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Equipe de France féminine – Valérie Garnier: « On a des problèmes de riches »

La saison prochaine, vous vous consacrez à 100% à l’équipe de France ? Je prendrai ma décision après l’Euro. Oui, je pourrais continuer avec un autre club en même temps qu’avec l’équipe de France.

La saison prochaine, vous vous consacrez à 100% à l’équipe de France ?

Je prendrai ma décision après l’Euro. Oui, je pourrais continuer avec un autre club en même temps qu’avec l’équipe de France.

C’était physiquement et mentalement très prenant de faire les deux, Bourges et équipe de France, avec en plus des matches de qualification durant la saison ?

Les matches de qualification qui interviennent à l’intérieur des saisons représentent une coupure qui font qu’il n’y a pas pendant ce temps-là de championnat de France et d’Euroleague. Pour moi, c’était plus une chance de retrouver régulièrement l’équipe de France. Pour l’entraîneur de l’équipe nationale que je suis, je trouve que c’est vraiment quelque chose de très bien car ça nous permet d’être en contact tous les deux mois et ça nous a permis de bien gérer le TQO (Tournoi de Qualification Olympique) l’année dernière. C’est bien d’avoir des regroupements plus réguliers avec l’équipe de France. Ce qui est difficile, c’est quand on sort d’une finale à Montpellier le 15 mai 2016, qu’il faut être le lendemain à Angers pour débuter une campagne avec l’équipe de France pour le TQO, que l’on arrête le 23 août à Rio, et que l’on reprend le 29 avec Bourges. Si l’on excepte les courtes périodes à Noël, ça fait deux ans sans vacances. Alors que si on prend le cas de cette année avec un championnat d’Europe qui se termine fin juin, que ce soit pour les filles ou l’entraîneur, le repos sera conséquent puisque ça fera au minimum un mois et demi.

C’est surtout dur physiquement ou mentalement ? Vous vous déplacez dans un car confortable mais ce n’est quand même pas les avions privés de certains clubs européens ou de NBA ?

D’autant que cette année, ce n’était pas un car couchettes.[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »] Ce n’est pas facile de se déplacer assis. C’est difficile physiquement et mentalement. On s’en aperçoit vraiment quand c’est finit car quand on est dedans, on fonce. Cette année, comme on n’a pas fait la finale avec Bourges, j’ai eu dix jours avant de commencer avec l’équipe de France, mais on est dans la mise en place, des réunions à l’INSEP. C’est dur mais ça passe mieux quand on gagne des matches ! L’avantage, c’est que l’on est toujours sur de nouveaux projets. Après l’élimination avec Bourges j’ai pu me recentrer sur l’équipe de France, avec une autre façon de faire, un autre environnement, ça m’a donné une bouffée d’oxygène même si je n’ai pas oublié vraiment.

Depuis une huitaine d’année, l’équipe de France est très forte à l’intérieur, très athlétique. La retraite d’Isabelle Yacoubou et le forfait de Sandrine Gruda change-t-elle la donne ? On a vu par exemple que le Canada a été dominateur au rebond en préparation ?

Oui mais c’est déjà arrivé dans le passé et ce n’est pas forcément lié aux intérieures. Le basket, et notamment avec le Canada, devient de plus en plus athlétique avec la volonté des extérieures d’aller au rebond. Mon équipe subit souvent des rebonds qui viennent de l’extérieur qui sont plus difficiles à contrôler car ils viennent de loin. Même si on peut considérer qu’Isabelle et Sandrine étaient des joueuses déterminantes au rebond avec leur présence physique et leur qualité athlétique. Mais pour moi, c’est une affaire collective. Avec des joueuses comme Valériane Ayayi, Diandra Tchatchouang qui revient ou Hhaddydia Minte, on a aussi des rebondeurs.

C’était quand même une paire exceptionnelle en Europe ?

Oui. Je me répète, l’une pour ses qualités physiques et l’autre athlétiques, sa dureté, c’était des joueuses qui maîtrisaient très bien le rebond mais il faut transformer ça en quelque chose n’appartenant plus simplement à deux ou trois individus. Encore une fois, on a subi aux derniers JO et ça venait des extérieurs. Même si elles ont de très grandes qualités, elles ne peuvent pas tout contrôler. Le rebond, c’est une affaire collective, comme dans beaucoup d’équipes féminines.

