Etant actuellement aux Philippines, j’ai décidé de vous faire vivre mon voyage à travers des rendez-vous que j’ai pu avoir avec la balle orange et ses admirateurs. Pour ce deuxième épisode je vous emmène à un match de University Athletic Association of the Philippines. Ateneo de Manila University contre De La Salle University.
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Dimanche 8 octobre. Il est 8 heures lorsque je me réveille. La veille a été particulièrement animée. En effet, ayant découvert un nouveau playground, au Barangay de Loyola Heights, je ne me suis pas privé d’y passer toute l’après-midi. Le barangay est l’unité administrative la plus petite des Philippines, elle est composée de 50 à 100 familles et pourrait être comparable à une maison ou une mairie de quartier en France. A la différence près qu’en plus des divers événements qu’elle accueille, le Barangay est assez souvent pourvu d’un terrain de basketball couvert.
C’est donc avec excitation que je me réveille pour aller voir une rencontre de UAAP au Mall Of Asia. Je commande mon Grab, destination le plus grand Mall d’Asie. Après être monté dans le véhicule, le chauffeur me parle du contexte du match et de la rivalité qui existe entre les deux équipes. Et à mesure que nous nous avançons dans le quartier flambant neuf, les quelques badauds en bleus et verts deviennent de plus en plus nombreux au point de former d’épais groupes convergeant tous vers la massive arène.
Arrivé à destination avec deux heures d’avance, j’en profite pour visiter ce gigantesque mall, déguster une des spécialités locales, le poulpe farci et enfin acquérir le maillot d’UP, University of the Philippines. On peut ainsi acheter la précieuse tunique de toutes les équipes d’UAAP University of Santo Tomas, University of the Philippines, University of the East, Ateneo, De La Salle University, National University, Far Eastern University et Adamson University.
Une fierté pour l’école
Le début du match est prévu à 16 heures, mais il est 15 heures lorsque que j’arrive devant l’entrée des médias. Presque immédiatement mon contact, Oxy Del Rosario de la chaîne ABS-CBN vient m’accueillir. Elle me présente l’équipe de production mais également l’état-major de la chaîne dont Dino Laurena dont vous pouvez déguster l’interview, en anglais, ici. Dans les travées de la magnifique arène on entend déjà quelques coups de tambours d’étudiants qui s’échauffent. Et à travers les baies vitrées on voit déjà les masses bleues et vertes s’approcher des coursives bordant le terrain. C’est le moment que choisi Oxy pour me faire accéder au terrain où certains joueurs de De La Salle s’échauffent déjà. Parmi eux, Ben Mbala, jeune Camerounais francophone repéré lors du camp de Luc Mbah A Moute, a gentiment accepté de m’accorder une interview. Après avoir serré la main de Ben, Oxy me dirige vers une autre collègue, c’est Ceej Tantengco une journaliste philippine travaillant chez SLAM Philippines. Elle me confirme l’importance cruciale du rendez-vous d’aujourd’hui.
« Dans années 1990 nombreuses furent les histoires de bagarres de supporters des deux camps dans le parking ou les tribunes » me précise Ceej. Puis à elle d’ajouter également « Ateneo-La Salle c’est la plus grande rivalité du sport philippin ».
Et, curieux de discuter avec ces étudiants et d’en savoir plus sur ce qui les fait vibrer je me suis rendu dans les niveaux supérieurs de l’arène pour interviewer ceux pour qui ce match représentent tant, ceux qui se sont levés si tôt pour préparer cette rencontre à grands renforts de tambours, de peintures et de déguisements.
