L’ASVEL, touchée par la Covid va perdre très probablement sur tapis vert son match face au Panathinaikos en Euroleague. Même tarif pour la JL Bourg en Eurocup, forfait à Venise. Dans ces conditions, Jordi Bertomeu reste arcbouté sur ses positions et n’offre aucune solution. Et la gronde souffle en Europe.
Monsieur Triantopoulos, le président du Panathinaikos devrait être ravi. Ses troupes sont reparties de Villeurbanne, sans transpirer, avec une victoire 20-0 en poche. Pourtant, il a tenu un point presse où la tonalité de son discours était bien différente. Il explique qu’il est très déçu, que les deux équipes avaient demandé à reporter le match mais que l’Euroleague avait fait la sourde oreille. On a même ordonné au Pana de se rendre à Lyon sous prétexte de perdre par forfait. « Si on continue comme ça, je ne suis pas sûr du tout que la saison d’Euroleague aille à son terme », prévient le président du club grec. Alors que les cas de Covid-19 explosent un peu partout dans les équipes, en France avec l’ASVEL, en Russie au Zenith Saint Petersburg ou encore à Barcelone en Espagne, la compétition reine d’Europe continue de dérouler son calendrier infernal avec notamment deux journées juste pour cette semaine. « C’est très dangereux de jouer deux matches sur une période aussi courte, parce qu’on se fait tester mais les résultats ne sont pas fiables », ajoute Triantopoulos.
Jordi Bertomeu qui a construit sa stratégie ces dernières années sur une augmentation du nombre d’équipes et du nombre de matches de sa compétitions – provoquant au passage la colère de toutes les instances du basket européen, ligues nationales et fédérations – semble pour l’instant sourd aux demandes de ses clubs. Le président du Pana regrette principalement un manque de communication et de compréhension de la part de Jordi Bertomeu. « La situation est de pire en pire », prévient à son tour Dimitris Itoudis, le coach du CSKA, lui aussi touché par la maladie. « La compétition perd son aspect compétitif, un certain sens de l’équité. »
Au moment où la BCL par exemple a revu sa formule à la baisse, avec moins de matches et offrant plus de souplesse aux clubs et aux ligues nationales, permettant même aux clubs de prendre l’initiative de reporter un match si la maladie venait à frapper, où est le plan B pour l’Euroleague ? Quand est-ce que l’entreprise privée qui gère cette compétition et l’Eurocup va prendre des décisions pour s’adapter ? Déjà, pour la saison 2019-20, l’Euroleague n’a pas été capable de proposer quoi que ce soit pour terminer la saison. La BCL a proposé fin septembre un Final 8 de bonne tenue sportive où un environnement sanitaire sécurisé a été proposé et a fait ses preuves (plus de 1000 tests, aucun cas positif).
« Des solutions existent », affirme Triantopoulos. « Je ne sais pas quel serait leur impact financier, ça c’est monsieur Bertomeu qui le sait. Mais quoi qu’il arrive, je ne place pas les finances au-dessus de la santé des joueurs. Mais on ne va pas sacrifier la santé des joueurs, des coaches et de tout le monde pour ne pas réduire les revenus de l’Euroleague. Evidemment, nos revenus en pâtiraient. » Contrairement à la NBA qui génère des milliards de revenus, les clubs d’Euroleague perdent quoi qu’il arrive beaucoup d’argent et ce n’est pas la participation en Euroleague – au contraire – qui leur permet de boucler leur budget. On se retrouve donc dans la situation ubuesque où la compétition, pour des raisons financières et sa propre économie, veut dérouler son plan quoi qu’il arrive, alors que pour les clubs eux-mêmes, l’argent n’est pas le nerf de la guerre. Et que l’image et la compétition sportive sur le terrain – les deux principaux atouts de l’Euroleague – sont très dégradés par la situation. Dans son édito aujourd’hui dans El Mundo Deportivo, Jose Ignacio Huguet compare Bertomeu à Rodrigo Rato, politicien espagnol accusé de corruption.
La pression est très grande sur l’Euroleague. Andrei Vatutin, président du CSKA Moscou, avait déclaré le 16 septembre que l’Euroleague était menacée de mort si la saison 2020-21 n’allait pas à son terme. Le train est lancé à pleine vitesse mais les signaux d’alerte clignotent de partout. Il est peut-être temps d’en tenir compte et de ralentir la cadence avant le crash ?
Photo: Euroleague