Ce n’était pas plein – 3 256 spectateurs officiellement-, il faisait une chaleur étouffante dans ce Stade Pierre-de-Coubertin d’un autre temps, et une alerte a intimé en plein match aux joueurs et aux spectateurs d’en sortir dare dare avant qu’une annonce rassurante nous informe qu’elle était erronée. Ça s’est Paris qui sorti de l’Accor Hôtel Arena et maintenant de l’U Arena n’a rien de digne à offrir à ses hôtes en matière d’enceinte sportive couverte.
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Il s’est pourtant déroulé un moment d’histoire qui a suscité du contentement à ceux qui ont vu les équipes de France des générations précédentes souffrir le martyre face à sa bête noire. L’écart final de 16 points (84-68) est le plus important des 49 confrontations entre la France et la Grèce ! Qu’il semble loin le temps où les Bleus enchaînèrent dix revers consécutifs face aux Héllènes de 1988 à 1997.
Alors, oui, les Grecs n’ont pas utilisé toute leur panoplie stratégique et ils n’ont pas sorti leurs haches de guerre comme pour un « vrai » match, mais que c’est bon de voir le panneau lumineux indiquer 65-41 après trois quart-temps. Surtout que les Grecs présentaient un Cinq made-in-Euroleague avec Nick Calathès et Kostantinos Mitoglou (Panathinaikos), Yorgos Printezis et Kostas Papanikolaou (Olympiakos), et Kostas Sloukas (Fenerbahçe).
« C’était un match de préparation intéressant face à un adversaire plus fort que celui que l’on a rencontré vendredi (NDLR : le Monténégro)», analyse le coach des Bleus, Vincent Collet. « On sait aussi que les contextes des matches amicaux ont encore plus d’importance que dans les matchs officiels car il n’y a jamais le même enjeu pour les deux équipes. Notre équipe était à domicile et en reconstruction et la détermination était très clairement chez nous ce soir même si les Grecs ont ensuite élevé leur niveau, ont été vaillants car c’est leur marque de fabrique. Malgré tout, on était encore un cran au-dessus car c’était chez nous et il faut tenir compte de ça. Je suis bien sûr très content de l’état d’esprit de l’équipe. Nicolas Batum a été dantesque et tout le monde a contribué avec un état d’esprit irréprochable. On s’appuie dessus depuis maintenant un an. Mais les deux matches importants de la semaine se déroulent jeudi prochain en Bulgarie et dimanche à Montpellier. »
Un bel état d’esprit
Le contexte était ubuesque. Pas de Rudy Gobert, d’Evan Fournier et de Frank Ntilikina retenus par leurs obligations avec leurs franchises NBA. Deuxième fléau : le Real Madrid et Barcelone avaient « fait pression » pour que Fabien Causeur et Thomas Heurtel ne s’échappent pas quelques jours de Castille et de Catalogne. De plus en plus antipathiques les deux Grands d’Espagne. Quant à Nando De Colo, Andrew Albicy et Vincent Poirier, ils n’ont eu droit à des bons de sortie que pour les deux matches officiels et pas le tournoi de Paris auquel Mathias Lessort n’a pu participer que pour le France-Grèce.
Si bien que le stage de Pau a été annulé. Si bien qu’il y a l’équipe de France pour la fenêtre de juin-juillet presque au complet, celle de l’hiver qui est l’équipe C, celle avec un NBAer, Nicolas Batum, et quelques joueurs d’Euroleague pour les matches contre la Bulgarie et la Finlande, et celle rapiécée pour le Tournoi de Coubertin avec les Limougeauds Jonathan Rousselle et Mam Jaiteh pour faire le nombre… Vous avez suivi ?
C’est ainsi que Vincent Collet présenta un cinq de départ hétéroclite face aux Grecs avec Axel Julien et Amine Noua (Jeep Elite), Edwin Jackson (Euroleage), Nicolas Batum (NBA) et Moustapha Fall (Eurocup). Il s’avéra très vite que ce groupe était toujours très athlétique, que Moustapha Fall est un point d’ancrage fondamental dans la peinture, que Edwin Jackson est plus que jamais un pistolero -10 shoots dont plusieurs en première intention-, et que Jonathan Rousselle était parfaitement à l’aise comme s’il avait 100 sélections, capable de faire mouche à longue distance avec son tir improbable et aussi, surprise, d’enrhumer son vis-à-vis en pénétration et jusqu’au cercle. Le néo-Limougeaud y gagna finalement sa place pour les deux matches officiels à venir au détriment du Dijonnais Axel Julien.