« La UAAP c’est vraiment de la pure fierté pour l’école. C’est ton école contre les autres. Comme aux Etats-Unis, on prend cela très au sérieux ici aux Philippines. » me confie le leader du kop bleu. « Ateneo- La Salle c’est une autre dimension, comme tu peux le voir ici, la salle est pleine. Nous nous sommes préparés pour ça, en basketball comme pour les autres sports, » ajoute son camarade. Dans la tribune d’en face, plus crispés, les deux batteurs en chef des verts me confirment cette tension. « Cela va être un match intense, tout le monde va être très bruyant tu verras et les joueurs vont se battre pour revenir avec la victoire. Les tickets ont été compliqué à obtenir. Tu ne peux qu’en acheter deux pas plus sur le campus, ils sont très stricts là-dessus. »
Bagarres en tribunes avec jet d’os de poulet et de chaises
Ceej m’accompagne ensuite vers la salle de presse et nous discutons des différences entre la France et les Philippines en termes de basketball. L’occasion pour moi de découvrir qu’aux Philippines il y a deux ligues de sport universitaire, la NCAA comme aux Etats-Unis et l’UAAP. Une scission s’est opérée dans les années 1980 après que la vive rivalité De La Salle- Ateneo ait entrainé la mise au banc des deux équipes. Dorénavant, ces deux compétitions, de niveau égal se rencontrent une fois par an. Lors du All Star Game où les meilleurs joueurs des deux ligues s’affrontent.
La rivalité Ateneo-De La Salle date de la fondation de ces deux écoles au dix-neuvième siècle. L’une fut fondée par les Jésuites (Ateneo) et l’autre par les Frères de l’Ecole Chrétienne (La Salle). Puis lors des rencontres de NCAA puis d’UAAP la rivalité s’est construite. Tout d’abord lorsque De La Salle gagna son premier titre contre Ateneo après-guerre, d’un point. Puis les Blue Eagles pris sa revanche en gagnant une série de 5 titres de suite. Ensuite, une alternance de période de domination a aiguisé les arguments de chaque parti pour enfin laisser éclater l’adrénaline accumulée lors de rencontres serrées. On m’a également parlé de rencontres engendrant des bagarres sur le terrain mais également en tribunes avec jet d’os de poulet et de chaises, bien loin de l’ambiance feutrée du « Mall Of Asia » ce jour-là.
Il est finalement 15h45 quand je retrouve le parquet du « MOA ». Le spectacle n’est plus le même. Deux tribunes se font face, l’une bleue, l’autre verte. Dans chacune d’elles, le niveau supérieur est occupé par le cœur des étudiants armés de tambours. Tandis que dans les allées, d’autres élèves de ces deux prestigieuses universités haranguent les spectateurs venus en masse. Ces spectateurs, parlons-en, ce sont tous des parents ou jeunes diplômés qui sont le plus souvent venus en famille de deux ou trois personnes. Plus aurait été compliqué. En effet, les billets se sont arrachés, comme à chaque rencontre entre les deux mastodontes. Tous les spectateurs ou presque sont vêtus de bleu ou de vert pour symboliser leur appartenance à telle ou telle école. Seul point blanc dans cette assemblée, moi en chemise blanche, admiratif devant ce défilé de t-shirt d’équipementiers aux slogans très motivants.
Cris, joie, sanglots
Il est 16 heures quand les équipes sont annoncés. Ateneo puis enfin La Salle rentrent sur le terrain. Les joueurs se saluent et les pivots s’élancent pour l’entre deux dans un tonnerre d’applaudissement. Le match est tout de suite intense et les maladresses des étudiants sont nombreuses, pertes de balles, ballons mal réceptionnés et sorties de balles sont légions. Malgré tout le match reste un spectacle incroyable par l’énergie dépensée par les joueurs et les cris du public à chaque action heureuse ou malheureuse. Malgré tout, Ateneo prend une avance rapide atteignant presque les quinze d’avance au milieu du match.
A la mi-temps, l’entraineur des Green Archers, Aldin Ayo passe un savon à ses joueurs. Les effets se font sentir d’entrée. Sous l’impulsion de Ricci Rivero et de Ben Mbala, De La Salle grappille peu à peu son retard. En limitant les pertes de balles et en provoquant des stops défensifs mais aussi en rentrant des tirs décisifs pour les verts et blancs. Au milieu du troisième quart temps ils sont revenus à 8 points.
