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Antoine Eito (Le Mans) : « On a entendu qu’on ne serait pas capable de battre trois fois d’affilée Monaco, donc on va essayer de le faire »

A quelques heures de l’Episode 4 de la finale de la Jeep Elite, Le Mans-Monaco, le meneur du MSB Antoine Eito a fait un point complet de la situation. Son éclairage est toujours très intéressant.

A quelques heures de l’Episode 4 de la finale de la Jeep Elite, Le Mans-Monaco, le meneur du MSB Antoine Eito a fait un point complet de la situation. Son éclairage est toujours très intéressant.

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Vous êtes à un match du titre. Est-ce plus difficile que de jouer un match normal ?

Non, je ne pense pas. On ne le prend pas comme ça. On se dit que l’on a deux balles de match. La dernière fois on a pensé « il ne faut pas retourner à Strasbourg », on s’est pris les pieds dans le tapis et on est retourné à Strasbourg. Le niveau des deux équipes est trop proches pour se dire que l’on va gagner à domicile avec le public. En plus, je suis superstitieux et je ne ferai pas deux fois la même connerie. On est prudent et on va prendre minute par minute, quart temps par quart temps et on verra bien ce qui se passera, en contrôlant ce que l’on peut contrôler.

Physiquement, vous êtes comment ?

Fatigué ! Mais on est tous fatigué, ils ont 65 matches dans les guiboles cette année avec la coupe d’Europe que l’on n’a pas eu. Ça joue aussi. Fatigué mentalement plus que physiquement. Cette finale est assez intense et assez rugueuse. Il y aura toujours du répondant car il y a de la fierté dans chacun d’entre-nous mais c’est surtout mentalement que c’est dur d’enchaîner, de se dire « ok !, on a gagné, c’est bien mais ça ne veut rien dire car on n’a pas gagné la série. T’en perds un, ce n’est pas grave, il faut prendre le prochain pour rester en vie. » Et j’ai envie de dire que pour nos coaches c’est encore plus dur mentalement car ils sont en plus devant la vidéo. Nous, on nous dit juste de faire « ça, ça, ça », ok, on fait nos siestes et on vient aux matches. C’est éprouvant pour tout le monde, tout un club. Ce qui est sûr c’est que l’on va tout donner demain (aujourd’hui) à domicile, encore plus que d’habitude.

C’est donc important d’avoir le public avec soi ?

Oui, qu’il nous pousse un peu, qu’il nous donne de l’adrénaline. La différence chez notre public vis-à-vis de la saison régulière, c’est que lorsqu’on a des trous, je n’ai pas entendu de sifflets. J’ai déjà entendu ça à Antarès depuis que je joue ici : tu fais deux, trois pertes de balle d’affilée, tu prends un écart de douze points et tu te fais siffler. Là, en début de match, on ne les a pas entendus. C’est très, très intéressant et positif pour nous parce qu’on sait que si on fait un ou deux stops et si on met deux ou trois paniers, derrière ils vont continuer à nous suivre.

« Je me dis que j’ai la chance de faire ça, je ne fais pas les 3/8, 6h/13h, 14h/20h pour un SMIC. Il faut apprécier »

C’est un vrai avantage vis-à-vis de Monaco où ce n’est pas une véritable ambiance de playoffs ?

Oui ! Monaco, c’est une place spéciale de notre Jeep Elite. J’entendais Amara (Sy) le dire : c’est un club qui est jeune malgré son passé, qui explose tout depuis quatre ou cinq ans. Avoir de l’engouement, un public comme ça, ça ne se fait pas sur quatre ou cinq ans. La ferveur est peut-être plus au foot à Monaco, je ne sais pas. Ici, le MSB ça fait 25 ans, 30 ans, 40 ans (NDLR : Le SCM/MSB est en première division depuis 1962). Ils sont plus connaisseurs que d’autres fans en France et ils se rendent compte qu’il y a quelque chose à faire et donc qu’il faut pousser. Et nous, on est demandeurs. J’essaye de faire ce qu’il faut pour rameuter. Le club fait aussi du bon boulot pour rameuter le maximum de personnes. C’est cliché mais c’est important.

Vous êtes un joueur qui aime ça, jouer avec une montée d’adrénaline dans de grands matches ?

Oui. C’est beau. Tu commences le match dans le cinq majeur ou sur le côté et tu regardes autour. Je fais ça en playoffs. Je me dis que j’ai la chance de faire ça, je ne fais pas les 3/8, 6h/13h, 14h/20h pour un SMIC. Il faut apprécier. J’ai trente ans et j’ai sans cesse envie de prouver. Tant que j’aurai ça, je continuerai à jouer au basket. Je ne sais pas quelle est la chose qui peut me driver plus que ça. C’est comme ça que je fonctionne, que j’ai été éduqué. Tant mieux. Et avec un public comme ça, ça aide.

Avez-vous un avantage à exploiter quand on voit à quel point Monaco se plaint de l’arbitrage ?