Il est légitime que Vincent Collet se félicite de l’état d’esprit de l’ensemble des joueurs qui participent à ces fenêtres, certains avec un statut assumé d’intérimaire, alors que les équipiers changent constamment et que les séances d’entraînement pour formater le groupe sont rares. Etat d’esprit égale solidarité égale défense de qualité supérieure, le label bleu des deux sexes et de toutes les classes d’âge.
« On avait de très belles complémentarités au poste 5, entre Mous (Fall) qui offre beaucoup de solutions sur le jeu de position et Mathias (Lessort) qui dans la mobilité est exceptionnel. Nos extérieurs sont aussi des flèches, ça va vite, et forcément c’est à notre avantage. On ajoute Andrew (Albicy) qui amène de la vitesse à la mène. On sait que Nando (De Colo) en amène beaucoup aussi. Ca va rester des valeurs fortes de notre jeu. Le jeu FIBA est fait d’alternances, mais ça ne veut pas dire jouer lentement. On va tout faire durant ces trois jours pour rester concentrés car on sait que gagner deux fois cette semaine qualifie quasiment et peut-être mathématiquement en fonction des autres résultats. C’est ça l’objectif de cette fenêtre et je prends malgré tout avec plaisir ce qui s’est passé. Ce qui était bien au mois de juin, c’est que l’état d’esprit était meilleur que l’année passée lors du championnat d’Europe. Il faut vraiment que ça soit une obsession car c’est seulement à ce prix que lorsqu’on sera, je l’espère qualifié, on pourra ambitionner de belles choses. On sait que cette équipe peut être encore plus forte. On a des joueurs très dominants qui ne sont pas là mais ça n’aurait pas d’intérêt si on perdait en route l’état d’esprit que l’on affiche là. »
Quand Vincent Collet louange Nicolas Batum
Mention spéciale à Nicolas Batum auteur d’un renversant 30 d’évaluation avec 13 points, 12 passes (!) et 5 interceptions. Alors qu’il fonce sur ses 30 ans, l’ailier des Charlotte Hornets atteint la maturité et il a parfaitement assumé son rôle de capitaine, une tâche pas évidente puisque il hérite du costume XXL de Boris Diaw.
« Quand Nicolas joue en 4, il est facilitateur de jeu. Il a fait briller tout le monde : des alley-oops pour Koffi, des passes dans le dos pour d’autres, des passes pour les shooteurs. C’est sûr que ça facilite beaucoup le jeu », a tout d’abord commenté Vincent Collet.
Questionné sur le fait que Tony Parker était de retour dans le giron des Bleus, deux ans après le clap de fin aux JO de Rio, présent sur un siège de VIP le long du bord de touche et surtout dans les coulisses, notamment en effectuant la cérémonie de remise des maillots à la bleusaille, le coach a souligné le lien qui unit les deux hommes.
« Il a toujours eu une relation forte avec Nico. Il a pris Nico sous son aile en équipe de France 2009. Aujourd’hui, il le rejoint à Charlotte. Ils sont associés dans leur rôle de dirigeants à Villeurbanne. Ils ont parlé ensemble. Je suis agréablement surpris du leadership que Nicolas a affiché. Pas sur le plan basket car là, je n’ai pas de doute mais sur les autres aspects. Il a été en permanence un guide pour cette équipe-là. Pas un guide qui étrangle mais un guide qui rassure. Il a rassuré bien sûr quand il a marqué des paniers mais aussi quand il a mis tout le monde en situation de réussir son match. C’est ça qui m’a impressionné ce soir. Le seul point faible que je lui trouve ce soir, c’est le rebond. Trois rebonds en trente minutes pour un poste 4… Je plaisante ! Pour le reste, il a été vraiment très, très fort et surtout dans le leadership. Au Mondial de 2010, quand Tony Parker était absent, il n’avait pas encore les épaules pour assumer. Sur le plan du jeu, il était déjà, je pense, pas loin d’en être capable, mais il n’avait pas encore le mental comme il a pu le faire ce soir. Pour nous, c’est effectivement une très bonne nouvelle. »
Les Finlandais ont eu trois semaines de préparation
« Je suis très content d’avoir battu la Grèce ce soir, en plus largement mais il ne faut surtout pas tomber dans le piège d’un relâchement. Ca sera probablement plus difficile en Bulgarie jeudi que ce soir. A aucun moment ce soir il n’y a eu des prises à deux sur Nicolas, au pire des changements. Il a toujours eu la capacité de jouer le un-contre-un. C’est un exemple. On peut s’attendre à des choses tactiques de nos adversaires qui seront peut-être plus compliquées que ce qui était ce soir. Il faut être prudent. »
Voici la mise en garde inévitable d’un coach dont une partie essentiel du job consiste à maintenir ses joueurs en éveil. Mais les Bleus doivent-ils craindre une Bulgarie nantie de 2 victoires pour 4 défaites à l’amorce de la deuxième phase de ces qualifications ? Botevgrad sera-t-il l’enfer que Tuzla en Bosnie au final ne fut pas ? La Bulgarie est classée 50e au classement FIBA là où la France est 3e. En consultant les stats des Bulgares après six journées, on constate que seulement quatre joueurs ont pris part à tous les matches, comme quoi, même si ses joueurs ne meublent pas les équipes de NBA et d’Euroleague, la fédé locale a visiblement du mal à mobiliser. D’ailleurs l’ancien meneur de jeu de Monaco et Strasbourg, le naturalisé Dee Bost a répondu présent deux fois seulement.
