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Arnaud Guppillotte (coach des U18 féminines): « On court, on saute, on est de plus en plus costaud »

Au rapport compétitions/médailles, Arnaud Gruppillotte, 43 ans, est imbattable : 11 médailles (2 en or, 6 en argent, 3 en bronze) en 12 campagnes avec des équipes de France féminines de jeunes. Après l’argent au Mondial U17 durant l’été 2018, le Vosgien a emmené le week-end dernier les U18 au bronze

Au rapport compétitions/médailles, Arnaud Gruppillotte, 43 ans, est imbattable : 11 médailles (2 en or, 6 en argent, 3 en bronze) en 12 campagnes avec des équipes de France féminines de jeunes. Après l’argent au Mondial U17 durant l’été 2018, le Vosgien a emmené le week-end dernier les U18 au bronze à l’Euro. C’était méritoire car lui faisaient défaut Marine Fauthoux et Iliana Rupert, déjà avec les A, Kendra Chery et Zoé Wadoux, blessées, et aussi Vaciana Gomis qui n’a pu jouer que neuf petites minutes.

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Avec les quatre joueuses supplémentaires, ce n’était plus la même équipe ?

Non. On en rigolait avec le staff en disant que si on avait eu ces quatre joueuses là, on aurait bu des mojitos tous les soirs au lieu de faire du scouting ! Qu’est-ce qui nous manque en demi-finale ? (NDLR: défaite contre la Hongrie, 57-68). Il y a un accident sur la route entre l’hôtel et le gymnase, on est resté une heure et demie dans le bus et on est arrivé vingt-cinq minutes avant le début du match. Ils nous ont octroyés cinq minutes d’échauffement. Il y a mieux pour commencer un match ! Ça nous a mis dans le bazar en début de match et on a couru après. Mais on gagne l’Espagne sans les quatre, on développe un basket où on est quatrième attaque en étant à 73 points par match, ce qui est vraiment bien. On est premier en défense, au rebond, aux passes, à l’adresse générale, deuxième adresse à trois-points. On a développé un jeu magnifique. Oui, avec deux joueuses sur les quatre, on passait la demi-finale quelque soit les circonstances. Mais les absences ont les connaissait à l’avance. On savait depuis janvier, février, que Kendra et Zoé étaient blessées. Il n’y avait pas de surprises et surtout les présentes ont fait le travail. Les coaches adverses tout comme Jacky Commères (NDLR : Directeur de la Performance et des équipes nationales à la FFBB) m’ont dit qu’ils ne misaient pas trop sur l’équipe, ils ne pensaient pas que l’on ferait une médaille avec autant d’absences. Il y a aussi Vaciana Gomis qui s’est blessée au premier match. C’était vraiment notre facteur X car elle a fait une préparation crescendo. C’était notre défenseur, notre joueuse de jeu rapide, notre driveuse ++. Sur les derniers matches de préparation, c’est elle qui faisait sauter les verrous en permanence. Le fait qu’elle se blesse nous a mis dans la difficulté car on avait fait une équipe en tant compte d’elle. Elle était dans le cinq majeur donc en fait on avait un cinq majeur en moins. Les collègues des autres équipes m’ont dit que si on leur enlevait deux joueuses du cinq majeur, ils ne seraient même pas en quart-de-finale. « Toi avec un cinq majeur en moins, tu arrives à faire médaille de bronze. Et sans les circonstances de début de match contre la Hongrie, tu peux faire médaille d’or. » Il y a la qualité des joueuses qui étaient présentes et aussi leur investissement car il y avait beaucoup de débutantes. Quatre ou cinq joueuses n’avaient jamais fait de CE. On n’avait pas de marge de manoeuvre mais elles ont fait un CE vraiment splendide. C’est une très belle médaille de bronze.

C’est une génération 2001 exceptionnelle ou est-ce simplement la traduction de ce qu’est aujourd’hui le basket féminin français ?

