L’interview est en deux parties. Voici la première. Alain Weisz évoque notamment Victor Wembanyama, Bilal Coulibaly et Vincent Collet au cours de cet entretien.
Le 16 mars 2020, alors que la France entre en confinement pour se prémunir du Coronavirus dont on ignore encore avec exactitude les effets dévastateurs, Alain Weisz se replie à Marseille, sa ville, et met à profit son temps libre pour commencer à écrire un livre sur « ses réflexions de coach ». Il lui faudra trois ans pour le mener à bien.
L’ancien coach de l’équipe de France a surtout fait appel à sa mémoire et aussi à des recherches pour, par exemple, enrichir ses connaissances psychologiques. Les anecdotes sur le football qui parcourent le livre font partie de sa culture personnelle avec des vérifications à la clé, précise-t-il.
La cible principale de l’ouvrage, ce sont d’autres coaches et des jeunes joueurs pour susciter des vocations. Il souhaite également s’adresser à des gens qui gravitent dans les clubs et puis tout simplement aux passionnés de basket.
« Je voulais qu’ils connaissent le travail d’un entraîneur, tous les éléments qui interviennent, nous dit-il. Pas beaucoup de gens savent ce qu’un coach doit affronter au cours d’une semaine, d’une saison. Deuxièmement, les coachs sont continuellement critiqués et je voulais qu’ils comprennent… qu’ils sont critiquables très souvent mais qu’il y a des solutions par rapport au fait qu’ils restent très isolés, très entêtés, par rapport à leurs décisions, qu’ils veulent toujours avoir raison, quels que soient les résultats et parfois les évidences. Dans le livre, il y a beaucoup de remise en question de la corporation, mais il y a des solutions qui sont de plus en plus évidentes avec le changement de mentalité des nouvelles générations et aussi des observateurs du sport qui le considèrent comme les journalistes considèrent la politique, c’est-à-dire que l’on doit tout disséquer, tout expliquer pour en faire une activité très intellectualisée, ce qui n’est pas toujours le cas, et ce qui n’est pas parfois souhaitable. »
Nous avons choisi cinq thèmes, les trois premiers sont abordés aujourd’hui et les deux autres demain :
- L’évolution du coach dans le milieu professionnel du début à la fin de la carrière d’Alain Weisz.
- Le discours aux joueurs et le pouvoir des coaches.
- L’arrivée imprévue et l’impact de Victor Wembanyama à Boulogne-Levallois.
- L’impossibilité des coaches français à s’exporter à l’étranger.
- L’éclosion express de Bilal Coulibaly.
Mes Secrets de coach par Alain Weisz - Solar - 14 cm x 22,5 cm – 288 pages - 19,90 euros
« Il arrive même que des coaches apprennent l’arrivée d’un joueur par la presse. Comme au foot ! »
L’évolution du rôle du coach dans le milieu professionnel du début à la fin de la carrière d’Alain Weisz
Au début des années 80, le coach était solitaire, sans assistants, et parfois pas à plein temps. En quarante ans, on a assisté à une spectaculaire division du travail, sur le modèle américain, et les clubs de l’élite bien équipés disposent aujourd’hui autour du head coach, de plusieurs salariés, des assistants-coaches, un directeur sportif, un General Manager, qui peut avoir d’autres dénominations, un staff médical plus ou moins étoffé, sans parler des autres administratifs du club.
« Avant que la ligue soit créée, il y avait beaucoup de coaches qui étaient profs de gym et des gens qui avaient un travail à côté parce qu’ils n’étaient pas suffisamment rémunérés. D’une certaine façon, le coach était important mais il n’était pas considéré comme un élément essentiel de la réussite. Ça a changé à partir du moment où Limoges a gagné la Coupe Korac avec André Buffière (NDLR : en 1982 et 83).