De ses années chez les Espoirs de Nancy, en passant par son triplé victorieux au concours des meneurs du All Star Game (2015 à 2017), à son entrée cette année au Boulazac Basket Dordogne, le meneur Benjamin Sene (1,84 m, 26 ans) a toujours fait preuve d’un grand potentiel d’attaque et de créativité. Cette année, il retrouve au BBD son ami d’enfance, Kevin Harley, de quoi créer une synergie qui sera très probablement fructueuse.
Quel a été le premier match que vous avez joué en pro ?
La première fois où je suis rentré sur le parquet, c’était à Nancy et il me semble que c’était pour l’EuroChallenge en 2012. J’étais rentré pour les trois dernières minutes du match et j’ai marqué mes premiers points aux lancers-francs.
Vous en gardez un bon souvenir ?
Ah ! ça oui, j’étais surexcité, super content. Même pour quelques minutes, c’est un super souvenir.
Avez-vous un modèle ?
Je dirais Tony Parker. J’ai beaucoup regardé ce qu’il faisait. Mais mentalement, c’est Florent Piétrus. J’ai beaucoup travaillé avec lui et il m’a poussé pour y arriver. J’ai fait trois ans avec lui à Nancy.
Qui est le meilleur joueur actuel selon vous ?
Il y en a beaucoup. C’est difficile à dire, en Jeep Elite, on n’a pas beaucoup joué. Nous, on a eu trois matchs seulement. En Europe je dirais Mike James, le meneur de Moscou.
« Au moins une heure avant le match, les supporters commençaient à nous huer »
Est-ce que vous avez un joueur qui vous a marqué ?
Celui qui m’a impressionné et qui continue aujourd’hui, c’est LeBron James. Je trouve ce qu’il fait vraiment impressionnant. Chaque année, il joue comme s’il venait d’arriver mais en utilisant toute son expérience. L’âge arrive mais il ramène chaque fois de l’année d’avant de nouvelles choses. Il a une telle longévité, c’est incroyable au plus haut niveau. Pour tout sportif, je pense que c’est un exemple.
Dans quel club aimeriez-vous jouer à l’avenir ?
Très honnêtement, je n’aurais pas vraiment de club privilégié mais j’aimerais bien jouer à l’étranger. Un pays c’est plus simple, l’Espagne, ça me tenterait par exemple. L’ACB, ça serait bien, au moins une saison.
Et au contraire, un club où vous ne voudriez pas aller ?
Je ne sais pas vraiment. Même en parlant avec d’autres joueurs, je n’ai pas pu avoir de mauvais échos d’autres clubs. C’est pareil partout, aucun lieu n’est parfait mais personne ne m’a dit « ne va pas là-bas » donc, aucun en particulier.
Quelle est la salle où vous avez pu jouer avec la meilleure ambiance ?
Ma première année en pro, j’ai joué à Limoges avec Nancy et je me rappelle que pendant l’échauffement, donc au moins une heure avant le match, les supporters commençaient à nous huer. Cette ferveur ça m’a grave marqué. Tu les entendais, tous dans les tribunes, faire des « ouuuuuh », tu te dis « ah ouais quand même ». Grosse pression, c’était la première fois dès l’échauffement, c’était vraiment bien. L’ambiance, c’est un mix de tout. Il faut prendre en compte les fans, la motivation des joueurs, tout ça crée une atmosphère qui nous manque d’ailleurs beaucoup en ce moment.
Et la ville où vous avez préféré jouer ?
A Nancy, j’étais vraiment bien. J’y suis resté quelques années et j’y étais bien attaché.
Quel est votre meilleur souvenir ?
Ma première rentrée chez les pros et aussi, deux ans avant, avec les Espoirs de Nancy, lorsque nous avons gagné le Trophée du Futur. Ça, c’était quelque chose. J’étais avec un groupe super avec Abdel Sylla, qui est à Nantes, Gaëtan Clerc, Kevin Thalien de Gries. Au centre de formation de Nancy, on avait un super groupe.
A l’inverse, un moins bon ?