C’est un peu des deux. C’est la douzième campagne que je fais et je peux dire qu’il y a une vraie belle génération 2001 et si on ajoute des 2002 ça permet d’avoir cette densité-là. J’ai envie de dire aussi qu’il y a une montée de la qualité du travail de formation et il y a de plus en plus de bonnes joueuses formées. On tire le niveau avec les « stars », Marine, Iliana, Kendra mais il y a d’autres joueuses qui poussent le niveau vers le haut. Je trouve que le niveau moyen + du basket féminin français s’est amélioré. Il y a encore du travail à faire ! Je viens d’avoir au téléphone Vincent Bourdeau qui sort d’un match en moins de 15 contre l’Espagne où ils ont pris 20 points contre l’Espagne. Il m’a dit qu’on est en retard sur les fondamentaux. Même s’ils n’étaient pas au complet à ce tournoi de l’Amitié et que l’Espagne l’était. Mais on peut se féliciter de la qualité du travail qui est fait, par les clubs, les centres de formation, les comités, les ligues, les pôles espoirs, etc. C’est vraiment pas mal mais il ne faut pas s’en satisfaire.

L’une de vos joueuses, Marie Pardon va à Tarbes rejoindre Marine Fauthoux ?

Oui, elles vont faire le duo des meneuses. Elles sont toutes les deux avec Iliana en Martinique. Elles s’entendent comme larrons en foire. Il y aura aussi Tima Pouye qui est plutôt en 2. Il va y avoir de l’ambiance ! François (Gomez) va devoir s’accrocher, il va s’arracher les cheveux blancs (rires).

Photo: Marine Fauthoux au Mondial U17 en 2018 (FIBA)
A propos de Marine Fauthoux et Iliana Rupert : « Ce sont en plus des gamines adorables, qui sont à la fois pros et insouciantes et c’est très, très rare »

Vous avez donc eu personnellement 11 médailles en 12 campagnes. C’était avec les U18 ou d’autres catégories d’âge ?

J’ai voyagé sur quatre catégories : U16, U17, U18 et U20. Je parlais avec mon staff des différentes générations : j’ai commencé en 2007, douze ans ce n’est pas grand-chose à l’échelle du basket, et il y a pourtant une belle évolution. Lorsque j’ai commencé, il y avait trois coaches et c’est tout. C’est un des coaches qui faisaient la préparation physique avec des connaissances empiriques. Là, on était à deux préparateurs physiques durant la compet. Dans mes contenus pédagogiques et de programmation, il y a 40% de préparation physique. Ça joue beaucoup pour à la fois ne pas se blesser, impacter sur nos qualités et pour reproduire les performances. Le fait que l’on ait intégré depuis une petite dizaine d’années la préparation physique et les préparateurs physiques à part entière dans la formation et de manière très professionnelle, ça a changé pas mal de choses. On ne faisait pas n’importe quoi mais on faisait avec ce que l’on avait et nos connaissances alors que là c’est pointu. Quand je vois ce qu’ont fait Julien Colombo et Julien Claude cet été avec l’équipe, c’est incroyable. On ne sentait pas à la fin que les joueuses avaient sept matches dans les pattes.

C’est ça aussi qui explique que l’équipe de France est souvent meilleure que ses adversaires dans le quatrième quart-temps ?

Il y a ça et puis aussi cette année je pouvais faire jouer tout le monde. Mon plus petit temps de jeu c’est onze minutes par match. On a un effet rouleau compresseur parce qu’on a de la rotation. Certaines équipes ont un cinq majeur et après c’est le désert de Gobi. L’Espagne a eu ça avant nous, ils avaient des staffs avec des préparateurs physiques, ils faisaient beaucoup de préparation physique, et aujourd’hui ils sont moins dominants. L’Espagne ne m’a jamais posé de problème et je ne me souviens plus la dernière fois que l’on a perdu contre elle. Maintenant que l’on fait plus de préparation physique, nos qualités d’explosivité et de puissance se réitèrent. Avant on pouvait faire un coup de temps en temps, alors que là on réitère tout. Ça a changé la donne. On court, on saute, on est de plus en plus costaud. Et il y a le travail technique qui est associé à la préparation physique. Je prône un basket très aéré avec beaucoup d’enchainements, de possessions, de passes et de traversées de terrain. Il y a une évolution à tous les niveaux : technique, tactique et physique.

Deux joueuses de cette génération sont donc en équipe de France A. D’autres vont-elles suivre ?

