Après Bologne, j’ai eu la chance d’aller plus à l’est, en Slovénie. Terre des champions d’Europe de basketball. J’ai décidé de me rendre dans la capitale, Ljubljana. Ville verte et agréable, c’est la grotte du dragon. Symbole de la ville et du plus grand club de Slovénie. L’Olimpija Ljubljana. Gagnant d’une coupe Saporta, six titres de champion de Slovénie et d’une Ligue Adriatique. Dobar dan !
Après avoir pris deux trains (correspondances à Venise et Trento) et un bus. Je suis enfin arrivé dans la capitale slovène. Malgré la roue de ma valise qui me lâche entre la gare de bus et l’auberge de jeunesse, j’arrive à destination avec le sourire. Les diverses restaurants et ginguettes que j’ai croisés m’ont régalé les yeux. C’est donc tout naturellement qu’après avoir déposé mes affaires dans le dortoir, je dévale les escaliers pour aller déguster quelques spécialités locales. Mon choix se porte tout de suite sur un burek, sorte de feuilleté, cousin de notre sacro-sain pâté Lorrain, qui peut être fourré avec de la viande, de l’épinard ou encore du fromage. Pour rendre l’expérience la plus complète possible, je décide de le déguster en marchant pour profiter de Ljubljana la nuit.
Ville calme, colorée et attractive, la capitale slovène m’a séduit de nuit comme de jour. Le réseau de transport est efficace, les maisons slovènes de toutes les couleurs égaient la ville, la Ljubjanica, rivière nourricière permet de trouver facilement une balade pittoresque. Bref, je partais avec un excellent à priori et mon expérience dans cette ville si agréable, a enfoncé le clou.
Malgré une incompréhension avec les horaires de bus le lendemain, j’ai réussi à atteindre l’Arena Stožice. Monumentale, se tenant fièrement dans le quartier du même nom, elle m’a tout de suite impressionné. A peine arrivé, je suis rejoint par le chargé des relations publiques du club, Tine, un ancien joueur. Souriant et bavard, c’est le guide parfait pour me faire découvrir le légendaire club de l’Olimpija Ljubljana.
« Malheureusement l’entraînement vient de se terminer donc on ne pourra pas prendre des images de l’équipe en train de jouer. Mais ne t’en fais pas, on va pouvoir interviewer quelques joueurs et le coach. Ils partent demain pour un tournoi à l’étranger donc pour les images de jeu, cela va être compliqué », me confie Tine devant l’entrée de l’Arena. Puis un défilée de bus nous interrompt. Des équipes de volley-ball se croisent, nous rencontrons notamment les équipes des Etats-Unis et d’Iran en attendant la sortie des joueurs des vestiaires. Bojan Radulović et Jan Rebec, jeunes étoiles slovènes et Zoran Martić, l’entraîneur s’approchent. Très souriants et disponibles, Jan Rebec et Zoran Martić acceptent de répondre à mes questions. L’ambiance est bon enfant malgré le peu de temps dont ils disposent. Après avoir répondu à mes questions ils s’engouffrent dans un tunnel pour rejoindre le reste de l’équipe tandis que Tine et moi nous nous dirigeons vers les gigantesques vitrines de trophées. Championnats de Slovénie, de Yougoslavie, coupe Saporta et coupe Adriatique figurent fièrement dans l’antre du dragon.
Emerveillé, je suis Tine vers le parquet de cette magnifique salle. Les volleyeurs que nous avons croisés plus tôt s’y entrainent. Même s’il est difficile de s’y projeter, je m’imagine tout de même rugir cette arène monumentale un soir de compétition européenne. Comme ce 4 novembre 2010 lorsque le club au Dragon réussit l’exploit de gagner par la plus petite des marges contre le grand Panathinaïkos Athènes dans cette arène pleine à craquer. La salle, en configuration volley-ball est tout de même magnifique, bien organisée et séduisante. C’est en montant dans les tribunes que l’on se rend réellement compte de la magnificence de l’endroit, des places les moins chères aux places privilèges, tout est bien pensé. La chargée de marketing du club nous a rejoint et me détaille les prestations impressionnantes disponibles lors d’une réservation d’un espace privatif notamment (voiturier, champagne, buffet…). L’expérience de l’Arena Stožice un soir de match est quelque chose qui me plairait beaucoup.
