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A la découverte du patrimoine du basket français (3)

La troisième partie de l’interview de Daniel Champsaur, le responsable du service Archives & Patrimoine de la FFBB.

La troisième partie de l’interview de Daniel Champsaur, le responsable du service Archives & Patrimoine de la FFBB.

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Depuis que vous êtes en fonction, il y a douze ans, avez-vous la sensation qu’il y a un intérêt accru pour l’Histoire du basket français ?

Je pense que l’intérêt était déjà là mais aujourd’hui il y a plus de choses qui permettent de s’en préoccuper, à la fois pour les particuliers qui se passionnent là-dessus de se renseigner ou de montrer ce qu’ils connaissent ou ce qu’ils ont. La Fédération a fait des efforts pour mettre en valeur le patrimoine pour le préserver et le valoriser. Ça suit dans les comités, les ligues, il y a aussi des initiatives de club qui sont intéressantes comme à Bourges qui a versé ses archives aux Archives départementales du Cher.

Le club avait demandé aux supporters de leur amener des objets des différentes époques ?

Je souhaite que l’on encourage ce type de projet car le but n’est pas que le Musée du Basket fasse tout. Il y a des choses qui sont mieux à leur place en créant des partenariats locaux avec des Archives départementales ou municipales, c’est à mon avis idéal. Ce sont des structures spécialisées dans la conservation et dans la valorisation et ce sont des interlocuteurs parfaits pour faire vivre et valoriser le patrimoine au niveau local. C’est complémentaire de ce que peuvent faire le Musée et la Fédération sur le sujet. Une partie de la Commission Patrimoine c’est d’encourager les régions à s’occuper de leur patrimoine et à aller voir les bons interlocuteurs localement.

La connaissance des gens s’améliorent-ils au fur et à mesure des années ? Ce que l’on peut remarquer c’est que les jeunes connaissent mieux l’Histoire de la NBA que celle du basket français, davantage Wilt Chamberlain et bien sûr Michael Jordan que les équivalents français, Jean-Paul Beugnot, Alain Gilles ou même des plus récents comme Ed Murphy ou Delaney Rudd ?

Il existe quand même un intérêt pour le basket français et pas seulement NBA. On le voit avec la présence de sites comme Basket Rétro qui sont animés par des particuliers ou des initiatives locales comme à Limoges. Je ne suis pas capable de répondre à la question de savoir s’il y en a plus qu’avant qui connaissent un peu le basket français. Ce que je peux dire par contre c’est que c’est dans nos préoccupations principales, c’est de mettre à notre niveau un peu partout l’histoire du basket. Par exemple, désormais, tout nouveau salarié qui arrive à la Fédération visite les étages comme avant et en plus on lui fait faire celle de l’Espace Muséal où on lui raconte l’Histoire du basket. L’objectif à terme c’est que dans toutes les formations, dirigeants, arbitres, joueurs, entraîneurs, que tout le monde à un moment de son parcours ait connaissance des bases : quand a été inventé le basket, quand il est arrivé en France, les spécificités de son développement, les grands noms, les grands clubs.

L’entrée du siège fédéral, le jour des Journées Européennes du Patrimoine et une vue de l’intérieur (Bellenger/FFBB)

Quel est le rôle de la Commission Patrimoine au sein de la Fédération ?

Sur le patrimoine du basket, il y a différents acteurs. Le service Archives et Patrimoine, Anne-Catherine (Grassiot) et moi, la Commission Patrimoine et le Musée du Basket. J’en ai déjà parlé, le Musée du Basket est une association indépendante de la Fédération. Comme toutes les commissions fédérales, la Commission Patrimoine est animée par un élu, Françoise Amiaud en est la présidente, et son but est de proposer des projets, des directions, un côté réflexion qui est le rôle des commissions. Cette Commission Patrimoine a aussi un rôle essentiel d’animation du réseau local et de faire asseoir autour d’une même table tous les gens qui sont concernés par le sujet. Le Musée du Basket y est représenté comme le service Archives et Patrimoine, le club des internationaux, des correspondants locaux de ligue, etc. L’idée est que ces gens-là sachent ce qu’ils font les uns, les autres et que ça profite à tout le monde. La Commission Patrimoine peut aussi faire ses propres projets. Elle a par exemple créé avec le Musée le Prix de la Rue de Trévise, elle anime les Journées du Patrimoine.