La période où je me suis cassé l’avant-bras, en 2013, tout début mars, et de devoir attendre dans le plâtre. C’était à mon bras gauche, mais même si je tire de la main droite, c’était long. Le deuxième coup de massue, c’est quand j’ai enlevé le plâtre et que j’ai vu l’état de mon bras. Je me suis demandé si j’allais pouvoir revenir. « Comment vais-je y arriver ? Ca va être long, ça va être compliqué ». J’allais tout le temps à la salle pour la rééducation, je me suis accroché, j’ai travaillé tout l’été. J’ai dû jouer la saison d’après avec des plaques dans le bras, c’était dur, je ne pouvais pas déplier mon bras. Oui, vraiment le pire.
Qui a été votre adversaire le plus coriace ?
Un adversaire en match et coéquipier à l’entraînement, John Linehan, l’un des meilleurs défenseurs. Maintenant, il est entraîneur aux Etats-Unis (NDLR: assistant à University of Hartford). C’était très difficile de défendre face à lui. De le côtoyer tout le temps à Nancy sous le même maillot, c’était très formateur.
Avez-vous un match de référence ?
C’était pendant ma deuxième année pro, la saison de 2014-2015. J’avais Darius Adams devant moi à la mène à Nancy. Avant les deux matchs de Noël, en décembre, il était parti pour une équipe d’Euroleague. Je me suis retrouvé seul meneur, j’avais 20 ans, dans une bonne équipe de Pro A, top 8 je crois. On jouait à Levallois, j’avais beaucoup de pression. Je ne vais pas mentir, j’avais un peu peur (rires). Je me suis dit qu’il fallait que l’on gagne pour se qualifier à la Leaders Cup. Je me souviens, j’avais mis 14-15 points avec quelques bonnes passes. Un gros soulagement à la fin donc oui une belle référence.
Et au contraire, un match dont vous n’êtes pas fier ?
Je n’ai pas honte mais le match où j’ai le plus de regrets, c’était au championnat d’Europe des moins de 16 ans. En quart de finale, on se retrouve face à l’Espagne. A une minute de la fin du match, on est à +9 et on a perdu le match…
Si vous pouviez voler le move d’un joueur, lequel ce serait ?
Si je devais choisir, ça serait le floater de Tony Parker. Si je pouvais le maîtriser comme lui, ça serait certainement ça.
Avez-vous plus d’affinités avec certains joueurs ?
Ah! oui. A Boulazac, avec Kevin Harley, on est comme des frères. On se connait depuis nos 10 ou 11 ans. On joue ensemble cette année, c’est avec lui que j’ai le plus d’affinités depuis des années.
« J’ai une passion à côté du basket, c’est la Formule 1, je sais pas si je pourrais faire quelque chose là-dedans. »
Quels sont vos sujets de conversation dans les vestiaires ou entre les entraînements ?
C’est un peu de tout, de la ville où on est par exemple, même si cette année, la situation est très particulière avec le covid. Comment on va jouer… Mais on parle aussi de la vie en général, de tout, de ce qu’ils vont mettre en place avec les attestations. On parle de basket aussi bien sûr, de la NBA, et même de l’Europe, que ce soient les signatures, les trades, etc
Avec qui monteriez-vous votre Five de légende ?
Avec ceux avec qui j’ai joué, ça va déjà réduire. Si je suis en meneur de jeu, en 4 et 5 c’est Florent Piétrus et Randal Falker. C’est une paire qui m’a marqué à Nancy (2013-2014). Déjà ils s’entendaient vraiment bien, sur le terrain comme en dehors. En arrière je mettrais Vaughn Duggins et en ailier, Austin Nichols. Un bon mix d’attaque, de défense, d’expérience.
Qu’est-ce que vous feriez si vous n’étiez pas dans le basket ?
C’est difficile à dire. On me pose souvent la question et je réponds généralement que, comme je faisais des études de comptabilité et que j’aimais bien ça, j’aurais continué, je pense.
Où vous voyez-vous après le basket ?
Je sais que ça va vite et, quand je suis seul, ça m’arrive d’y penser. Je suis à peu près sûr que si je reste dans le basket, je n’irais pas faire entraîneur. J’ai une passion à côté du basket, c’est la Formule 1, je ne sais pas si je pourrais faire quelque chose là-dedans. Mes proches m’en parlent : « Pourquoi tu te lances pas là-dedans ? » Chaque week-end je regarde les courses, je ne sais pas encore.
Photo d’ouverture : LNB