C’est aussi un jeu de poker menteur. Ils jouent leur partition. Je ne crois pas que ça vienne des joueurs. C’est plus une stratégie du staff, du coach, je n’en sais rien. Nous, on s’en fout. On focalise sur nous. Ils ont joué et gagné assez de matches pour savoir comment battre les autres équipes. On a entendu qu’on ne serait pas capable de battre trois fois d’affilée Monaco, donc on va essayer de le faire.

Ce genre de remarque vous avez aidé contre Strasbourg ?

Non… (sourire). Si, ça aide. Bien sûr que l’on veut être champion, terminer la série, mais au bout du bout du bout, on verra ce qui va se passer. Nous, on ne lâchera rien. Si on est champion, c’est fantastique, si on n’y est pas, ça ne sera pas en ne s’arrachant pas. On pourra se regarder dans le miroir. La vérité, c’est que l’on ne joue pas à armes égales avec Monaco comme avec Strasbourg et l’ASVEL.

Lors de l’Episode 3, seulement sept joueurs de Monaco ont beaucoup joué ?

C’est un choix de coach. Eric (Bartecheky) s’est aussi appuyé sur deux ou trois joueurs toute l’année avec trois, quatre autres joueurs qui se sont beaucoup sacrifiés. Aujourd’hui, ils ont douze joueurs, onze puisque (Yakuba) Ouattara n’est peut-être pas apte. Nous, on a Pape (Amagou) qui est embêté, Terry (Tarpey) qui n’est pas là. On est neuf et on a joué à huit le match d’avant ou Yannis (Morin) n’a pas joué. Hier, on joue à neuf avec Will (Yeguete) qui joue sept minutes.

Lorsque Terry Tarpey s’est blessé, vous avez eu l’impression que ça pouvait basculer du mauvais côté ?

Oui, c’est vraiment un joueur très important de notre équipe. Il amène de la densité physique, de la défense et du rebond sur les postes extérieurs. Aujourd’hui, en terme d’impact défensif sur les postes 1, 2, 3, je vais en mettre, DJ (Stephens) un petit peu dans les airs et en suivant les mecs, mais après on a des mecs qui font des efforts. Ce ne sont pas des défenseurs, (Chris) Lofton, Justin (Cobbs), Mykal (Riley) mais ils font ce qu’il faut pour faire chier les mecs en face en parlant crûment. Ce n’est pas insulter Chris en disant que ce n’est pas un défenseur (rires) mais par contre il met son corps en opposition, il fait des efforts alors qu’il a une mobylette, (Gerald) Robinson, en face de lui. On a essayé de compenser Terry et depuis le début des playoffs, on a une équipe déséquilibrée avec cinq intérieurs et quatre extérieurs sachant que Pape ne joue pas. Donc ça a été dommageable mais on a réussi à faire ce qu’il fallait. Tous. Je parle des joueurs mais des coaches aussi.

Après la saison à Orléans, vous vous attendiez à vivre une telle saison avec Le Mans ?

Il y a un an jour pour jour, j’étais déjà en vacances depuis un mois et demi (rires). Non, je ne m’y attendais pas. Je m’attendais à ce qu’il y ait une bonne saison, que l’on relance le truc. On a pris conscience qu’on pouvait le faire au deuxième match de playoffs à l’ASVEL sans Romeo (Travis). Que sans pression on pouvait avancer.

L’alchimie a quand même pris assez vite en début de saison (le MSB a gagné ses six premiers matches) ?

Oui, c’était bien. Pape se blesse, 6-1. Derrière de 8 victoires et 2 défaites, on passe à 8 victoires et 5 défaites. On a dû se réadapter, Chris est revenu. On avait un effectif avec Pape qui apportait cette intensité défensive même s’il pouvait aussi mettre des paniers. Il était dans le short des mecs. Chris arrive, il a besoin du ballon. On avait à ce moment-là Mykal qui était top scoreur avec Justin. Ça a ajouté un autre scoreur, ça a déséquilibré un peu l’équipe. Il a fallu le temps de s’adapter, d’où le fait que l’on a perdu quelques matches. Pour repartir encore mieux. On a joué ensuite avec la blessure (à la cheville) de Chris et quand Chris est revenu, Terry est tombé. C’est comme ça les effectifs à neuf joueurs quand tu ne joues pas de Coupe d’Europe. On a quatre joueurs qui ont fait 34 matches (NDLR : cinq en fait. Justin Cobbs, Mykal Riley, Romeo Travis, Youssoupha Fall et Antoine Eito). Youssoupha a tenu.

« Justin (Cobbs), on en parle peu mais pour l’avoir côtoyé à mon poste pendant un an, je peux vous dire que c’est un sacré phénomène »

Quel rôle ont Terry Tarpey et Pape-Philippe Amagou dans le groupe ?

