Ce mercredi en Australie, dans le cadre de l’événement SportAccord, Andreas Zagklis, le secrétaire général de la FIBA, successeur de Patrick Baumann, a évoqué la situation du basket européen. Selon lui, il est l’heure pour les ligues nationales de muscler leur jeu, à l’image de ce que font les ligues de football en ce moment face au projet de réforme de la Champions League.
« ECA ne peut pas y arriver tout seul. Les ligues nationales ne peuvent pas y arriver toutes seules et les fédérations ne peuvent pas y arriver toutes seuls. » Le nouveau secrétaire général de la FIBA a lancé un message fédérateur ce mercredi en Australie. Face à la situation du basket européen et les risques que font courir la division sur l’ensemble de l’écosystème de la discipline, le patron de la fédération internationale veut repartir sur de nouvelles bases avec l’Euroleague. « Il faut qu’on opère une transition entre un discours de guerre vers un discours collaboratif. Je crois fortement qu’il n’y a pas d’autre chemin possible pour notre sport et nos clubs. »
« L’Europe est le seul continent où un blocage sérieux existe au niveau des calendriers. Au milieu de ces dysfonctionnements, l’Euroleague. Sur les deux dernières saisons, il y a eu une incompatibilité entre le calendrier de la compétition reine en Europe et les fenêtres dévolues normalement aux fenêtres de qualification des équipes nationales. Le succès mondial de ces dernières, qualificatives pour la Coupe du Monde 2019, assure que ce nouveau format va être reconduit dans le futur. Mais aujourd’hui, avec la nouvelle formule de l’Euroleague qui accueille plus d’équipes et plus de matches, le conflit s’étend aux ligues nationales. La ligue espagnole est montée au créneau, avec un Final Four de l’Euroleague 2020 qui perturbe considérablement ses playoffs. L’ULEB également pour dénoncer le manque de concertation de Jordi Bertomeu avec ses partenaires. Trop de matches pour les joueurs, la peur de voir l’Euroleague empiéter sur les créneaux du week-end, fenêtre privilégiée des droits télévisuels, dévalorisation des ligues nationales qui ne qualifient plus pour les compétitions européennes. Possibilité pour les clubs d’Euroleague d’aligner des équipes B ou C en championat. Les ligues nationales et donc les clubs pros, en basket comme en football, se sentent en danger. »
« Il faut que l’on parvienne à trouver le même équilibre en Europe que sur les quatre autres continents, à savoir, un équilibre entre les clubs, les fédérations et les ligues du continent européen », reprend Andreas Zagklis. « Il s’agit de l’un de nos plus importants challenges bien que cela ait été le cas depuis un moment maintenant. Le basket a connu une accélération en Europe il y a 20 ans, et c’était la période où les ligues nationales contrôlaient l’EuroLeague et l’EuroCup. Quelques années plus tard, ces ligues nationales ont perdu le contrôle de ces compétitions au profit d’une petit nombre de clubs. Aujourd’hui, nous avons quatre compétitions de clubs en Europe et il est évident qu’au niveau sportif ou commercial, nous ne sommes pas à la hauteur du potentiel du basket européen. »
Aujourd’hui, pour le secrétaire général de la FIBA, la balle est entre les mains des ligues. A elles de muscler leur jeu et leur discours pour leur propre survie. Elles l’ont fait très récemment en football. « Le plus important je crois, c’est que l’heure de vérité a sonné pour les ligues nationales en Europe. Soit elles deviennent plus fortes et maintiennent leur rang, et pourquoi pas même grandissent parce qu’elles estiment que c’est normal, qu’elles représentent la grande majorité des clubs. Ou alors elles vont devenir ce qu’ECA souhaite qu’elles deviennent, une sorte de troisième division en Europe. On travaille avec les ligues nationales et on investit dans cette direction. On espère que dans un future proche, ECA va nous rejoindre pour nous permettre de trouver une position forte pour les ligues nationales dans l’environnement européen. On espère également joindre nos efforts pour tirer commercialement bénéfice d’un environnement à nouveau apaisé. »
Est-ce qu’ECA, l’entreprise de droit privé qui gère les intérêts commerciaux de plus gros clubs européens, désormais également contrôlés par IMG, peut s’asseoir à la table des négociations, enfin ? « Si on peut avoir une discussion rationnelle en gardant à l’esprit la croissance de notre discipline dans son ensemble, je pense que nous pouvons y arriver », veut croire Andreas Zagklis.
Photo: FIBA