« Alexia Chartereau compense parfois une faiblesse d’ordre physique par une intelligence supérieure »

Ça oblige aussi à une redistribution des cartes. Une role player comme Helena Ciak est amené à avoir plus de temps de jeu ?

Bien sûr. Aujourd’hui, Helena est notre Cinq. Elle confirme avec une très bonne saison à Koursk, avec nous lors des entraînements que l’on a fait à Anglet, même si elle a eu une blessure pas très grave pour le dernier match.

Le retour de Diandra Tchatchouang, qui n’a pas fait les Jeux Olympiques, est un plus considérable ? Il n’y a pas beaucoup de joueuses de son profil en France ?

C’est d’autant plus un plus considérable qu’après sa saison à Bourges, elle a fait un travail très important à l’INSEP qui lui a donné de la force. Je le vois en équipe de France, je ne l’ai pas eu à Bourges de cette façon. C’est quelqu’un qui doit peser athlètiquement, défensivement, offensivement. C’est un plus comme Céline (Dumerc) qui n’était pas non plus aux JO.

Que pensez-vous de l’impact à 18 ans d’Alexia Chartereau, en Euroleague (6,4 points avec 46,2% à trois-points, 2,6 rebonds, en 17’/moy) durant la saison et aujourd’hui en équipe nationale ?

Alexia est égale à elle-même. Lors de notre premier entretien à Bourges, je lui ai dit que je n’avais aucun problème avec son âge, qu’elle pouvait gagner sa place à l’entraînement et durant les minutes qu’elle pourrait grappiller en match, que ce serait les joueuses les plus efficaces qui seraient sur le terrain. C’est la même chose en équipe de France. C’est quelqu’un qui nous a apporté en championnat, en Euroleague. Quand on peut faire un quart-de-finale à Koursk en marquant 19 points, c’est que l’on peut jouer. C’est quelqu’un qui compense parfois une faiblesse d’ordre physique par une intelligence supérieure. Sur les matches que j’ai pu voir avec l’équipe de France, elle a prouvé qu’elle peut s’exprimer à ce niveau-là. Elle le fait avec beaucoup de naturel. Elle est attentive, elle saisit les occasions quand elles passent pour être au service de l’équipe. C’est vraiment très bien.

« On va avoir neuf jours de compétition et il ne faut pas s’embarquer avec des gens qui pourraient avoir des blessures importantes »

Les départs de Lisa Berkani et Marième Badiane qui étaient initialement dans la liste des 16 démontrent-ils qu’il est très difficile d’avoir le rythme, le niveau de l’équipe de France quand on ne joue pas en Euroleague ?

J’ai plutôt des problèmes de riches en équipe de France. Ma sélection est vraiment très dure à faire. Toutes les joueuses mériteraient d’avoir leur place dans les douze mais le problème, c’est qu’il me faut en choisir que douze. Ce sont deux jeunes joueuses. Lisa a fêté ses vingt ans avec nous. Elle a besoin d’épurer un peu son jeu au niveau international. Mais ce sont des joueuses que l’on va voir très rapidement dans l’avenir. Oui, ça passe certainement par des coupes d’Europe car si Alexia Chartereau a fait un tel bond cette année, c’est qu’elle s’est trouvée à faire des matches d’Euroleague et aussi de championnat dans l’une des meilleures équipes de France et en s’entraînant tous les jours avec des gens très forts. Quand on prend (Clarissa) Dos Santos, (Kayla) Alexander ou Ana Filip sur le paletot à chaque entraînement, ça fait avancer. Ce n’est pas pour autant la raison du fait qu’elles ont été écartées.

Quand donnerez-vous la liste des douze pour l’Euro. Quelle est la bonne formule ? Faut-il attendre le dernier moment ?

Je ne sais pas quelle est la bonne formule mais j’aurais aimé prendre ma décision plus tôt sur le tournoi de Bordeaux. Ca sera sur le tournoi de Mulhouse. Je n’ai pas le choix, on part à Prague après (rires). Ce qui est important, c’est la performance à ce jour sachant que la préparation a été très courte, c’est l’état physique. On va avoir neuf jours de compétition et il ne faut pas s’embarquer avec des gens qui pourraient avoir des blessures importantes.

Le fait de pouvoir prendre trois vraies meneuses ou pas, est-ce une option fondamentale dans la construction d’une équipe ? Il y a deux théories. L’une, c’est que deux ça suffit quand on a des arrières qui peuvent mener le jeu. L’autre privilégie une troisième meneuse en cas de coup dur sur place ?

