Lors des réceptions de l’Olympiakos à la LDLC Arena ce mardi (à 20h45) et le Zalgiris Kaunas à l’Astroballe ce jeudi (à 20h) en Euroleague, où l’équipe de Pierric Poupet arborera fièrement un maillot vintage de couleur verte, l’ASVEL prévoit une série de célébrations. Pour sa légende Delaney Rudd, qui n’était pas revenue en France depuis une décennie, mais plus globalement pour l’ensemble de sa génération 1997, qui a atteint l’historique Final Four à Rome.
EUROPEAN HERITAGE CELEBRATION : J-4️⃣
— LDLC ASVEL (@LDLCASVEL) March 21, 2025
👉 Mardi 25 mars vs Olympiacos à 20h45 à la @LDLC_Arena
🎟 https://t.co/pr91TQpFyk
👉 Jeudi 27 mars vs Kaunas à 20h00 à l'Astroballe
🎟 https://t.co/15fXgvxrnf#LDLCASVEL pic.twitter.com/02jnYHd5jD
Bastien Giffon, responsable communication et relations presse du club villeurbannais, est à l’origine de l’organisation de la semaine de cette Euroleague Héritage Week, ou en français semaine de l’héritage. Celui qui a attrapé “le virus ASVEL” quand son père lui faisait découvrir l’Astroballe raconte les dessous du projet et du retour temporaire de la couleur verte à Villeurbanne. Entretien.
La semaine de l’héritage Euroleague, c’est quoi ?
À la base, c’est une initiative proposée par l’Euroleague. En début de saison, l’organisation a contacté, à l’occasion de son 25e anniversaire - de sa version actuelle -, tous les clubs qui disputent la compétition cette année en leur proposant de s’approprier cet événement pour fêter leur propre héritage européen durant le mois de mars 2025. Il n’y avait aucune obligation de leur part, c’était vraiment pour encourager des initiatives de clubs.
Dans ce cadre, on s’est réunis avec les équipes d’Infinity Nine Media (NDLR : la société de production qui gère notamment la communication de l’ASVEL) et j’ai soulevé l’idée de s’approprier l’événement. C’était l’occasion d’organiser quelque chose qui n’a jamais été fait au club, c’est-à-dire réunir toute la génération de l’épopée de 1997 (NDLR : où Villeurbanne a atteint le Final Four à Rome). Car il y a eu entre-temps les 50 ans et les 60 ans du club mais il n’y avait jamais eu cette envie de mettre précisément en avant ce qui s’est passé à cette époque-là.
Il restait à en parler à l’Euroleague car 1997, ça remonte en dehors des 25 ans d’anniversaire (sourire). Mais c’était plus facile de justifier cela de notre côté car c’est indéniablement le meilleur résultat de l’histoire du club en C1. Le fait de gloire de l’ASVEL en Euroleague, c’est le Final Four à Rome. Nous avons donc proposé cela, l’Euroleague nous a dit “pas de problème” et nous nous sommes lancés dans l’organisation.

Comment vous êtes-vous approprié l'événement au sein du club ?
Dès que l’Euroleague nous a dit oui, nous avons sollicité notre équipementier. Adidas a travaillé en collaboration avec le club pour confectionner un maillot spécial et vintage, pour l’occasion. C’était le premier pas. Ensuite, sans faire injure aux autres, nous voulions absolument faire venir Delaney Rudd, qui a incarné cette génération et qui n’était pas revenu en France depuis plus de dix ans. Je me suis rapproché du président de l’époque, Marc Lefebvre, avec qui j’ai eu un super contact. Je lui ai parlé de mon idée et il m’a dit “Bastien, tu ne peux pas savoir comment ça serait extraordinaire qu’on arrive à faire ça”.
En parallèle de Greg Beugnot (NDLR : le coach de 1992 à 2001), j’ai immédiatement contacté Delaney Rudd et il m’a répondu dans les 10 minutes suivantes : “J’ai déjà hâte d’y être, ça va être génial”. Il restait malgré tout une incertitude car Delaney Rudd est coach (Lady Phoenix AAU Organization, en high school) et, si son équipe se qualifiait, cela tombait pile pendant leurs phases finales, je crois. Après ça, le running gag était de lui dire “j’espère que ton équipe ne se qualifiera pas”. Et finalement, ouf, il est bien disponible toute la semaine (rires).
Ensuite, on a lancé toutes les invitations via les contacts que j’avais récupérés de Marc Lefebvre. Quelques-uns auront des obligations personnelles mais ce qui m’a frappé, c’est que tout le monde a reçu l’invitation de manière hyper positive. J’ai vraiment ressenti une attente de la part des joueurs, du staff et même des partenaires de l’époque. J’ai invité des médias qui suivaient l’équipe aussi et le constat est le même. On sent que tout le monde a envie de se retrouver et de célébrer ça.