A priori, la Finlande malgré l’absence de son intérieur prodige Lauri Markkanen (15,2 points et 7,5 rebonds pour son année de rookie avec les Bulls) sera davantage à même de faire trébucher les Bleus. Petteri Koponen, Sasu Salin, Jamar Wilson, Shawn Huff, on connaît. Et Vincent Collet particulièrement puisque son adjoint à Strasbourg, Lassi Tuovi est toujours celui de Henrik Dettmann avec les Susijengi.
« Ils reviennent d’une tournée en Chine. La grande difficulté, c’est que la Finlande aura plus de trois semaines de préparation donc elle va jouer un basket millimétré comme elle a su le faire lors du premier tour de l’Euro l’an passé. Effectivement, il y aura Markkanen en moins. C’est pour ça que je suis content que Mathias Lessort soit intégré. Il nous permettra de pouvoir changer davantage. Quand une équipe est très huilée comme la Finlande, c’est une façon de contrer leur basket très précis. On utilisera probablement beaucoup ça. Quant à la Bulgarie, la difficulté c’est de passer de matches de préparation à un match officiel dans un contexte que je ne connais pas et que l’on va découvrir tous ensemble. Il faut se méfier et il faudra être très sérieux. Mais on l’a été à chaque fois. Il faut simplement continuer. Il faut garder l’humilité, la concentration mais ne pas avoir peur non plus. Il faut y aller avec l’ambition d’imposer ce que l’on sait faire comme on l’a fait ce soir. On a pris 31 points en première mi-temps malgré huit lancers réussis par la Grèce. Ils n’ont marqué qu’une dizaine de paniers en vingt minutes. Il y a eu beaucoup de maladresse de leur part mais aussi beaucoup de shoots très contestés. On a vraiment fourni un travail défensif solide. »
Allez, si tout se passe bien, dans une semaine la fédé pourra commencer à préparer les documents administratifs pour le voyage en Chine, du 31 août au 15 septembre 2019. Et on aura oublié les zigags de ces qualifications qui n’auront honoré ni ceux qui les ont conçus, ni ceux qui ne les ont pas respectés.
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Il s’est pourtant déroulé un moment d’histoire qui a suscité du contentement à ceux qui ont vu les équipes de France des générations précédentes souffrir le martyre face à sa bête noire. L’écart final de 16 points (84-68) est le plus important des 49 confrontations entre la France et la Grèce ! Qu’il semble loin le temps où les Bleus enchaînèrent dix revers consécutifs face aux Héllènes de 1988 à 1997.
Alors, oui, les Grecs n’ont pas utilisé toute leur panoplie stratégique et ils n’ont pas sorti leurs haches de guerre comme pour un « vrai » match, mais que c’est bon de voir le panneau lumineux indiquer 65-41 après trois quart-temps. Surtout que les Grecs présentaient un Cinq made-in-Euroleague avec Nick Calathès et Kostantinos Mitoglou (Panathinaikos), Yorgos Printezis et Kostas Papanikolaou (Olympiakos), et Kostas Sloukas (Fenerbahçe).
« C’était un match de préparation intéressant face à un adversaire plus fort que celui que l’on a rencontré vendredi (NDLR : le Monténégro)», analyse le coach des Bleus, Vincent Collet. « On sait aussi que les contextes des matches amicaux ont encore plus d’importance que dans les matchs officiels car il n’y a jamais le même enjeu pour les deux équipes. Notre équipe était à domicile et en reconstruction et la détermination était très clairement chez nous ce soir même si les Grecs ont ensuite élevé leur niveau, ont été vaillants car c’est leur marque de fabrique. Malgré tout, on était encore un cran au-dessus car c’était chez nous et il faut tenir compte de ça. Je suis bien sûr très content de l’état d’esprit de l’équipe. Nicolas Batum a été dantesque et tout le monde a contribué avec un état d’esprit irréprochable.
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Photos: Nando De Colo, Andrew Albicy, Nicolas Batum et Petteri Koponen (FIBA).