a fait la fête le soir même entre-nous à l’hôtel, on a mis un peu de musique, et les filles de Montpellier étaient avec nous, c’était cool. Le lendemain, je suis restée sur place (NDLR : à Bourges), alors que les filles sont rentrées sur Basket Landes. Elles ont été attendues par tout le public landais à Mitterrand, à la salle. J’avais demandé aux filles qu’elles m’appellent à ce moment-là afin de profiter un peu de la ferveur, de l’enthousiasme de tous ces supporters. J’étais par écran interposé mais ça m’a vraiment fait chaud au cœur de voir toutes ces personnes qui nous ont soutenues tout au long de l’année alors que ce n’était pas facile. Elles ont toujours cru en nous et les voir récompensées de la sorte, c’est vachement beau. J’ai des photos avec le trophée, elles étaient super contentes. C’est le maximum de ce que j’ai pu fêter. Je le savais. Je ne suis pas déçue, au contraire, j’ai profité des moments où je pouvais le faire et j’avais un autre objectif en ligne de mire, et je me suis tout de suite re-concentrée dessus. Mais j’ai entendu dire que la fête a été très longue à Basket Landes et elle n’a pas duré que trois nuits, je peux vous le dire !

Combien de temps s’est écoulé entre la finale contre Montpellier et le premier entraînement avec l’équipe de France 3×3 ?

J’ai été mise au repos avec Migna (NDLR : Touré, de Lattes-Montpellier) dimanche soir et lundi et on a repris mardi matin.

C’est spécial d’avoir eu en face de soi, en finale, Migna Toure que l’on retrouve juste après en équipe de France 3×3 ?

Oui, c’est un peu spécial, mais comme je l’avais dit avant que l’on commence le match : on est adversaire un jour, coéquipière le lendemain, mais on est amies pour la vie. Forcément, c’était un peu bizarre, mais moi, je me suis mise du bon côté puisque j’ai gagné ! Je l’ai un petit peu chambrée mais pas trop quand même puisqu’elle était un peu déçue. Mais, elles ont gagné le titre de Coupe de France, chacun son titre !

Photo: FIBA
« J’ai pensé à toutes mes coéquipières qui n’étaient pas là à mes côtés mais qui ont contribué à ce que l’on puisse arriver à cet objectif »

Qu’est-ce qui est le plus intense : jouer une finale de championnat de France ou une qualification pour les JO en quelques matches ?

Les deux sont intenses, mais un peu plus quand même le 3×3 parce qu’il y avait beaucoup plus de pression et d’enjeux derrière. C’est un projet sur lequel on est là depuis trois ans. Après, au niveau de l’intensité avec Basket Landes, on a fait un Final Four, on a joué deux gros matches contre Lyon et Montpelier, c’est aussi très intense. En fait, les deux étaient un challenge différent.

Pour le championnat, Basket Landes était un outsider alors que pour le TQO de 3×3, la France faisait partie des grands favoris, aussi il y avait plus de pression ?

Exactement. On était considéré comme outsider pendant le Final Four parce qu’on n’était pas premières de la saison régulière, même si on avait déjà battu toutes les équipes qui étaient déjà présentes. Le statut d’outsiders nous allait bien car la pression n’était pas sur nous. C’est sûr que pour le TQO, on était favorites, mais je n’aime pas dire ça même si on est championnes d’Europe en titre. On n’avait pas la même équipe avec une joueuse (NDLR : Soana Lucet), qui avait peu d’expérience dans le 3×3. Il a fallu très vite avoir des automatismes ensemble. On n’a eu que dix jours de préparation, alors que notre dernière compétition officielle datait d’août 2019. Favorites ? Oui, sur le papier, mais dans les faits, il s’était passé trop de temps pour que l’on soit encore favorites. Après un an et demi, on ne savait pas comment avaient évolué les équipes. Mais on a assumé le fait d’être favorites sur le papier et on s’est concentré sur nous.

Qu’avez-vous pensé de l’équipe américaine avec des joueuses WNBA, Katie Lou Samuelson, Kelsey Plum, Sefanie Dolson et Allisha Grey. C’est la première fois que vous les jouiez dans cette configuration ?

C’était une équipe qui était déjà pressentie pour le TQO qui était prévu pour mars 2020. Il y a eu le COVID et tout ce qui s’en suit et leur équipe est quasiment restée la même, à l’exception d’une joueuse remplacée par une autre. Dès que l’on parle des Jeux Olympiques, les USA sont présents car ils sont là pour performer, et ils essayent d’amener la meilleure équipe qu’ils ont. Ce sont de très bonnes joueuses de WNBA, qui ne sont pas des spécialistes de 3×3, même si elles ont fait de grandes compétitions avant. Je pense notamment à Samuelson, qui avait remporté les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 3×3 (NDLR : et aussi la Coupe du Monde U18).

Elles sont impactantes physiquement ?

