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Top 10 des stratégies mentales pour exceller

En préambule des Jeux Olympiques, nous vous proposons un dossier spécial consacré à la combinaison de compétences mentales alliant maîtrise émotionnelle, performance mentale et développement de QI basket. Notre chroniqueur Nico Bourgade vous les compile dans un top 10. Chronique.

Le top 10 est quelque chose de connu et d’apprécié par les amoureux de basket. Il regroupe habituellement les actions les plus spectaculaires d’une période ou d'une ligue. Et c’est un plaisir pour nous, basketteurs, de le regarder, même si on pourra toujours argumenter sur le classement d’une action par rapport à une autre...

Aujourd’hui, notre top 10 regroupe certains des aspects mentaux majeurs qui impactent les performances des basketteurs. Certains vous paraîtront évidents, alors que d’autres vous surprendront peut-être. Ce travail mental est dans la continuité de celui entrepris par les staffs, il ne doit pas être séparé de la préparation collective mais plutôt la compléter et être en adéquation avec le tout. 

“Pourquoi s’entraîner si dur, si souvent, si ce n’est pas pour être en contrôle de ce que l’on fait ?”

10. La capacité à produire l’intensité maximale

Le basket est un sport avec énormément de possessions et d’efforts intenses, sur des laps de temps très courts. La capacité des joueurs à produire cette intensité maximale dans des moments clés les met le plus souvent en situation de réussite. Cela peut paraître simple et évident, mais ça ne l’est pas toujours pour beaucoup de joueurs. Quelques exemples :

  • Une attaque d'un-contre-un depuis la ligne à 3-points demande réellement autour de deux secondes d’intensité. 
  • Savoir reconnaître une grosse pression défensive sur une press tout terrain peut aussi vous demander d’élever votre intensité sur plusieurs secondes pour vous démarquer, ou passer votre défenseur plutôt que de subir l’agressivité de votre adversaire. 
  • Gagner son duel au rebond va demander au joueur de remporter “la bataille” en s’imposant grâce à une agressivité supérieure à celle de son adversaire (en plus d’un bon placement, timing et lecture de trajectoire du ballon).

La capacité que les joueurs ont à produire cette intensité maximale dans ces moments clés leur permet d’être plus productifs et d’être récompensés en provoquant plus de fautes, en élevant leur taux de réussite aux tirs, en récupérant plus de rebonds, ou même en perdant moins de ballons... Avoir la capacité de produire cette intensité maximale est une compétence utile à développer pour tout basketteur.

9. La gestion des fautes

Comment utiliser les fautes à son avantage, en optimisant leur utilité ? Beaucoup en connaissent la théorie, combien la maîtrisent en pratique ? Exemples :

  • Depuis quelques temps, la mode est de couper les contre-attaques par une faute volontaire, mais désormais, il faut éviter la faute anti-sportive sur ces situations-là, en s’assurant de jouer le ballon systématiquement.
  • Avoir connaissance du nombre de fautes de son équipe : il y a encore beaucoup de joueurs qui arrêtent la contre-attaque par réflexe au milieu du terrain, ou loin du panier, et donnent deux lancers-francs alors que leur équipe est déjà dans la pénalité.
  • D’autres joueurs savent qu’ils ont la possibilité de faire faute car l’équipe n’est pas dans la pénalité, mais au lieu de faire faute au bon moment, donnent la faute lorsqu’il y a action de tir, et donc n’utilisent pas cette faute à bon escient en offrant deux lancers-francs à leurs adversaires.
  • La gestion des fautes, c’est aussi avoir conscience du nombre de fautes de ses adversaires pour aller chercher deux points faciles sur la ligne, ce qui peut être très utile lors de périodes de doute. 
  • Certaines équipes n’arrivent pas à stopper des joueurs très forts offensivement. Avoir la malice de les provoquer défensivement pour les mettre en situation délicate au niveau des fautes est un moyen efficace d’envoyer ces joueurs sur le banc.

