Au Simmenthal Milan, Arthur Kenney était connu comme le « Great Red » mais tout le monde l’appelait simplement Arturo… C’est d’ailleurs ainsi qu’il se nomme sur son adresse e-mail. Arturo était très apprécié de ses équipiers et des supporters italiens. Durant ses trois saisons en Italie, il a été le meilleur rebondeur de l’équipe, en 1972 son meilleur marqueur et il était l’antidote de Dino Meneghin, le pivot emblématique de Varèse, le club surpuissant en Europe dans les années 70 avec qui il s’est ensuite lié d’amitié. Il a disputé un total de 71 matches avec le Simmenthal.
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« J’avais un accord verbal avec M. Gasnal. Si on avait gagné la Coupe de France en 1970 contre la Jeanne d’Arc Vichy, je serais resté car on aurait fait la Coupe des Coupes, mais on a perdu de quatre points. C’est comme ça que je suis allé à Milan et j’ai fait un test contre Bob Lienhard. Ça s’est bien passé et lui n’était pas le bon joueur, alors ils l’ont envoyé à Cantu et c’était l’homme parfait pour eux alors que ça n’aurait pas été le cas pour moi. »
« La première fois que j’ai vu Bill Bradley c’était pour un match sur terrain neutre à… Bologne. Bologne, terrain neutre ! (rires) C’était la finale de la Coupe des Champions contre les Tchèques du Slavia de Prague. Ils ont gagné de cinq points et Bradley n’était pas le meilleur marqueur. C’était (Gabriele) Vianello avec 18 points. J’ai vu ce premier match avec Bradley à la World Wide Sport quand j’étais à Fairfield University. C’était en différé. A l’époque, ce sont les jets qui emmenaient les bobines de film d’un côté à l’autre de l’Atlantique. Nous avions un salon et nous étions deux à regarder ce match, mon camarade de chambre et moi. Je me suis dit « cette équipe, ce n’est pas seulement Bradley ». A Milan, il y avait une villa avec des bureaux au premier étage, des chambres pour les jeunes joueurs au deuxième étage, et moi j’avais mon appartement à même pas 100m. Je prenais tous mes repas là, il y avait une cuisinière extraordinaire. Dans les escaliers, il y avait des photos de Bill Bradley et Skip Thoren. Donc je les voyais deux fois par jour en montant et en descendant. »
« J’ai joué à Belgrade contre l’Etoile Rouge avec Milan. Nous étions les plus forts et eux les deuxièmes (NDLR: en Coupe des Coupes). Nous avions gagné à Milan de 24 points. On pouvait donc perdre de 23 au retour. Ils ont commencé le match avec deux joueurs normaux du cinq et trois autres qui sont rentrés pour nous bastonner. Malgré ça, nous avions deux points d’avance à la mi-temps donc ça faisait 26 points d’écart. En principe, c’est fait. Nous, on a un dicton qui dit « on ne compte jamais les poussins avant qu’ils sortent de l’œuf ». Ils ont continué à bastonner et les arbitres n’étaient pas issus de pays avec de grandes équipes, ils n’étaient pas bons, ils ont mangé le sifflet. Nous étions arrivés à -10, ce qui faisait encore 14 points d’écart. Il y a eu une petite bagarre sous un panier entre (Renzo) Bariviera et Lazarevic. Près de cinquante ans plus tard, je me rappelle encore de son nom, Lazarevic. L’entraîneur de Belgrade a demandé un changement et l’a fait asseoir à côté de lui. Le ballon est sorti juste à côté du banc de Belgrade. Bariviera est allé faire la touche et Lazarevic, qui était en dehors du jeu, lui a donné un coup de poing. Scandale. Notre coach (Cesare) Rubini a couru vers la table pour aller protester. Moka Slavnic, qui est au Hall of Fame FIBA, grand joueur, a couru derrière Rubini et lui a donné un coup de pied dans les fesses. Un coup en traitre. J’ai vu ça. On ne pouvait pas toucher à Rubini ! Je suis devenu fou. Toute la salle est venue sur le terrain, c’était comme la Mer Rouge. Tout le monde voulait me donner des coups, je ne pouvais même pas bouger. Il y avait un gendarme de Belgrade qui n’avait pas les manières d’un gendarme français et il a voulu me donner un coup avec une matraque. Je lui ai répondu d’un seul coup à gauche