C’était écrit que cela devait aboutir cette fois-ci. Trois fois numéro 1 de la saison régulière, trois fois vainqueur de la Leaders Cup, deux fois présente au Final Four de la Basketball Champions League, mais deux fois éliminée en playoffs par Villeurbanne, l’AS Monaco allait forcément au troisième essai soulever le trophée de champion de France suite à une finale à rebondissements face au Mans Sarthe Basket. La Principauté Monégasque et son Prince Albert s’apprêtaient à fêter le premier titre de l’ASM qui était déjà finaliste en 1949 contre l’ASVEL mais qui fut longtemps laissée à l’abandon dans les divisions inférieures.
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Ce succès pensions nous était celui d’un modèle économique singulier puisque l’AS Monaco est montée en puissance grâce au financement du banquier ukrainien Sergey Dyadechko, 43 ans, un mécène qui fut auparavant celui du BC Donetsk, et qui a pris la présidence du club de la Principauté en 2013 et avec la bénédiction du gouvernement princier. Dyadechko est un vrai passionné qui semble éprouver beaucoup de plaisir à être proche de son équipe. Il est venu faire son petit discours dans le vestiaire juste avant le cinquième match. Deuxième grande première dans le basket professionnel français, clé du succès pensions nous, c’est avec un management étranger que le club a bâti sa stratégie sportive avec comme Directeur Exécutif un autre Ukrainien, Oleksiy Yefimov, 32 ans, et comme coach un Monténégrin Zvezdan Mitrovic reconnu par ses pairs et les médias Coach de l’Année 2017 et 2018. Aucun de ces trois-là ne s’exprime en français.
On s’apprêtait à écrire que ce triomphe de l’AS Monaco laisserait un goût étrange dans la bouche car le club ne dispose pas des mêmes contraintes fiscales que ceux de l’Hexagone et il est à l’inverse très loin de bénéficier d’un engouement populaire équivalent à ceux de Limoges, Strasbourg ou du Mans lequel a battu tous ses records d’affluence lors de ces playoffs. Mais pour passer en cinq saisons de la Nationale 2 au, croyions-nous, trophée de champion de France, le staff monégasque a également fait preuve de discernement dans son recrutement et Coach Z a su exploiter à merveille des joueurs comme Georgi Joseph et Ali Traore qui étaient plus ou moins mis au rebus de la Jeep Elite.
L’intensité mise par la Roca Team notamment en défense a impressionné chacun de ses adversaires. Elle a aussi provoqué quelques polémiques car les Monégasques se sont souvent retrouvés à la limite de l’antijeu et paradoxalement ce sont eux qui se sont plaints de l’arbitrage. Estimant que ses joueurs étaient souvent injustement sanctionnés par les arbitres, Zvezdan Mitrovic a créé dans l’équipe une sorte de paranoïa, un sentiment de « c’est nous contre le reste du monde » ou peut-être encore plus de « c’est nous contre les clubs français » qui a probablement actionné certains ressorts psychologiques et qui aurait pu être gagnant.
L’implacable suprématie des capitales
En présentant leur corps pour arrêter le rouleau compresseur monégasque, les Manceaux ont à la fois accompli un exploit sportif et financier. La masse salariale du MSB était très inférieure à celle de la Roca Team. Il a fallu un sacré flair pour assembler un tel attelage de joueurs talentueux, plusieurs trentenaires expérimentés, des hommes de caractère. Le Mans a réussi exactement la même performance que Chalon l’an dernier qui s’était appuyé sur un trio exceptionnel qu’il n’a pu ensuite financièrement conservé. La troupe d’Eric Bartecheky -dont chacun fait à retardement le coach de l’année- a réussi à culbuter successivement les trois plus gros budgets de la Jeep Elite, Villeurbanne, Strasbourg et Monaco. Leur victoire lors du Match 2 à Villeurbanne a changé la donne. Sans elle il n’y aurait pas eu cette success story et peut-être pas de Coupe d’Europe comme récompense.
Déjà quatre fois couronné auparavant, le club de la Sarthe qui est parfaitement géré -Christophe Le Bouille mériterait le trophée de LNB Executive of the Year s’il existait- et qui prospère dans un environnement à la forte culture basket, savoure. Il sait parfaitement qu’un tel triomphe ne se reproduira peut-être pas de sitôt. Qu’il était plus facile de s’imposer en 2006 à Nancy -un club du même calibre- sur un seul match et sur terrain neutre que dans un format 3-5-5 qui favorise les équipes au banc les plus larges et donc les clubs les plus riches.
