A 37 ans, Aurélie Bonnan est une coach rookie en Ligue Féminine mais elle connaît parfaitement le milieu pour l’avoir longuement fréquenté et les Déferlantes de Nantes-Rezé où elle a joué trois saisons et fait un intérim de coach en tandem. Elle nous parle de sa carrière de joueuse et de son entrée véritable dans la fonction d’entraîneur.
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Vous faites partie des sept joueuses à avoir franchi le cap des 500 rebonds dans l’histoire de l’Eurocup. Votre moyenne s’élève à 7,4 par match. Depuis le début de votre carrière, c’était votre spécialité, votre gagne-pain comme disent les Américains ?
Ça faisait forcément partie des qualités que j’avais comme le fait d’être plutôt un gros défenseur et une joueuse de devoir plutôt qu’une joueuse offensive.
Regardiez-vous, à la fin de chaque match, le nombre de rebonds que vous preniez ?
Honnêtement, non. Lorsque j’ai su ça pour l’Eurocup, ça m’a fait plaisir, c’est flatteur, mais je n’avais aucune notion de ça. Comme toute joueuse, je regardais mes stats à la fin des matches mais ce n’était pas obsessionnel.
Votre record sur un match de Ligue Féminine, c’était 26 contre Calais en 2011 ?
Il y a des jours comme ça (sourire). On est des sportifs, on a de l’égo, donc ça fait toujours plaisir, c’est valorisant mais j’ai toujours été une joueuse d’équipe et le but a toujours été d’être au maximum performante pour le club dans lequel je jouais.
Vous avez commencé dans la ligue à 15 ans et vous avez arrêté à près de 34 ans, c’est une carrière bien remplie. Avez-vous senti une évolution dans le jeu, dans les joueuses, dans le professionnalisme des clubs ?
Cela a énormément évolué au niveau des clubs dans les centres de formation. Lorsque l’on a commencé, il n’y avait pas forcément des horaires aménagés pour le lycée, on se débrouillait pour aller s’entraîner, on n’était pas forcément tout le temps véhiculé, on était moins pris en charge, chouchouté, que l’on peut l’être maintenant. C’est une école de la vie qui change, un changement de génération aussi. Les clubs ont beaucoup évolué sur les staffs techniques et médicaux sur les centres de formation et les équipes professionnelles.
La mentalité des joueuses a évolué avec ces changements structurels ?
C’est aussi une question de génération, de culture, d’éducation. Ça dépend de chacun. Nous, généralement, les joueuses du sud-ouest, Julie Barennes, Romane Berniès, Céline Dumerc et d’autres, on a une certaine mentalité, une philosophie de ne rien lâcher. Ça vient de notre éducation, de là où l’on vient, de notre culture du sud-ouest. Aujourd’hui, on ne peut pas forcément communiquer de la même façon avec les jeunes. Nous, tout en les respectant, on avait envie d’écraser les vieilles, on savait qu’il fallait aller gagner nos minutes. Malheureusement, aujourd’hui ce n’est pas toujours la même culture. Il faut avoir la chance d’avoir des jeunes qui ont envie de bosser. Nous, quand on avait une blessure, on n’appelait pas le kiné, on jouait. Ça nous arrivait de jouer strapper avec des chevilles en vrac. Maintenant, on est un peu plus dans la prévention, on fait attention et ça vient aussi de nous, on essaye de faire plus attention aux organismes des joueuses. Ça va avec l’évolution du sport.
En 2006, vous aviez signé à Salamanque mais vous n’êtes pas resté. Pourquoi ?
L’histoire est assez cocasse. De Mondeville, je signe très tôt pour une étrangère à Salamanque. Et deux mois après, mon agent m’appelle en me disant qu’ils ont agrandi le roster et des joueuses espagnoles au même poste que moi reviennent. Du coup, mon temps de jeu risquait d’être compromis. La prépa se passe bien, je joue pas mal et puis lorsque les joueuses espagnoles sont revenues, mon temps de jeu est passé de 25 à 8-10 minutes. J’étais jeune, ce n’était pas forcément l’argent la priorité et j’ai préféré repartir car j’avais envie de jouer et j’étais déçu de ne pas m’y retrouver.