et… je lui ai cassé le nez. La bagarre a continué de partout pendant cinq minutes. Je suis retourné sur le banc du Simmental et un gendarme est venu par derrière pour me donner un coup de matraque. Je l’ai vu et il ne m’a pas donné un coup sur la tête mais sur l’épaule. Et après, il s’est échappé… Je lui ai crié : « viens ici ! viens ici ! ». Je suis devenu le héros du peuple car personne ne pouvait ne serait-ce qu’engueuler un flic et certainement pas donner un coup de poing. « Kenney, il a fait ce qu’on n’aimerait faire ! » (rires) La police a porté plainte contre moi et je ne pouvais pas revenir à Belgrade ou peut-être en Yougoslavie… (NDLR : il nous a recontacté plus tard pour préciser: En fait, j’y suis retourné pour un tournoi de pré-saison à Belgrade avec l’Ignis de Varèse, Zadar et l’Etoile Rouge…) Nous avons battu le Fides de Naples en demi-finale et la finale contre l’Etoile Rouge s’est déroulée à Salonique sur terrain neutre. Je me suis retrouvé sur la ligne des coups-francs avec le ballon. J’ai tiré très fort comme à la salle Gouloumès et le ballon est rentré après avoir heurté le plexiglass. J’ai fait un smash à la fin et nous avons gagné de cinq points, je crois (NDLR : en fait, 74-70). J’étais le meilleur marqueur avec 23 points. J’avais été aussi le meilleur marqueur de la finale précédente lors du match retour contre le Spartak Leningrad. Lors de ce match-là, j’ai joué contre Alexandre Belov, un sauteur incroyable. Une fois, je suis allé pour smasher mais il m’a contré. Je n’étais pas intimidé car j’ai joué contre Jabbar ! Lorsque j’étais en deuxième année en high school, je faisais des un contre un avec lui ou des cinq contre cinq et j’étais habitué. Alors être contesté ou stoppé par Belov… Je suis allé reprendre le ballon et j’ai marqué le panier.
« Avec Milan, j’ai marqué 1 014 points avec plus de 50% de réussite soit 14,3 points par match et 11,8 rebonds par match. J’étais aussi le dernier défenseur. Trois fois nous avons rencontré l’Ignis de Varèse et Dino Meneghin en finale. La première fois, nous avons perdu en finale à Rome, la deuxième saison nous avons gagné de cinq points. J’ai bien joué mais je suis sorti pour cinq fautes. Bariviera a été formidable à la fin. Et la troisième fois, nous étions en tête, je suis sorti pour cinq fautes et nous avons perdu. Avant le match, Bob Morse a fait de la propagande contre mon style de jeu… Avant de retourner au Mans, j’ai fait un dernier match avec mon équipe de Milan contre Varèse et il n’a rien fait contre moi. Grand shooteur mais il était trop lent ! »
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« J’avais un accord verbal avec M. Gasnal. Si on avait gagné la Coupe de France en 1970 contre la Jeanne d’Arc Vichy, je serais resté car on aurait fait la Coupe des Coupes, mais on a perdu de quatre points. C’est comme ça que je suis allé à Milan et j’ai fait un test contre Bob Lienhard. Ça s’est bien passé et lui n’était pas le bon joueur, alors ils l’ont envoyé à Cantu et c’était l’homme parfait pour eux alors que ça n’aurait pas été le cas pour moi. »
« La première fois que j’ai vu Bill Bradley c’était pour un match sur terrain neutre à… Bologne. Bologne, terrain neutre ! (rires) C’était la finale de la Coupe des Champions contre les Tchèques du Slavia de Prague. Ils ont gagné de cinq points et Bradley n’était pas le meilleur marqueur. C’était (Gabriele) Vianello avec 18 points. J’ai vu ce premier match avec Bradley à la World Wide Sport quand j’étais à Fairfield University. C’était en différé. A l’époque, ce sont les jets qui emmenaient les bobines de film d’un côté à l’autre de l’Atlantique. Nous avions un salon et nous étions deux à regarder ce match, mon camarade de chambre et moi. Je me suis dit « cette équipe, ce n’est pas seulement Bradley ».
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Photo d’ouverture: avec Bill Bradley, star universitaire, champion d’Europe avec Milan, champion NBA avec les New York Knicks puis sénateur.