Retour aux bureaux où mes interlocuteurs me présentent le magnifique maillot de la saison 2018-2019 de l’équipe au Dragon. Noir et vert, arborant un magnifique dragon en fond, je suis tout de suite séduit par ce maillot flambant neuf. Le logo de la Basketball Champions League étant sérigraphié sur le maillot, c’est donc tout naturellement que nous en venons à parler de la compétition. Connaissant bien deux clubs de la poule de l’Olimpija, à savoir la SIG Strasbourg et la Virtus Bologne, nous discutons des futures oppositions du club vert : « tu n’aurais pas les systèmes de Strasbourg ou de Bologne ? On peut te payer si tu veux ! », plaisante Tine.
Nous faisons un dernier tour des bureaux de l’arène ce qui nous donne l’occasion d’évoquer l’exploit de la Slovénie couronnée championne d’Europe au dernier championnat d’Europe mais également de ses difficultés à se qualifier pour la coupe du monde. Puis des exploits du club slovène notamment en championnat de Yougoslavie ou lors de ses épopées européennes. Tine est un guide parfait ! Adorable, bavard et précis, il me brosse un tableau passionnant du basket-ball des Balkans. Un basketball que j’ai toujours rêvé de vivre et dont le souhait se concrétise aujourd’hui. Nous discutons également des terrains de basket à Ljubljana, terrains qui furent fréquentés plus tôt par les jeunes Doncić, Dragić, Zdovc ou encore Nesterović. « Ecoute, le meilleur terrain pour toi sera celui du parc Tivoli. Ailleurs, cela peut être assez compliqué car certains joueurs jouent de l’argent sur les matchs ». Prenant en compte les conseils de mon ange gardien je décide donc de m’y rendre dès le lendemain. Puis vient le moment de se quitter. Emu d’avoir vécu un aussi beau moment, je remercie vivement Tine, en espérant le voir lorsque Ljubljana se déplacera à Strasbourg pour une soirée de coupe d’Europe bouillante.
Heureux, les yeux encore remplis d’étoiles, je me dirige vers l’arrêt de bus. Un peu perdu devant des indications en slovène, je décide de demander des informations à une jeune femme. Celle-ci, aimable et pratiquant un anglais parfait m’indique le bus à prendre et l’arrêt où descendre. Venant d’un petit village près de Maribor (ville de naissance de Klemen Prepelić, ancien joueur des verts de Ljubljana, de Limoges et de Levallois), elle me décrit le paysage culturel slovène. « Ici on a de nombreux dialectes, c’est marrant pour un si petit pays en taille. Parfois, il est même difficile de se comprendre entre nous. Quand je suis arrivé à Ljubljana j’ai eu beaucoup de mal, mais aujourd’hui heureusement tout va bien. Cela a été long mais j’ai réussi à m’adapter ». Pédagogue et enthousiaste, elle m’indique que mon arrêt de bus approche. Je me lève donc de mon siège, la remercie vivement et quelques secondes plus tard je descends du bus. Pendant la demie heure de trajet que nous avons partagé, je n’ai même pas eu le temps de lui demander son nom, la faute à une discussion passionnante.
