C’est désormais une constance : l’EuroBasket est truffé d’«Américains naturalisés » qui tels de véritables mercenaires viennent renforcer certaines équipes –très généralement des anciens pays de l’est- moyennant un passeport qui leur permet par ailleurs de se valoriser durant la saison en club. Ce sont de véritables imposteurs.
On ne parle pas du meneur Jamar Wilson, qui est marié à une ancienne internationale finlandaise, Laura Sario, et qui a dû obtenir un certificat prouvant qu’il maîtrise une langue très subtile tout en attendant cinq ans après avoir manifesté son désir d’embrasser la nationalité du pays pour se voir remettre le précieux passeport.
D’autres cas sont spécifiques comme celui de Rosco Allen, dont le père Daniel est américain mais dont la mère Brigitta est hongroise. Rosco est né à Budapest, sa première langue fut le hongrois, et ce n’est qu’à l’adolescence qu’il s’est rendu aux Etats-Unis, en high school puis à l’université de Stanford.
On veut bien reconnaître également la légitimité de la citoyenneté turque de Bobby Dixon, passé par Saint-Etienne, Gravelines, Le Mans, Villeurbanne et Dijon quand il était proposé à un prix abordable pour la Pro A. Ali Muhammed -c’est son nom de conversion- a désormais à son compteur cinq saisons dans des clubs turcs.
L’empressement de l’ex-Manceau Giordan Watson à obtenir la nationalité roumaine juste avant l’Euro nous paraît suspect mais au moins connait-il le pays –il a porté deux saisons le maillot de Energia Targu-Jiu et sera à la rentrée dans l’effectif du champion national, Cluj.
Mais que dire du Slovène Anthony Randolph, du Monténégrin Tyrese Rice, du Polonais de Villeurbanne A.J. Slaugher et du Georgien de Strasbourg Mike Dixon, lesquels n’ont jamais séjourné dans leur pays d’adoption respectif avant de revêtir le maillot national ?
Il y a d’ailleurs des cas hautement comiques comme celui de… D.J. Cooper, qui a obtenu le passeport bosniaque en juin 2014, qui a fait un training camp avec la sélection du pays, et qui aurait été contacté pour faire l’Euro avec la Roumanie ! C’est sûr que vu d’Amérique, tous ces pays se rassemblent ! Le MVP de la Pro A est bien mieux là où il se trouve actuellement : au Sportica pour préparer la saison 2017-18.
A ce propos, il n’a échappé à personne que le Strasbourgeois Zack Wright est bosniaque et le Manceau Romeo Travis macédonien. Et ce ne sont pas les seuls à avoir succombé aux pays des Balkans. Passons.
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« C’est vrai qu’il y avait à une époque ce que l’on appelait la « période d’attente de trois ans » afin d’éviter les naturalisations hâtives ou faites pour une compétition précise. On a opté pour l’élimination de cette clause sous recommandation de juristes. » Patrick Baummann, secrétaire-général de la FIBA
Naturaliser des joueurs américains pour s’en servir comme autochtone est une vieille tradition en Europe et la France n’y a pas échappé dans les années 70, 80. D’ailleurs plusieurs joueurs qui avaient fait des mariages blancs à ce dessein… sont toujours en France près de quarante ans plus tard !
L’un des cas qui avait fait beaucoup jaser est celui de Becky Hammon, devenue une icône pour avoir été la première femme assistant coach en NBA, aux San Antonio Spurs, mais qui auparavant avec obtenu le passeport russe afin de participer aux Jeux de Pekin. Son nom russifié étant Ребекка Линн Хаммон. Anne Donavan, la coach des Etats-Unis avait jugé cette démarche anti-patriotique.
Ces « naturalisé(e)s » apporte un bonus considérable aux sélections nationales qui les débauchent. Jamais la Russie ne serait devenue championne d’Europe en 2007 sans le meneur américain J.R. Holden qui avait acquis le précieux sésame grâce au président Vladimir Poutine lui-même.
« Je saigne en rouge, blanc et bleu. Je suis Américain dans tout ce que je fais, sauf quand je joue au basket-ball », avait commenté J.R. Holden. « Mais voir les gens pleurer parce qu’ils ont la chance de jouer pour leur pays vous fait réaliser que c’est un honneur de représenter la Russie, pas seulement comme un joueur, mais aussi comme une personne. »
Jamais la Macédoine ne se serait hissée jusqu’aux demi-finales de l’Euro 2011 sans Bo McCalebb élu dans le 5 idéal du tournoi avec ses 21,4 points, 3,1 rebonds, and 3,7 passes par match en plus de 34 minutes en moyenne sur le terrain.
Il ne s’en faut que d’une règle pour que le basket évite la pantalonnade survenue au handball lors de la Coupe du Monde 2015 lorsque le Qatar atteignit la finale avec une troupe de mercenaires dont le Français Bertrand Roiné, qui avait été sacré avec la France quatre ans auparavant ! Une règle salvatrice, l’interdiction d’avoir plus d’un naturalisé par équipe. Une règle que l’Espagne aurait aimé faire sauter afin d’aligner ensemble le Congolais Serge Ibaka et le Monténégrin Nikola Mirotic. L’Espagne qui est une spécialiste du recrutement de joueurs/joueuses africain(e)s à des dessins purement mercantiles.