Voilà le type d’interrogation. Part-on à trois meneuses ? A cinq intérieures ? Ou à quatre intérieures mais on rajoute des 3 ? La réponse définitive se fera lors de l’état des lieux au moment de partir. Il y a des petits bobos, qui ne remettent pas la participation d’Endy Miyem, qui a des problèmes aux genoux et qui n’est pas pour l’instant revenue à son meilleur niveau mais qui avance. C’est plutôt positif pour le championnat d’Europe. Diandra a aussi des petits soucis physiques. Ça ne remet pas en cause leur participation…

… Mais leur temps de jeu et par-delà le fait qu’il faut peut-être une autre joueuse à leur poste derrière ?

Voilà. Il y a aussi Helena qui vient de se faire une entorse de la cheville sur le dernier match. Les joueuses concernées gèrent bien leurs bobos, on en prend soin. A Anglet, des joueuses ont été amenées à faire de la récup, du renforcement, plutôt que de faire des séances de basket. C’est pour ça qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’hésitation sur la construction de l’équipe. Mais encore une fois, il y a surtout des problèmes de riches car tout le monde aurait sa place aujourd’hui.

« Pour l’avoir fréquenté en club et en équipe de France, je pense que la force première de Céline c’est qu’elle prend un plaisir immense sur un terrain de basket et que si elle a des petits bobos, elle oublie tout à partir du moment où elle a un ballon sur un terrain de basket »

On a l’impression que Céline Dumerc a toujours trente ans et pas bientôt trente-cinq ?

Oui, elle a toujours trente ans (rires). Céline n’a jamais su tricher. Quand elle s’entraîne ou qu’elle joue, elle est entière. Pour l’avoir fréquenté en club et en équipe de France, je pense que la force première de Céline c’est qu’elle prend un plaisir immense sur un terrain de basket et que si elle a des petits bobos, elle oublie tout à partir du moment où elle a un ballon sur un terrain de basket. C’est formidable d’avoir cet esprit-là.

Normalement, à cet âge-là, on est sur le déclin. Pas elle…

Non, ça ne se voit pas. Ça fait deux ou trois années où elle est beaucoup plus offensive, ça lui plaît énormément. Voilà.

Vous ne serez pas tenté de lui demander d’aller jusqu’au championnat du monde de 2018 en Espagne ?

Céline a annoncé son arrêt après le championnat d’Europe, c’est quelque chose que l’on doit respecter. Ce n’est pas pour revenir, je pense qu’elle y a murement réfléchi. Elle ne va pas faire, j’arrête, je reviens, j’arrête, je reviens… On en a parlé toutes les deux, je ne pense pas. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui elle n’est pas meneuse de l’équipe de France parce que j’ai envie de lui faire plaisir, mais parce que c’est la meilleure ! Elle est efficace, elle est dans le scoring, dans l’intensité, elle a une intelligence basket qui n’est plus à prouver.

A l’inverse, que se passe-t-il avec Olivia Epoupa ? On a vu durant les trois matches de préparation à Bordeaux qu’elle n’a plus cet esprit de conquête qui la personnifiait ?

Je ne sais pas, il faudrait lui demander. On en a parlé toutes les deux. Elle a passé une saison difficile où elle a eu des blessures, où elle n’a pas été non plus très performante (6,9 pts à 32,0% de réussite, 2,4 pds, 4,2 rbds avec Villeneuve d’Asq). Elle est dans la continuité de sa saison et des efforts qu’elle a à faire pour retrouver son niveau.

« J’espère qu’on ne passera jamais à deux (naturalisées) et former des équipes avec étrangères pour représenter l’équipe nationale »

Y a t-il beaucoup de changements du côté de l’Espagne et de la Serbie, qui sont a priori les principaux adversaires de l’équipe de France au niveau européen ?

La Serbie, ça sera sans Milica Dabovic et son entraîneur (Marina Maljkovic). L’Espagne, ça sera avec le retour de (Sancho) Lyttle. Ce que je note surtout, c’est que toutes les équipes se sont renforcées. Quand on voit l’Ukraine avec sa très bonne meneuse de jeu américaine (De Andre) Moss, qui fait 1,78m et qui est d’une puissance exceptionnelle, ça change beaucoup de choses. Sans parler de l’équipe tchèque qui a trouvé le moyen de naturaliser (Kia) Vaughn, qui est l’Américaine de Prague.