DELANEY RUDD IS COMING HOME 4️⃣💚
— LDLC ASVEL (@LDLCASVEL) March 18, 2025
Notre légendaire meneur de jeu sera présent lors de l'European Heritage Week, un moment rare qui s'annonce déja grandiose ! 🫶
Venez vivre ces folles retrouvailles avec notre mythique numéro 4 villeurbannais lors de nos 2 matchs ⤵️
🎟… pic.twitter.com/LDfFWEDHY4
Quel sera le programme ?
Tout d’abord, nous avons choisi cette semaine-là car nous avions deux matches à domicile (le mardi 25 mars contre l’Olympiakos, le deuxième jeudi 27 face au Zalgiris Kaunas). Le premier à la LDLC Arena, le deuxième à l’Astroballe, ce qui nous permet de faire des célébrations légèrement différentes. Toutes les animations seront dirigées vers notre histoire européenne. Il y aura des vidéos d’archives, Delaney (Rudd) sera présenté d’une certaine manière, etc. Pour la petite histoire, c’est l’Olympiakos qui avait remporté le Final Four 1997 (NDLR : face à Barcelone en finale, l’ASVEL avait terminé 4e) donc c’est génial de les accueillir à ce moment-là. Pour le deuxième match, c’est un retour à la “maison”, à l’Astroballe, là où l’épopée s’est construite. Il y aura plus de personnes invitées et présentées, on sera plus dans un moment d’émotion. On profitera aussi de ces matches pour présenter nos produits clubs et notamment ce maillot vintage.
« A partir du moment où nous avons choisi de mettre à l’honneur cette époque, ça n’avait pas de sens de le faire en noir et blanc »
A Villeurbanne, qui dit héritage dit forcément couleur verte. Outre le changement temporaire de logo, c’est la première fois depuis le changement de couleurs du club en 2018 que l’ASVEL va rejouer en vert, avec les noms de l’épopée 1997 en filigrane sur le maillot. Comment cela a-t-il été imaginé et perçu en interne ?
Assez simplement, à partir du moment où nous avons choisi de mettre à l’honneur cette époque, l’histoire et l’effectif 1997, ça n’avait pas de sens de le faire en noir et blanc. Quand nous avons proposé cette idée à la direction, elle a été acceptée immédiatement. Ensuite, c’est Adidas qui a pris le relais en faisant un super boulot pour créer ce joli maillot, avec tous les noms de l’effectif 1997. En interne, il n’y a eu aucun débat. Mais évidemment que l’on a été confronté, dès l’annonce de ce maillot vert, à de nombreux messages sur les réseaux sociaux, avec l’argument du “c’était mieux avant”. On s’y attendait. Aujourd’hui, l’histoire du club est sans le vert mais cela n’empêche pas cet immense respect de cet héritage, qui est très important. En 1997, l’histoire s’écrivait en vert. En voulant faire un clin d'œil historique, il fallait le faire jusqu’au bout.
Certains joueurs étaient déjà là du temps où l’ASVEL jouait encore en vert, comme Edwin Jackson, David Lighty, Charles Kahudi… Quelle a été leur réaction quand ils ont su qu’ils allaient reporter cette couleur durant ces deux matches ?
Il faudrait leur poser la question. Mais je sais que, quand ils ont réceptionné les maillots, ils les ont trouvés exceptionnels (sourire). Ils sont de manière générale très heureux de mettre en valeur l’héritage du club. Comme je le disais, personne n’est rentré dans un débat du “ce serait bien de rejouer en vert”.
Pour clore le débat, ce maillot sera-t-il porté à d’autres occasions que cette semaine en Euroleague, notamment en Betclic Elite ?
Non, ce n’est pas prévu. Le maillot vert sera porté pour ces deux matches d’Euroleague.
Alain "Air France" Digbeu, le numéro 10 mythique de l'ASVEL, sera présent lors des deux matchs de notre European Heritage Week ! ✈️🇫🇷
— LDLC ASVEL (@LDLCASVEL) March 24, 2025
Et qui de mieux que Greg Beugnot, le coach qui l'a lancé, pour vous le présenter ! 🫵#LDLCASVEL pic.twitter.com/oARenRMQuw
Le match de mardi contre l’Olympiakos à l’Arena sera-t-il à guichets fermés, avec l’anneau supérieur ouvert ?
À l’instant T, je ne sais pas si on sera à guichets fermés. Mais on compte sur un effet Delaney Rudd et l’annonce de surprises pour que ce soit plein, mais l’objectif n’est pas complètement là non plus. Nous on est déjà très heureux de faire ça dans nos deux salles différentes. On va prendre beaucoup de plaisir dans ces deux soirées de gala. On veut voir des gens heureux de se retrouver, des supporters contents de revoir leurs légendes et leur équipe actuelle jouer en vert. Guichets fermés ou pas, l’Arena devrait être bien pleine et l’Astroballe sera pleine à craquer, évidemment.
Sur un teaser, on a aperçu le retour des sièges verts - recouverts d’un coussin noir depuis quelques années - à l’Astroballe. Quelles seront les autres surprises prévues jeudi contre Kaunas ?