Une fois rentré à l’auberge, je décharge mes affaires dans ma chambre pour aller déjeuner. Stratégiquement située, l’auberge est un point de départ parfait pour découvrir le centre de la ville de la capitale slovène. En me baladant dans les agréables rues de la vieille ville, je vois défiler sous mes yeux les bateaux voguant paisiblement sur la Ljubljanica avec les maisons roses, rouges, jaunes et blanches en fond. Puis je suis arrivé en face du mythique pont aux dragons. Car ici ce n’est pas un Graoully impressionnant qui accueille les visiteurs mais pas moins de quatre dragons verts. Car à l’image de Metz ou encore Krasnodar (tiens, une autre ville de basket), Ljubljana est une ville au dragon. Et cela se voit partout ; sur les guides touristiques, les bières, les échoppes et le maillot de l’Olimpija Ljubljana quel que soit le sport.
Guidé vers quelques restaurants pittoresques par le fleuve tranquille qui sillonne la ville, je jette mon dévolu vers une Kranjske kolbase, une saucisse traditionnelle accompagnée d’une soupe. Tranquille je décide de continuer à flâner dans autour du marché jusqu’à atteindre, surpris, le funiculaire amenant au château de Ljubljana. Ancienne garnison de défense, prison, arsenal et hôpital militaire c’est un témoin de choix sur l’histoire de cette capitale décidément pas comme les autres. La vue y est magnifique et le temps semble s’y arrêter. Le temps de capturer quelques images de la splendeur de l’endroit et il commence à pleuvoir. Cette averse me rappelle que le temps est venu pour moi de redescendre dans la ville après être resté presque 5 heures sur place. Demain ma journée sera bien remplie, je dois donc être prêt.
Il est 10 heures du matin, lorsque reposé et motivé, je sors de l’auberge pour me rendre au parc Tivoli. Je traverse la ville l’esprit léger à l’idée de trouver un endroit silencieux et luxuriant pour me balader. Après 20 minutes de marche je découvre ce parc magnifique. Né de l’esprit de Jean Blanchard, un ingénieur français le parc actuel s’étend sur près de 5 kilomètres carrés. Doté d’un étang, d’une rangée d’arbres et de terrains de sport, le parc accueille en son sein le manoir de Tivoli. C’est le poumon vert de la ville et un lieux très apprécié par les Slovènes.
J’ai passé la matinée à découvrir la magnificence de ce parc : pelouses, sentiers géométriques, carrés de fleurs et allées d’arbres ont un certain effet sur moi. Et c’est donc heureux et concentré que je découvre le magnifique terrain de basket du parc. Il est malheureusement vide à cette heure-ci mais son positionnement et l’entretien méticuleux dont il a fait l’objet en font un théâtre d’exploit passés, futurs et présents que je ressens naturellement lorsque je foule des pieds l’asphalte.
Après avoir suffisamment exploré cet endroit magnifique, je décide d’aller déjeuner tout en me promettant de revenir l’après-midi même pour tâter du ballon. Motivé à l’idée de rentrer quelques tirs dans un lieu si mythique je m’en vais me sustenter dans un restaurant typique puis je passe me changer à l’auberge de jeunesse. Lorsque je reviens sur le terrain, deux heures plus tard, un couple de slovène s’affronte dans un contre un mixte. Puis très vite ils disparaissent pour laisser place à un solide gaillard aux bonnes mains. Bon shooteur, il enfile les perles à trois points sous mes yeux médusés. Je décide donc d’aller discuter avec lui, malheureusement il ne parle pas anglais et ne veut pas disputer une petite partie avec moi. J’en profite donc pour répéter mes gammes. Un peu rouillé depuis ma dernière partie bolognaise, j’ai besoin de reprendre du rythme dans l’éventualité d’un match. Malheureusement personne ne se présentera pour jouer avec nous ce jour-là. Déçu mais pas abattu, je rentre à 20 heures à l’auberge ce soir-là, fatigué mais échauffé par une belle séance d’entraînement.
Heureux d’avoir vécu un séjour slovène enchanteur, mon esprit se tourne désormais vers le lendemain puisque je me rendrai à Zagreb pour découvrir le basket croate, mais ça c’est une autre histoire !
Photo : BCL