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Analyse: Une équipe de France à l’heure européenne et des bizuths

L’ère Tony Parker a pris fin avec la retraite internationale du meilleur basketteur français de tous les temps après les Jeux Olympiques de Rio qui ont également donné l’occasion d’un dernier tour de piste de la paire guadeloupéenne Mickaël Gelabale-Florent Pietrus. Ce trio représente 567 sélections

L’ère Tony Parker a pris fin avec la retraite internationale du meilleur basketteur français de tous les temps après les Jeux Olympiques de Rio qui ont également donné l’occasion d’un dernier tour de piste de la paire guadeloupéenne Mickaël Gelabale-Florent Pietrus. Ce trio représente 567 sélections en équipe de France.

La nouvelle période qui s’ouvre devant nos yeux est à la fois originale et incertaine. Il n’y aura pas de compétition internationale l’été 2018, mais une Coupe du Monde l’année suivante qualificative pour les Jeux de Tokyo. Et durant les autres mois de l’année des « fenêtres » pour jouer des qualifications pour cette Coupe du Monde. Sans les joueurs NBA. Peut-être sans les joueurs d’Euroleague.

C’est ce nouveau contexte international qui a amené la fédération française a créé un Team France de 37 joueurs. L’Espagne a choisi une voie analogue mais en rassemblant temporairement cet été ceux qui participeront en septembre à l’EuroBasket et ceux qui joueront les premiers matches de qualifs en novembre. Vincent Collet a trié dans la liste élargie initiale 18 joueurs pour préparer, à partir de fin juillet, le voyage en Finlande -tour préliminaire-et, si tout se passe bien, en Turquie -tour final.

« C’est un projet global dont l’objectif est de s’adapter aux circonstances. Les circonstances se sont les nouveaux calendriers qui vont se présenter à nous », cadre le directeur technique national, Patrick Beesley. « Ce projet nécessite d’avoir le plus grand nombre de joueurs français mobilisables à tout moment. Là, Vincent va faire appel à 18 joueurs issus de ce Team France et ensuite il puisera dedans pour les matches de qualification à la Coupe du Monde. Je souhaite préciser que l’on a établi de nouvelles relations de proximité avec ce Team France. Les joueurs non retenus aujourd’hui ont été prévenus hier de façon directe sur la composition de l’équipe qui sera annoncée aujourd’hui. Et s’ils souhaitent venir aux matches, ils seront reçus comme des VIP. On veut vraiment affirmer que ces joueurs font partie d’un cadre collectif qui dépasse celui de ces dix-huit joueurs. »

Les absents ont toujours tort

Ceux dont on parle toujours en premier lieu, ce sont les absents. Et en la circonstance, deux têtes dépassent. Celles de Rudy Gobert (2,16m) et Nicolas Batum (2,03m). Le premier est devenu aux Utah Jazz l’un des meilleurs pivots du monde. Le second est depuis le championnat d’Europe de 2009 le couteau-suisse des Bleus même si sa sortie olympique a laissé un sacré goût d’inachevé. En résumé : les deux joueurs ont préféré donné la priorité à leur club NBA respectif qui leur a offert un pont en or serti de diamants. Temporairement ? Personne ne lit correctement dans le marc de café. On peut juste craindre que cela préfigure une tendance lourde. [arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]

Il y a d’autres absents dans la liste des dix-huit qui s’inscrivent également au chapitre des blessures. Adrien Moerman (Darussafaka), que l’on voyait depuis si longtemps récupérer les baskets de Florent Pietrus et qui manque ainsi le rendez-vous avec son histoire en bleu. Charles Kahudi (ASVEL), qui a payé au prix fort sa sélection aux JO de Rio alors que sa cheville aurait nécessité un temps d’arrêt au stand.

« Il aurait été probablement dans cette liste s’il n’avait pas été blessé », répond Vincent Collet à propos d’Adrien Moerman. « Dans la liste des 37 d’autres n’étaient pas dans la pleine possession de leurs moyens pour cette campagne-là. C’est l’une des raisons pourquoi cette liste est très large. On sait que pour les fenêtres, les joueurs NBA ne pourront pas être disponibles. Et d’une façon générale c’est nécessaire pour parer à ce type de blessure. Aujourd’hui les calendriers sont de plus en plus chargés, les saisons de plus en plus longues. De plus en plus les joueurs ont ce type de problème. »

Pour le reste, comme la non-présence de Nobel Boungou Colo, qui sort d’une saison d’Eurocup réussie au Khimki Moscou, d’Amath Mbaye, qui demeure l’homme mystère mais dont la côte est en hausse après un excellent parcours à Brindisi qui a amené Milan à l’enrôler, et encore d’Axel Toupane, bercé entre la D-League (beaucoup) et la NBA (4 matches) c’est une question de choix entraînant, selon la formule consacrée, des cas de conscience.

