Après une longue saison et quelques semaines de vacances bien méritées, avec quel état d’esprit allez-vous attaquer votre préparation estivale ? De très nombreux basketteurs vont s’entraîner dur pendant l’été, avec l’intention de développer leur jeu, continuer de progresser et être prêts à relever les défis qui les attendent pour la saison 2024-2025.
Mais voilà, la majorité de ces joueurs vont travailler leur shoot, leurs moves, leur condition physique... alors que ceux qui prendront un avantage sur leur compétition auront, en plus, travaillé leur mental. Qu’est-ce que ça veut dire : travailler son mental ? Comment peut-on le travailler ? Quoi faire pendant l’été ?
Tout d’abord, il faut se rappeler qu’il n’y a pas besoin d’attendre d’avoir “un problème” pour développer ses capacités mentales. L’idée est plutôt de développer et atteindre un potentiel plutôt que d’avoir à régler une situation critique. Ceux qui travaillent leur mental ont compris qu’il était primordial de prendre le contrôle de leurs émotions, d’apprendre à se connaître le mieux possible et de savoir comment anticiper et gérer certaines situations quand on les rencontre au fil de la saison.
Être efficace et productif
Passer des heures à s’entraîner, c’est super, mais s’entraîner qualitativement c’est mieux. Car il faut beaucoup de répétitions pour atteindre un certain niveau d’exécution dans un move ou sur un enchaînement spécifique, d’où l’importance de votre capacité à être pleinement concentré sur ce que vous faites.
Avoir la capacité d’être dans l’instant présent, comprendre quand produire une intensité maximale et quand récupérer, accepter de ne pas se focaliser sur chaque tir raté ou balle perdue, mais sur le processus de développement, rester concentré plus longtemps et se reconcentrer plus rapidement sont quelques exemples qui peuvent paraître anodins mais qui sont pourtant d’une importance cruciale dans l’efficacité des entraînements.
“Les fautes ont eu un impact majeur sur le résultat du match. Je suis un peu confus sur l’arbitrage”
La réaction de Chus Mateo, entraîneur du Real Madrid peut surprendre après la défaite du Real Madrid en finale d’Euroleague contre le Panathinaikos.
Ce club légendaire au succès impressionnant dont les jeunes pousses venaient de remporter un match extraordinaire en finale de l’Euroleague Next Gen contre la magnifique équipe de l’INSEP (85-84 après prolongations) et dont le coach ventait les valeurs et la culture du grand Real Madrid, contrastait avec le discours du coach de l’équipe fanion après la défaite finale.
Qu’un coach soit déçu de perdre un titre peut se comprendre, surtout après une magnifique saison, mais le manque d’intensité et la perte de trop nombreux duels ont eu un impact rédhibitoire sur le résultat final, et les joueurs de la maison blanche avaient le contrôle sur ces deux aspects de leur jeu, contrairement aux fautes sifflées ou pas.
“Ils ont shooté 31 lancers-francs, on en a eu 17 !”
Anthony Edwards qui a pour habitude des sorties médiatiques pleines d’optimisme et de sens de responsabilités, a plutôt décidé de pointer le nombre de lancer-francs de chaque équipe quand on lui a demandé ce qu’il trouvait intéressant sur la feuille de stats, après la défaite du 3-0 à Dallas.
C’est humain de protéger nos arrières en rejetant notre responsabilité, dégageant notre frustration et un sentiment d’injustice sur des éléments qui ne sont pas en notre contrôle. Mais cela ne mène nulle part quand on parle de performance. Encore moins quand on atteint un niveau de compétitivité tellement élevé.
Une réponse qui ressemblerait à “On a shooté à 70,6 % aux lancers, eux à 83,9 %. On a shooté 30 % (9/30) à 3-points, ils ont tiré à 50 % (14/28)”, aurait eu plus de sens pour quelqu’un comme Anthony Edwards, qui n’a pas l’habitude de se chercher des excuses.
Prendre son destin en main
Mais travailler sur ses capacités mentales ne fait pas de qui que ce soit un être parfait, ou quelqu’un maître de chacune de ses émotions. Chaque joueur ou entraîneur aura des moments de doutes, des moments de frustrations. Travailler sur son mental aidera ses joueurs et entraîneurs à faire que ces moments soient le moins présents possible à travers une saison et que quand ils se présentent, ils soient gérés le mieux possible pour une capacité à passer à autre chose plus rapide.
Beaucoup trop de joueurs et entraîneurs jouent le rôle de victimes au cours de la saison, rejetant les responsabilités, alors que ceux qui prennent leurs destins en main en se concentrant pleinement sur ce qu’ils contrôlent, seront à la fois plus performants et plus sains mentalement. Alors que faites-vous pour travailler sur votre jeu et développer le contrôle de votre mental cet été ?
Nico BOURGADE
Nico Bourgade est le coach en performance mentale de l’académie du club d’Euroleague de Zalgiris, à Kaunas en Lituanie, et vient d’accompagner l’équipe de Juventus Utena dans sa saison exceptionnelle, coachée par Oliver Kostic, élu meilleur entraîneur du championnat lituanien et assistant de l’équipe nationale serbe. Il travaille également avec des joueurs/joueuses sur les cinq continents, de joueurs pros de très haut niveau aux meilleurs prospects européens. Il a aussi été sollicité par des programmes universitaires pour partager ses méthodes de travail à travers des colloques sur internet.
Mail : coachnico@themindgameofbasketball.com
Site : www.themindgameofbasketball.com
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