Médaillée surprise de bronze aux JO de Tokyo l’été dernier, l’Equipe de France féminine de basket aurait dû endosser un maillot d’outsider lors de cette Coupe du Monde (22 septembre-1er octobre 2022). Mais sa préparation, chahutée par les blessures et l’absence provisoire de plusieurs cadres, pourrait présager d’une compétition douloureuse.
De notre correspondante spéciale, à Sydney, Australie
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Avec un groupe remodelé, viser la gagne aurait paru prétentieux. De là à ne se fixer aucun objectif clair ? C’est pourtant bien le choix de Jean-Aimé Toupane. Le sélectionneur, nommé il y a moins d’un an à la tête des Bleues pour les « conduire à la hauteur des ambitions » de la fédération, a placé le curseur plus bas qu’attendu. Son ambition est ailleurs : « Aujourd’hui, c’est le chemin qui est important. Nous avons envie de bien faire, de construire quelque chose malgré notre jeunesse et les absences. On ne veut pas que ce soit une excuse.» Mettre en place ses méthodes, faire émerger une cohésion forte dans le groupe, sont les priorités « pour ensuite penser au résultat ». Il le reconnaît, « c’est un objectif smart ! »
Forfaits en cascade
En pouvait-il être autrement ? Des douze filles qui se sont hissées sur le podium olympique en août 2021, cinq ne participeront pas à cette campagne mondiale. Et pas des moindres : Sandrine Gruda (capitaine), Endy Miyem (vice-capitaine) et Alix Duchet, toutes les trois blessées. Diandra Tchatchouang, retraitée depuis juin, et Valériane Vukosavljevic, qui a privilégiée sa jeune maternité, manqueront aussi à l’appel.
Pas le temps de ruminer. « Soit on se morfond sur notre sort, soit on accepte ce qui se passe », tranche Céline Dumerc. La manager générale de l’Equipe de France préfère se concentrer sur le positif : « Cela donne l’opportunité aux plus jeunes d’intégrer le groupe, de se montrer, et de prouver qu’en France, nous avons un panel de très bonnes joueuses ».
Des retardataires de marque
En garde-fou de cette jeunesse, le staff pourra compter sur l’expérience internationale de quelques tricolores. Une aide précieuse qui n’aurait pas été de trop durant la préparation estivale. Si Helena Ciak, Sarah Michel (capitaine), ou encore Alexia Chartereau, respectivement 109, 102 et 77 sélections, étaient bien présentes, trois cadres ont choisi de piger en WNBA* à l’issue du championnat français. « Quand on a vu les équipes dans lesquelles elles étaient, on savait que ça allait aller loin », concède Céline Dumerc. L’ex-meneuse avait vu juste.
Marine Johannès (Liberty de New York) n’a rejoint le groupe France qu’à la fin du mois d’août. Une intégration lors du stage à Pau, sans entraînement ni match, suivie de quelques jours de vacances. De son côté, Gabby Williams, éliminée en demi-finales des play-offs avec le Seattle Storm, vient tout juste de poser son mètre 80 à Sydney, ce mardi matin. Après vingt heures de vol et dix-sept heures de décalage horaire, l’atterrissage a été brutal pour l’ailière. Peu probable, donc, qu’elle soit apte pour le premier test-match contre l’Australie vendredi (12h30 heure française), même si le sélectionneur laisse la porte ouverte à une apparition.
Enfin, l’arrivée d’Iliana Rupert se précise. Son équipe, Las Vegas, mène désormais 2-0 dans la finale qui l’oppose aux Connecticut Suns (la manche 3 se tiendra vendredi matin). En revanche, si les débats s’éternisaient outre-Atlantique, la Française pourrait arriver seulement 48 heures avant le coup d’envoi de la Coupe du monde australienne ! Ajouté à cela la fatigue engendrée par le voyage, sera-t-elle en mesure de jouer, et ce, dès le premier match de poule ? Ceci explique en partie le choix du staff de ne pas divulguer de liste finale avant la date limite fixée par la FIBA, autrement dit, le 23 septembre.
« La WNBA m’a permis de me relancer »
A première vue, leur retard semble être une énième épine dans le pied du staff. Un frein à l’émergence d’une cohésion d’équipe tant souhaitée, ce que concédait d’ailleurs la manager générale lors du stage à Marseille mi-août. « Le négatif, c’est qu’on ne va pas créer le groupe tout de suite ». C’était sans compter sur le maître mot de cette rentrée : « positiver » !