Dolson domine un peu physiquement si on la compare à notre équipe. Elle nous a dominées par sa taille, elle est costaude et super mobile. Pour le reste, ce sont de très bonnes joueuses, d’Euroleague, mais on n’a pas à leur envier leur physique.

Votre intervention au micro pour la FIBA, à la suite de la qualification, a été saluée pour sa spontanéité. C’est difficile de trouver les mots après un effort physique aussi intense ?

J’ai envie de dire oui et non. Quand on a gagné, on est encore sur l’adrénaline. On a tout un mélange d’émotion, la joie, le soulagement, et quand on regarde en arrière, on se dit que ça a été super dur d’aller chercher cette qualification. Cela a été un travail de plusieurs années avec beaucoup de stress. C’est vrai qu’être interviewée tout de suite après… en anglais, en plus, ce n’est pas ma langue maternelle. J’ai essayé de retranscrire ce que je ressentais, ce que voulais faire passer comme message. C’était très spontané, les mots sont venus tout seul, j’ai parlé avec le cœur. J’ai pensé à toutes mes coéquipières qui n’étaient pas là à mes côtés mais qui ont contribué à ce que l’on puisse arriver à cet objectif. Oui, c’était vraiment très fort en émotion.

Photo: FIBA
« Il faut faire preuve d’organisation et aussi de sacrifices car parfois au lieu de sortir avec des amis, il faut rester réviser »

Depuis quand pratiquez-vous le 3×3 ?

C’était en 2012. J’ai été championne de France à Nice, j’ai remporté l’Open de France. J’ai pas mal joué l’été avec des amies pour le fun. On a été championnes du monde universitaire en 2014. J’ai vraiment intégré le circuit fédéral en 2018. J’avais fait un stage en 2016 mais comme je passais le concours du CAPES, je n’ai pas pu enchaîner avec les échéances qu’il pouvait y avoir l’été. En 2017, l’équipe de France A’ était encore prioritaire sur le 3×3 et c’est lorsqu’il est passé olympique que la fédération a mis de la priorité au 3×3. Après, c’était une sélection, il a fallu prouver que l’on avait sa place.

Pour vous, ce sont les meilleures joueuses de 5×5 qui sont aussi les meilleures au 3×3 ?

Pas du tout. Pour moi, ce n’est pas parce que tu es un bonne joueuse de 3×3 que tu es une bonne joueuse de 5×5, et à l’inverse. Evidemment, il y a des qualités qui se regroupent. Les filles qui en 5×5 ont des qualités d’adresse, qui sont très mobiles et dures, peuvent exceller en 3×3. Et quelqu’un qui joue beaucoup à l’instinct en 3×3, et qui n’arrive pas à s’adapter à la stratégie et au collectif d’un 5×5, ce sera compliqué pour elle. Pour moi, il n’y a pas de vérité.

Comme Migna Toure et Laétitia Guapo, vous avez réussi à mener des études de professorat d’éducation physique tout en étant basketteuse professionnelle. Ça demande beaucoup de volonté ?

Là, on est toutes en disponibilité mais c’est vrai que pendant cinq ans, on a mené études et carrière professionnelle. Ce sont les deux dernières années de Master qui ont été les plus dures. L’année d’un concours, c’est vraiment charnière. Il faut faire preuve d’organisation et aussi de sacrifices car parfois au lieu de sortir avec des amis, il faut rester réviser. Ça demande beaucoup de détermination, de volonté. Et l’année du stage, ça demande encore plus d’organisation parce qu’en cours, on peut se permettre d’arriver parfois un peu en retard et de récupérer après, alors que lorsqu’on a des élèves, on se doit d’être là. Mener les deux, ça demande encore plus de responsabilités. Mais toutes les trois, on ne regrette pas d’avoir mené ce double projet car maintenant, on a assuré notre après carrière, on est tranquilles. Tous les athlètes ne peuvent pas se dire : « c’est bon, je sais ce que je vais faire après. » Nous, on a eu la chance de trouver notre voie très tôt, de faire ce que l’on aime.

Est-ce que ça a quand même nui un peu à votre carrière de joueuse de faire des études en même temps ? Auriez-vous pu jouer, par exemple, chaque année en coupe d’Europe ?

Je ne vais pas dire que ça a nui parce que ce double projet m’a aussi peut-être apporté ce que je suis aujourd’hui, et ça m’a permis de saisir les opportunités qui se sont offerts à moi derrière. Mais je ne vais pas mentir : la fatigue accumulée a pu me desservir parfois sur le terrain. Mais, bon, on était jeunes et on pouvait se permettre de faire ce double projet. Et je pense que ça n’a pas changé quoique ce soit. Au contraire, cet équilibre, j’en avais besoin et il m’a plus servi que desservi.

Photo: FIBA
Photo: FFBB
« On écrit l’histoire du 3×3 et du basket français quelque part »

Vous visez obligatoirement une médaille aux Jeux Olympiques ?

