4 juillet 2023 : Boris Dallo s’engage à l’ASVEL avec la promesse de retrouver l’Euroleague, dix ans après avoir goûté à la compétition-reine avec le Partizan Belgrade. Un objectif qu’il s’était fixé tout au long de sa carrière et qu’il avait de nouveau dans le viseur après une superbe deuxième année à Cholet, qu’il a guidé vers les playoffs de Betclic Elite et la finale de la FIBA Europe Cup. Finalement, ses retrouvailles avec le gotha européen tournent court : le couteau-suisse ne participe qu’à 15 rencontres sur 51 possibles, pour à peine trois bribes de match en Coupe d’Europe et un total de 13’16 minutes sur le parquet. Un temps de jeu plus que limité sous les ordres des trois coaches qui se sont succédé entre Rhône et Saône : T.J. Parker, Gianmarco Pozzecco et Pierric Poupet.
Après six mois d’espoirs non assouvis, Boris Dallo se résigne à donner un nouveau cap à sa carrière à l’aube de ses 30 ans : direction Strasbourg, où il avait déjà joué en 2019-2020. Sans regrets et avec ambition. “À l’ASVEL, j’avais vraiment envie de montrer que j’étais un joueur du standing Euroleague, m’imposer avec mes qualités sur et en dehors du terrain. Ça ne s'est pas fait pour x ou y raisons - moi-même je ne les connais pas totalement. Je ne suis pas rancunier mais il faut avancer, se remémore l’ailier avant sa première finale de Coupe de France. Je suis aussi venu à Strasbourg pour gagner des titres. À ma signature, l’équipe était encore en lice sur plusieurs tableaux, dont la BCL - malgré l’élimination au top 16 - et la Coupe de France. Ma ligne directrice n’a pas changé : je veux aider mon équipe à être performante, gagner des matches et être le plus compétitif possible.”
“A Strasbourg, je dois noircir la feuille de stats et boucher les trous”
Un choix payant puisqu’au-delà de jouer des matches qui comptent, Boris Dallo montre son savoir-faire et retrouve le rythme en Alsace. En huit matches de championnat, le “French Knife” a repris possession de son leadership et de sa rentabilité. Il tourne à 9 points à 50 % aux tirs, 4,5 rebonds et 2,6 passes décisives pour 11,4 d’évaluation en 19 minutes, soit une ligne statistique comparable à celle qu’il avait à Cholet (12,2 d’éval en 29 minutes). Sa très belle performance dans la victoire sur l’ASVEL en mars dernier (18 points, 4 rebonds, 5 passes, 24 d’éval) lui a donné de la confiance. Aujourd’hui, la page villeurbannaise est tournée.
“La frustration est évacuée. Je suis heureux d’être sur le terrain et c’est le plus important car je reviens de loin. J’ai retrouvé ce plaisir de me sentir impliqué dans un groupe, dans des matches, dans des entraînements, ce qui n’était pas toujours le cas à l’ASVEL. En même temps, j’ai beaucoup appris sur moi-même. Ces choses-là sont primordiales pour franchir un cap dans une carrière professionnelle ou dans la vie d’un homme. Je les ai vécues il y a quelques mois. Quand on fait du sport, c’est à la vue de tout le monde. Ça fait partie des épreuves de la vie où il faut surmonter les obstacles.”
Son intégration au sein de l’effectif strasbourgeois s’est déroulée sans accroc. “Ce n’était pas difficile car il y a pas mal de mecs que j’ai déjà côtoyés, avec qui j’ai déjà joué. Ça s'est fait très naturellement, je n’ai pas forcé les choses, analyse le néo-trentenaire. Mon rôle est d’apporter de l'expérience dans un groupe qui n’est pas jeune mais qui n’est pas le plus expérimenté dans le circuit européen mis à part Paul (Lacombe) ou Tyrus McGee. Je dois apporter du liant et faciliter les choses sur le terrain. En quelque sorte, mon rôle est de noircir la feuille de stats et boucher les trous.”
Une relation de confiance avec Massimo Cancellieri
Après avoir été mis de côté par Gianmarco Pozzecco à Villeurbanne, c’est un autre technicien italien qui l’a remis dans le droit chemin : Massimo Cancellieri. Les deux s’apprécient et cela se ressent au travers de leurs différents commentaires dans la presse depuis deux mois, comme nous le confirme Boris Dallo.
“Massimo est une personne droite, qui a toujours eu beaucoup de respect pour les joueurs. J’en ai toujours eu pour lui même quand j’étais à Cholet et lui à Limoges. C’est parti de là. J’ai toujours eu d’excellents rapports avec lui, et encore cette année. Pourtant, j’imagine que ce n’était pas simple pour lui de récupérer un joueur comme moi, qui avait un grand rôle l’année d’avant, qui a vécu six mois compliqués et qui revient sur le devant de la scène. Il m’a expliqué les choses avec franchise et clarté. Il a vraiment cherché à connaître la personne et le joueur que j’étais. Il n’est pas superficiel : il est allé dans la profondeur. Aujourd’hui, on a créé une relation, on essaie de cultiver cette confiance. On tente de se connaître beaucoup plus vite que d’habitude car il faut qu’on gagne et que je m’imprègne de ses principes sur le terrain. Humainement, il fait beaucoup d’efforts pour me guider et me piloter de manière à ce que je sois le plus performant possible.”
