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Caroline Hériaud, n°1 au ranking mondial 3×3: « Mon objectif c’est de faire les Jeux de Tokyo »

Caroline Hériaud (1,65m, 21 ans) a deux vies. Elle est la meneuse de jeu de La Roche Vendée BC en Ligue Féminine (6,5 points, 4,1 rebonds, 3,9 passes et 1,4 interception en 2018). Et puis une fois la saison terminée, elle se transforme en Superwoman du 3×3 au point d’avoir été la majeure partie de…

Caroline Hériaud (1,65m, 21 ans) a deux vies. Elle est la meneuse de jeu de La Roche Vendée BC en Ligue Féminine (6,5 points, 4,1 rebonds, 3,9 passes et 1,4 interception en 2018). Et puis une fois la saison terminée, elle se transforme en Superwoman du 3×3 au point d’avoir été la majeure partie de l’été la numéro 1 au ranking mondial de la Fédération Internationale. Alors, forcément, participer aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 est un objectif concret.

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Quel effet ça fait d’être première au classement mondial du 3×3 féminin ?

Il y a deux semaines, une équipe de France avec Emilie Gomis, Alice Nayo, Marie-Eve Paget et Magnigan Touré est partie à Bucarest faire un tournoi et elles ont pris 45 000 points. Du coup, c’est Alice Nayo qui est maintenant première mondiale, je suis troisième, pas tellement loin derrière. Et normalement je devrais récupérer ma place de numéro 1 mondiale. Je l’étais encore jusqu’à la semaine dernière. Pour répondre à la question, je ne savais même pas que l’on pouvait être première mondiale en 3×3. C’était énorme, une super fierté. Comme je l’ai dit à la fédé, c’est d’abord une récompense du plaisir que je prends quand je joue au basket et de tous les efforts que j’ai fait.

Faites-vous les tournois en fonction du nombre de points que cela rapporte pour ce classement ?

Clairement, non. Je fais un maximum de tournois. En plus de l’équipe de France U23, cet été j’ai fait les championnats de France universitaires avec l’université de Nantes même si ça ne rapportait pas énormément de points. C’est juste pour le plaisir du jeu.

Si vous qui choisissez les tournois ou c’est la fédération qui vous guide ?

Pour l’équipe de France, c’est la fédé qui décide et pour le reste c’est nous qui choisissons les tournois que l’on veut faire.

Pourquoi n’avez-vous pas participé à la Coupe du monde aux Philippines et à la Coupe d’Europe à Bucarest en septembre ?

Tout simplement parce que j’étais U23 et cette année, ils voulaient envoyer une équipe sénior, une différente à la Coupe du Monde et à la Coupe d’Europe afin d’avoir le maximum de joueuses en compétition car on travaille pour Tokyo’2020. J’ai fait la Coupe du Monde l’année dernière, là j’étais en U23 et comme ça ils ont pu découvrir de nouvelles joueuses.

C’est pour remplacer une joueuse absente que vous vous êtes lancé dans le 3×3 ? Il y a combien de temps ?

C’était en 2015 lors de ma première année à l’université. Je faisais partie de l’équipe sénior de 5×5. C’était un coach différent pour le 3×3 et il m’a appelée pour remplacer une joueuse qui était absente pour le championnat de France universitaire à Poitiers.

Votre progression en 3×3 a été très rapide. Evidemment, les bases du 5×5 servent pour le 3×3 ?

Clairement. Le 3×3, ça reste du basket. La seule différence, c’est que comme il y a moins de joueuses, il y a beaucoup moins d’espaces et de liberté dans le jeu. Ce n’est pas très compliqué pour une joueuse de 5×5 de se mettre au 3×3. Quand j’ai commencé, comme le 3×3 se développait tout juste, il y avait encore des règles, comment dire, à la one again ! (NDLR : expression voulant dire effectué dans la négligence ou incohérent). Il y a juste quelques règles en plus qu’il faut adopter et après deux ou trois matches, c’est bon.

« Il y a tellement d’espaces dans le 3×3 du au nombre réduit de joueuses que si tu te troues, tu n’as pas ta place sur le terrain »

Le 3×3 nécessite-t-il un entraînement spécial quand on est professionnelle en 5×5 ?

Oui du fait que dans une équipe on est quatre. Par exemple, on était à La Rochelle avec les U23 pour préparer les dernières échéances, et il a fallu s’adapter pour faire de l’opposition en faisant des deux contre deux, ce n’est pas le même type d’entraînement. Après, si on veut travailler les fondamentaux comme le tir, ça reste le même type d’entraînement. C’est seulement l’opposition qui change.