Ça nous tient à cœur de faire quelque chose. Je ne peux pas dire qu’en étant qualifié on a fait le plus dur car on n’a encore rien fait. Mais quand on se dit qu’il y avait 20 équipes au TQO et que l’on fait partie des 3 qui vont aux JO où il y a 8 équipes et que l’on a 3 chances de médailles, le ratio est quand même plus favorable. Ça restera encore une compétition très intense avec un format que l’on n’a pas l’habitude de jouer, c’est-à-dire que l’on va jouer cinq jours de suite, ce qui n’est pas le cas en coupes d’Europe ou dans les autres tournois, on a toujours des jours de repos. Mais notre envie n’a pas changé, on a envie d’aller chercher la meilleure des médailles. Ça viendrait couronner tous les efforts que l’on a pu faire, de tout un groupe France, et ça rendrait fière la France, tout simplement.

Ce sera la première édition du 3×3 aux JO. Forcément, le nom de Marie-Eve Paget restera gravé à jamais dans les encyclopédies du basket. Vous êtes quatre pionnières ?

Oui, on écrit l’histoire du 3×3 et du basket français quelque part. Et puis ces Jeux Olympiques-là ne seront pas les mêmes que d’habitude. Ils vont aussi marquer l’histoire car ils sont spéciaux. Mais il ne faut pas que l’enjeu dépasse le jeu, qu’il y ait trop de pression.

Il risque de ne pas y avoir le partage habituel entre athlètes ?

C’est sûr qu’il n’y aura pas le partage habituel à cause des restrictions sanitaires, avec des règles que l’on va devoir respecter. Après, ça reste les Jeux Olympiques avec les meilleurs athlètes qui vont s’y affronter, une aventure humaine qui va être spéciale, et il ne faut pas se lamenter de ne pas faire des Jeux normaux. Il faut se contenter de ce que l’on a et profiter à fond de ce qui s’offre à nous. Je préfère le verre à moitié plein que le verre à moitié vide.

Lorsqu’on est quatre dans une équipe, les rapports sont encore plus forts que lorsqu’on est dix ou douze dans une équipe de 5×5 ?

Ils sont beaucoup plus importants pour la performance de l’équipe. Quand on est douze et qu’une ou deux filles ne s’entendent pas forcément, qui n’ont pas plus d’affinités que ça, ça ne va peut-être pas se ressentir sur le terrain car il y a beaucoup de roulements, alors que nous dans le 3×3, on doit être vraiment soudé. Forcément, quand un groupe est restreint, on échange beaucoup plus, on vit des choses encore plus fortes. Je vois mal une équipe de 3×3 qui ne s’entend pas performer.

Retrouvez ici les interviews de Laétitia Guapo et Migna Toure.

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D’ordinaire, après un titre de champion de France, on le célèbre trois jours et trois nuits. Comment ça s’est passé pour vous ?

J’ai juste célébré une journée et une nuit. On a fait la fête le soir même entre-nous à l’hôtel, on a mis un peu de musique, et les filles de Montpellier étaient avec nous, c’était cool. Le lendemain, je suis restée sur place (NDLR : à Bourges), alors que les filles sont rentrées sur Basket Landes. Elles ont été attendues par tout le public landais à Mitterrand, à la salle. J’avais demandé aux filles qu’elles m’appellent à ce moment-là afin de profiter un peu de la ferveur, de l’enthousiasme de tous ces supporters. J’étais par écran interposé mais ça m’a vraiment fait chaud au cœur de voir toutes ces personnes qui nous ont soutenues tout au long de l’année alors que ce n’était pas facile. Elles ont toujours cru en nous et les voir récompensées de la sorte, c’est vachement beau. J’ai des photos avec le trophée, elles étaient super contentes. C’est le maximum de ce que j’ai pu fêter. Je le savais. Je ne suis pas déçue, au contraire, j’ai profité des moments où je pouvais le faire et j’avais un autre objectif en ligne de mire, et je me suis tout de suite re-concentrée dessus. Mais j’ai entendu dire que la fête a été très longue à Basket Landes et elle n’a pas duré que trois nuits, je peux vous le dire !

Combien de temps s’est écoulé entre la finale contre Montpellier et le premier entraînement avec l’équipe de France 3×3 ?

J’ai été mise au repos avec Migna (NDLR : Touré, de Lattes-Montpellier) dimanche soir et lundi et on a repris mardi matin.

C’est spécial d’avoir eu en face de soi, en finale, Migna Toure que l’on retrouve juste après en équipe de France 3×3 ?

Oui, c’est un peu spécial, mais comme je l’avais dit avant que l’on commence le match : on est adversaire un jour, coéquipière le lendemain, mais on est amies pour la vie. Forcément, c’était un peu bizarre, mais moi, je me suis mise du bon côté puisque j’ai gagné ! Je l’ai un petit peu chambrée mais

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Photo d’ouverture: FIBA

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