Avec les absences des joueurs NBA et d’Euroleague, Vincent Collet est contraint de réquisitionner l’arrière-ban des internationaux. La FIBA nous promettait un événement hyper médiatique. On a le droit en Europe à une parodie.
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Il y a quatre ans, alors président de la fédération internationale, Yvan Mainini évoquait avec nous la formule de la compétition pour se qualifier à la Coupe du Monde 2019 qui venait d’être votée mais dont les effets à venir n’étaient pas encore perçus du public :
« Depuis la deuxième guerre mondiale, seulement trente-huit pays ont obtenu des médailles aux Jeux Olympiques, championnats du monde et continentaux. Cela veut dire qu’il n’y a pas suffisamment de fédérations compétitives. Là, on voit l’émergence des Philippines en Asie et du Mexique en Amérique, c’est très bien pour l’universalité de notre sport. On veut qu’un maximum de pays puisse participer à la qualification pour la coupe du monde. Le corollaire, c’est de pouvoir jouer devant son public en compétition, ce qui n’est pas possible aujourd’hui sauf à en être l’organisateur. De l’avis de tout le monde, la médiatisation du basket n’est pas suffisante. Durant les dix-huit mois de qualification, cela devrait créer un buzz énorme sur l’ensemble de la planète puisqu’on va jouer 1 600 matches dont on espère qu’ils seront tous télévisés. Il va y avoir ainsi de l’engouement automatique qui va se faire derrière les équipes nationales. »
Notre première remarque avait été d’insister sur le fait que les fenêtres prévues en novembre et février seraient ouvertes sans la présence des NBAers; les franchises de la puissance ligue américaine, nombrilisme oblige, n’allant certainement pas interrompre leur business pour d’obscures matches de qualification à une Coupe du Monde.
Yvan Mainini avait fait alors une réponse qui… nous avait laissé pantois :
« C’est le constat pour aujourd’hui. Il y a un élément à ajouter, personne ne sera qualifié automatiquement à part l’organisateur. Le champion du monde et le champion olympique devront jouer pour se qualifier. Y compris les Américains. Ce qui veut dire qu’à terme, peut-être dans dix ans, ils devront peut-être faire une pause afin de pouvoir envoyer les meilleurs. »
Récemment dans une interview à Ballin Europe, Patrick Baumann, secrétaire général de cette même FIBA a tenu un discours identique :
« Nous avons une excellente relation avec la NBA depuis les années 1980. Notre relation est claire, la NBA libèrera les joueurs tant que les compétitions se déroulent en dehors de son calendrier. En terme d’ambition, les choses changent seulement lorsque l’on commence à perdre sur le parquet. Le basket est un sport mondial et si la NBA veut dominer à l’échelle mondiale alors qui sait, ils devront sûrement envisager un calendrier différent. »
108 joueurs de 42 pays retenus par la NBA
Chacun est libre de partager ou non la vision de l’ancien président et de l’actuel secrétaire-général de la FIBA. Comme humble journaliste, nous estimons qu’il s’agit d’une fausse bonne idée.
Revenons au temps présent. Nous sommes en février 2018 et évidemment, après la pause du All-Star Weekend, la NBA entame le deuxième tronçon de la saison sans avoir jeté un œil sur les qualifications pour cette Coupe du Monde. Cela veut dire que 108 joueurs de 42 pays ne sont pas disponibles pour leurs équipes nationales et il s’agit des meilleurs. Imagine-t-on des qualifications pour la Coupe du monde de foot organisées en l’absence du top 100 des joueurs de la planète ?
Ceux qui ont imaginé cette nouvelle formule ont fait un déni de réalité. Croire que l’on peut bâtir une compétition attrayante et juste sans les NBAers est une hérésie. Ne comparons pas l’incomparable. Le foot, le rugby, le hand, personne d’autre ne doit composer avec un mastodonte comme la National Basketball Association.
On le sait, le pire était à venir. Du moins pour l’Europe. On a longtemps cru que la FIBA avait pris ses précautions auprès des instances européennes, du CIO, des gouvernements concernés afin que l’Euroleague soit contrainte d’interrompre sa saison et de libérer ses joueurs pour ces fenêtres. D’ailleurs la FIBA, qui voulait faire par ailleurs de la Basketball Champions League, la compétition des clubs numéro un du continent, puis la numéro deux, a menacé l’Euroleague et les fédérations récalcitrantes –l’Espagne était disait-elle en passe d’être privée des Jeux Olympiques de Rio-, et tout ceci a fait pschitt… La réalité nous a rattrapé en pleine face. En novembre, il n’y avait ni joueurs de NBA ni d’Euroleague –sinon quelques-uns libérés à la discrétion de leurs clubs, notamment des Russes par le CSKA Moscou, ce qui n’a fait qu’amplifier le sentiment d’injustice.
D’une compétition dévaluée, les qualifications pour la Coupe du monde 2019 sont devenues une mascarade.