Il existe aussi l’Académie du Basket qui élit chaque année les Académiciens sur le modèle du Hall of Fame américain ?

Toutes proportions gardées c’est le Hall of Fame du basket français. Elle existe depuis 2004 et l’objectif est de mettre en valeur les grands noms du basket en France avec une cérémonie qui se tient traditionnellement le jour de l’Assemblée Générale.

Gérard Bosc a réalisé personnellement un livre –une Histoire du basket français– et une vidéo –100 ans de Basket Français– très utilises pour la mémoire. Et vous aussi avec le livre Géants, toute l’histoire du basket-ball, écrit avec Philippe Cazaban. On peut les recommander comme lectures de base ?

A la fois sur le plan du beau livre et du livre universitaire, le socle ce sont les trois tomes d’«Une histoire du basket français ». Gérard est le premier qui a entrepris de raconter de manière très large l’histoire du basket français en remontant aux sources. Ce ne sont pas des « on dit », des légendes, il ne s’est pas contenté de recopier des bouquins à droite, à gauche, il est allé consulter les archives et poser des questions aux témoins. Il y a derrière une vraie méthode, d’ailleurs il s’est formé en se faisant aider par des universitaires pour l’acquérir. Le travail de dépouillement d’archives qu’il a fait est fantastique. Les universitaires reconnaissent son travail et quand il y a un colloque sur l’histoire du basket, Gérard et ses écrits sont toujours cités comme fondateur. L’ouvrage que j’ai fait avec Philippe Cazaban, qui a fait tout ce qui est visuel, est un peu dans la continuité de celui qu’a fait Gérard. C’est un beau livre dans lequel on a eu la chance de pouvoir faire de la vulgarisation scientifique. Tout ce que l’on raconte, on en donne l’origine, on a respecté les principes universitaires dans un beau livre. L’éditeur nous a laissé très libre. En plus, on a eu la chance de pouvoir s’appuyer sur toutes les collections du Musée pour les illustrations. Il y a un petit clin d’œil puisque le livre de Gérard a eu le prix du Beau Livre Sportif à sa sortie et le nôtre aussi.

« 100 ans de basket français » n’est pas ludique, c’est austère, ça peut rebuter certaines personnes, mais c’est un documentaire unique qui met en mouvements, en images, les écrits et ça permet de mieux les comprendre. Il y a notamment des interviews de Etienne Roland et Lucienne Velu, les deux personnalités majeures d’avant la deuxième guerre mondiale ?

C’est très complémentaire des ouvrages de Gérard et c’est vrai que c’est un style début des années quatre-vingt-dix auquel on n’est plus habitué et un jeune public pourra trouver ça un peu fastidieux à suivre mais le contenu est remarquable car les choses sont bien présentées, les informations ne sont pas balancées au hasard, il y a des images de la Rue de Trévise, il y a des extraits de films d’époque, et des interviews d’acteurs. Des gens qui sont décédés depuis. Et puis le travail de Gérard est subtil. Pour toute la période qu’il n’a pas connu, il a vraiment fait un travail d’historien en appliquant les méthodes. Toute la partie où lui a été acteur au cœur du basket français, on peut lire entre les lignes d’autres choses (sourire). Il présente les choses de façon relativement neutre mais c’est vu de l’intérieur et il donne beaucoup de pistes pour comprendre la complexité des choses. Il existe trois autres ouvrages spécialisés qui sont intéressants pour les gens qui sont prêts à se plonger dans quelque chose d’un peu plus scientifique. Il y a eu trois colloques. L’un sur les origines du basket-ball en France, ça s’appelle L’Aventure des Grands Hommes. Il y en a un qui est sur les allers-retours France-Amérique qui s’appelle Histoires du Basket-ball entre France et Amérique et un troisième sur l’Europe du basket-ball, Le continent basket: l’Europe et le basket-ball au XXe siècle. Il y avait la présence au colloque de Borislav Stankovic (NDLR : l’ancien secrétaire-général de la FIBA), qui était passionnant. Il avait du mal à admettre que des universitaires plus jeunes que lui et qui ne sont pas du basket lui expliquent comment ça s’était passé alors que c’était une analyse scientifique. Les trois contiennent des contributions vraiment intéressantes.