« Axel, pour ses qualités défensives, était très fortement dans la réflexion », s’attarde Vincent Collet. « Il y a plusieurs éléments qui expliquent qu’il n’a pas été retenu. Les éléments de concurrence. Le secteur extérieur est vraiment prolifique. Il se trouve également qu’il est très sollicité par les summer leagues, par ses ambitions NBA. C’est ce qui nous a fait trancher sur la liste définitive. »

Un renouvellement… presque comme à l’Assemblée Nationale

Deux éléments sautent aux yeux à la lecture du listing. 1) Sept joueurs n’ont jamais porté le maillot bleu. C’est un vrai renouvellement presque comparable à celui de l’Assemblée Nationale. 2) La France a beau être le pays le plus représenté en NBA avec le Canada, il n’y a que quatre joueurs issus de la ligue américaine, soit moins que ceux en provenance de la Pro A ! Au noms de Tony Parker, Nicolas Batum et Rudy Gobert, il faut ajouter celui de Ian Mahinmi qui a remis son retour en bleu espéré un moment par le coach aux calendes grecques. Ce qui fait que ce sont les « Européens » qui sont les plus nombreux.

« On a l’opportunité de commencer une nouvelle aventure et on s’aperçoit qu’on dispose d’un réservoir de talents très intéressants dans lequel on va pouvoir puiser pour construire une équipe, pour je l’espère atteindre les objectifs élevés que l’on se fixe à savoir continuer à se mêler à la lutte aux médailles. Aller très haut déjà à ce championnat d’Europe et par la suite. On voit que les joueurs sont jeunes. Les plus anciens sur les postes arrières sont Fabien Causeur et Nando De Colo qui sont nés en 1987. Pour cette génération-là, il y a des enjeux très importants », résume Vincent Collet.

C’est aux postes 1 et 2 que la mutation s’apparente à une révolution. Alors que l’on craignait, il y a quatre-cinq ans, une désertification, Tony Parker a au contraire fait des petits. Et l’originalité, c’est qu’ils proviennent de différents championnats européens : allemand, espagnol, lituanien, russe (VTB League), turc. Tous ont été remarquables, une majorité étant champions de leur pays d’accueil et parfois MVP de la finale, un autre top-scoreur du championnat. Et au final, le seul a porté un maillot NBA, c’est Evan Fournier qui a produit 17,2 points à 35,6% à troispoints aux Orlando Magic, ce qui même si son équipe n’est pas un ténor est une vraie performance. On attend beaucoup de lui surtout après sa non-sélection peu compréhensible vue de l’extérieur pour les JO de Rio.

« Ce sont des joueurs qui arrivent à la maturité, » analyse Vincent Collet. « On sait que pour les basketteurs les meilleures années sont entre 27-28 et 32 ans. Excepté Léo Westermann, pour l’ensemble de ces joueurs là on y est totalement. Je ne suis pas surpris que ces joueurs continuent d’avancer dans leur carrière. Pour Thomas et Nando c’était déjà le cas. Là, on peut sentir cette année que Edwin Jackson, Fabien Causeur, Rodrigue Beaubois ont vraiment franchi un cap. Evan Fournier continue en NBA son bonhomme de chemin. Léo Westermann a également fait avec Kaunas une vraie et belle saison. On est face à une génération qui arrive à maturité. Le fait de le démontrer en club, c’est une chose. Je pense que l’équipe nationale, c’est encore le niveau supérieur en particulier quand on arrive dans les matches couperet. A chaque fois par exemple que l’on joue les quarts-de-finale, quand on regarde les cinq majeurs, on s’aperçoit que ce sont des joueurs qui pourraient être au Final Four de l’Euroleague. »