Un seul joueur de l’équipe type
Dans cette situation ubuesque, la France, pays légaliste, fait partie des sacrifiés. Elle ne peut disposer ni de ses onze NBAers ni de ses treize joueurs d’Euroleague. Et la FFBB et la LNB ne peuvent pas faire pression sur ses clubs d’Euroleague puisque depuis deux ans, il n’y en a plus.
Nous avons voulu savoir quelle est exactement la valeur de l’équipe de France qui est mobilisée pour le match de ce soir à Strasbourg contre la Russie.
Nous avons pris en compte les joueurs répertoriés dans le Team France soit quarante-quatre. Sont donc exclus les « retraités », Tony Parker, Joakim Noah, Alexis Ajinça et Ian Mahinmi bien que des soutes subsistent à son sujet. Nous n’avons pas considéré non plus Youssoupha Fall puisqu’il n’a pas encore obtenu le feu vert de la fédération sénégalaise.
Les trois sélections ainsi bâties n’engagent que nous et évidemment pas le choix du seul maître à bord, Vincent Collet. C’est subjectif. Ce sont d’ailleurs des All-star teams sachant qu’il est souvent préférable que les 10, 11, 12e hommes appelés à disposer de peu de minutes soient des porteurs d’eau.
Quelle est la conclusion ?
Avec la blessure de Louis Labeyrie –qui à notre sens est devenu un titulaire à part entière suite à son très bon Euro et le suivi constaté avec Strasbourg-, il ne demeure plus qu’un seul joueur de l’équipe type : Boris Diaw.
A notre avis toujours, de l’équipe B idéale, ne sont au rendez-vous de Strasbourg que trois joueurs : Moustapha Fall, Charles Kahudi et Paul Lacombe.
Même si on peut ergoter sur deux ou trois noms, il apparait évident que l’équipe de France actuelle est basée sur l’ossature de l’équipe C. Pour nous, 8 joueurs sur 12.
On notera que le nombre de sélections des 11 joueurs retenus pour le match de ce soir (201) est sensiblement inférieur au total personnel de Boris Diaw (243). Cela en dit long sur leur inexpérience.
Aussi, la France, classée quatrième au FIBA World Ranking, derrière les Etats-Unis, l’Espagne et la Serbie, est contrainte de confirmer son rang en étant dépouillée de ses principaux atouts. C’est quand même fort de café : plus on a de joueurs de valeur et plus on est pénalisé. Amateurs de courses à handicaps, bienvenue !
Yvan Mainini nous promettait un « buzz énorme » durant ces fenêtres. On vous laisse seul juge pour la France*.
On va tous serrer les fesses ce soir et dimanche. En espérant un prompt renfort pour les fenêtres de juin et septembre où tout le monde sera libre (ce qui ne veut pas dire que chacun sera là). Il est évident que si les Bleus parviennent à se faufiler d’une façon ou d’une autre jusqu’en Chine, tout ceci passera aux oubliettes. Et on en rigolera très fort dans dix, vingt, cinquante ans, en se disant qu’à cette époque-là, le basket-ball n’était vraiment pas quelque chose de sérieux.
*Pour l’ensemble de la planète, la FIBA annonce 310 000 spectateurs, 60 retransmissions pour 157 pays, une progression de 1,2 million de fans sur les médias sociaux, 27 millions de vidéos vues et 312 millions de personnes atteintes.
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Il y a quatre ans, alors président de la fédération internationale, Yvan Mainini évoquait avec nous la formule de la compétition pour se qualifier à la Coupe du Monde 2019 qui venait d’être votée mais dont les effets n’étaient pas encore perçus du public :
« Depuis la deuxième guerre mondiale, seulement trente-huit pays ont obtenu des médailles aux Jeux Olympiques, championnats du monde et continentaux. Cela veut dire qu’il n’y a pas suffisamment de fédérations compétitives. Là, on voit l’émergence des Philippines en Asie et du Mexique en Amérique, c’est très bien pour l’universalité de notre sport. On veut qu’un maximum de pays puisse participer à la qualification pour la coupe du monde. Le corollaire, c’est de pouvoir jouer devant son public en compétition, ce qui n’est pas possible aujourd’hui sauf à en être l’organisateur. De l’avis de tout le monde, la médiatisation du basket n’est pas suffisante. Durant les dix-huit mois de qualification, cela devrait créer un buzz énorme sur l’ensemble de la planète puisqu’on va jouer 1 600 matches dont on espère qu’ils seront tous télévisés. Il va y avoir ainsi de l’engouement automatique qui va se faire derrière les équipes nationales. »
Notre première remarque avait été d’insister sur le fait que les fenêtres prévues en novembre et février seraient ouvertes sans la présence des NBAers, les franchises de la puissance ligue américaine, nombrilisme oblige, n’allant certainement pas interrompre leur business pour d’obscures matches de qualification à une Coupe du Monde.
Yvan Mainini avait fait alors une réponse qui… nous avait laissé sans voix :
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Photos: Mam Jaiteh et Paul Lacombe (FIBA Europe)