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Étude sur les lancers francs (3/3) – George Eddy : « Le problème, c’est vraiment la dimension mentale »

Le lancer franc est un geste « facile » pour un basketteur professionnel de haut niveau. Facile ? Pas pour tous ! Nous avons pu le voir dans les divers championnats français, ainsi qu’à l’échelon européen, même de grands joueurs comme Nick Calathes souffrent sur la ligne de réparation. Pour clore ce

Le lancer franc est un geste « facile » pour un basketteur professionnel de haut niveau. Facile ? Pas pour tous ! Nous avons pu le voir dans les divers championnats français, ainsi qu’à l’échelon européen, même de grands joueurs comme Nick Calathes souffrent sur la ligne de réparation. Pour clore ce dossier, parole est donnée à George Eddy, l’historique journaliste de Canal +, grand spécialiste de la technique du tir devant l’éternel.

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Quelle est la spécificité du lancer franc ?

Au basket, c’est la chose la plus simple à effectuer. Mais, mentalement, cela peut se révéler difficile : on est tout seul face au panier, dans une grande salle, cela peut mettre la pression, dérégler. Techniquement, un lancer franc, c’est très simple. Pour un joueur professionnel, ce devrait être facile. Mais le problème, c’est vraiment la dimension mentale. Cela étant, un lancer franc, c’est facile, mais en même temps il faut être un as du shoot pour être fort aux lancers francs. Les meilleurs shooteurs ont le geste le plus simple, le plus fluide, un minimum de gestes inutiles, comme Steph Curry. La fluidité est importante : si le geste est saccadé, on donne des opportunités au corps de rater pour de nombreuses raisons. La simplicité également, dans la routine de préparation : plus on garde la balle, plus on gamberge, et plus on doute, plus on rajoute de la complication. Il ne faut pas laisser cela prendre le dessus. Des joueurs très forts aux lancers francs comme Steph Curry ou Steve Nash shootent pratiquement toujours de la même manière pour se donner le moins de marge d’erreur possible.

Existe-t-il un geste parfait pour le lancer franc ?

Non, le geste peut varier d’un joueur à l’autre.

À défaut de geste « absolu », quelles sont les bases pour réussir ses lancers francs ?

Il faut rester concentré sur les détails techniques, pas sur le stress, le score, le public… Il ne faut pas mettre le ballon très haut, pas derrière la tête, ne pas aplatir la trajectoire. Il faut beaucoup de poussée avec les jambes. Pour avoir un bon rythme, il faut que le tir parte du pied et aille jusqu’à la main, en restant fluide et souple. C’est vrai pour tous les joueurs sauf pour des cas atypiques tels que Ray Allen, qui tirait ses lancers francs d’une seule main.

L’une des spécificités du lancer franc par rapport à la plupart des autres tirs, c’est qu’il s’exécute la plupart du temps les pieds au sol, sans sauter. Les joueurs qui se montrent adroits au tir en match n’auraient-ils pas intérêt à tenter leurs lancers francs avec un jump shoot ?

Tirer les pieds par terre est effectivement un peu différent d’un tir en suspension. Et certains joueurs tirent leurs lancers francs avec un jump shoot. Mais il est plus facile de tirer les pieds au sol car cela demande moins d’énergie et, surtout, cela soustrait un geste qui peut se révéler parasite. Quand on saute, on rajoute une possibilité d’erreur. À l’inverse, lorsqu’on a un geste simple, on tire plus efficacement les pieds au sol.

On peut supposer que tous les joueurs professionnels s’entraînent aux lancers francs, même (et peut-être surtout) ceux qui ont de faibles pourcentages dans l’exercice. Mais peut-on comparer un lancer franc tenté à l’entraînement et en match ?

Il y a effectivement une différence, c’est pour cela que, à l’entraînement, il faut essayer de s’exercer aux lancers francs en essayant de se rapprocher des conditions de match, notamment en faisant des sprints avant pour être essouflé. Il faut aussi se mettre la pression tout seul, par exemple en se mettant face à un défi : si l’on ne réussit pas dix lancers d’affilée, on s’obligera à faire dix sprints. Ça met la pression !

Pourquoi rencontre-t-on principalement les plus faibles tireurs de lancers francs chez les intérieurs et notamment les pivots ?

