Le mari de l’ex internationale Edwige-Lawson-Wade (210 sélections) a forcément eu un pincement au cœur au moment de retrouver le Palais des Sports de Lattes mercredi soir pour le dernier match de la phase de groupe d’Euroleague. Seulement deux ans après son départ de Lattes-Montpellier, James Wade a vécu un retour par la grande porte en tant qu’assistant coach principal de l’une des plus prestigieuses formations européennes, l’UMMC Ekaterinbourg qui s’est logiquement imposé 100 à 61.
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Cœur sur la ville
Dans l’arène des Gazelles, l’ancien joueur de Cambrai (2001-2004), Carquefou (2008-2009), Vitré (2009-2010) ou du Get Vosges (2010-2011) y a laissé beaucoup de grands souvenirs de 2013 à 2016 en tant qu’assistant coach de Valéry Demory puis de l’équipe Espoir du BLMA évoluant en NF2. « C’est ma ville de cœur. J’y ai une maison, mon fils est né ici et ma femme a terminé sa carrière ici (en 2013). C’est très spécial de revenir ici ». Comme l’ensemble de l’équipe, il a été logé dans un hôtel près de la salle pourtant situé à dix minutes de chez lui.
Cette expérience avec la relève héraultaise aura été le départ d’une véritable success story pour James Wade, finalement convaincu par sa femme Edwige alors qu’il hésitait d’abord à relever le défi.
« Les dirigeants avaient pensé à moi, l’équipe venait de terminer à la dernière place. Au début, je ne pensais pas que c’était dans mon intérêt. Mon objectif, c’était vraiment d’être avec l’équipe première et de coacher à terme, pas des pros à tout prix, mais à un bon niveau. Et puis j’ai eu une bonne discussion avec ma femme. Elle m’a dit : Rien ne peut mieux te préparer à être coach que ça. J’ai alors pris l’équipe. La relation entre les joueuses et moi a évolué et nous avons vécu quelque chose d’assez unique. De dernière la saison précédente, on a terminé dans le final four et l’année suivante on a été à la première place toute l’année. Ces deux saisons qui ont mené l’équipe jusqu’en espoir ont été très particulières et c’est ce dont je suis le plus fier concernant mon passage au BLMA. J’ai de précieux souvenirs avec des joueuses comme Fati Sacko, mais de voir des joueuses comme Lara Ferranet ou Ines Sequeira sur le parquet, c’est quelque chose de très spécial pour moi car je les avais au début, ce sont »mes » joueuses ».
James Wade entouré de Cyril Meunier, Maire de Lattes et du président du BLMA, Franck Manna
« Je pense que je suis béni »
Son choix de rester à Lattes aura été payant puisque depuis, James Wade a connu une ascension fulgurante. Assistant coach des Stars de San Antonio en WNBA pendant quatre saisons (2013-2017), il franchit clairement un cap lorsqu’il s’engage en mars dernier pour le Minnesota Lynx, franchise ultra-dominante qui reste notamment sur six finales en sept ans pour quatre titres WNBA (2011, 2013, 2015, 2017) Et mercredi, c’est avec l’écusson de sa nouvelle équipe floquée sur le torse, le prestigieux UMMC Ekaterinbourg où il évolue comme assistant de Miguel Mendez que James Wade est revenu chez lui. Une offre qu’il ne pouvait pas refuser.
« J’ai signé les deux contrats dans la même semaine ! Je travaillais déjà comme scout pour Ekat’ notamment en 2013 quand elles ont gagné l’Euroleague. Et je connaissais le coach, Olaf Lange, qui avait été assistant comme moi à San Antonio. On avait gardé une bonne relation depuis. J’étais agent libre en WNBA et j’ai eu quatre propositions. Après un long process, j’ai décidé d’aller à Minnesota. Et au même moment, mon agent m’appelle pour me dire qu’Ekaterinbourg a besoin de moi comme assistant. Au début j’ai cru à une blague et il m’a expliqué que les deux précédents, dont Sandy Brodello qui a repris la sélection australienne, ne restaient pas. J’avais des propositions des deux meilleures équipes de chaque ligue, pour moi le choix était »obvious » (évident)». C’était une belle reconnaissance de mon travail, mais je pense que je suis béni. Je ne comprends pas pourquoi j’ai trop de chance comme ça ! ».
Lors de la victoire sans forcer du rouleau compresseur russe, James Wade est apparu comme à son habitude, souriant et disponible avant le match, puis concentré à 200% dès l’entre-deux donné et ce jusqu’au buzzer final. Dans cette véritable Dream Team qui évolue à mille lieux de son Tennessee natal, il a trouvé sa place sans problème et a même davantage de responsabilités qu’à Minnesota puisqu’il est le seul assistant. Le soir du départ du coach allemand il y a deux semaines, c’est même lui qui assuré la conférence de presse d’après-match suite à la victoire contre Orenbourg (96-53).