Néanmoins, cette nouvelle relation de confiance ne suffit pas à la SIG, 11e de Betclic Elite à trois journées de la fin avec un bilan de 14 victoires et 17 défaites, pour réaliser des séries de victoires. Tombés au Rhénus face au Mans ce mercredi, les Alsaciens ont fait un pas en arrière en vue de la qualifications en playoffs. Celle-ci se jouera à Boulogne-Levallois, déjà condamné, à domicile contre Blois qui joue sa survie, et à Saint-Quentin. Il faudra sans doute un sans-faute pour les atteindre.
Mis de côté le top 8 de Coupe de France et l’exploit contre Monaco en demie, la SIG n’a plus gagné hors de ses bases depuis le 21 janvier dernier à Limoges, un mois avant l’arrivée de Boris Dallo, qui l’analyse ainsi : “On n’a peut-être pas encore compris qu’à l’extérieur, on ne peut compter que sur nous. On doit être en mission. On n’est pas très loin. On s’améliore, à l’image de notre défaite de ce week-end à Bourg-en-Bresse (77-74) où l’on a montré qu’on pouvait être compétitifs face à une équipe du top 4 chez elle. C’est bien mais il faut valider le travail pour ne pas avoir peur de gagner à l’extérieur car il y a des playoffs, une qualification européenne… et un titre à aller chercher à Bercy.”
Un match qui peut “changer la saison du club”
Au vu de l’irrégularité strasbourgeoise, cette finale de Coupe de France arrive à point nommé. “Ce match peut changer la saison du club”, acquiesce le Nantais. C’est aussi le cas de la JDA Dijon, qui n’est plus habituée à d’abord regarder derrière après tant d'années de réussite. Face aux Bourguignons, qui les talonnent au classement de Betclic Elite et qui les ont largement battus le 6 avril dernier au Palais des Sports (80-68), les Strasbourgeois s’attendent à un combat de gladiateurs.
“Une finale ne se gagne pas au talent, c’est d’abord à l’envie. Une finale, c’est toujours une bataille mentale et physique, affirme Boris Dallo. On sait à quoi s’attendre. Dijon est une équipe très physique. Laurent Legname arrive à transférer cet esprit combatif à ses joueurs. Il faudra être prêt dès le début du match car on sait qu’ils vont vouloir imprimer leur rythme, notamment défensivement, et rester soudés 40 minutes, peut-être plus. Il faudra réussir à contrôler David Holston et Cameron Hunt.”
Au-delà de l’aspect technique, Strasbourg devra “trouver un moyen de s’évader pour oublier l’enjeu” tandis qu’a minima un petit millier de supporters strasbourgeois sont attendus à l’Accor Arena. “Une finale, ça se prépare avant, ça se joue maintenant mais quand on entre sur le terrain, il y a déjà 70% de la préparation qui est faite”, assure l’ancien Villeurbannais… qui sait aussi que regoûter à un titre - qu’il n’a plus soulevé depuis celui de champion de Serbie en 2014 avec Joffrey Lauvergne et Léo Westermann sous les couleurs du Partizan - lui servira également à des fins personnelles. Ce serait le meilleur moyen de prouver que ce qu’il a traversé a porté ses fruits.
“J’ai toujours été drivé par la gagne même si je n’ai pas toujours eu la chance d’être dans des équipes capables de performer. J’ai toujours eu une sorte d’équilibre entre mes objectifs personnels et collectifs. Ces deux dernières années avec Cholet et Villeurbanne, j’ai réussi à faire partie d’équipes capables de gagner des titres. J’ai la chance de rejouer une finale et j’ai évidemment très envie de la gagner. Ça peut contribuer à rebooster ma carrière par rapport à ce qui s’est passé avec l’ASVEL, à montrer que je fais toujours partie des joueurs dominants du championnat. Tout le monde aura les yeux rivés sur cette finale. Si on gagne, ça sera tout bénef pour moi.”
Et pourquoi pas retrouver l’Euroleague dans une autre configuration qu’à Villeurbanne ? Tout porte à croire que Boris Dallo n’a pas dit adieu à son rêve, alors qu’il vient seulement d’entrer dans la trentaine.
Boris Dallo sur l’évolution structurelle de la SIG Strasbourg, où il a joué lors de la saison 2019-2020 : “La structure et le front office ont changé. L’apport du GM Nicola Alberani, y compris au niveau du scouting, est plus que primordial. L’arrivée de Matt Pokora, qui va investir, montre que le club essaie de prendre un virage. C’est la chose qui a le plus changé par rapport à mon premier passage où il y avait Vincent (Collet) et un front office différent, avec une approche différente. Ce n’est pas mieux et pas moins bien, c’est juste différent. Je pense ça fait du bien à Strasbourg de se renouveler un peu.”