Au terme d'un combat retour intense, Chalon-sur-Saône a fait plier Boulazac dans les ultimes secondes (83-84) pour s'offrir un rendez-vous en finale. Immense joie pour Savo Vucevic, grande fierté pour Alexandre Ménard et le désormais retraité Nicolas De Jong.
Deuxième de la saison régulière, l'Elan Chalon partait favori de sa série des demi-finales. En l'emportant de justesse au match aller (87-78), il était préparé à un grand rendez-vous au BBD. Le club de Dordogne avait d'ailleurs prévu de faire salle comble pour porter son équipe amoindrie par les blessures vers une troisième rencontre décisive. Boulazac y était presque mais Kevin Harley, ailier de l'Elan Chalon et ancien de la maison BBD, et son équipe ont eu le dernier mot. Encore une fois.
"On savait qu'il ne fallait rien lâcher et que cela allait être dur face à une équipe dos au mur et à domicile. À la fin, leur fatigue a joué en notre avantage, ils ratent plein de shoots ouverts. Baptiste Tchouaffe fait une gamelle incroyable sur un tir puis on repasse devant... et les deux shoots énormes de Nic Moore et de Supreme Hannah. On a jeté la pièce et c'est tombé du bon côté. On s'est toujours dit que l'on était dans le match, même lorsqu'ils mettent 10 points dès l'entame, ils étaient en confiance. On n'était pas assez agressif puis on y est arrivé étape par étape. C'est pour cela que l'on a eu une chance de gagner à la fin. Je suis déçu forcément pour Boulazac mais je suis très content, je suis à Chalon maintenant et c'est vraiment bien que l'on ait gagné en deux matches. On n'a pas eu besoin de se faire peur. C'était important d'arriver en finale, après on ne pensait pas au fait d'avoir un peu plus de temps de repos si on le remportait ce soir."
Un avis partagé par son coach Savo Vucevic qui, en conférence de presse, n'a cessé de louer les qualités de ce match et de deux grandes équipes.
"J'ai beaucoup de satisfaction de nous qualifier en finale, face à une belle équipe de Boulazac et dans une victoire extraordinaire, contre un Nic Moore qui a shooté dans toutes les positions. Cela a été très compliqué de trouver des solutions. Il fallait avoir beaucoup de patience, beaucoup travailler. Mais on a l'avantage, par rapport à notre effectif, de pouvoir tenir 40 minutes. On sait combien cela aurait été très difficile au troisième match, même si nous avions été à domicile. Boulazac a montré beaucoup d'envie, d'engagements et a mis les shoots pour enflammer le public. Quand c'est comme cela, je dis aux joueurs de laisser passer l'orage et on y a cru. Ce soir ce n'était pas facile de gagner, Boulazac était excellent. Cela a été une série digne des finales. Grâce à eux, nous avons augmenté notre niveau de jeu. Ce sont deux équipes qui méritaient d'allait au bout."
Si le collectif a brillé, le joueur star de l'Elan Chalon Antoine Eito a fini la rencontre sans le moindre point. Ce qui ne l'a pas empêché de gagner, chose rarissime quand on connaît l'influence du meneur sur son équipe. A-t-il pesé pour autant ? C'est un grand oui pour le technicien bourguignon :
"Il a joué 33 minutes ! Il était très bon en défense, il a eu des rebonds (4) et il a destiné des passes en seconde période quand il était sous pression. Il nous a beaucoup aidé et pourtant il finit à 0 point, 0/7 aux tirs. Cela veut aussi dire que les autres ont été bons. Par exemple, Antonio Jordano, il a mis deux paniers à trois-points en cinq minutes. Tout le monde a participé à quelque chose et c'était le plus important. Ce soir, c'est l'équipe qui a gagné."
Dans un Palio en fusion, "le basket a gagné" hier soir
Grande demi-finale il y a eu au Palio de Boulazac. Et pour cela, il faut avoir deux grandes équipes, un vainqueur et un perdant valeureux, qui a longtemps mené au score avant de se faire rattraper dans le money time pour Chalon-sur-Saône. Sa grande spécialité durant ces playoffs. Réaction d'Alexandre Ménard en conférence :
"Pour faire un bon match, il faut être deux, donc je voudrais les féliciter pour la victoire, sans vouloir en faire de trop. Il y a eu des individualités qui sont sorties du lot, des deux côtés. Quand on perd d'un point, on repense à toutes les petites actions, les détails. Mais est-ce que l'on peut en vouloir à qui que ce soit finalement ? Le basket a gagné ce soir. On a vu un Palio incandescent, derrière son équipe. Toute la saison, mais là encore plus, face à un adversaire qui savait s'adapter. Avec les qualités de décision qu'ils ont eu pendant le match, ils ont été capables de mettre la balle là où il fallait pendant trois-quarts. À la fin, on était sur les jantes, nous avions moins d'essence dans le réservoir. Je suis frustré, déçu mais tellement fier de ce que l'on a fait.