Avez-vous des contacts avec des archivistes de basket d’autres pays ?

Ça commence et on peut notamment citer l’Espagne mais le principal que j’ai c’est Luis (NDLR : Rojas-Gonzalez, l’archiviste de la Fédération Internationale) et on a prévu de faire une réunion de tous mes homologues. Toutes les personnes qui, pour le compte d’une fédération ou d’un musée privé s’occupent du patrimoine du basket dans leur pays.

L’Espagne avait un musée à Alcobendas. Il existe toujours ?

Tout ce qui concerne l’international a été transféré à Mies au siège de la Fédération Internationale (NDLR : précision de Raymond Bauriaud, directeur de la communication et du marketing de la FFBB : le musée a été réaménagé avec les collections de Pedro Ferrandiz de l’époque et notamment tous les maillots de l’équipe d’Espagne, les trophées des équipes nationales, des objets pour les enfants, des jeux, et c’est devenu les bureaux de représentation de la fédération espagnole en plus de ceux qui sont dans le centre de Madrid. Ça lui permet notamment de recevoir les délégations étrangères ou de faire des RP ou recevoir la presse).

Comment se situe le basket dans la mise en valeur du patrimoine vis-à-vis des autres sports français ?

Etant donné que jusque dans les années 80-90, les fédérations ne se préoccupaient pas ou peu de leur passé, on est assez vite devenu pionniers dans le domaine. Déjà le fait d’avoir un service archives et patrimoine ce n’est pas courant dans une fédération. J’ai quelques homologues dans les fédérations mais c’est souvent quelqu’un qui a été détaché d’une autre activité vers ça et peu à peu ça prend de l’ampleur et ça devient un vrai service patrimoine. Par exemple, au football, il y a Xavier Thébault qui a d’abord été à mi-temps et qui est maintenant à plein temps. Au handball, ils n’avaient pas de collections car il n’y avait pas de Musée du handball et ils ne savaient pas trop comment faire pour démarrer. En fait, pas mal de fédérations viennent nous voir pour nous demander comment on a fait. La numérisation de notre revue (Basket-ball) et de certaines revues qui sont conservées au Centre de Recherche, c’est nous qui l’avons lancé. On est allé voir la BNF sachant qu’elle consacre de gros budgets à la numérisation de la presse et des périodiques et on est la première fédération à avoir fait numériser notre revue. Depuis ça a suivi, l’athlétisme, le handball, des fédérations affinitaires. Il y a un appel de la BNF en vue des JO de 2024 pour inviter les fédérations et les acteurs du sport à numériser leurs collections. On va en profiter pour numériser de nouvelles choses, une de mes idées étant faire numériser Maxi-Basket mais la difficulté est d’obtenir l’autorisation.

Un dessin du caricaturiste Déro (Musée du Basket)

Outre l’Espace Muséal, quels seront les lieux à Paris que vous conseillerez à des gens qui ont envie de s’imprégner de l’Histoire du basket ?

En premier, la Rue de Trévise, c’est un joyau du patrimoine mondial du sport, c’est unique. Après, les Arènes de Lutèce (NDLR : dans le 5e arrondissement). C’est le premier lieu des matches internationaux et des finales du championnat de France. C’est exactement dans le même état que dans les années 30. D’ailleurs, parmi les projets que j’espère que l’on mènera à bien un jour, il y a de faire une petite application qui permet aux gens de visiter eux-mêmes et de se géolocaliser et de voir une photo qui apparait avec le public de l’époque ou de faire des visites de la Rue de Trévise ou de l’Espace Muséal.

