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C’est fait, l’Hermine de Nantes est sorti de l’ombre !

Blotti depuis un quart de siècle dans le ventre mou de la Pro B, le Nantes Basket Hermine a fait parler de lui ce week-end, en bien, en remportant la Leaders Cup face à Antibes (73-58). Pour ce club un peu noyé dans le paysage sportif nantais c’est déjà beaucoup.

Blotti depuis un quart de siècle dans le ventre mou de la Pro B, le Nantes Basket Hermine a fait parler de lui ce week-end, en bien, en remportant la Leaders Cup face à Antibes (73-58). Pour ce club un peu noyé dans le paysage sportif nantais c’est déjà beaucoup.

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Nantes est une ville qui compte sur la façade Atlantique, la Loire-Atlantique regorge de licenciés, l’ABC Nantes a connu ses heures de gloire il y a plus d’un demi-siècle avec les frères Le Ray, Marcel et Michel, un temps le Nantes BC a flambé, et l’Hermine de Nantes, née en 1891 (!)  est arrivée en Pro B en 1995 pour ne plus jamais la quitter. Un record national d’endurance. Seulement, le club n’a jamais réellement fait parler de lui. Pas de montée en Pro A. Pas de trophée. Ses coups d’éclat sont d’avoir embauché une femme comme GM, l’ancienne internationale Audrey Sauret, et d’avoir joué la finale d’accession en 2017 face à Boulazac. Seulement, l’histoire ne retient que les vainqueurs. Alors cette victoire en Leaders Cup Pro B face aux Sharks d’Antibes n’est pas qu’une simple péripétie. Peut-être pas un aboutissement, du moins une étape fondamentale.

« Je suis content pour le club car c’est un premier titre, c’est historique », s’extasiait ainsi Gary Chatuhant, 429 matches de Pro B au compteur pour seulement 83 en Jeep Elite lors d’épisodes à Brest et au Portel. « Pour moi aussi, pour ma carrière, un titre de Leaders Cup, c’est… » Il ne termine pas sa phrase avant d’ajouter : « Il n’y a pas encore les larmes mais il y a beaucoup d’émotion. On a travaillé pour ça. Je suis content des gars, tout le monde a apporté quelque chose dans le match. J’ai eu des shoots ouverts, je n’ai pas mis dedans mais c’est comme ça le basket. J’ai cherché à défendre, je suis allé au rebond. »

Ludovic Negrobar a également tout de suite fait référence au moment historique que vivait le Nantes Basket Hermine.

« C’est important car c’est le premier trophée du club. Je suis arrivé la saison dernière et je suis hyper content de marquer ce club-là. Demandez aux supporters, ils sont hyper contents. Ils étaient là, il y a 20-25 ans, je n’étais même pas né ! »

Jean-Baptiste Lecrosnier, Breton mais de Rennes, n’était évidemment pas insensible au fait d’être le coach d’une équipe de pionniers.

« On ouvre le compteur qui jusqu’ici était resté bloqué à zéro. C’est important pour les gens du club, les gens qui aiment ce club depuis tellement longtemps et qui attendaient ça. Nos dernières semaines ont été compliquées et ça nous préoccupe forcément. On a réagi aujourd’hui de la meilleure des façons. Je viens chaque année voir la Leaders Cup pour les quarts-de-finale et vous vous rendez-compte que c’est une organisation magnifique. C’est devenu un très gros évènement basket. De venir ici c’est une fierté de représenter le maillot, notre ville. Ça concrétise l’investissement des personnes au club. Les gens attendent ça depuis tellement longtemps. Je suis très content pour tous les gens qui gravitent autour du club. Vous savez, à Nantes, il y a la concurrence avec le football, qui est historique, lorsque je suis arrivé à Nantes, le handball était en deuxième division et là ils ont fait un final four d’Euroleague, ils sont à guichets fermés 20, 21, 22 matches de suite. Ils ont fait un travail magnifique. Si ça peut nous permettre d’exister un peu mieux, de faire notre place, si ça peut nous donner une crédibilité supérieure dans le sport de haut niveau à Nantes aux yeux des gens, c’est quelque chose d’important. »

Davantage affamés

C’est un véritable exploit que les Nantais ont accompli quand on observe les trajectoires des deux finalistes en championnat. Les Nantais sortaient d’une mauvaise passe : 1 victoire pour 6 défaites dont certaines pas jolies à voir. Oublié le bon début de saison, ils sont désormais englués à la 10e place avec 10 victoires et autant de défaites. A l’inverse, les Sharks d’Antibes sont arrivés à la Disneyland Arena gonflés de confiance avec 5 victoires de suite dont une à Paris le jeudi qui a précédé la finale.