8. La cohésion d’équipe  

Voilà un aspect qui sépare les bonnes équipes de celles qui réalisent de grandes performances, car oui, une formation dans laquelle les joueurs s’entendent plus que bien seront prêts à se transcender les uns pour les autres. 

La connaissance et l’acceptation du rôle de chacun, l’aura et le charisme des leaders, la communication ouverte et positive, le désir d’atteindre un but commun, la camaraderie mise en place seront tous des atouts qui aideront les joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes et à se sublimer. 

Et tout ça serait bien difficile à mettre en place si les joueurs eux-mêmes n’étaient pas individuellement dans un état mental de bien-être.

Eliminés lors du TQO, Domantas Sabonis et la Lituanie n'iront pas aux JO de Paris 2024. © FIBA

7. La gestion des émotions

Un grand classique, évidemment. Quel impact cela va-t-il avoir lors des Jeux Olympiques ? Car l'importance est de mise lors d’un évènement qui ne se déroule que tous les quatre ans, et auquel vous n’êtes pas sûr de participer à chaque fois. Demandez aux Lituaniens, absents pour la deuxième fois consécutive, ou aux Grecs qui seront à Paris cet été, après une absence de 16 ans aux JO...

Les attentes sont alors décuplées et certains joueurs peuvent se mettre une pression démesurée dans un contexte unique et différent de ce qu’ils peuvent avoir l’habitude de vivre lors d’une autre compétition internationale.

Savoir gérer l’impact médiatique extraordinaire, le fait de représenter son pays, une première compétition majeure pour certains, une dernière pour d’autres, le fait de jouer à domicile pour nos Français... tout cela provoque chez les joueurs des réactions différentes. Savoir reconnaître ses émotions pour apprendre à les gérer est une force.

6. La capacité à être concentré plus longtemps et se reconcentrer plus vite 

Dans l'idéal, on aimerait que chaque joueur maintienne une concentration maximale lors de chaque prise de rebond, chaque repli défensif, chaque dernière possession et chaque consigne donnée pendant un temps-mort. Cependant, au-delà de cette capacité à rester concentrés dans ces situations, il est essentiel que les joueurs soient également conscients des moments où leur attention faiblit. 

Apprendre à regagner rapidement leur focus plutôt que de rester dans un état d'esprit fixe où chaque situation semble immuable et où les résultats semblent inaltérables. 

Cela signifie développer une vigilance intérieure et une flexibilité mentale qui leur permettent de réagir rapidement et efficacement aux fluctuations de leur attention, afin de minimiser les erreurs et maximiser leur performance sur le terrain. En comprenant et en maîtrisant cette dynamique, les joueurs peuvent non seulement améliorer leur performance individuelle, mais aussi contribuer de manière significative à la réussite collective de l'équipe.

5. Savoir relever les challenges à travers l’adversité 

Combien de joueurs ont la faculté de répondre à l’adversité en élevant leur niveau de performance ? La question ne se pose pas sur un seul évènement mais avec régularité. Combien de joueurs ont la maîtrise de leur discours interne et de leur langage corporel lorsque l’équipe adverse leur inflige une série de 10-0 ? Combien auront la capacité de reprendre le contrôle lorsqu’ils joueront dans une ambiance hostile ? Combien sauront élever leur performance lorsque l’arbitre omettra de siffler une faute ? 

Trop de joueurs laissent encore transpirer leur frustration à travers un langage corporel qui transmet ces émotions négatives à leur équipe, en plus d’ajouter un surplus de confiance à leurs adversaires. Beaucoup oublieront ce qui fait leur force, et se lanceront à l’aventure d’exploits individuels, qui les guideront vers des pourcentages faibles et un taux d’échec élevé.

Car il est facile de se sentir en confiance et de respecter un plan de jeu quand tout va dans votre sens. Les joueurs qui ont la capacité à traverser les moments d’adversité sans que ça n’affecte leur confiance, ont un avantage certain sur les autres.