Le quatrième quart temps démarre sur les chapeaux de roue. Les fans tremblent à chaque panier possible et l’atmosphère devient de plus en plus étouffante. Les joueurs sous pression conservent tout de même un bon niveau. A six minutes de la fin du match Ricci Rivero permets aux archers verts de revenir à un point d’Ateneo. Alors qu’Abu Tratter fait un sacré ménage dans la peinture, c’est une vraie bataille rangée qui oppose Rivero et Matt Nieto d’Ateneo. Dès lors, il se produit une alternance de leadership entre les deux universités. A une minute de la fin Ateneo mène encore d’un point, cependant les Verts de La Salle réussissent le tour de force de prendre l’avantage durant cette fin de match jusqu’à neuf secondes du buzzer. Ceej, ancienne étudiante à Ateneo est en pleurs pensant que le match est terminé. Or un match n’est terminé que lorsque le buzzer retenti. Et cette fin de match en sera encore l’illustration. A neuf secondes de la fin, une perte de balle des verts débouche sur une faute qui permets à Matt Nieto de donner la victoire à Ateneo à quatre secondes de la fin avec deux lancers primés. La dernière action des Green Archers n’y fera rien. Ateneo a remporté ce clash.
La foule est enfin libéré les Verts pleurent, les Bleus sautent de joie. C’est aussi ça le basket, un sport qui sublime les passions et nous fait vivre des moments indescriptibles. Des moments où l’on croit que tout est perdu et avec un seul geste, un contre, un lancer ou une perte de balle, nos certitudes sont bousculées, les pleurs deviennent des éclats de joie et les cris de joie peuvent devenir des sanglots. Immédiatement après le match le chant de l’université vainqueur, celui d’Ateneo retentit puis celui de La Salle. Les joueurs chantent en cœur le point levé en communion avec leurs publics respectifs. Puis le balai des journalistes entre en action, ils veulent tous interviewer le héros d’un match Matt Nieto. L’arène elle, encore chaude, ne s’est pas vidée, comme si, encore emplie de l’énergie déversée par les joueurs sur le terrain, elle n’avait pas craché ses derniers bruits étourdissants. Les spectateurs restent encore sur place, comme si choqué par le dénouement ils aimeraient avoir davantage de spectacle.
Je retourne alors en salle de presse, remercier de l’équipe d’ABS-CBN qui m’a reçu, prendre quelques clichés puis m’en aller en direction du Mall Of Asia pour profiter d’une fin de soirée à l’abri de ce mastodonte de béton et d’acier.
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Dimanche 8 octobre. Il est 8 heures lorsque je me réveille. La veille a été particulièrement animée. En effet, ayant découvert un nouveau playground, au Barangay de Loyola Heights, je ne me suis pas privé d’y passer toute l’après-midi. Le barangay est l’unité administrative la plus petite des Philippines, elle est composée de 50 à 100 familles et pourrait être comparable à une maison ou une mairie de quartier en France. A la différence près qu’en plus des divers événements qu’elle accueille, le Barangay est assez souvent pourvu d’un terrain de basketball couvert.
C’est donc avec excitation que je me réveille pour aller voir une rencontre de UAAP au Mall Of Asia. Je commande mon Grab, destination le plus grand Mall d’Asie. Après être monté dans le véhicule, le chauffeur me parle du contexte du match et de la rivalité qui existe entre les deux équipes. Et à mesure que nous nous avançons dans le quartier flambant neuf, les quelques badauds en bleus et verts deviennent de plus en plus nombreux au point de former d’épais groupes convergeant tous vers la massive arène.
Arrivé à destination avec deux heures d’avance, j’en profite pour visiter ce gigantesque mall, déguster une des spécialités locales, le poulpe farci et enfin acquérir le maillot d’UP, University of the Philippines. On peut ainsi acheter la précieuse tunique de toutes les équipes d’UAAP University of Santo Tomas, University of the Philippines, University of the East, Ateneo, De La Salle University, National University, Far Eastern University et Adamson University.
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