Pour être membre des deux jurys, je peux assurer qu’il était plus facile d’élire les coaches de la décennie de la Ligue Nationale de Basket que ceux de Pro A pour cette saison.
Comment contester sur chacune des périodes la prédominance de Bozidar Maljkovic (1987-97), Grégor Beugnot (1997-2007) et Vincent Collet (2007-2017) ? Leur palmarès parle pour eux.
Le Franco-Serbe guida le Limoges CSP vers le titre européen et tous ses collègues consultés ont toujours dit qu’il avait révolutionné le basket en France, en faisant défendre ses joueurs comme des morts de faim, en contrôlant le tempo en attaque et aussi avec une exigence d’entraînement jusque-là jamais imaginée.
A partir de 1992, le second redonna vie à l’ASVEL qui se qualifia pour le Final Four de l’Euroleague de 1997. Depuis vingt ans, on n’a jamais fait mieux. C’est ce que l’histoire retiendra -davantage que ses cinq tentatives avortées en finale de Pro A- et aussi le fait qu’il a été élu quatre fois entraîneur de l’année.
Même constat pour Vincent Collet. [arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »] Plus que les quatre échecs en finale avec Strasbourg, ce sont ses titres avec Le Mans (2006) et Villeurbanne (2009) et encore davantage ses médailles avec les Bleus, à commencer par l’or en 2013, qui sont passées à la postérité.
Sept candidats, trois nominés, un élu
A l’inverse, il y a fort à parier que l’élu cette saison en Pro A n’aura pas le droit à un plébiscite tant la concurrence est forte et variée. Aucune statistique n’est évidemment disponible en la matière mais on peut dire qu’on a très rarement enregistré autant de candidats. On en avait répertorié sept. Trois ont été nominés, un seul sera élu.
Déjà, pour quelles raisons récompenser d’un trophée un entraîneur plus qu’un autre ? Réponse : pour ses résultats. Bruts, c’est-à-dire le classement en Pro A de son équipe, son parcours européen si celle-ci était engagée sur ce front, ses titres, et aussi avec quelle matière première ces résultats ont été obtenus. Par exemple : si vous avez une équipe avec une faible masse salariale, c’est plus méritoire de faire les playoffs.
Un autre élément, temporel, a son importance. Pour des raisons de logistique (collationner les suffrages, prévenir les nominés et faire graver leur nom sur les trophées pour la remise prévue cette année le mercredi 17 mai à la Salle Wagram), le jury est appelé à se prononcer en amont de la fin de la saison régulière, même parfois avant le dénouement des Coupes d’Europe, et évidemment avant les playoffs. Une réussite ou non dans ce money time est pourtant fondamentale quand on doit décerner des récompenses. C’est donc un brin biaisé. Impossible de faire autrement.
Zvezdan Mitrovic, notre numéro 1
Voici, à notre sens les quatre coaches qui ont été recalés in-extremis:
7e– Eric Bartécheky (Pau). Il a remis l’Elan Béarnais sur le devant de la scène nationale et le choix de ses deux derniers meneurs (Juice Thompson et DJ Cooper) prouve qu’il a du flair.
6e-Freddy Fauthoux (Paris-Levallois). La mairie de Paris a coupé les ailes au PL mais celui-ci court toujours. Avec Antoine Rigaudeau aux commandes, les Franciliens étaient mal embarqués ; la figure emblématique des Landes a transmis son fighting spirit à ses joueurs, les a épanouis, à commencer par la paire de big men Vincent Poirier-Louis Labeyrie.
5e– Vincent Collet (Strasbourg). Le coach des Bleus avait quitté la SIG et fait la place à son confrère de l’équipe nationale finlandaise, Henrik Dettmann. La greffe n’a pas pris avec celui-ci, tel Zorro Vincent Collet est revenu en Alsace et Strasbourg a retrouvé aussitôt ses standards.
4e– Jean-Denys Choulet (Chalon). C’est très cruel de ne pas mettre le Bisontin sur le podium. Jean-Denys Choulet est réputé depuis une quinzaine d’années pour la qualité de son recrutement américain et John Roberson et Cameron Clark sont candidats au trophée de MVP. Ce n’est pas tout. C’est à Chalon que Moustapha Fall (2,18m), le meilleur joueur français de la saison –minimum- s’est fait une stature de futur international. Et puis, tout en améliorant la partie défensive, l’Elan Chalon est toujours aussi brillant offensivement.
Et voici, notre tiercé personnel, qui ne préjuge en aucun cas du résultat du suffrage « universel »:
3e– Eric Girard (Le Portel). L’ESSM possède le 16e budget de Pro A et le coach a constitué son équipe avec des joueurs estampillés Pro B. Chacun aujourd’hui louange la qualité du jeu des Portelois qui ont un pied en playoffs. Ce qui est fort, c’est que Eric Girard a déjà été en réussite avec des clubs aux profils diamétralement différents: Cholet (deux Coupes de France d’affilée), Le Havre (d’une équipe modeste il en fit un finaliste de Semaine des As), Strasbourg (champion de France, élu entraîneur de l’année 2005) et Limoges (retour en Pro A).
2e-Pascal Donnadieu (Nanterre). Le voici en compagnie d’André Buffière comme l’un des deux seuls coaches français à avoir gagné deux Coupes d’Europe. Plus une nouvelle Coupe de France. Nanterre 92 n’a ni le plus gros budget, ni les meilleurs joueurs pris individuellement, l’équipe change en permanence, et pourtant l’épopée perdure. Devinez qui en est le principal responsable ?
1er Zvezdan Mitrovic (Monaco). Déjà l’an dernier, il avait échoué sur le fil. La participation de la SIG à la finale de l’Eurocup avait fait basculer l’aiguille de la balance en direction de Vincent Collet. Depuis, l’AS Monaco a gagné la Leaders Cup, s’est classée troisième en Champions League -dont le niveau est sensiblement plus élevé que la FIBA Europe Cup- et va terminer en tête de la saison régulière de Pro A. Chacun est très respectueux du job fourni par le coach monténégrin, qui a formé un bloc quasi indestructible à l’échelle française. Comment ne pas en faire notre numéro 1 ?
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Photo: Zvezdan Mitrovic (FIBA Europe)