Ce qui frappe dans le 3×3, c’est le rythme très intense. On est claqué à la fin d’une partie ?

On va dire que si tu n’es pas claquée, ce n’est pas bon. Il y a tellement d’espaces dans le 3×3 du au nombre réduit de joueuses que si tu te troues, tu n’as pas ta place sur le terrain. Il n’y a pas d’aides en défense aussi tu ne dois compter que sur toi-même. Il faut que tu sois intense, il n’y a pas le choix.

Gagne-t-on de l’argent quand on fait du 3×3 ?

Personnellement, non. Avec les U23, on a fait aucun tournoi avec des prize money comme il en est mis en plus de plus en plus en place actuellement. Par contre, les gars dans le World Tour touchent des primes en cas de résultats. Les Serbes sont professionnels et ils touchent de l’argent à force de gagner des tournois dans le World Tour et puis aussi avec les sponsors.

Et pour les filles, ce n’est pas encore possible ?

Il y a deux ou trois tournois qui ont été mis en place avec des prize money. Les filles qui sont partis à Bucarest dont Alice Nayo ont gagné le Challenger et elles ont pris un peu d’argent.

Connaissez-vous vos adversaires en 3×3 au niveau national et international. Faites-vous du scouting ?

On fait du scouting comme en 5×5 avec des vidéos de match et des analyses. Dans les catégories jeunes, quand c’est la première année que l’on joue, on ne les connaît pas d’avance, alors que chez les séniors ce sont généralement les mêmes joueuses depuis deux ou trois ans et on commence à se connaître.

Les stages en 3×3 sont mixés garçons et filles. Est-ce profitable ?

On ne joue pas en opposition directe contre les garçons à l’entraînement mais comme en général on fait des entraînements en commun, on peut faire des concours de shoot. Après, quand on fait partie du groupe France, c’est une base de jeu commune. C’est profitable dans le sens que lorsqu’ils sont avec nous, ils nous supportent et ils nous apportent des conseils dans le jeu.

Votre objectif est maintenant de faire les Jeux de Tokyo en 2020 ?

Clairement, mon objectif c’est de faire les Jeux de Tokyo. Pour se qualifier pour Tokyo, il faut être dans les deux premières nations européennes dans le ranking mondial. A l’heure actuelle, on y est mais ce ranking dure encore un an, ça finit en novembre 2019. C’est l’objectif de faire partie de ces deux nations en faisant autant de tournois que cette année voir plus. Et après c’est bien sûr d’être sélectionnée dans les quatre joueuses qui iront à Tokyo.

Comment se fait la sélection ? C’est le coach qui est décideur ou c’est là aussi le ranking qui prime ?

Le ranking compte. Il faudra qu’il y ait dans l’équipe deux top 10 françaises et deux top 50 françaises. Actuellement, toutes les joueuses de l’équipe de France font partie de ces top-là. Après c’est le coach qui fera son choix.

La saison de 3×3 s’arrête avec la reprise de l’entraînement avec le club ?

Normalement, oui, mais cette année c’est une exception car on a encore des compétitions avec les U23 pendant le mois de septembre. C’est la finale de la Nations League du 19 au 22 et ensuite c’est la Coupe du Monde en Chine du 30 septembre au 7 octobre. Exceptionnellement cette année, j’ai été libérée par le LRVBC et d’ailleurs je les remercie, je remercie mon coach Manu (NDLR : Emmanuel Body) de pouvoir aller à ces échéances. C’est important pour nous de bien finir la saison.

« Ça apprend à créer ton tir extérieur et après c’est plus facile de le placer dans le 5×5 »

La pratique du 3×3 à haut niveau profite t-il à la joueuse de 5×5 que vous êtes ?

Oui. C’est le troisième été où je vais reprendre ma saison de 5×5 en ayant fait beaucoup de 3×3 durant l’été et je dis à chaque fois que dans le 3×3, tu prends des responsabilités que tu n’aurais pas pris d’ordinaire dans le 5×5. Déjà tu arrives beaucoup plus en forme que tes coéquipières mais aussi techniquement, tactiquement, ça ne peut que t’apporter pour le 5×5. Quand je rentre du 3×3, je sais que j’ai progressé durant l’été.

Ça rend plus agressive dans le 1 contre 1 ?