4. L’anticipation dans la prise de décision 

Les joueurs capables d'anticiper leurs prises de décisions ont toujours une longueur d'avance sur ceux qui attendent de recevoir le ballon pour décider s'ils vont shooter, passer ou attaquer le panier. 

Lorsqu'un joueur a déjà pris sa décision à l'avance, il agit avec conviction, sans hésitation quant à savoir si shooter est le bon choix. La décision est déjà prise, et le joueur peut se concentrer entièrement sur une exécution parfaite, sans être perturbé par des doutes susceptibles de nuire à sa confiance ou à sa capacité à marquer.

Cette capacité d'anticipation confère à ces joueurs un avantage décisif, leur permettant non seulement de gagner en efficacité, mais aussi de prendre le dessus sur leurs adversaires, qui se retrouvent à subir cette anticipation. Ne vous contentez pas de réagir à ce qui se passe sur le terrain, anticipez !

Sergio Llull, un maître dans l'art de l'anticipation. © Espagne

3. L’adresse aux lancers-francs

Les lancers-francs sont un grand classique auquel les joueurs de basket s’exercent à chaque séance d’entraînement, à travers le monde entier, depuis les catégories jeunes. Cela n’empêche pas malgré tout, un manque d’efficacité récurrent et flagrant, chez une majorité de joueurs, même au plus haut niveau, jusqu’à être un problème fréquent en Euroleague ou en NBA. 

Dernièrement, l’exemple était flagrant lors de la troisième journée de l’Euro FIBA U20 à Gdynia, en Pologne, où huit des meilleures nations européennes ont combiné un pauvre 120/204 sur la ligne, pour un total de 58,8 % ! 

Voici la liste des pourcentages ce jour-là, qui prouve que le problème est bien global : France 16/32 (50 %), Espagne 7/17 (41,2 %), Slovénie 11/18 (61,1 %), Serbie 19/29 (65,5 %), Lituanie 25/38 (65,8 %), Italie 20/32 (62,5 %), Turquie 11/22 (50 %), Allemagne 11/18 (68,8 %).

La plupart de ces joueurs rencontrent des difficultés dans leur approche mentale mais combien continueront à garder une approche traditionnelle sans y ajouter une préparation mentale qui leur permettra de performer avec plus de régularité, et de gagner en efficacité dans les moments chauds tout au long de leurs carrières ?

“Un différentiel d’une dizaine de points !”

2. La gestion de l’horloge en fin de quart-temps

Les émotions ont encore plus d’impact sur la performance lorsque l’on ajoute au score, l’aspect temporel. Ça peut paraître si simple, et pourtant la gestion des derniers moments d’un quart temps peut vous donner un avantage ou vous faire perdre une dizaine de points par match.

On parle maintenant plus souvent du 2+1, où comment profiter de deux possessions lorsqu’il reste une quarantaine de secondes, plutôt que d’utiliser le chrono sur un temps de jeu long qui ne laissera qu’une possession, à l’équipe adverse. Beaucoup en prennent conscience, peu le maîtrisent. 

Car l’idée n’est pas de prendre un tir rapide, avec une pauvre qualité d’exécution et un tir déséquilibré juste pour avoir une possession supplémentaire. Mais lorsque vous avez l’opportunité de mettre en place un système court, travaillé, et maîtrisé, avec des joueurs qui comprennent pourquoi ils le font et qui exécutent avec détermination, vous vous mettez alors en situation de réussite élevée, et avec une possession supplémentaire. Il n’est pas sorcier de comprendre que si vous avez plus de possessions (de qualité), vous avez plus de chances de marquer, et donc de gagner...

La gestion des dernières possessions du quart-temps est un autre critère sur lequel beaucoup d’équipes peuvent également gagner des points. Entre la prise de décision du timing du tir et le niveau d’efficacité dans la qualité de ce même tir (se défaire de la défense, être équilibré, et prendre un tir que l’on a travaillé à l’entraînement) beaucoup d’équipes ont là aussi un potentiel évident à développer pour gratter quelques points supplémentaires, ou éviter d’en donner à leurs adversaires. 