C’est un regret de ne pas avoir eu une expérience à l’étranger ?
Cela a un goût d’inachevé, j’aurais aimé faire ma saison là-bas mais c’est la vie, une carrière c’est fait de choix et je ne les regrette pas. Je pars du principe qu’il faut assumer ses choix et je suis plutôt très contente.
En équipe de France, vous avez souvent été coupée au dernier moment mais vous avez fait le championnat d’Europe de 2011 et obtenu une médaille de bronze. Vous conservez le positif ou le négatif ?
Il n’y a pas de négatif. Une carrière est faite comme elle est faite. Bien sûr que j’aurais aimé gagner plus de titres dans ma carrière et je n’ai pas forcément toujours fait des choix de club pour gagner des titres. J’ai fait des choix de cœur, des clubs où je savais que j’allais m’épanouir personnellement, avoir du temps de jeu. Pour gagner des titres, il fallait que j’aille dans des clubs plus grands avec moins de temps de jeu, mais ce n’était pas ce que je souhaitais. J’ai appris en équipe en équipe de France au contact de Nicole Antibe, Cathy Melain, Audrey Sauret. On m’a toujours dit que j’étais une joueuse de club avec peut-être pas assez d’ambition, je ne sais pas. En tous les cas, je suis contente de comment s’est passé ma carrière.
« Quand on est coach rookie, on nous propose rarement Lyon ou Bourges »
Lorsque vous étiez joueuse, vous aviez préparé votre avenir en passant le Brevet d’Etat et un diplôme de préparation physique ?
J’ai toujours eu dans un coin de la tête le fait après de transmettre et d’entraîner. Le basket est une passion. J’ai commencé à passer mes diplômes en 2004 à Mondeville. J’ai passé mon brevet d’Etat sur deux ans, une année spécifique et une année tronc commun. En plus, Hervé (NDLR : Coudray, le coach) me laissait aller en cours. J’ai passé aussi le diplôme de préparateur physique pour avoir un peu plus de cordes à mon arc. En parallèle, j’entraînais des jeunes dans les différents clubs dans lesquels j’ai joué. Ça s’est fait plutôt naturellement.
Votre première expérience comme assistante-coach en Ligue féminine, à Montpellier, s’est terminée avant la fin de la saison pourquoi ?
Oh ! On évitera d’en parler… C’est le choix du club.
Nantes est un club que vous connaissez bien. Vous y avez joué trois saisons et il y a deux ans avec Alexandre Taunais vous aviez suppléé en fin de saison Emmanuel Coeuret. C’était dans les plans de devenir coach principal ?
J’ai repris Nantes il y a deux ans sur la fin de saison et les playdowns. Emmanuel Coeuret a souhaité prendre du recul sur la fin de saison, les dirigeants m’ont contactée, j’étais dispo, le challenge m’intéressait. C’est un club qui me tient à cœur, dans lequel j’ai beaucoup évolué. Au même titre que Mondeville, c’est un club pour lequel j’ai un profond respect, un profond attachement. J’estime que je n’avais rien à perdre et tout à gagner. On a eu la chance avec Alexandre Taunais que ça matche avec le groupe et sur le dernier match, on a réussi à se maintenir. C’était beaucoup de satisfaction d’arriver à sauver le club cette année-là.
La saison dernière, vous êtes restée sur Nantes ?
Oui. J’étais conseillère technique des officiels des Pays-de-la-Loire, un truc différent mais là aussi enrichissant. J’ai appris plein de choses au contact des arbitres. C’était intéressant dans la formation des jeunes.
Il n’y a que 12 clubs, 2 femmes et 11 coaches ont été conservés. Ce n’est pas évident d’entrer dans la ligue féminine ?
