2009 à 2024. Vincent Collet est demeuré quinze ans à la tête des Bleus. Une durée extrêmement rare car un sélectionneur est en permanence sur un siège éjectable comme un entraîneur de club. Jusqu’aux Jeux de Paris, le Normand était même le doyen des coaches des principales puissances européennes en terme de longévité. L’Italien Serge Scariolo a eu une prise de fonction avec la Roja espagnole comme lui en 2009 mais il a connu une interruption de trois ans dans son mandat. Le Serbe Svetislav Pesic est un cas à part puisqu’il a été auparavant le coach de la Yougoslavie et aussi de l’Allemagne, à chaque fois avec un titre de champion d'Europe à la clé.
Vincent Collet est intarissable quand on lui demande d’évoquer ses meilleurs et ses pires moments en bleu avec une précision chirurgicale des faits et des chiffres et la passion qui transpire à chaque phrase. Collet est un matheux et au cours de son adolescence, il avait envisagé de se tourner vers le journalisme sportif. Ses creux ? Les JO de 2016 à Rio, l’Euro de 2017, et la Coupe du monde de 2023. « À chaque fois les moments difficiles ont été quelque part des moments propices au rebond. Evidemment, c’est difficile et quand vous êtes dedans vous aimeriez ne pas les vivre. Je suis conscient que mes aventures qui ont duré quinze ans auraient pu s’arrêter à ce moment-là, en 2016 ou 2017. C’étaient des décisions qui ne m’appartenaient pas. C’était Jean-Pierre (NDLR : Siutat, le président) et son comité directeur qui avaient la décision à leur disposition. Ils m’ont permis de continuer et d’avoir des moments beaucoup plus heureux. »
Des moments heureux ? Vincent Collet a été le coach le plus victorieux de l’histoire de l’équipe nationale. 179 succès en 253 matches (70,8 %). C’est le recordman des matches gagnés à l’EuroBasket (42), Coupe du monde (18) et Jeux Olympiques (16). Il a emmené la France à quatre Jeux Olympiques d’affilée. Du jamais vu. Le constat le plus impressionnant est que son total de médailles, huit, est supérieur à l’ensemble des médailles, sept, de tous ses prédécesseurs réunis et lui, en plus, a donné à la France son seul trophée à ce jour, à l’Euro 2013. À 61 ans, il est entré depuis dans la postérité, détrônant depuis longtemps déjà Robert Busnel et André Buffière. Evidemment, il a bénéficié d’un courant favorable avec le flux de joueurs d’excellence qui est né du travail de la fédération et des clubs après des décennies d’inertie. Mais l’Histoire ne juge que les palmarès et Vincent Collet à de quoi faire taire tous les haters sur les réseaux sociaux... qu'il ne fréquente pas.