“Je n’ai pas fait du bon boulot” - Steve Kerr après Etats-Unis - Soudan du Sud

1. La capacité à prendre ses responsabilités

Le numéro 1 de notre top 10 est peut-être le plus gros défaut rencontré, à savoir l’incapacité de beaucoup de joueurs et entraîneurs à prendre leurs responsabilités. Ils auront une explication pour une piètre performance, rejetant la faute sur un coéquipier, un arbitre, le coach, ou éventuellement le ballon, le cercle, ou le panier.

Vous pouvez choisir d’agir en victime ou prendre vos responsabilités sur l’investissement, l’attitude et l’effort qui doivent être les vôtres par rapport aux standards que vous avez établis.

Dernièrement, Team USA a frôlé une défaite historique contre le Soudan du Sud, (101-100) et Anthony Davis a commenté : “On a été pris dans les embouteillages londoniens et on est arrivés en retard au match. Cela a perturbé la routine des joueurs.” 

Alors que Steve Kerr a de son côté admis : “Je n’ai pas fait du bon boulot pour préparer mon équipe. On n’était pas assez concentrés sur ce qu’ils sont capables de faire et c’est de ma faute.

Que ça soit sur une action, sur un quart-temps, sur un match ou même sur une série, la capacité des joueurs et des entraîneurs à prendre leurs responsabilités, en ayant l’humilité de se regarder dans le miroir et de se demander s'ils ont vraiment tout donné est la première étape. La seconde étant de savoir apprendre de ses erreurs.

C’est une bonne expérience pour nous, un bon rappel que lorsqu’on joue ces équipes, c’est la plus grosse expérience de leur vie et on doit s’attendre à ce que tout le monde joue comme ça”, poursuit le sélectionneur US.


Ce top 10 est bien moins spectaculaire qu’un dunk postérisant un adversaire, qu’une passe magique entre les jambes ou qu’un panier au buzzer, et pourtant, chaque aspect peut permettre à votre équipe de gagner en efficacité en allant chercher des points intelligemment et en ayant la maîtrise de soi.

À vous de prendre votre destin en mains, en prenant le contrôle de votre propre top 10. Faites de votre mental une force. 


Nico BOURGADE
Nico Bourgade est le coach en performance mentale de l’académie du club d’Euroleague de Zalgiris, à Kaunas en Lituanie, et vient d’accompagner l’équipe de Juventus Utena dans sa saison exceptionnelle, coachée par Oliver Kostic, élu meilleur entraîneur du championnat lituanien et assistant de l’équipe nationale serbe. Il travaille également avec des joueurs/joueuses sur les cinq continents, de joueurs pros de très haut niveau aux meilleurs prospects européens. Il a aussi été sollicité par des programmes universitaires pour partager ses méthodes de travail à travers des colloques sur internet.

Mail : coachnico@themindgameofbasketball.com
Site : www.themindgameofbasketball.com


A relire - notre chronique "le mental dans le basket"

1 - Les bases de la préparation mentale
2 - La méditation, l’outil mystique de la performance
3 - Le périlleux exercice du lancer-franc
4 - Fonda-mental
5 - Ces détails qui n'en sont pas
6 - L'importance de nos perceptions
7 - Dans la tête d'un arbitre d'Euroleague
8 - La positive gratitude
9 - Le temps des dinosaures
10 - L'adversité, un allié de poids
11 - Le traumatisme espagnol
12 - Une douce symphonie
13 - Scanner d'un fiasco bleu-blanc-rouge au Mondial
14 - L'influence des parents
15 - L'impuissance face aux séries
16 - Le facteur X de l'été

Mais aussi...
Entretien avec David Blatt sur le mental dans le basket
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Chronique - Le mental dans le basket : Le facteur X de l’été
Dans un nouvel épisode de sa chronique, notre coach mental Nico Bourgade nous donne ses conseils pour se préparer mentalement lors de l’intersaison estivale.

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