Et Roland-Garros ?

Quand on montre des photos des finales de basket de l’époque aux gens qui connaissent bien Roland-Garros, ils reconnaissent le Central. Il y a par exemple des croisillons qui sont très caractéristiques. Même s’il a été agrandi, le Central ressemble encore à ce qu’il était dans les années 40. On y a joué plutôt des finales du championnat de France et il existe de magnifiques photos. Il y a Coubertin, qui est une salle emblématique où ce sont déroulés énormément de matches de club et de l’équipe nationale. C’est une grande salle de l’histoire du basket français. Il y a Bercy, le gymnase Japy est bien resté en état, c’est à voir (11e arrondissement), il y a le gymnase Jaures* (19earrondissement). Le vieux gymnase de l’US Métro a été ou est sur le point d’être détruit. La salle Michel-Saudemont de Bagnolet existe toujours.

*Si déroula notamment une demi-finale PUC-Championnet du Championnat de France 1948

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Depuis que vous êtes en fonction, il y a douze ans, avez-vous la sensation qu’il y a un intérêt accru pour l’Histoire du basket français ?

Je pense que l’intérêt était déjà là mais aujourd’hui il y a plus de choses qui permettent de s’en préoccuper, à la fois pour les particuliers qui se passionnent là-dessus de se renseigner ou de montrer ce qu’ils connaissent ou ce qu’ils ont. La Fédération a fait des efforts pour mettre en valeur le patrimoine pour le préserver et le valoriser. Ça suit dans les comités, les ligues, il y a aussi des initiatives de club qui sont intéressantes comme à Bourges qui a versé ses archives aux Archives départementales du Cher.

Le club avait demandé aux supporters de leur amener des objets des différentes époques ?

Je souhaite que l’on encourage ce type de projet car le but n’est pas que le Musée du Basket fasse tout. Il y a des choses qui sont mieux à leur place en créant des partenariats locaux avec des Archives départementales ou municipales, c’est à mon avis idéal. Ce sont des structures spécialisées dans la conservation et dans la valorisation et ce sont des interlocuteurs parfaits pour faire vivre et valoriser le patrimoine au niveau local. C’est complémentaire de ce que peuvent faire le Musée et la Fédération sur le sujet. Une partie de la Commission Patrimoine c’est d’encourager les régions à s’occuper de leur patrimoine et à aller voir les bons interlocuteurs localement.

La connaissance des gens s’améliorent-ils au fur et à mesure des années ? Ce que l’on peut remarquer c’est que les jeunes connaissent mieux l’Histoire de la NBA que celle du basket français, davantage Wilt Chamberlain et bien sûr Michael Jordan que les équivalents français, Jean-Paul Beugnot, Alain Gilles ou même des plus récents comme Ed Murphy ou Delaney Rudd ?

Il existe quand même un intérêt pour le basket français et pas seulement NBA. On le voit avec la présence de sites comme Basket Rétro qui sont animés par des particuliers ou des initiatives locales comme à Limoges. Je ne suis pas capable de répondre à la question de savoir s’il y en a plus qu’avant qui connaissent un peu le basket français. Ce que je peux dire par contre c’est que c’est dans nos préoccupations principales, c’est de mettre à notre niveau un peu partout l’histoire du basket. Par exemple, désormais, tout nouveau salarié qui arrive à la Fédération visite les étages comme avant et en plus on lui fait faire celle de l’Espace Muséal où on lui raconte l’Histoire du basket. L’objectif à terme c’est que dans toutes les formations, dirigeants, arbitres, joueurs, entraîneurs, que tout le monde à un moment de son parcours ait connaissance des bases : quand a été inventé le basket, quand il est arrivé en France, les spécificités de son développement, les grands noms, les grands clubs.

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