Après avoir rempli des obligations vis-à-vis d’un sponsor, La Caisse d’Epargne, et déjeuné au retour de Prague, l’équipe de France féminine s’est retrouvée cet après-midi face à la presse au siège de la fédération, à Paris.
La parole à la capitaine emblématique Céline Dumerc qui, comme son amie Gaëlle Skrela, prend se retraite internationale après ce championnat d’Europe conclu par une médaille d’argent. La troisième en trois Euros après l’or de 2009. La sixième pour la Landaise. Un record national.
Comment le groupe a t-il vécu cet Euro de l’intérieur ?
On a eu une préparation très courte. On a enchaîné la saison en club pour partir tout de suite avec l’équipe de France. Ce sont des préparations assez bizarres. On n’a pas eu le temps de souffler pour repartir fraîches. Le staff a mis en place un travail pour rééquilibrer l’état de force de chacune afin d’être performantes durant cette campagne. Ça nous a permis de prendre du plaisir tout en étant dans le travail. On était toutes impliquées mentalement et physiquement dans le projet de ce championnat d’Europe. On voulait avoir une médaille autour du cou et je pense que si on nous avait dit qu’on avait l’argent assuré, on aurait signé tout de suite. Sur ce genre de compétition, on est peut-être six, sept ou huit nations potentiellement médaillables. On ne va pas bouder d’avoir cette médaille autour du cou même si, s’il y avait ce trophée posé ici -cet espèce de saladier qui n’est même pas beau (sourire)-, ça aurait été mieux. Mais on est fières de ce que l’on a fait parce ce que ce n’est pas simple quand on voit le haut du panier européen. A chaque fois depuis 2009, il y a une médaille au bout.[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »] C’est grâce à un travail en amont. On emploie souvent le mot « valeurs » mais tout parle de là. Les médias, le public répondent présents. On a eu un nombre incroyable de supporters sur place et ça rajoute de la valeur à ce que l’on a autour du cou, au plaisir que l’on a à courir après un ballon et à se défoncer pour porter haut le maillot de l’équipe de France. Sincèrement, même si on n’aime pas perdre, on a vécu une belle aventure sur le terrain et aussi dans le groupe. On peut être heureuses de cette médaille.
Les médailles gagnées par Céline depuis 2009.
On a eu l’impression que hier soir l’équipe espagnole était très mature. Est-ce la raison de sa supériorité comparativement à une équipe de France qui pour moitié a des jeunes joueuses qui ne sont pas encore habituées à ces grands rendez-vous ?
Effectivement, elles nous ont bousculé offensivement et défensivement. Elles ont pris un ascendant psychologique et c’est une nation qui se nourrit de deux, trois paniers à trois-points qui font que tout le banc se lève et elles arrivent à un niveau de confiance au-dessus. Nous, on était un petit peu dans le dur et on n’a pas réussi à se libérer en interne pour essayer de contrecarrer. Dès que l’on revenait un petit peu en se disant « on est encore vivantes », elles re-contrôlaient le jeu. Il y a plein de petites raisons qui font qu’elles nous ont battu dont l’expérience. Ça ne serait pas « gentil » de dire qu’elles avaient plus envie que nous car on avait envie de cette médaille (d’or) mais elles ont pris cette finale mieux que nous avec beaucoup d’agressivité. On avait des forces à faire valoir que l’on n’a pas pu mettre en place. Elles ont des joueuses de grande qualité comme Alba Torrens, Marta Xargay et compagnie qui ont pu s’exprimer à leur vrai niveau alors que nous, on n’a pas pu mettre le collectif nécessaire.
« On a toujours eu en tête d’être au service de l’équipe de France et pas de se servir de l’équipe de France pour rayonner individuellement »
Votre déception est-elle la même que vous avez pu avoir lors de précédents championnats d’Europe ?
En 2013, c’était une défaite bien plus dure parce qu’on était à la maison, que le match était serré. La défaite nous était tombée sur le coin du nez à la fin. Là, on s’est senti dominées pendant le match, on a vu la défaite arriver, même si on a toujours espoir de renverser la tendance. L’ambiance hier était différente.
Qu’est-ce qui te fait sentir que c’est pour toi le moment d’arrêter ? C’est vraiment ton dernier match ?
Oui, je pense mais il ne faut jamais dire jamais. Quand on voit les petites jeunes, la relève qui est là, tu te dis que quand tu seras partie, l’équipe de France va continuer. C’est une suite logique des choses. Je suis arrivée, certaines ont arrêté, il est temps de laisser la place aux jeunes. Il n’y a pas de bons ou de mauvais moments pour ça. C’est vrai que je n’arrête pas sur une médaille d’or mais c’est quand même une médaille. Le championnat d’Europe c’est quand même un championnat très relevé. Déjà je devais arrêter après Rio. Ma blessure m’a donnée envie de finir sur mes deux jambes, de pouvoir jouer et c’est pourquoi j’ai continué.
Toi qui a connu la clandestinité des championnats d’Europe, notamment ton premier en 2003 en Grèce, quel bilan fais-tu de ta médiatisation, sur le fait que la finale a obtenu une bonne audience sur W9, qu’elle est passée aussi sur Canal+? Tu es le symbole de la médiatisation de l’équipe de France féminine qui parfois est même supérieure à celle des garçons ?
Les Jeux Olympiques de Londres avec notre médaille ont eu un impact énorme sur le basket féminin avec un public qui n’est pas fait uniquement de connaisseurs basket. Certains m’ont découvert à Londres alors que j’avais déjà un titre de championne d’Europe (NDLR : à Riga en 2009). Je crois que cette médiatisation continuera tant que l’on aura des résultats. L’équipe de France n’est pas animée par le fait qu’on a envie d’être reconnu et de passer dans les médias. C’est bien, c’est plus plaisant de jouer dans des salles pleines, d’avoir des supporters qui se déplacent, d’être mis dans des conditions agréables en France comme à l’étranger, mais notre but ultime, c’est le basket, de gagner des titres. Ma génération et celles que j’ai côtoyé, on a toujours eu en tête d’être au service de l’équipe de France et pas de se servir de l’équipe de France pour rayonner individuellement. Bien sûr que les médias aiment prendre des individualités mais il n’empêche que les résultats sont toujours collectifs et les médailles, on les a toutes autour du cou. Si on commence à rechercher la starisation d’une fille ou d’une autre le groupe n’avancera pas au même niveau. C’est aussi la politique de la fédération qui veut ça aussi, c’est un sport collectif le basket. Quand on voit que l’on est traité comme les garçons alors que l’on sait bien qu’ils rapportent plus d’argent, on a beaucoup de chance.
https://www.youtube.com/watch?v=EligGv7vBbU
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Photos: FIBA Europe