C’est un vrai fléau, ces naturalisés bidon?

Cela rend toutes les équipes concurrentielles, j’ai envie de dire qu’il n’y a plus d’équipes faibles. La Turquie ne va peut-être pas prendre (La Toya) Sanders mais récupérer une autre. (Courtney) Vandersloot va jouer pour la Hongrie. C’est une joueuse qui vient de gagner l’Eurocup. Cela fera qu’il n’y aura aucun match de poule ou de croisement qui sera une promenade de santé. Ça sera un championnat d’Europe 2017 très ouvert. Je ne suis pas favorable à ce qui se passe, mais voilà. J’espère qu’on ne passera jamais à deux (naturalisées) et former des équipes avec étrangères pour représenter l’équipe nationale.

Il y a dix ans il fallait que l’équipe de France se qualifie pour l’Euro. Aujourd’hui, c’est une finale ou rien. C’est un niveau d’exigence qui est plus difficile à assumer que lorsqu’on est outsider ?

Le message que je véhicule aux joueuses c’est qu’on a pleuré en 2015 (finale perdue contre la Serbie) et en 2016 (finale pour la médaille de bronze perdue contre la Serbie de nouveau). A nous de faire que si on perd il n’y ait pas de regrets, qu’il n’y ait pas trois minutes d’absence où on laisse partir deux rebonds. Une finale comme un quart de finale, ça se joue sur des détails, un détail qui fait gagner ou qui peut vous tuer. On a toutes envie d’aller très loin même si mon rôle de sélectionneur m’amène à préparer une nouvelle olympiade pour Tokyo 2020, et à la fois faire un résultat à l’Euro.

C’est aussi un Euro qualificatif pour le championnat du Monde ?

Oui. Il faut terminer dans les cinq premiers et si l’Espagne (NDLR : pays organisateur) est dans les cinq, ça passe à six. C’est bien sûr le premier objectif. Et après en novembre, on enchaîne sur les qualifications pour l’Euro 2019. Et cet Euro 2019 sera qualificatif pour les Jeux. Ça ne s’arrête pas chez les filles!

Prénom Nom Naissance Taille Poste Sélec. Club 2016/2017
Marielle AMANT 1989 1.91 Intérieure 82 Villeneuve
Valériane AYAYI 1994 1.85 Ailière 56 Villeneuve
Amel BOUDERRA 1989 1.63 Meneuse 13 Charleville
Alexia CHARTEREAU 1998 1.91 Intérieure 3 Bourges
Helena CIAK 1989 1.97 Intérieure 64 Koursk (Ru)
Céline DUMERC 1982 1.69 Meneuse 255 B. Landes
Olivia EPOUPA 1994 1.65 Meneuse 44 Villeneuve
Aby GAYE 1995 1.95 Intérieure 9 Villeneuve
Marine JOHANNES 1995 1.77 Arrière 30 Bourges
Sarah MICHEL 1989 1.80 Ailière 48 Montpellier
Hhadydia MINTE 1991 1.87 Ailière 3 Charleville
Endy MIYEM 1988 1.88 Intérieure 167 Schio (Ita)
Gaëlle SKRELA 1983 1.77 Arrière 76 Montpellier 
Diandra TCHATCHOUANG 1991 1.86 Ailière 56 Bourges

Tournoi de Bordeaux
Salle : Complexe sportif Elisabeth Riffiod, Villenave d’Ornon (33)
Mercredi 31 mai : France / Ukraine : 78-70 |
Jeudi 1er juin : France / Canada : 74-65 |
Vendredi 2 juin  : France / Monténégro : 66-60 |

Tournoi de Mulhouse
Salle : Palais des Sports, Mulhouse (68)
Vendredi 9 juin 2017 à 20h30 : France / Italie
Dimanche 11 juin 2017 à 18h30 : France / Espagne

Championnat d’Europe à Prague (République Tchèque) du 16 au 25 juin 2017
Vendredi 16 juin 2017 à 20h30 : France / Slovénie
Samedi 17 juin 2017 à 20h30 : France / Serbie
Lundi 19 juin 2017 à 20h30 : France / Grèce
Mardi 20 juin 2017 : Match de barrage pour les quarts
Jeudi 22 juin 2017 : Quarts de finale
Samedi 24 juin 2017 : Demi-finales
Dimanche 25 juin 2017 : Finale

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Photo: FFBB

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