Ils font le déplacement avec nous. On a pensé à un moment donné pouvoir récupérer Terry pour la fin des playoffs. C’est un peu juste. Pape est lui toujours enquiquiné par son dos mais il a une importance capitale dans le succès de notre équipe. Il est là tous les jours, il discute avec tout le monde, les coaches s’appuient aussi un peu sur lui car il a ce recul que nous joueurs, on ne peut pas avoir dans le feu de l’action. Toi, joueur, tu veux toujours jouer plus et tu es frustré même si tu gagnes. Durant le match, tu t’énerves parce que tu n’as pas envie de sortir. J’en parle en connaissance de cause. Si tu n’as pas ça, tu n’es pas sportif de haut niveau. Pape a ce recul-là et c’est pour ça qu’il est très utile. Il sait quand il faut parler à chacun ou pas. Il est capital dans l’équipe et quand il s’est blessé, on a senti tout de suite qu’il a manqué un truc. Ce n’est pas quelqu’un de vocal mais il a le respect des anciens.

On sait qu’il y a beaucoup de turnovers dans les équipes mais aimeriez-vous repartir la saison prochaine avec les mêmes équipiers ?

Je pense que l’on aura un ou deux joueurs qui ne seront plus accessibles financièrement, même en France. Je pense à Justin. On en parle peu mais pour l’avoir côtoyé à mon poste pendant un an, je peux vous dire que c’est un sacré phénomène. Si en plus il est dans une équipe compétitive et qu’il se bouge un peu plus à l’entraînement, ça peut donner quelque chose de vraiment fantastique. Il est en cannes, on croit qu’il ne peut pas shooter à trois-points mais il peut en mettre un peu. Il a encore à progresser mais c’est costaud ce qu’il fait. Et surtout sn état d’esprit a changé au fur et à mesure de l’année. Ce n’est pas le Justin de Gravelines. Donc, du turnover, je ne sais pas ce que le club veut faire. Mais on a beaucoup de joueurs sous contrat dont un qui n’est pas avec nous en playoffs, Peter Cornelie. Si on prend le titre en plus, c’est vrai que ça serait cool de pouvoir garder le maximum d’éléments et d’en greffer deux, trois. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que ce n’est pas que la volonté du club. Chris (Lofton), c’est un des meilleurs shooteurs d’Eurocup de tous les temps, ça place un bonhomme. Il a eu des hauts et des bas cette année mais les playoffs qu’il fait sont assez fantastiques. C’est le coach qui décide aussi. Cette année, il n’a pas fait son équipe à 100% sachant que Terry, Yous, Pape et moi étions là. Will aussi mais il l’avait déjà côtoyé (NDLR : à Pau). Mais, oui, en effet, ça serait logique et une bonne idée. Chalon n’a pas pu garder ses trois meilleurs joueurs et cette année ça a été un peu compliqué. Mais c’est indépendant de notre volonté. Youssoupha Fall a une valeur qui est différente cette année par rapport à l’année dernière où il était en Pro B.

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Vous êtes à un match du titre. Est-ce plus difficile que de jouer un match normal ?

Non, je ne pense pas. On ne le prend pas comme ça. On se dit que l’on a deux balles de match. La dernière fois on a pensé « il ne faut pas retourner à Strasbourg », on s’est pris les pieds dans le tapis et on est retourné à Strasbourg. Le niveau des deux équipes est trop proches pour se dire que l’on va gagner à domicile avec le public. En plus, je suis superstitieux et je ne ferai pas deux fois la même connerie. On est prudent et on va prendre minute par minute, quart temps par quart temps et on verra bien ce qui se passera, en contrôlant ce que l’on peut contrôler.

Physiquement, vous êtes comment ?

Fatigué ! Mais on est tous fatigué, ils ont 65 matches dans les guiboles cette année avec la coupe d’Europe que l’on n’a pas eu. Ça joue aussi. Fatigué mentalement plus que physiquement. Cette finale est assez intense et assez rugueuse. Il y aura toujours du répondant car il y a de la fierté dans chacun d’entre-nous mais c’est surtout mentalement que c’est dur d’enchaîner, de se dire « ok !, on a gagné, c’est bien mais ça ne veut rien dire car on n’a pas gagné la série. T’en perds un, ce n’est pas grave, il faut prendre le prochain pour rester en vie. » Et j’ai envie de dire que pour nos coaches c’est encore plus dur mentalement car ils sont en plus devant la vidéo. Nous, on nous dit juste de faire « ça, ça, ça », ok, on fait nos siestes et on vient aux matches. C’est éprouvant pour tout le monde, tout un club. Ce qui est sûr c’est que l’on va tout donner demain (aujourd’hui) à domicile, encore plus que d’habitude.

C’est donc important d’avoir le public avec soi ?

Oui, qu’il nous pousse un peu, qu’il nous donne de l’adrénaline. La différence chez notre public vis-à-vis de la saison régulière, c’est que lorsqu’on a des trous, je n’ai pas entendu de sifflets. J’ai déjà entendu ça à Antarès depuis que je joue ici : tu fais deux, trois pertes de balle d’affilée, tu prends un écart de douze points et tu te fais siffler. Là, en début de match, on ne les a pas entendus.

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Photos: Hervé Bellenger/LNB

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