La concurrence est si féroce que l’on se demande qui le coach écartera si le destin –les blessures- ne lui donne pas un coup de pouce. Il y a peu, l’apparition de Rodrigue Beaubois, toujours pas capé à 29 ans, aurait été saluée par une volée de tweets, aujourd’hui, elle se fait dans un presque anonymat. Pensez, l’arrière de Vitoria n’a été ni champion, ni meilleur marqueur de la Liga. Se faufilera-t-il quand même dans un trou de souris ?  L’hypothèse n’est pas à écarter si l’on lit bien les propos du coach :

« Sur les postes 1 et 2, on a sincèrement de la chance quand on voit les saisons respectives des uns et des autres, Rodrigue présente malgré tout un profil particulier même par rapport à Edwin Jackson. Rodrigue est le shooteur pur de cette sélection. J’ai eu la chance de le coacher pendant un an. Il a confirmé cette année avec Vitoria qu’il est vraiment revenu à un excellent niveau. C’est la deuxième fois qu’il vient en équipe de France. La première fois malheureusement il s’était blessé au pied en 2010, ce qui l’avait privé de la Coupe du Monde. J’espère que cette fois ci il pourra défendre pleinement ses chances. Nando et Fabien sont davantage des combos qui ont même la capacité à pouvoir dépanner sur le poste 1. Edwin et Evan sont des scoreurs purs qui ont différentes façons de scorer. »

Maintenir un fort niveau défensif

Avec la non-présence de Nicolas Batum et Charles Kahudi, c’est au poste 3 que la situation est la plus novatrice et mystérieuse. Timothé Luwawu-Cabarrot est à 22 ans un rookie de la NBA dans une équipe, les Phila Sixers, complètement anonyme, mais qui a obtenu du galon en fin de saison (11,0 points et 27 minutes en moyenne lors des matches qui ont suivi le All-Star Game). Yakuba Ouattara a effectué de formidables progrès à Monaco mais ce n’est que… de la Pro A. Et de la BasketBall Champions League. Il y a quand même un impressionnant fossé pour atteindre le niveau d’un top 4 d’un championnat d’Europe.

Ce qui plaît dans leur profil à coach Collet, c’est leur capacité à bien défendre pour perpétuer la tradition française.

« On a toujours revendiqué cette identité défensive qui s’est malheureusement effritée l’an passé. Malgré tout quelques joueurs dans cette liste sont là en partie en raison de leur capacité défensive. On a pensé justement qu’il était indispensable de ne pas abandonner cette identité défensive si on veut prétendre à la demi-finale, à la finale. Bien sûr que le potentiel offensif de certains joueurs va être indispensable mais on a quand même malgré tout dans toutes les lignes sélectionné au moins un spécialiste défensif. C’est pour ça qu’il y a de nouveaux joueurs qui apparaissent et qui ont une véritable carte à jouer. Timothé Luwawu, Kakuba Ouattara, Livio Jean-Charles, Louis Lebeyrie, Moustapha Fall, Vincent Poirier… Ils ont tous des profils défensifs qui pourraient leur permettre d’intégrer définitivement cette équipe de France. »

La présence de Boris Diaw –déjà sélectionné pour l’Euro 2003- est la garantie de la continuité, de l’esprit, et aussi d’avoir un homme à tout faire au poste 4, même si le poids des ans (35) va forcément se faire ressentir. L’absence de Rudy Gobert est évidemment préjudiciable au poste 5 et va provoquer une sacrée bagarre pour prendre la place vacante.

« Ceux qui ont là au poste cinq, en particulier Moustapha Fall, Vincent Poirier et Kevin Seraphin ont une opportunité déjà numériquement de prendre sa place. Bien sûr que son absence est préjudiciable. C’est aujourd’hui un des meilleurs pivots au monde. Mais avant même d’être l’entraîneur de l’équipe de France, j’ai été son supporter durant de très nombreuses années, et je n’ai pas le souvenir que l’on ait eu la chance d’avoir un tel réservoir. A ce niveau là, Moustapha Fall est une véritable découverte cette année du championnat de France. C’est la même chose pour Vincent Poirier. Ce sera davantage de responsabilités pour Joffrey Lauvergne. Le retour de Kevin Seraphin est aussi intéressant. Il a rejoué en NBA cette année, il a remontré des choses. Il a vraiment très envie. Tous ces joueurs ont beaucoup d’enthousiasme sur le fait de réintégrer l’équipe de France. On devra trouver le moyen de faire un secteur intérieur compétitif et je crois que c’est une réelle possibilité. »

Vincent Collet n’aura droit qu’à quelques jours et nuits blanches pour faire ses choix et aussi hiérarchiser les douze élus. La préparation est courte et condensée. Des règles imposées par la NBA limitent le nombre de jours où les joueurs sont mis à disposition de l’équipe nationale. Le coach imagine qu’à l’issue du tournoi d’Orléans l’équipe sera calibrée pour l’Euro, à peut-être une ou deux exceptions près.

