Cet été, l’équipe première du Real Madrid a vu ses trois Français partir sous d’autres cieux : Guerschon Yabusele chez les Philadelphia 76ers, Fabien Causeur à l'Olimpia Milan et Vincent Poirier vers l'Anadolu Efes. Mais de jeunes tricolores évoluent toujours au centre de formation madrilène. Parmi eux, le prometteur Aniel Fevry.
Ce meneur de la génération 2010 (1,85 m, 14 ans) parle comme il joue au basket, posé, calme, réfléchi : « J’ai commencé à visualiser le basket vers mes 18 mois et à jouer à 2 ans ». Chez lui, le basket est une affaire de famille. Il est tombé dedans dès son plus jeune âge. « Quand mon père, coach, m’emmenait à ses entraînements », précise-t-il.
Après avoir fait ses gammes dans les gymnases de la région parisienne, il est repéré à l’âge de 12 ans par des recruteurs ibériques, lors d’un tournoi en Espagne effectué avec les Phenoms. Le prestigieux Real Madrid lui propose alors de venir se développer de l’autre côté des Pyrénées.
« Le plus important est que tu t’amuses »
Au terme d’une discussion avec ses parents, il se sent prêt à marcher dans les pas de son grand frère Iliam (de quatre ans son aîné, désormais au centre de formation de Nancy après avoir obtenu ses premières minutes sur les parquets de deuxième division espagnole avec le Real Betis en 2023-2024), parti en Espagne dès l’âge de 13 ans. « J’ai discuté avec eux et ils m’ont dit ‘on est d’accord avec toi : le plus important est que tu t’amuses, que tu découvres de nouvelles choses’ », rapporte le meneur.
Premier défi dans la capitale ibérique, la barrière de la langue. A l’école internationale, il a le choix entre suivre un cursus en anglais ou en espagnol. Afin de s’intégrer au plus vite, il opte pour la langue de Cervantes. Une fois maîtrisée, il doit également s’adapter à un basket différent de celui pratiqué dans l’Hexagone. « En France, le jeu est plus basé sur l’attaque placée et les tactiques, constate le Français d’1,85 m. En Espagne, le plus important est de courir fort vers l’avant et de revenir vite en défense ».
Pensionnaire des Cadets B, Aniel ambitionne cette saison de triompher lors des tournois de son équipe et de participer à quelques compétitions en compagnie des plus grands de la catégorie. Sur le long terme, si la NBA était une priorité étant plus jeune, il pense désormais « un peu plus à l’Euroleague avant de rejoindre la ligue nord américaine ».
Stephen Curry et Michael Jordan comme idoles
La NBA, là où évolue son idole et modèle : Stephen Curry. La star des Golden State Warriors brille au même poste. Aniel est également fan de Michael Jordan qu’il a « regardé un peu plus tard, à la télévision avec mon père ou dans mon coin sur internet ». En attendant de partir à la conquête de ses objectifs outre-Atlantique, il parfait ses gammes en Espagne avec un rythme déjà soutenu. Ecole le matin, devoirs en début d’après-midi et entraînement le soir. Les études ne sont pas négligées par celui qui était privé d’entraînement par son père si les notes ne suivaient pas.
Mais ses objectifs tournent tous autour de la sphère orange. « Depuis tout petit, j’ai toujours rêvé grand, martèle-t-il. À force de regarder la NBA et l’Euroleague, je me suis dit que c’est vraiment ce que j’avais envie de faire plus tard ». Pour matérialiser ses ambitions, le Francilien travaille dur « à l’entraînement, avec les machines, les poids, enchaîne les développés couchés, etc. Ça nous permet d’être plus physiques sur le terrain et de mieux jouer, d’être plus explosifs », relève-t-il.
Points forts : Tir, vision de jeu, dribble et défense
Seul Français de son effectif, il joue avec un Américain et un Croate dans un groupe essentiellement composé d’Espagnols. Le tout encadré par un staff bien fourni : l’entraîneur, un assistant coach, un délégué qui comptabilise les stats, un kiné et un médecin. Des conditions idéales pour poursuivre sa carrière. Lucide, Aniel énumère ses points forts : « Le tir, la vision de jeu, le dribble et quand je m’y mets, la défense ». Un aspect du jeu sur lequel il porte une attention particulière en ce moment car « ça rend service à l’équipe ».
Il recherche l’efficacité des deux côtés du parquet, et sur ce point, Victor Wembanyama est l’une de ses inspirations, tout comme sa mentalité. Une qualité également étudiée de près chez Guerschon Yabusele, qu’il a pu observer à Madrid ces dernières années : « Je le voyais souvent quand j’allais voir les matches ou que je le regardais à la TV », précise Aniel. Le Français a aussi été attentif au talent d’un autre meneur : le Monégasque Mike James. « J’aime bien le regarder jouer en coupe d’Europe. Ça veut dire que même en jouant en Euroleague, tu peux être l’un des meilleurs du monde actuellement », conclut-il. A Aniel Fevry désormais de perpétrer la tradition des grands talents formés au sein de la maison blanche, et nul ne peut ignorer à quel point cette liste est longue.