Il ne faut pas faire de généralité car ce sont deux joueuses exceptionnelles. Marine et Iliana conjuguent l’insouciance dans la performance avec des qualités techniques et tactiques au-dessus du lot, une capacité d’adaptation, une prise de recul sur la pression qu’elles pouvaient avoir. Ce sont de vraies joueuses de basket au sens littéral du terme. Des joueuses qui conjuguent toutes ses qualités-là, on en n’aura quand même pas tous les ans. Ce sont des exceptions. Je ne pense pas que deux joueuses de 18 ans, même pas 18 ans pour Iliana, étaient ensemble en équipe nationale (NDLR : à ce niveau de performance de l’équipe de France, c’est une grande première). Je souhaite que l’exception devienne une généralité, ça serait une bonne nouvelle pour notre formation et notre basket… Ou alors une mauvaise nouvelle pour celles qui sont là depuis un certain temps car ça voudrait dire qu’elles n’avancent pas (sourire). Mais j’étais très content pour elles car ce sont en plus des gamines adorables, qui sont à la fois pros et insouciantes et c’est très, très rare. Elles étaient sur la plage en Martinique et elles ont regardé nos matches, elles nous ont envoyés des messages. Ce sont des gamines qui connaissent leur talent mais qui ne disent pas « nous, on vaut plus que les autres. » Elles sont humbles, travailleuses et ambitieuses et c’est pour ça que ce sont des exceptions. Elles ont tout compris au truc.

Photo: Arnaud Guppillotte (FFBB)

Photo d’ouverture:  Yohana Ewodo, Serena Kessler et Jade Hamaoui (FIBA)

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Avec les quatre joueuses supplémentaires, ce n’était plus la même équipe ?

Non. On en rigolait avec le staff en disant que si on avait eu ces quatre joueuses là, on aurait bu des mojitos tous les soirs au lieu de faire du scouting ! Qu’est-ce qui nous manque en demi-finale ? (NDLR: défaite contre la Hongrie, 57-68). Il y a un accident sur la route entre l’hôtel et le gymnase, on est resté une heure et demie dans le bus et on est arrivé vingt-cinq minutes avant le début du match. Ils nous ont octroyés cinq minutes d’échauffement. Il y a mieux pour commencer un match ! Ça nous a mis dans le bazar en début de match et on a couru après. Mais on gagne l’Espagne sans les quatre, on développe un basket où on est quatrième attaque en étant à 73 points par match, ce qui est vraiment bien. On est premier en défense, au rebond, aux passes, à l’adresse générale, deuxième adresse à trois-points. On a développé un jeu magnifique. Oui, avec deux joueuses sur les quatre, on passait la demi-finale quelque soit les circonstances. Mais les absences ont les connaissait à l’avance. On savait depuis janvier, février, que Kendra et Zoé étaient blessées. Il n’y avait pas de surprises et surtout les présentes ont fait le travail. Les coaches adverses tout comme Jacky Commères (NDLR : Directeur de la Performance et des équipes nationales à la FFBB) m’ont dit qu’ils ne misaient pas trop sur l’équipe, ils ne pensaient pas que l’on ferait une médaille avec autant d’absences. Il y a aussi Vaciana Gomis qui s’est blessée au premier match. C’était vraiment notre facteur X car elle a fait une préparation crescendo. C’était notre défenseur, notre joueuse de jeu rapide, notre driveuse ++. Sur les derniers matches de préparation, c’est elle qui faisait sauter les verrous en permanence. Le fait qu’elle se blesse nous a mis dans la difficulté car on avait fait une équipe en tant compte d’elle. Elle était dans le cinq majeur donc en fait on avait un cinq majeur en moins. Les collègues des autres équipes m’ont dit que si on leur enlevait deux joueuses du cinq majeur, ils ne seraient même pas en quart-de-finale. « Toi avec un cinq majeur en moins, tu arrives à faire médaille de bronze. Et sans les circonstances de début de match contre la Hongrie, tu peux faire médaille d’or. » Il y a la qualité des joueuses qui étaient présentes et aussi leur investissement car il y avait beaucoup de débutantes. Quatre ou cinq joueuses n’avaient jamais fait de CE. On n’avait pas de marge de manoeuvre mais elles ont fait un CE vraiment splendide. C’est une très belle médaille de bronze.

C’est une génération 2001 exceptionnelle ou est-ce simplement la traduction de ce qu’est aujourd’hui le basket féminin français ?

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Demain : le portrait des 12 joueuses par leur coach.

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