Pour le quotidien sportif espagnol As, Arvidas Sabonis, 56 ans, qui vient de quitter ses fonctions de président de la fédération lituanienne, est revenu sur quelques facettes de sa carrière de joueur.
Pour certains observateurs, du haut de ses 220cm, il est le meilleur pivot jamais enfanté par l’Europe, quand bien même une rupture du Tendon d’Achille survenue alors qu’il avait 22 ans, l’a handicapé pour le restant de sa carrière. Arvidas Sabonis était un combiné de force herculéenne, d’habilité, et de sens du jeu.
« J’ai toujours été grand, mais la vérité est que j’ai grandi plus lentement que les autres et il y a eu un été pendant lequel tout a changé, j’ai grandi de plus de six centimètres en trois mois. Je me souviens qu’au cours de ma première année à l’école, j’étais peut-être troisième en termes de taille. D’ailleurs, lors de mon premier championnat (NDLR : les championnats du monde de 1982 en Colombie, où Arvidas Sabonis représentait l’équipe nationale de l’URSS), j’avais 17 ans et je mesurais environ 212 cm. »
Pour le géant lituanien, c’est sa suractivité quand il était jeune qui a provoqué ses ruptures du Tendon d’Achille.
« Quand j’avais 16, 17 et 18 ans, je jouais déjà sans interruption : à Žalgiris, dans l’équipe soviétique de jeunes, et dans l’équipe soviétique pour adultes, et dans l’équipe de jeunes lituaniens, partout. Par conséquent, je ne me lasse pas de répéter la nécessité de prendre soin des jeunes hommes de grande taille, car ils se développent plus lentement, ils ont besoin de plus de temps. S’ils avaient pris plus soin de moi et que je n’avais joué que deux championnats chaque année, je n’aurais probablement pas subi cette blessure. Parce que je voyageais sans escale – d’un aéroport à l’autre, il n’est pas étonnant que quelque chose se soit produit. Dieu merci, je pouvais encore jouer après ça. Seuls quelques athlètes d’élite ont encore pu poursuivre leur carrière après les deux graves blessures au tendon d’Achille que j’ai subies. »
Sabonis a attendu d’avoir 31 ans pour rejoindre la NBA et les Portland Trailblazers. Le contexte géopolitique a longtemps empêché les Soviétiques de sortir de leur pays.
« Si le monde avait été différent dans les années 1980, qui sait quelle décision j’aurais prise. C’était déjà bien que j’aie pu aller en Espagne, à Valladolid en 1989. Dans le passé, à cause de la situation politique, personne ne me l’aurait permis. Je suis allé pour la première fois aux États-Unis en 1982 lors d’un tournoi avec l’équipe nationale de l’URSS. Cette courte visite ne m’a pas choqué. Si j’avais décidé de m’échapper, c’était une autre affaire, mais je ne pensais qu’aux voyages et au basket-ball. Et aussi aux victoires. Je me souviens avoir gagné plus de matchs pour la première fois, je pense 9 sur 12, au cours de cette série où nous jouions avec des équipes universitaires. Jusque-là, l’équipe nationale perdait encore souvent. Avant chaque saison, ils (les Blazers) m’invitaient à venir, mais je refusais. J’ai d’abord signé un contrat de trois ans avec le club de Valladolid, puis trois autres avec l’équipe de Madrid. Et quand le contrat a expiré (1995), j’ai pris ma décision. Soit j’y allais maintenant, soit je n’y serai jamais allé. Je ne voulais pas me retrouver avec quelque chose qui n’avait pas encore été essayé pour ensuite me demander ce que ce serait passé si j’avais joué en NBA. »