De ce poison mortel, nous nous étions entretenus avec Patrick Baumann, secrétaire-général de la Fédération internationale, pour l’hebdomadaire BasketNews. C’était justement après la performance de Bo McCalebb avec la Macédoine et on avait fait remarquer à Patrick Baumann qu’auparavant un naturalisé devait patienter trois ans avant de pouvoir jouer avec son équipe nationale et on lui avait demandé si la FIBA n’avez jamais été attaqué pour cette « discrimination ».
« C’est vrai qu’il y avait à une époque ce que l’on appelait la « période d’attente de trois ans » afin d’éviter les naturalisations hâtives ou faites pour une compétition précise. On a opté pour l’élimination de cette clause sous recommandation de juristes. Un joueur, aussi bien qu’il puisse être, ne peut pas vous faire gagner durant neuf matches de suite pendant deux semaines. A deux, ils peuvent vous faire 40-50 points et vous auriez un changement immédiat dans la hiérarchie du sport qui ne serait pas acceptable. Pour un petit pays comme celui que vous mentionnez, on peut comprendre ce choix. Un, la règle l’autorise, deux vous essayez d’aller avec lui au niveau suivant. La FYROM (le nom donné par la FIBA à la Macédoine) a profité des capacités de ce joueur, cela a provoqué de l’engouement. Par contre on peut questionner le choix de certains pays de plusieurs millions d’habitants de la nécessité d’utiliser cette règle. Chacun doit faire son examen de conscience. Est-ce bon de prendre un naturalisé ? »
« Ce que je dénonce, ce sont les passeports qui sont donnés à la dernière minute. On te file un chèque. Je trouve ça honteux. » Evan Fournier
En France, plusieurs personnalités dont Valérie Garnier, coach de l’équipe de France féminine –le phénomène est tout aussi prégnant dans le basket féminin international- ont déjà pris position contre cet afflux de naturalisations frelatées. Et quand il s’agit d’un NBAer comme Evan Fournier, cela prend du poids.
« Je trouve que c’est honteux ! », nous a-t-il confié l’autre jour à l’INSEP avant de prendre le temps pour peser ses mots. « C’est un sujet assez délicat et c’est du cas par cas. Si tu es Américain et que ta femme est d’un pays et que tes enfants grandissent dans ce pays, il n’y a pas de soucis. Ce que je dénonce, ce sont les passeports qui sont donnés à la dernière minute. On te file un chèque. Je trouve ça honteux. Comme pour un joueur que je connais très bien, Randolph, qui va jouer avec la Slovénie. Ridicule, honteux. »
Evan Fournier connaît bien le dossier Anthony Randolph puisqu’il a fréquenté l’actuel joueur du Real Madrid aux Denver Nuggets. Et encore une fois, il ne s’agit pas de mettre dans le même sac ces cas fortement douteux avec la naturalisation de Blake Schilb dont la femme est tchèque –il a lui-même joué à Nymburk.
« Ca a plus de sens », estime l’international français d’Orlando. « Encore une fois ce que je dénonce, c’est que l’on vienne recruter un joueur avec une enveloppe pour lui donner un passeport et tu vas jouer pour nous alors que tu ne sais même pas dire bonjour ! Avec Randolph, je ne suis plus trop en contact avec lui. On se verra du coup ! (rire). Je ne parle pas des autres sports. Je sais que dans le rugby, c’est quelque chose qui se fait. Pas de soucis. C’est comme Serge (Ibaka) et Mirotic, il faut arrêter, ils ne sont pas espagnols. Serge est resté en Espagne six mois, il a eu son passeport. Si tu lui demandes d’où il vient, il te dit que c’est un congolais. »
« Votre pouvoir de négociation monte en flèche si vous pouvez être signé en tant qu’Européen Je ne me soucie pas de quel pays il est, si je peux trouver un endroit pour m’établir et y rester pendant un certain temps. » Darryl Bryant
Seulement, il faut avoir conscience que cette appréciation n’est pas partagée par tout le monde. L’intervention sur BasketEurope.com du coach de la sélection polonaise, Mike Taylor, est bien fraîche dans les mémoires :
« Nous ne sommes pas la première équipe à faire ça et je pense que nous ne serons pas non plus la dernière à le faire. Ça fait partie du jeu, si vous ne mettez pas toutes les chances de votre côté pour être aussi forts que vous le pouvez, vous n’allez pas dans le bon sens. A.J. est une addition fantastique pour notre équipe, en tant que joueur mais également en tant que personne. Les fans français le connaissent bien pour ce qu’il a fait à Strasbourg. C’est évidemment un très bon joueur, mais c’est également une très bonne personne. Nous pensions que nous avions besoin d’améliorer notre équipe au poste 2 puisque nous n’avions que Lukasz Koszarek depuis plusieurs années et A.J. est arrivé et a été fantastique. Je ne peux pas me permettre de parler pour les autres pays pour savoir ce qu’ils pensent de ça mais je pense que, d’abord, ce n’est pas illégal, ça fait partie des règles, ça fait partie du jeu et que tout ce que l’on essaye de faire c’est d’avoir la meilleure équipe possible. Naturaliser des joueurs fait partie du processus pour rendre votre équipe meilleure. Beaucoup d’équipes n’ont pas la chance d’avoir autant de joueurs en NBA que la France et d’avoir autant de joueurs à un aussi haut niveau. Actuellement les règles nous autorisent à avoir un joueur naturalisé et je pense que nous avons tiré le jackpot avec A.J. »