Jusqu’à présent Monaco et Strasbourg ont flanché dans la ligne droite par manque de maîtrise émotionnelle alors que si Villeurbanne a enrichi récemment sa vitrine de deux trophées de champion (2009 et 2016), elle manque totalement de constance et donne souvent l’impression d’un gâchis. Seulement, alors que le MSB envisage un budget d’un peu plus de 6M€ la saison prochaine, ces trois-là possèdent un potentiel très supérieur. Monaco bénéficie donc d’un mécène et de l’apport du gouvernement princier. Lyon est la deuxième ville de France et Tony Parker est un étendard unique. D’ailleurs l’ASVEL va rejoindre l’Euroleague pour la saison 2019-20, ce qui va augmenter sa voilure. Que l’on soit favorable ou non au principe qui favorise l’économie au sportif, c’est incontestablement le sens de l’histoire. Strasbourg est la « capitale de l’Europe » et possède un vrai et beau projet bâti autour de la transformation du Rhénus en Arena. Par ailleurs, des ambitions s’affirment à Paris avec le rapprochement entre Levallois et Boulogne et la prise en main du Paris Basket Avenir par un investisseur américain. En attendant peut-être que le projet du Tremblay passe au concret. Personne ne résistera à un club dans la capitale s’il est bien managé.
Lorsque ceux-là -et on peut le croire- auront un budget deux fois supérieur à ceux du Mans, de Chalon et des autres, il n’y aura plus de cendrillon. Une vue de l’esprit ? Il suffit de constater ce qui se passe en Espagne, Grèce, en Turquie ou en VTB League pour en être convaincu*. On le prévoyait déjà il y a vingt-cinq ans mais l’échéance parait désormais à l’horizon: les villes moyennes vont céder leurs places aux grandes villes. Les contes de fée ne sont pas fait pour durer.
*En Espagne, le Real Madrid et le FC Barcelone se sont partagés 8 des 10 derniers titres. Le dernier petit poucet à avoir été champion est Manresa il y a vingt ans. En Grèce, le Panathinaikos et l’Olympiakos ont tout gagné depuis 1993 sauf en 2002 quand le titre est revenu à l’AEK, un autre club d’Athènes. En Turquie, la saison 2014-15 a été l’occasion d’un évènement avec l’avènement du Pinat Karsiyaka, un club basé à Izmir. C’est l’unique fois dans les années 2000 où le titre a échappé à un club d’Istanbul. Depuis la création de la VTB League, le CSKA Moscou a raflé neuf titres de champion et en a laissé un seul au Khimki, lui aussi un club de Moscou.
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Ce succès pensions nous était celui d’un modèle économique singulier puisque l’AS Monaco est montée en puissance grâce au financement du banquier ukrainien Sergey Dyadechko, 43 ans, un mécène qui fut auparavant celui du BC Donetsk, et qui a pris la présidence du club de la Principauté en 2013 et avec la bénédiction du gouvernement princier. Dyadechko est un vrai passionné qui semble éprouver beaucoup de plaisir à être proche de son équipe. Il est venu faire son petit discours dans le vestiaire juste avant le cinquième match. Deuxième grande première dans le basket professionnel français, clé du succès pensions nous, c’est avec un management étranger que le club a bâti sa stratégie sportive avec comme Directeur Exécutif un autre Ukrainien, Oleksiy Yefimov, 32 ans, et comme coach un Monténégrin Zvezdan Mitrovic reconnu par ses pairs et les médias Coach de l’Année 2017 et 2018. Aucun de ces trois-là ne s’exprime en français.
On s’apprêtait à écrire que ce triomphe de l’AS Monaco laisserait un goût étrange dans la bouche car le club ne dispose pas des mêmes contraintes fiscales que ceux de l’Hexagone et il est à l’inverse très loin de bénéficier d’un engouement populaire équivalent à ceux de Limoges, Strasbourg ou du Mans lequel a battu tous ses records d’affluence lors de ces playoffs. Mais pour passer en cinq saisons de la Nationale 2 au, croyions-nous, trophée de champion de France, le staff monégasque a également fait preuve de discernement dans son recrutement et Coach Z a su exploiter à merveille des joueurs comme Georgi Joseph et Ali Traore qui étaient plus ou moins mis au rebus de la Jeep Elite.
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Photo: Antoine Eito LNB/Lecoq