FC Barcelone, Anadolu Efes Istanbul, Fenerbahçe Istanbul, Zalgiris Kaunas, Real Madrid, Armani Milan, CSKA Moscou, Maccabi Tel Aviv, Olympiakos Le Pirée, Panathinaikos Athènes et Baskonia Vitoria ont obtenu de l’Euroleague une présence permanente dans la compétition.
Ce système de franchises pour 11 clubs sur 16, sur le modèle de la NBA, peut prêter à controverse (l’Euroleague est désormais une ligue quasi fermée alors que la tradition européenne est basée sur la participation des champions nationaux et une remise en cause de la compétitivité sportive) mais notre orgueil national doit-il en souffrir, il faut avouer qu’aucun de nos représentants n’y avait sa place.
« Avec 11 622 spectateurs en moyenne Baskonia Vitoria a établit en 2016 la meilleure affluence du top 16 devant le Panathinaikos (10.949), le Real Madrid (10.944) et le Zalgiris (10.818) »
Vitoria, le numéro 1 à l’affluence
Ces onze franchises sont issues de capitales, administratives ou économiques, disposant d’un grand bassin de population, d’enceintes « haut standard », jusqu’à 19 000 pour le Pana, et dont la culture basket a pris sa source pour la quasi totalité il y a plusieurs décennies. Le Pana était déjà champion de Grèce en 1946, Olympiakos trois ans plus tard, Milan fut un club précurseur dans les années soixante, Zalgiris et le CSKA s’entredéchiraient du temps de l’URSS et le clasico Real-Barça est la référence suprême du genre en Europe comme au foot.
En fait, seul Baskonia Vitoria pourrait faire figure de vilain petit canard avec ses 240 000 habitants et son apparition à haut niveau datant de seulement d’un quart de siècle mais ce serait oublier qu’avec 11 622 spectateurs en moyenne le club a établit en 2016 la meilleure affluence du top 16 devant le Panathinaikos (10.949), le Real Madrid (10.944) et le Zalgiris (10.818). Des chiffres qui font rêver s’ils ne donnent pas le vertige.
« Le Racing et le Stade Français auraient pu –du- devenir alors l’égal du Real Madrid et du Simmenthal Milan »
Paris est dépassé par 12 clubs de province en masse salariale
Qui peut répondre un jour à ces critères en France ? L’ASVEL et un club à Paris qui reste à construire.
L’agglomération lyonnaise est la deuxième de France, le club a gagné en juin son 18e titre de champion national, fut –c’est loin, c’est vrai- trois fois dans le top 4 européen (1976, 78, 97) et il a un pilote mondialement connu, Tony Parker. Il lui reste à concrétiser pour de bon l’édification d’un palais des sports du XXIe siècle et à faire croître un budget (7,3M€) qui est faible comparé à la concurrence continentale.
Mais comme la France est un pays jacobin, avec une concentration des richesses, de la population, du pouvoir politique, économique, médiatique dans la capitale, cela fait des décennies que le basket national attend pour décoller un « grand club » à Paris. Or, à l’instant T, le Paris-Levallois est dépassé en masse salariale par 12 clubs de province et par 14 en terme de spectateurs pour la saison 2015-16.
On ne va pas établir ici la liste exhaustive des tentatives avortées, du Stade Français Fiat, au PSG de Canal+ en passant par le Racing Adia, mais rappeler un fait plus ancien et qui avec le recul s’est avéré décisif.
Le Stade Français fut champion de France de basket dès 1921. En 1950-51, la moitié des 16 clubs de l’élite était implanté à Paris ou en Ile-de-France et c’est le Racing de Robert Monclar qui fut couronné comme en 1953 et 54. L’un de ces deux clubs omnisports fondés à la fin du XXe siècle auraient pu –du- devenir alors l’égal du Real Madrid et du Simmenthal Milan, d’autant que l’équipe de France était performante.
« Ils avaient tous la volonté de faire mais quand il s’agissait de travailler ensemble, on retombait sur les vieilles querelles »
La mésentente du Racing et du Stade Français
C’est à cette époque, lorsque se sont construits les fondations des franchises qui font l’Euroleague d’aujourd’hui, que Paris a manqué le virage et l’historien du basket Gérard Bosc nous explique pourquoi :
« Le Racing et le Stade Français étaient privés et pas liés à une ville et ils vivaient sur leurs propres deniers. Dans les années cinquante, soixante, le Racing voulait grandir, la volonté de devenir un grand club était certaine, ils étaient fous de basket mais ils n’ont pas eu les moyens financiers, c’est tout. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu de tentatives pour réunir des clubs parisiens, des hommes qui ont voulu développer le basket au Stade Français et au Racing, mais pas de moyens. Il y avait une telle opposition culturelle entre les deux clubs qu’ils se sont retrouvés aussi dans l’incapacité de travailler ensemble, ils pouvaient juste se détruire les uns, les autres. Vu du côté du Stade Français il y a eu notamment un scandale avec le départ des Thiolon vers le Racing. Ils avaient tous la volonté de faire mais quand il s’agissait de travailler ensemble, on retombait sur les vieilles querelles. Cette impossibilité d’alliance Stade Français-Racing se retrouve dans le rugby. Et quand le basket a pris le tournant du professionnalisme disons bidon dans les années soixante-dix le Racing n’était plus dans la course. »
Depuis soixante ans, le basket parisien fait du surplace. Avoir un grand club, disposer de fonds importants, pourquoi pas qataris comme le foot et le hand, d’une grande salle, Bercy 1 (Bercy 2 que promettent les édiles aura une jauge trop étroite) ou de l’Aréna 92, relève toujours de l’espérance sinon de la chimère. Mais quoiqu’il arrive le retard a l’allumage sera extrêmement pénalisant. On voit bien que le PSG foot surpuissant économiquement n’est toujours pas l’égal sportivement du Real Madrid, du FC Barcelone et du Bayern Munich. Infuser la culture, en l’occurrence celle de l’Euroleague, sera quoiqu’il arrive un long, un très long processus.