Une appréciation partagée, par exemple, par Darryl Bryant, un guard qui a bourlingué dans pas mal de pays, et qui expliquait récemment son cas avec candeur au site Ozy.com :
« Avoir un deuxième passeport est énorme pour les Américains. Énorme. Votre pouvoir de négociation monte en flèche si vous pouvez être signé en tant qu’européen. Je ne me soucie pas de quel pays il est, si je peux trouver un endroit pour m’établir et y rester pendant un certain temps. Je suis en train de sauter d’un pays à l’autre et ça rend impossible la vie de famille. Ma fille a vécu avec moi en Autriche, mais elle n’est pas revenue depuis. »
La démarche de l’Azerbaïdjan, qui a déjà offert un passeport à Spencer Nelson, Jaycee Carroll ou Nik Caner-Medley est encore plus scandaleuse puisqu’elle concerne Jordan Davis, un jeune de 20 ans qui n’a jamais quitté son Amérique natale !
Business is business. Peu importe le pays, son histoire, ses us et coutumes, ses habitants. Une philosophie que nous ne partageons pas. Ces gens oublient le caractère sacré, n’ayons pas peur de ce mot, d’une nationalité. Et nous n’hésitons pas à crier notre honte aux joueurs, aux agents, aux coaches et aux pays qui pour le fric corrompent ces « valeurs ».
« Il fallait que je choisisse et comme je suis patriote jusqu’au bout des ongles, ma fille et moi, nous sommes Lituaniennes. » Lina Brazdeikyte
Il nous revient en tête ce que nous avait expliqué pour BasketHebdo Lina Brazdeikyte, une ancienne internationale lituanienne, qui après avoir joué dans six clubs de Ligue Féminine avait prolongé son séjour en France comme assistante coach. Etes-vous française, lui avions-nous demandé ?
« Non. En Lituanie, on n’a pas le droit malheureusement à la double nationalité. Il fallait que je choisisse et comme je suis patriote jusqu’au bout des ongles, ma fille et moi, nous sommes lituaniennes. »
C’est sûr que si l’administration américaine retirait leur passeport US aux joueurs qui optent pour une autre nationalité, ils y réfléchiraient à deux fois…
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On ne parle pas du meneur Jamar Wilson, qui est marié à une ancienne internationale finlandaise, Laura Sario, et qui a dû obtenir un certificat prouvant qu’il maîtrise une langue très subtile tout en attendant cinq ans après avoir manifesté son désir d’embrasser la nationalité du pays pour se voir remettre le précieux passeport.
D’autres cas sont spécifiques comme celui de Rosco Allen, dont le père Daniel est américain mais dont la mère Brigitta est hongroise. Rosco est né à Budapest, sa première langue fut le hongrois, et ce n’est qu’à l’adolescence qu’il s’est rendu aux Etats-Unis, en high school puis à l’université de Stanford.
On veut bien reconnaître également la légitimité de la citoyenneté turque de Bobby Dixon, passé par Saint-Etienne, Gravelines, Le Mans, Villeurbanne et Dijon quand il était proposé à un prix abordable pour la Pro A. Ali Muhammed -c’est son nom de conversion- a désormais à son compteur cinq saisons dans des clubs turcs.
L’empressement de l’ex-Manceau Giordan Watson à obtenir la nationalité roumaine juste avant l’Euro nous paraît suspect mais au moins connait-il le pays –il a porté deux saisons le maillot de Energia Targu-Jiu et sera à la rentrée dans l’effectif du champion national, Cluj.
Mais que dire du Slovène Anthony Randolph, du Monténégrin Tyrese Rice, du Polonais de Villeurbanne A.J. Slaugher et du Georgien de Strasbourg Mike Dixon, lesquels n’ont jamais séjourné dans leur pays d’adoption respectif avant de revêtir le maillot national ?
Il y a d’ailleurs des cas hautement comiques comme celui de… D.J. Cooper, qui a obtenu le passeport bosniaque en juin 2014, qui a fait un training camp avec la sélection du pays, et qui aurait été contacté pour faire l’Euro avec la Roumanie ! C’est sûr que vu d’Amérique, tous ces pays se rassemblent ! Le MVP de la Pro A est bien mieux là où il se trouve actuellement : au Sportica pour préparer la saison 2017-18.
A ce propos, il n’a échappé à personne que le Strasbourgeois Zack Wright est bosniaque et le Manceau Romeo Travis macédonien. Et ce ne sont pas les seuls à avoir succombé aux pays des Balkans. Passons.
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Photos: FFBB