Pour le savoir, il faudra venir jeudi soir (rires).
Welcome back 💚 pic.twitter.com/yyTc0U4zSk
— LDLC ASVEL (@LDLCASVEL) March 10, 2025
« Le basket français à cette époque, c’était Delaney Rudd »
Concrètement, depuis combien de temps travaillez-vous à l’organisation de cette semaine-là ?
C’est inquantifiable, sincèrement. Mais le projet est né en septembre 2024, la prise de contact avec Delaney Rudd date de début décembre. Cela s’est intensifié après avec des centaines de messages et coups de fil. Mais tout cela, on l’a fait avec énormément de plaisir.
À titre personnel, quand mon père m’a emmené les premières fois à l’ASVEL, c’était pour voir Delaney Rudd et Greg Beugnot. Prendre contact avec tous ces gens, c’était aussi un bonheur personnel. J’avais très envie de mettre en avant cette histoire-là. Certes, le club avance à une vitesse énorme depuis dix ans avec de nouveaux projets chaque saison, mais il ne faut jamais oublier que si le club en est là aujourd’hui, c’est aussi grâce à tout ce qui a été fait avant. Cela vaut pour l’époque de 1997 mais aussi tout ce qui date d’encore avant.
La stat qui me frappe le plus, c’est que l’ASVEL a toujours évolué dans l’élite depuis sa création en 1948. Cette longévité est exceptionnelle, ça veut quand même dire quelque chose. L’ASVEL, ça marche depuis 77 ans en fait ! Ne pas oublier son histoire, c’est important. Il faut être fier de toutes les époques et savoir être fier de son héritage. Ce qui n’empêche pas de voir l’avenir en grand et de manière moderne. Tout ça n’est pas antinomique.
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans l’organisation ?
Dans mes équipes à Infinity Nine Media, j’ai des jeunes qui connaissent le basket mais qui ne connaissaient pas Delaney Rudd quand ils sont arrivés ici. Quand ils ont vu des images et documents d’époque, ils sont devenus fans en trois vidéos (rires). Quand ils ont parlé avec Greg Beugnot, ils se sont rendus compte de son impact. Il faut se souvenir que le basket français à cette époque, c’était Delaney Rudd. En plus, c’était dans une période plutôt très agréable de surexposition médiatique par rapport à aujourd’hui avec Canal + et France TV notamment. Tout le monde parlait de Delaney Rudd.
Et puis ce qui a été très grisant dans l‘organisation, c’est cet accueil hyper positif de la part de tout le monde. Je l’ai perçu dès le début, que ça plairait à tout le monde. Ça pousse tout le monde à faire les choses bien. Beaucoup de monde a modifié son agenda pour être là. Ça va être extraordinaire de revoir tous ces gens, de parler du passé. Ça fait du bien, en fait !
Cette semaine héritage, c’est en fait le projet d’une saison…
Exactement. J’en profite pour souligner que ce n’est pas le travail d’une seule personne, c’est un projet d’équipe. J’ai été très bien entouré par l’équipe de communication d’Infinity Nine Media. On sera 6 personnes de l’équipe mobilisées pendant la semaine. C’est le projet d’une saison au niveau de la communication, très clairement. Et puis si j’ai pu filer le virus ASVEL de l’époque à mes jeunes collègues, c’est le petit plus (sourire).

Le virus ASVEL de Bastien Giffon
« J’ai grandi au nord de Lyon, dans le Beaujolais. Au départ, j’ai toujours été foot. Mon père m’emmenait voir l’Olympique Lyonnais. C’était tout le temps “l’OL, l’OL, l’OL”. Et puis un jour, il m’a emmené à l’ASVEL. Et quand je suis rentré la première fois à l’Astroballe, j’ai pris une claque. Je ne m’attendais pas à ça. Ce qui m’a surpris, quand on rentre au niveau grand public, c’est que la salle est creusée. Je ne comprenais pas ça quand j’étais petit, je devais avoir 12-13 ans. Et j’ai encore vraiment cette image en tête aujourd’hui. Et après cette découverte, on y retournait de temps en temps puis j’ai été étudiant à Lyon en fac de sports et je suis venu plus régulièrement voir des matches à l’Astroballe, entre potes. C’est comme ça que j’ai pris le virus ASVEL. Et les opportunités professionnelles ont fait que j’ai atterri ici. Mais j’ai des vrais souvenirs de jeunesse dans ce club, et donc de Delaney Rudd. »
28 ans plus tôt, le coach Greg Beugnot avait conduit Villeurbanne jusqu’au final Four de l’Euroleague à Rome (défaite 70-77 en demi-finale contre Barcelone, avant de terminer 4e, battu 86-79 par le KK Olimpija dans le match pour la 3e place). L’effectif : Delaney Rudd, Karim Ouattara, Olivier Bourgain, Laurent Pluvy, Jimmy Nebot, Alain Digbeu, Brian Howard, Rémi Rippert, Georgy Adams, Jim Bilba et le regretté Ronnie Smith, décédé en 2011.
