De nombreux coaches d’Euroleague – Jasikevicius, Messina, Obradovic, Itoudis, TJ Parker – ont récemment pris la parole pour dénoncer les cadences infernales infligées à leurs équipes. Et exhortent la FIBA et l’Euroleague à trouver une solution sur le calendrier. Et si le problème était ailleurs ?
Très régulièrement, alors qu’une équipe traverse une période difficile, c’est devenu un lieu commun pour les coaches européens d’ouvrir le parapluie, invoquant des rythmes impossibles, les blessures, les calendriers surchargés. Avec la deuxième fenêtre internationale de qualification pour la Coupe du Monde 2023 la semaine prochaine, le nouveau format pour les compétitions internationales, avec le retour des fenêtres en cours de saison, est souvent convoqué à titre d’exemple de calendriers hors de contrôle. Cet excellent papier – en anglais – de nos confrères de Basketnews résume bien ces prises de paroles.
Mais une fois les coups de gueule passés, qu’en est-il des faits ? Peut-on vraiment renvoyer dos à dos les différents acteurs du basket européen, Euroleague, ligues nationales, fédérations, tous responsables de la situation ? Un coup d’œil rapide aux chiffres donne une autre appréciation de la question.
La FIBA, en instaurant le nouveau système de compétitons, a certes rétabli des fenêtres de qualification mais a globalement réduit la charge des joueurs de 26%. Un été de libre avec l’EuroBasket qui revient désormais tous les quatre ans contre une compétition tous les deux selon l’ancienne formule. 9 matches à l’Euro et non plus 11, fin des back-to-back en compétition, 8 matches contre 9 pour la Coupe du monde, 6 et non plus 8 aux JO, etc… De plus les fenêtres concernent désormais un réservoir plus large de joueurs, ce qui répartit la charge et donc la fatigue.
Pour les ligues nationales, les situations sont très disparates, mais globalement, les volumes n’ont pratiquement pas varié depuis une grosse douzaine de saisons.
Les coupes d’Europe en cause ?
Alors quoi ? Les responsables de cet état de fait sont donc les compétitions européennes ? Pourtant, la Basketball Champions League, depuis sa création en 2016 a drastiquement revu à la baisse son calendrier. -43% entre la saison inaugurale et la saison actuelle.
Saison BCL Nombre de matches
2016-17 324
2017-18 252
2018-19 252
2019-20 250
2020-21 200
2021-22 184
Une compétition est en revanche à contre-courant de la tendance. L’Euroleague. Depuis 2010, le nombre de matches a pratiquement doublé (voir le tableau suivant).
Saison Champion Matches joués
2009-10 Barcelona 22
2010-11 Panathinaikos 22
2011-12 Olympiakos 22
2012-13 Olympiakos 31
2013-14 Maccabi Tel Aviv 30
2014-15 Real Madrid 30
2015-16 CSKA Moscou 29
2016-17 Fenerbahçe 35
2017-18 Real Madrid 36
2018-19 CSKA Moscou 36
2020-21 Efes Istanbul 41
Les clubs d’Euroleague jouent désormais des saisons à pratiquement 100 matches toutes compétitions confondues. Soit plus que certaines franchises NBA. Sans forcément les mêmes moyens au niveau des déplacements, de la récupération.
Mais si les coaches d’Euroleague se plaignent légitimement, il semblerait que le principal responsable de la situation ne soit pas toujours clairement désigné. L’Euroleague est actuellement la seule institution à contre-courant de la tendance à l’allégement. Et cette inflation amène certains acteurs de l’Euroleague, comme le coach Zeljko Obradovic, à proposer des solutions – exonérer les clubs de la C1 de la saison régulière des ligues nationales pour les qualifier directement en playoffs – qui font hurler les championnats nationaux.
Espérons que les réunions tripartites – fédération internationale, NBA et Euroleague – lancées cet été par la FIBA permettent de ramener un peu de rationalité dans les débats.
Photo : Donatas Motiejunas (AS Monaco, Euroleague)