« En ce moment je suis très occupé car je dois aider le coach à stabiliser son style et l’aider à faire passer les idées et les choses qu’il veut mettre en place. Les deux coachs sont assez différents. Olaf réfléchissait à tout. Par exemple, on avait un livre de 50 systèmes. Pour les filles de haut niveau, ce n’est pas tellement compliqué. Mais on en faisait que 10 ou 11, en changeant régulièrement avec le temps. On en ajoutait certains, on en enlevait d’autres. Avec Miguel, c’est différent, il veut plus qu’on exploite quelques systèmes mais que l’on soit très fort dessus. C’est ce qui est plus important pour lui. J’ai eu la chance de travailler avec deux grands coachs et pour moi, l’équipe reste le plus important. Et je suis content de la façon dont les filles répondent ».
Moore-Belyakova-Torrens-Griner : top 4 d’Ekat’
Comme chaque année, le groupe a été construit pour disputer la victoire finale en Euroleague. Avec du talent à tous les étages, et des égos à gérer, élément du travail qui peut parfois être le plus compliqué. La légende Diana Taurasi vient de laisser le leadership après six ans de règne. Mais à Ekaterinbourg cette saison, James Wade et son nouveau coach espagnol peuvent s’appuyer sur plusieurs leaders de premier choix qui œuvrent chacun dans des domaines bien précis afin de tirer l’équipe vers le haut.
« Tu as un leader comme Maya Moore, qui est « l’ultimate leader ». Elle a tout gagné. Depuis le lycée, elle n’a manqué qu’une finale. C’est comme ça depuis 11 ans, et elle n’a que 28 ans. Ça c’est un leader. Elle peut terminer sa carrière au sommet de l’histoire du basket-ball si elle continue comme ça en ayant gagné le plus de titre en WNBA et avec Team USA. Tu as un leader comme Evgeniya Belyakova, qui est un vrai leader vocal. Toujours positive, elle donne tout sur le terrain. Elle n’a pas le talent de Maya Moore mais elle joue toujours à fond et donne tout pour l’équipe. Quand quelque chose ne va pas, elle va le dire tout de suite. Et après tu as le leader par le jeu comme Alba Torrens qui se donne à fond aussi quel que soit l’adversaire et va élever le niveau de notre équipe à elle toute seule. On a ces trois joueuses là, et d’autres comme Brittney Griner qui sont aussi très fortes. Mais elle a besoin de rester dans son truc. C’est un leader émotionnel, elle va amener de la force à l’équipe avec un contre ou un panier spectaculaire ».
Brittney Griner, son souffre douleur
Après avoir vécu l’une des meilleures expériences de sa carrière en collaborant spécifiquement avec succès avec Sylvia Fowles (32 ans, 1,98m) « la meilleure poste 5 du monde » fraîchement sacrée MVP de la saison et des finales WNBA avec Minnesota, James Wade s’attaque à la deuxième joueuse de son classement, l’Américaine Brittney Griner (2,06, 27ans). La superstar de la WNBA vit sa première saison en Europe et s’est déjà hissé à la 3e place des meilleures scoreuses d’Euroleague à 17,1 points par match. Mercredi, elle a encore été l’une des meilleures joueuses sur le parquet avec 16 points à 7/12 au tir et 3 rebonds en 22 minutes et se pose en digne prétendante à la succession de Fowles, précurseuse en son temps en matière de dunks notamment.
« Brittney peut encore travailler beaucoup de choses pour s’améliorer et je suis très dur avec elle. Elle est fatiguée d’entendre ma voix à longueur de temps ! Elle doit être plus dominante. Elle a le potentiel pour être la meilleure joueuse du monde, sans discussion. Ce n’est pas encore le cas pour moi et elle le sait bien car je suis derrière elle tous les jours. Elle doit bosser physiquement et techniquement. Comment trouver plus de tirs ouverts, bosser son »footwork »… Elle doit aussi apprendre à dominer mentalement. Depuis qu’elle est pro, elle n’a jamais été le choix n°1 à Phoenix. Ça a toujours été Diana Taurasi. Maintenant, il faut lui mettre dans la tête que c’est elle qui doit être la meilleure joueuse sur le terrain. C’est un changement majeur que de devoir porter ton équipe sur les épaules dans les 3-4 dernières minutes. Mais elle peut et elle doit le faire ».
Programmées pour gagner
Même si le parcours n’a pas été parfait, et qu’Ekaterinbourg a essuyé trois revers pour terminer à la 2e place du Groupe B, James Wade et son équipe ont les armes pour aborder la suite de la compétition. Et personne, pas même le Dynamo Koursk champion en titre et invaincu en phase de poules, n’impressionne l’ancien entraîneur du BLMA.