Dans le 1 contre 1, ça développe beaucoup plus de qualités. Ça apprend à créer ton tir extérieur et après c’est plus facile de le placer dans le 5×5. Ce n’est que du positif.

Faites-vous du 3×3 durant le reste de l’année ?

En général non sauf lors des rassemblements de l’équipe de France de 3×3. On en fait à l’entraînement comme tout le monde mais ce n’est jamais avec les vraies règles et avec le bon ballon.

A propos des règles, est-ce plus permissif en 3×3 avec des contacts qui sont interdits en 5×5 ?

Ah ! oui. Comme ça demande d’être plus spectaculaire, plus intense, les contacts sont plus accentués et en général les arbitres mettent plus de temps à siffler. Après quand tu reviens au 5×5, tu mets deux ou trois jours à t’adapter, à te dire, « il faut que j’enlève mes mains », etc.

Cette saison en club, qu’avez-vous pour ambition : un maintien plus tranquille que la saison dernière ?

Oui. Il ne faut pas se tromper de championnat. Il faut essayer de prendre les matches qui sont à notre portée en commençant déjà dès l’Open. L’année dernière, on avait perdu contre Mondeville et ça serait bien cette année dès le début de la saison de commencer par une victoire pour entamer une dynamique positive sinon après c’est compliqué. Il faut déjà montrer de plus belles choses dans le jeu que l’année dernière.

Et sur le plan individuel, quelles ambitions avez-vous pour votre carrière en 5×5 ?

J’associe le 3×3 et le 5×5. J’aime trop le basket pour m’arrêter l’été et rester deux mois sans rien faire. Le 3×3 c’est une alternative à ça. Mais les objectifs en 3×3 et en 5×5 sont clairement différents. En 5×5, j’aimerais confirmer ma bonne saison, je pense que pour une première année en Ligue c’était bien. Dans l’avenir, j’aimerais bien jouer dans une équipe qui fait une coupe d’Europe, que ce soit la petite ou la grande comme on dit.

Vous êtes toujours étudiante en même temps ?

Oui à la fac de Nantes, je suis en Licence 3 STAPS spécialité Management du Sport. Je me suis arrangée avec l’université, c’est-à-dire que j’ai validé une licence entraînement sportif en STAPS il y a deux ans et j’ai commencé Management du Sport mais comme je suis à La Roche, je ne vais pas en cours. On me les envoie, je m’arrange. Je fais mon année de Management du Sport en deux ans.

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Quel effet ça fait d’être première au classement mondial du 3×3 féminin ?

Il y a deux semaines, une équipe de France avec Emilie Gomis, Alice Nayo, Marie-Eve Paget et Magnigan Touré est partie à Bucarest faire un tournoi et elles ont pris 45 000 points. Du coup, c’est Alice Nayo qui est maintenant première mondiale, je suis troisième, pas tellement loin derrière. Et normalement je devrais récupérer ma place de numéro 1 mondiale. Je l’étais encore jusqu’à la semaine dernière. Pour répondre à la question, je ne savais même pas que l’on pouvait être première mondiale en 3×3. C’était énorme, une super fierté. Comme je l’ai dit à la fédé, c’est d’abord une récompense du plaisir que je prends quand je joue au basket et de tous les efforts que j’ai fait.

Faites-vous les tournois en fonction du nombre de points que cela rapporte pour ce classement ?

Clairement, non. Je fais un maximum de tournois. En plus de l’équipe de France U23, cet été j’ai fait les championnats de France universitaires avec l’université de Nantes même si ça ne rapportait pas énormément de points. C’est juste pour le plaisir du jeu.

Si vous qui choisissez les tournois ou c’est la fédération qui vous guide ?

Pour l’équipe de France, c’est la fédé qui décide et pour le reste c’est nous qui choisissons les tournois que l’on veut faire.

Pourquoi n’avez-vous pas participé à la Coupe du monde aux Philippines et à la Coupe d’Europe à Bucarest en septembre ?

Tout simplement parce que j’étais U23 et cette année, ils voulaient envoyer une équipe sénior, une différente à la Coupe du Monde et à la Coupe d’Europe afin d’avoir le maximum de joueuses en compétition car on travaille pour Tokyo’2020. J’ai fait la Coupe du Monde l’année dernière, là j’étais en U23 et comme ça ils ont pu découvrir de nouvelles joueuses.

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Photos: FIBA et FFBB (Hervé Bellenger)

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