Ce n'est pas facile de savoir si nous sommes partis trop fort... Je ne pouvais pas retenir les gars, ils voulaient produire un match à domicile tout feu tout flamme. Je leur avais dit dans les vestiaires que le plus gros risque ce n'était de ne pas en prendre. Il fallait jouer libérer, ne pas avoir de regret et c'est ce qu'ils ont très bien fait au début, peut-être au détriment de l'énergie en fin de rencontre.
Quand Paul Billong s'est blessé, je me suis dis que cela allait être difficile avec un soldat en moins, fort en défense et qui met beaucoup d'intensité. Pour autant, on aurait quand même pu l'emporter. On a été au bout des choses avec cette équipe composée de huit joueurs professionnels. J'ai du mal à faire le bilan de la saison. On a joué 52 matches si je ne me trompe pas... J'ai le sentiment que l'on a été au bout de la saison en poussant jusqu'à la demie. En tant qu'entraîneur, j'ai des regrets sur la finale de la Leaders Cup, des matches perdus en fin de régulière contre Evreux et Saint-Vallier... puis ce match à Antibes que l'on doit gagner pour s'assurer plus de repos entre les quarts et les demies. Cela aurait changé la donne. Je suis un meilleur coach maintenant qu'en début d'année grâce à mes joueurs. J'ai appris beaucoup de choses grâce à leur contact, avec des tempéraments et culture très différents.
J'ai envie de saluer Nicolas De Jong pour son dernier match en professionnel. Il a fait une carrière exceptionnelle, il n'a jamais triché. C'est le début d'une nouvelle vie, plus stressante."
Avant de tourner la page de la saison, et d'aller fêter l'année comme il l'a fait remarquer à la presse, Alexandre Ménard a donc eu quelques mots pour Nicolas De Jong. L'intérieur prend sa retraite à l'issue de cette demi-finale mais ne quitte pas la région pour autant. Il intègrera le staff du BBD dès cet été. Ses mots après la sortie de piste :
"On n'a pas à rougir de ces deux rencontres, c'est la magie du basket qui est belle quand ça rentre et moins belle pour l'autre. Je suis avant tout super fier de l'équipe. Nous n'avons pas lâché mais lorsque nous étions diminués. Il y a une énorme déception mais il va falloir très rapidement retenir le positif. D'un point de vue collectif, c'est dur. On ne peut pas dire que l'on méritait plus qu'eux, mais on aurait pu sur la série arracher un match. On perd de peu là-bas avec une mauvaise adresse. Individuellement, c'est compliqué aussi car je ne sors pas sur une bonne performance mais c'est fidèle à ce que je suis capable de faire aujourd'hui. Je joue sur une jambe et ça ne tient pas dans le sport de haut niveau. Il y a aussi un peu de tristesse pour moi mais j'ai envie de vite évacuer tout cela.
Nous n'avons jamais abandonné. Si on n'avait eu une attitude de fataliste sur le coup, je ne sais pas on a toujours eu cette même envie de gagner. Malgré les blessés, on ne s'est jamais résigné. Ce qui est arrivé à Paul Billong - chute après un tir contré, ndlr - est un fait de jeu malheureux et on lui souhaite un bon rétablissement. Sur le coup pendant le match, je ne pense pas que ça instigue une rébellion car on a toujours eu cette même envie de gagner. Sa santé me préoccupe, je pense à lui mais sur le moment on est focalisé sur le match, on veut juste tout donner jusqu'à la fin, sans regret.
Je n'ai pas forcément d'image que je retiens de la saison. C'est surtout les moments de groupe que l'on a eu, dans les victoires comme les défaites. On a toujours su rebondir, on a eu une rage sur le terrain malgré les haut et les bas. On a subi la houle, les blessures, les changements de joueurs... J'aurai le souvenir d'une équipe de battant.
Dans un autre temps, on devra savoir qui sera là ou non. Le coach Alexandre Ménard devrait être là, le capitaine Clément Cavallo aussi. Ce sont deux maillons important qui resteront et transmettront les bonnes valeurs. C'est difficile de faire dès maintenant les projections, on verra ce sont les aléas du sport. Quand le tronc de l'arbre est déjà saint, il suffit d'ajouter les branches derrière."
Sur la dernière action de Supreme Hannah, qui permet à l'Elan Chalon de filer en finale :
Savo Vucevic : "Les coachs, on peut raconter tout ce que l'on veut. Je dessine juste et je savais que Boulazac avait encore une faute à donner (à 12 secondes de la fin, ndlr). La seule chose que j'ai dit, c'était que je voulais un shoot à trois-points et que ce soit Antoine Eito qui prenne ce shoot. S'il avait eu l'occasion, je suis sûr qu'il allait le mettre. Puis tout le monde était focalisé sur Antoine et Supreme (Hannah) a eu l'espace pour shooter. Dans ces moments là, c'est le joueur qui décide."
Alexandre Ménard : "La consigne, c'était de ne pas prendre de tir à trois-points... impeccable. Mais je ne voulais pas faire de faute, je voulais que l'on change sur tout et prendre au pire un deux points. Supreme Hannah mettait tous ses lancers-francs donc je voulais que l'on défende sur lui. Sur la dernière action, ils font une zone. On aurait dû tenter une passe lobée, on ne l'a pas faite. Avec la fatigue..."
Photo : Supreme Hannah © LNB