Sa défaite totalement inattendue face à la Belgique (73-83) prouve que le cuirassé espagnol n’est plus insubmersible.
Il est toujours difficile de classer des évènements par ordre d’importance quand ils sont survenus à des périodes différentes. Pourtant, la défaite de l’Espagne face à la Belgique est à ranger à coup sûr parmi les plus grands upsets de l’histoire des EuroBasket. L’Espagne est 2e au ranking mondial de la FIBA alors que la Belgique n’apparaît qu’à la 37e place. Les Espagnols sont des seigneurs, les Belges des vassaux. On a toujours vanté leur fonds de jeu, leur grinta, une équipe capable de tenir tête à la Dream Team de 2008, d’être championne du monde en 2006 comme en 2019. Une équipe qui ne flanche jamais. Du moins jusqu’ici.
Dans leurs commentaires d’après-match, on n’a pas eu l’impression que les Espagnols venaient de vivre un tremblement de terre.
« Nous en avons déjà parlé dans les vestiaires, nous continuons à dépendre de nous-mêmes », a déclaré Rudy Fernandez. « Nous devons essayer d’oublier la défaite, pas les erreurs que nous avons commises, et rien d’autre. Nous ne sommes pas aussi bons qu’il y paraissait après avoir gagné les deux premiers matches, et nous ne sommes pas aussi mauvais après la défaite d’aujourd’hui. C’est vrai qu’on peut remarquer le peu de repos car hier, les gars se sont couchés tard avec les traitements physiques dont chacun a besoin. »
Le coach Sergio Scariolo n’a pas semblé être particulièrement contrarié par ce revers…
« C’était quelque chose qui pouvait arriver en raison du manque d’expérience de nombreux joueurs. Il faut récupérer, se reposer, et se concentrer. Les joueurs vont apprendre. Peut-être qu’une gifle était nécessaire », a-t-il avancé.
Un simple accident de parcours ? Les Espagnols peuvent avancer comme explication l’absence sur blessure de leur étoile Ricky Rubio. Ils doivent surtout se demander si les frères Pau et Marc Gasol ne sont pas des irremplaçables, si c’est normal qu’un pays qui moissonne chez les jeunes – en garçons comme en filles – depuis des années puisse présenter une équipe aussi peu représentative, s’il est sain d’aligner un Américain naturalisé express alors que le pays regorge de petits meneurs talentueux, s’il est positif que la ligue espagnole est celle au monde qui utilise le moins de joueurs autochtones. Ce n’est plus l’heure de l’auto-satisfaction, mais de l’introspection.
Photo : Juancho Hernangomez (FIBA)