« On est resté fidèle à ce que l’on dit depuis le départ. C’est-à-dire que la Leaders Cup est venue s’intercaler très tôt dans le championnat de Pro B, la coupe de France également. On voulait sortir des poules et les mecs ont très vite eu cette ambition en se disant, il y a un quart, une demie, ça serait super de faire quelque chose. Ce qui est à la fois intéressant et ambigu, c’est que c’est difficile aussi de compter dessus. C’est-à-dire que le match le plus important c’est toujours celui qui vient. Cette finale, on a essayé de la laisser de côté mais malgré tout c’est dans les têtes depuis quelques semaines. C’est vrai que depuis le dernier match de championnat, on a beaucoup parlé du contexte, de la façon dont ça allait se dérouler ici, de notre programme. On a décidé d’ouvrir un peu les vannes car j’avais aussi envie que l’on profite de cette qualif car les gars l’ont méritée. Ce match-là est complètement différent de notre quotidien », analysait le coach nantais.

L’ossature des Sharks est construite avec d’anciens joueurs de Pro A et même à la mène, un joueur au pedigree qui détonne dans la deuxième division d’élite, Roko-Leni Ukic, 35 ans, ancien international croate, ex-NBAer, ex-joueur d’Euroleague, qui a été capable depuis la rentrée de quelques coups de sang comme ses 28 points et 10 passes face à Vichy-Clermont mais aussi de défaillances étonnantes, à l’image de son -2 à l’évaluation contre Souffel. Le coach Nikola Antic comptait d’ailleurs sur l’expérience de ses cadres pour faire la différence dans le money time mais c’est le contraire qui est survenu.

« Ils étaient favoris sur la dynamique qui était la leur dernièrement et puis c’est une équipe qui vise la remontée en Jeep Elite tout de suite. Peut-être qu’il était aussi plus simple pour nous de se remobiliser. Lorsque vous enchainez les pertes de match, vous êtes très vigilants. Après leur très bon match à Paris, peut-être, je dis bien peut-être, que c’était plus difficile d’aborder cette finale. »

Peut-être aussi les Nantais étaient-ils davantage affamés. Et cet appétit s’est traduit par une solide défense qui a bloqué les Antibois à 58 points.

« J’ai voulu construire cette équipe-là autour d’un niveau défensif global cohérent. Je pense que c’est la rampe de lancement de tout le reste. Ce soir on a retrouvé un niveau consistant défensivement. Avant on prenait 74 points en moyenne et depuis fin décembre, on prend 80-90. Ça peut arriver face à un adversaire mais quand c’est le cas sur les sept derniers matches… »
« Le coach nous a dit, il faut bloquer la raquette. Donc on a fait un bloc défensif », commentait Gary Chatuhant. « Antibes ne trouvait pas de solutions et Ludo a fait un gros match. Il a mis des shoots durs. On avait besoin d’un gars comme ça en finale. On avait la confiance. On s’est dit qu’il ne fallait pas lâcher, qu’Antibes au bout de moment allait le faire. Personne ne croyait que l’on allait arriver jusqu’ici. J’avais dit au prez que l’on allait prendre cette victoire. Pendant la semaine on n’a travaillé que sur ça. Ça va donner plus de confiance aux gars pour la saison et ça va continuer comme ça. »

Ludovic Negrobar, le facteur X

Pour gagner une finale comme celle-ci, il faut généralement un héros et c’est le grand et mince ailier Ludovic Negrobar (2,08m, 28 ans), qui est sorti de sa boîte. Il a inscrit 22 points avec un 5/7 à trois-points. Ce sont ses deux records en carrière ! Il faut dire que son arrivée dans la ligue professionnelle est toute récente. S’il a joué au Limoges CSP, c’était en équipe 2 en Nationale 2. Il a d’ailleurs transité par toutes les divisions nationales avant de prendre pied en Pro B à l’été 2018.