« On n’a pas encore pu jouer avec notre effectif au complet depuis le début de la saison. Nos deux meneuses sont out et Maya Moore est arrivée en retard. C’est difficile quand tu ne peux pas créer d’alchimie, que tu dois enchaîner les matchs, semaine après semaine et que tu joues en plus avec une croix dans le dos, où tous tes adversaires veulent faire un grand match contre toi. Mais après la prochaine trêve internationale, on aura ne meilleure équipe(…). Pour moi ça dépend seulement de nous. Si on joue à notre niveau, affronter Koursk ne sera pas un problème. On a encore un long chemin pour y arriver. Ils ont de bonnes joueuses mais nous aussi. On n’a des joueuses qui gagnent. Quel que soit l’adversaire, on doit battre les meilleures équipes pour gagner le titre ».
La France, un retour inévitable ?
A l’issue de cette parenthèse russe, James Wade se voit forcément revenir en France. Pourquoi pas comme coach ou assistant d’une grosse écurie alors que la LFB poursuit sa progression en voyant des projets ambitieux émerger comme celui de l’Asvel Féminin ou des places fortes se constituer aux côtés de Bourges comme à Villeneuve d’Ascq ou Charleville-Mézières qui a notamment réussi à attirer Renee Montgomery cet été, elle aussi passée entre ses mains à Minnesota cette saison.
En attendant ce retour aux sources, coach Wade ne souhaite qu’une chose pour cette ligue qu’il juge comme « très défensive, avec de bonnes jeunes joueuses et un bon niveau général » : une harmonisation des calendriers. Pour permettre aux jeunes joueuses françaises de se développer en WNBA et accessoirement aux meilleures éléments de la plus grande ligue du monde de s’intéresser aux clubs français.
« Le championnat de France finit trop tard. C’est la raison pour laquelle on ne voit pas beaucoup de Françaises en WNBA. Elles ratent tout le training camp. Ce n’est peut-être pas dans l’intérêt de la France de changer, mais c’est la meilleure ligue du monde en face. Ce n’est pas un manque de respect pour les autres ligues de dire ça. Il y a juste les meilleurs talents. Et si je peux souhaiter une chose, c’est que le championnat finisse plus tôt en France pour permettre à nos joueuses françaises de connaître le meilleur niveau. Elles auraient plus d’exposition, et la WNBA est aussi un championnat très physique. Ça permettrait d’élever le niveau de nos joueuses ici en France. D’autant plus qu’on a tout ce qu’il faut là-bas pour se développer, comme à Minnesota où on bénéficie des mêmes structures qu’un club NBA ».
Si la bonne étoile de James Wade continue d’illuminer ainsi son parcours, on voit mal comment Ekaterinbourg pourrait échapper à une 11e participation consécutive au Final Four de la plus grande compétition européenne. Pour y arriver, il faudra d’abord venir à bout de l’USK Prague en quart de finale dans une série au meilleur des trois manches avec une possible belle en Russie (26 février, 7 et 14 mars).
Avant d’envisager un retour sur le long terme en France, l’assistant porte bonheur de la formation d’Alba Torrens a de quoi être confiant dans sa quête de deux nouveaux sacres majeurs avec l’Euroleague et la SuperLigue qui viendraient alors sceller une saison 2017-2018 extraordinaire. Un doublé que sa femme Edwige a déjà réussi, en 2005 avec le CSKA Samara. James Wade réussira-t-il pareil exploit ?
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Cœur sur la ville
Dans l’arène des Gazelles, l’ancien joueur de Cambrai (2001-2004), Carquefou (2008-2009), Vitré (2009-2010) ou du Get Vosges (2010-2011) y a laissé beaucoup de grands souvenirs de 2013 à 2016 en tant qu’assistant coach de Valéry Demory puis de l’équipe Espoir du BLMA évoluant en NF2. « C’est ma ville de cœur. J’y ai une maison, mon fils est né ici et ma femme a terminé sa carrière ici (en 2013). C’est très spécial de revenir ici ». Comme l’ensemble de l’équipe, il a été logé dans un hôtel près de la salle pourtant situé à dix minutes de chez lui.
Cette expérience avec la relève héraultaise aura été le départ d’une véritable success story pour James Wade, finalement convaincu par sa femme Edwige alors qu’il hésitait d’abord à relever le défi.
« Les dirigeants avaient pensé à moi, l’équipe venait de terminer à la dernière place. Au début, je ne pensais pas que c’était dans mon intérêt. Mon objectif, c’était vraiment d’être avec l’équipe première et de coacher à terme, pas des pros à tout prix, mais à un bon niveau. Et puis j’ai eu une bonne discussion avec ma femme. Elle m’a dit : Rien ne peut mieux te préparer à être coach que ça. J’ai alors pris l’équipe.
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