Il y a peu de clubs donc peu de places et les gens travaillent sur du long terme, ce qui est plutôt aussi une bonne chose. Je ne crois pas que ce soit une question d’être un homme ou une femme mais déjà, je l’espère, d’avoir les qualités pour le faire et d’avoir envie de ce métier-là, de cette vie-là. Camille Aubert (NDLR : son assistante) et moi sommes des anciennes joueuses donc on est sur une catégorie de gens qui ont déjà vécu cette vie-là pendant des années.
Vous n’avez pas joué avec Camille Aubert mais je suppose que vous la connaissiez bien pour la choisir comme adjointe ?
C’est quelqu’un que je connais très bien depuis très longtemps. On fonctionne à trois avec aussi Mehdi (R’Kiouak), qui est le coach des U18 et aussi sur le staff comme assistant. La première fois que je les ai eues, je leur ai dit que la priorité c’est la loyauté. Dans une saison, il y a des bons moments et forcément des moments plus difficiles et il faut être capable de rester ensemble, d’être loyal les uns envers les autres. Et ça marche dans les deux sens. Et quand on n’est pas d’accord, il faut être capable de se le dire, de s’écouter, de s’entendre. Au bout du compte, forcément c’est le coach qui décide mais il faut des gens qui expriment leur avis, qui argumentent, c’est enrichissant et c’est comme ça que l’on avance. La loyauté c’est la base. Si on ne peut pas compter les uns sur les autres dans les moments difficiles, il n’y a pas d’intérêt de travailler ensemble.
Avoir l’un des plus faibles budgets quand on est une coach rookie, c’est un sacré challenge ?
Oui, mais il faut bien démarrer aussi. Quand on est coach rookie, on nous propose rarement Lyon ou Bourges (rires). Mais encore une fois c’est un club que j’aime, je sais à quoi m’attendre et je trouve qu’on s’en est pas mal sorti lors du recrutement. Il faut apprendre le métier, faire ses preuves comme ça, ça fait partie du jeu. J’ai de la chance d’évoluer dans un club que je connais bien, dans un environnement que je maîtrise, des gens que j’apprécie, qui me font confiance. Quand on fait ce métier-là, il faut accepter les jugements, la pression. Quand on est coach, on sait que l’on ne peut pas plaire à tout le monde. J’ai déjà vécu ça à Montpellier. On sait que l’on doit constamment prouver, on est constamment remis en question. On l’accepte quand on fait ce métier-là.
Photo d’ouverture: Avec le président de la FFBB, Jean-Pierre Siutat (FFBB)
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Vous faites partie des sept joueuses à avoir franchi le cap des 500 rebonds dans l’histoire de l’Eurocup. Votre moyenne s’élève à 7,4 par match. Depuis le début de votre carrière, c’était votre spécialité, votre gagne-pain comme disent les Américains ?
Ça faisait forcément partie des qualités que j’avais comme le fait d’être plutôt un gros défenseur et une joueuse de devoir plutôt qu’une joueuse offensive.
Regardiez-vous, à la fin de chaque match, le nombre de rebonds que vous preniez ?
Honnêtement, non. Lorsque j’ai su ça pour l’Eurocup, ça m’a fait plaisir, c’est flatteur, mais je n’avais aucune notion de ça. Comme toute joueuse, je regardais mes stats à la fin des matches mais ce n’était pas obsessionnel.
Votre record sur un match de Ligue Féminine, c’était 26 contre Calais en 2011 ?
Il y a des jours comme ça (sourire). On est des sportifs, on a de l’égo, donc ça fait toujours plaisir, c’est valorisant mais j’ai toujours été une joueuse d’équipe et le but a toujours été d’être au maximum performante pour le club dans lequel je jouais.
Vous avez commencé dans la ligue à 15 ans et vous avez arrêté à près de 34 ans, c’est une carrière bien remplie. Avez-vous senti une évolution dans le jeu, dans les joueuses, dans le professionnalisme des clubs ?
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