« J’ai commencé tard le basket. J’ai pris mon temps. J’ai fait étape par étape jusqu’à mon arrivée en Pro B avec un coach comme Jean-Baptiste Lecrosnier, qui en m’ayant au téléphone pour me faire venir à Nantes, m’a dit clairement ce qu’il attendait de moi. J’ai progressé depuis la saison dernière. Je suis de la région parisienne, d’Orly, et il y avait ce soir ma famille, mes proches, ça fait hyper plaisir. »

Ludovic Negrobar a reçu le trophée de MVP de la finale, une véritable success story mais il a voulu renvoyer l’ascenseur :

« Ce trophée (de MVP), c’est grâce à un travail d’équipe. Ce soir ils m’ont mis en valeur et c’est ce qui m’a permis d’avoir ce trophée. C’est un trophée collectif. On a pu mettre en place une défense collective et ça s’est vu dès l’entame du match. Ca a très bien marché pour nous et je suis hyper content. On était mal en championnat mais on s’est dit : la Leaders Cup c’est autre chose, une autre compétition. On sait ce que l’on a fait pour arriver jusque-là. On l’a reproduit ce soir. Ils mettent 58 points. C’est notre défense, c’est notre valeur, c’est notre image. On a pris le match sans pression, on a travaillé dur cette semaine. On s’est dit que l’on allait tout donner à 110%. »

Alors la Leaders Cup, simple parenthèse enchantée pour l’Hermine ou sérieux rebond pour envisager sinon la montée -avec un seul billet disponible en fin de saison, ça peut difficilement être une ambition affichée- du moins une année 2020 pas aussi pénible que l’a laissé entendre le mois de janvier.

« Il ne faut pas que l’on oublie d’où l’on vient aujourd’hui. Ça doit nous prouver que lorsque l’on s’investit de cette façon, dans l’état d’esprit et notre niveau défensif, quand on est dans l’agressivité, l’intensité, des deux côtés du terrain, c’est ça qui va nous faire devenir une bonne équipe. Mais attention, on aura encore beaucoup de matches très compliqué à jouer. On va savourer deux trois jours mais il va vraiment falloir remettre la tête à l’endroit en championnat. »

Au moins avec cette victoire à la Leaders Cup, l’Hermine a t-elle déjà un coupe file pour les playoffs. C’est déjà ça de gagner sur le tableau de marche.

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Nantes est une ville qui compte sur la façade Atlantique, la Loire-Atlantique regorge de licenciés, l’ABC Nantes a connu ses heures de gloire il y a plus d’un demi-siècle avec les frères Le Ray, Marcel et Michel, un temps le Nantes BC a flambé, et l’Hermine de Nantes, née en 1891 (!)  est arrivée en Pro B en 1995 pour ne plus jamais la quitter. Un record national d’endurance. Seulement, le club n’a jamais réellement fait parler de lui. Pas de montée en Pro A. Pas de trophée. Ses coups d’éclat sont d’avoir embauché une femme comme GM, l’ancienne internationale Audrey Sauret, et d’avoir joué la finale d’accession en 2017 face à Boulazac. Seulement, l’histoire ne retient que les vainqueurs. Alors cette victoire en Leaders Cup Pro B face aux Sharks d’Antibes n’est pas qu’une simple péripétie. Peut-être pas un aboutissement, du moins une étape fondamentale.

« Je suis content pour le club car c’est un premier titre, c’est historique », s’extasiait ainsi Gary Chatuhant, 429 matches de Pro B au compteur pour seulement 83 en Jeep Elite lors d’épisodes à Brest et au Portel. « Pour moi aussi, pour ma carrière, un titre de Leaders Cup, c’est…


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Photos: Gregory Leroy, LNB

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