Si Marine Johannès a gardé un goût amer de sa saison avec l’ASVEL, sur laquelle elle peine encore à revenir, cet enchaînement LFB-WNBA lui aura évité « de cogiter », sans quoi l’été aurait pu être long. Clairement, refuser cette opportunité afin de privilégier la préparation avec les Bleues n’a jamais été une option. « C’était une chance pour moi, on sait à quel point c’est difficile d’y jouer, surtout pour les joueuses européennes. » Un choix payant, cette expérience lui aura permis de se « relancer, de reprendre confiance et de retrouver du plaisir. » Pas sûr que l’arrière de 27 ans aurait été autant en forme moralement sans cette parenthèse américaine. Concernant les deux autres filles, et une potentielle usure psychologique après une saison à rallonge, Céline Dumerc, qui a passé l’été 2014 au Atlanta Dream, n’y croit pas. « Chaque projet, chaque équipe est différente. Tu trouves toujours une nouvelle motivation. »
Et physiquement ? « Pour l’instant, je me sens bien ! L’excitation de la compétition joue aussi sur le corps, je ne réfléchis pas trop si je suis fatiguée ou pas » affirme Marine Johannès. Sur ce point, la manager générale convient d’un enchaînement compliqué, « mais elles restent aussi sur un rythme. Se poser puis repartir peut parfois être plus difficile. » Jean-Aimé Toupane semble vigilant, notamment concernant Gabby Williams. « Notre volonté est de la laisser souffler et qu’elle reprenne progressivement. En fonction de ce que nous dira le médical, on se donnera, ou pas, la possibilité de la mettre sur le terrain vendredi. »
Une cohésion à créer
Les mots sont répétés à l’unisson, depuis mi-août, par tous les membres du staff et les joueuses : « Il y a une bonne ambiance ! » Et pour cause, « il y a déjà eu des connexions entre elles » rappelle le sélectionneur, que ce soit en club ou dans les équipes de France jeunes. « Une chance », selon lui, pour faire prendre la mayonnaise plus vite. Cependant, il le reconnaît, « le niveau auquel elles étaient habituées à jouer n’est pas le même, là il y a plus d’exigences. »
L’arrivée des retardataires WNBA ne semble pas avoir changé la donne. A propos de son intégration dans ce groupe inédit, Marine Johannès confie : « On joue tellement les unes contre les autres en clubs, qu’on se connaît déjà un peu ». Cependant, sur l’aspect du jeu, la Lyonnaise reconnaît avoir eu un peu d’appréhension. « J’avais reçu les systèmes de jeu et on avait déjà parlé de certains principes pendant les fenêtres FIBA durant la saison. Mais en ratant un mois de préparation, je m’attendais à pire. » Le contact entre le staff et les joueuses parties pigées en WNBA n’a, en effet, jamais été rompu.
Pour palier son manque d’expérience, la France devra jouer la carte de la cohésion à fond. De là à devenir son atout numéro 1 ? « C’est le ciment ! », scande l’entraîneur franco-sénégalais. « Elle permet de créer notre identité et c’est sur elle qu’on s’appuie dans les moments difficiles. La cohésion est indispensable. »
« A Paris, en 2024, nous viserons le titre »
Avec la multitude de forfaits ces dernières semaines, les jeunes tricolores ont un coup à jouer. D’abord, pour entrer dans cette liste finale, jeudi prochain, et ainsi prendre part à leur premier grand rendez-vous international. Toutes en sont conscientes si l’on en croit leur attitude, rapportée par la manager général : « Là, on voit toutes les filles impliquées, elles ont faim ! »
Aussi, pour les douze sélectionnées, cette compétition sera une occasion unique d’acquérir de l’expérience et faire leur place dans le futur. Quoi de mieux qu’enchaîner les victoires lors d’une Coupe du monde pour impressionner son staff ? Le tout, à l’aube des Jeux Olympiques 2024. Sur cette échéance, l’objectif est bien plus clair qu’aujourd’hui. « Nous viserons le titre » prévient Céline Dumerc, qui considère la campagne mondiale à Sydney comme « une étape » vers Paris. La recordwoman de capes en Bleues précise, « ce n’est pas parce qu’il y a cette échéance en ligne de mire qu’on va bâcler les étapes, au contraire ! » Avant de conclure : « Il faut voir dans le futur, tout en réalisant que c’est aujourd’hui que ça commence. »
*Selon le site Spotrac, avec 144 000 dollars, Gaby Williams possède le 43e salaire de WNBA pour l’année 2022, Marine Johannes le 128e (40 713$) et Iliana Rupert, qui est rookie le 129e (37 420€)
Le programme de préparation :
France – Australie : vendredi 16 septembre, 12h30 (heure française)
France – Japon : dimanche 18 septembre, 6h00
France – États-Unis : lundi 19 septembre, 8h00
Coupe du Monde 2022 – Sydney (Australie) – 22 septembre au 1er octobre
Jeudi 22 septembre à 12h30 : Australie-France
Vendredi 23 septembre à 10h00 : France-Canada
Dimanche 25 septembre à 6h30 : Mali-France
Lundi 26 septembre à 8h00 : France-Japon
Mardi 27 septembre à 9h30 : Serbie-France
Jeudi 29 septembre : Quarts de finale
Vendredi 30 septembre : Demi-finale
Samedi 1er octobre : Finale
*heure française
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Avec un groupe remodelé, viser la gagne aurait paru prétentieux. De là à ne se fixer aucun objectif clair ? C’est pourtant bien le choix de Jean-Aimé Toupane. Le sélectionneur, nommé il y a moins d’un an à la tête des Bleues pour les « conduire à la hauteur des ambitions » de la fédération, a placé le curseur plus bas qu’attendu. Son ambition est ailleurs : « Aujourd’hui, c’est le chemin qui est important. Nous avons envie de bien faire, de construire quelque chose malgré notre jeunesse et les absences. On ne veut pas que ce soit une excuse.» Mettre en place ses méthodes, faire émerger une cohésion forte dans le groupe, sont les priorités « pour ensuite penser au résultat ». Il le reconnaît,
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Photo d’ouverture : Marine Johannes (FFBB)