L’ambition ? Le président Jean-Pierre Siutat rappelle le cadre actuel :

« On a la troisième place au ranking mondial derrière les Etats-Unis et l’Espagne si on cumule le ranking du basket masculin et féminin et les résultats de nos jeunes. C’est pas trop mal de le rappeler. On est fiers de ces résultats. Ca rappelle la continuité du travail, des résultats de nos équipes. »

Et Patrick Beesley le leitmotiv :

« Je confirme que la fédération française a la grande ambition que l’équipe de France continue à gagner. »

https://www.youtube.com/watch?v=I426iEeT7Qo

La préparation

29-30 juillet: Tests médicaux à l’INSEP

31 juillet: Conférence de presse

PAU (64) – Palais des Sports – Réservez vos placesSamedi 5 août à 20h30 : France / TunisieDimanche 6: Transfert à OrléansORLÉANS (45) – Palais des Sports – Réservez vos placesMardi 8 Août à 20h30 : France / CroatieJeudi 10 Août à 20h30 : France / Lituanie11-13 août: Repos14 août: Transfert à KaunasKAUNAS (LITUANIE)Mardi 15 Août à 19h30 : Lituanie / France15 août: Transfert direct après le match à ToulouseTOULOUSE (31) – Grand Palais des Sports – Réservez vos placesVendredi 18 Août à 20h30 : France / BelgiqueSamedi 19 Août à 20h30 : France / MonténégroDimanche 20 Août à 20h30 : France / Italie21-22 août: Repos23-24 août: Stage à Nanterre25 août: Transfert à BerlinBERLIN (ALLEMAGNE)Dimanche 27 Août à 15h00 : Allemagne / France[armelse][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]Eurobasket 2017 du 31 août au 17 septembre 2017

Rodrigue

BEAUBOIS

24/02/1988

1,88

Arrière

Baskonia Vitoria (Espagne)

Fabien

CAUSEUR

16/06/1987

1,95

Arrière

29

70

Brose Bamberg (Allemagne)

Nando

DE COLO

23/06/1987

1,95

Arrière

145

1483

CSKA Moscou (Russie)

Boris

DIAW

16/04/1982

2,05

Ailier fort

227

1943

Utah Jazz (NBA)

Antoine

DIOT

17/01/1989

1,91

Meneur

84

397

Valencia Basket (Espagne)

Moustapha

FALL

23/02/1992

2,18

Pivot

Élan Chalon

Evan

FOURNIER

29/10/1992

1,99

Arrière

40

237

Orlando Magic (NBA)

Thomas

HEURTEL

10/04/1989

1,88

Meneur

58

356

Efes Istanbul (Turquie)

Edwin

JACKSON

18/09/1989

1,90

Arrière

33

104

Movistar Estudiantes (Espagne)

Livio

JEAN-CHARLES

08/11/1993

2,06

Ailier fort

ASVEL Lyon-Villeurbanne

Louis

LABEYRIE

11/02/1992

2,09

Ailier fort

Paris Levallois

Joffrey

LAUVERGNE

30/09/1991

2,10

Pivot

73

567

Chicago Bulls (NBA)

Timothé

LUWAWU-CABARROT

09/05/1995

1,98

Ailier

Philadelphia 76ers (NBA)

Yakuba

OUATTARA

24/01/1992

1,91

Arrière

AS Monaco

Vincent

POIRIER

17/10/1993

2,13

Pivot

Paris-Levallois

Kévin

SERAPHIN

07/12/1989

2,06

Pivot

37

249

Indiana Pacers (NBA)

Kim

TILLIE

15/07/1988

2,08

Ailier fort

34

116

Baskonia Vitoria (Espagne)

Léo

WESTERMANN

24/07/1992

1,97

Meneur

14

32

Zalgiris Kaunas (Lituanie)

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