Le tir de lancers francs est plus compliqué pour les pivots parace qu’ils ont de grandes mains et qu’ils sont plus grands, ce qui les pousse à aplatir la trajectoire du tir. Cela dit, si le geste est correct, il n’y a pas de raison de ne pas réussir. Il n’est pas interdit pour un grand d’être adroit aux lancers francs ! Mais il y a sans doute aussi une dimension psychologique. Par exemple, Shaquille O’Neal (NDLR : faible tireur de lancers francs pratiquement tout du long de sa carrière) a passé sa carrière à changer son geste, même lorsque ses pourcentages s’amélioraient un peu. Il s’est beaucoup entraîné avec un spécialiste tout en gardant d’énormes lacunes. En fait, il est un bon exemple de ce qu’il ne faut pas faire !

Dans notre étude, nous avons pu constater que le pourcentage de réussite aux lancers francs du championnat Espoirs était très faible (65,51 %). Quelle est pour vous l’explication de ce phénomène ?

Ces jeunes joueurs sont stressés par le fait qu’il leur faut réussir. Cela crée une surpression qui peut les faire trébucher aux lancers francs. En outre, il y a aussi le manque d’expérience. On est souvent plus adroit en fin de carrière que plus jeune, lorsqu’on compte surtout sur ses qualités physiques.

A contrario, les joueuses de LFB se montrent en moyenne plus adroites aux lancers francs que leurs homologues masculins de Jeep Élite. Il y a une raison particulière ?

Dans l’ensemble, les filles sont très techniques. Comme elles sont moins athlétiques que les garçons, elles investissent plus dans la technique. Beaucoup ont une gestuelle exemplaire. Le plus intéressant, c’est qu’elles ont presque toutes une excellente technique des fondamentaux.

Un autre constat révélé par notre étude, c’est que le meilleur pourcentage de réussite relevé concerne l’Euroleague (79,45 %). Est-ce le signe que les meilleures équipes ont forcément les meilleurs résultats dans ce domaine ?

L’Euroleague regroupe les meilleurs joueurs d’Europe. Ils sont très forts à la base et en plus s’entraînent beaucoup, cela explique cette meilleure réussite. De manière plus générale, dans le basket moderne, la technique du shoot et la qualité de l’attaque ont dépassé la défense. Les joueurs sont de plus en plus adroits à trois-points, il est logique que les lancers francs suivent. De plus, la formation européenne est plus qualitative qu’en NCAA, cela se retrouve dans la qualité technique des shooteurs. De nos jours, beaucoup de grands shooteurs viennent d’Europe.

Nick Calathes « réussissant » un airball sur lancer franc.

Le contre-exemple de tout cela, c’est Nick Calathes, le meneur titulaire de Barcelone, qui tire à 50 % aux lancers francs en Euroleague alors qu’il tourne à plus de 40 % à trois-points. Étonnant, non ?

C’est une anomalie complète. C’est un meneur, avec un shoot correct, il n’y a aucune raison qu’il soit à moins de 80 %, sauf la surpression. Ça ne peut être que dans la tête.

Les pourcentages de réussite aux lancers francs en Jeep Élite sont en progression. À quoi attribuez-vous ce phénomène ?

À la base, en France, nous avons surtout des athlètes, moins de shooteurs qu’en Serbie ou dans les autres pays de l’ex-Yougoslavie. Mais l’influence des coachs étrangers et des joueurs américains a aidé à faire progresser les joueurs français. Après, il y a de bons shooteurs de lancers francs partout dans le monde, en considérant qu’un bon tireur tourne à 90 % ou plus. Des joueurs de ce niveau, il n’y en a certes pas beaucoup, mais on peut toujours leur demander des conseils. En France, il y a par exemple Nicolas Lang. On ne s’en rend pas forcément compte, mais il a réalisé une série historique, comparable à celle de Robert Smith en son temps ! (NDLR : alors sous le maillot de Monaco, le meneur a réussi sur la saison 1987-88 un incroyable 99/100, dont 90 lancers réussis à la suite !)

Pour finir, une vidéo de Hoopsidia où George Eddy explique comment avoir un tir parfait, notamment aux lancers francs :

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Quelle est la spécificité du lancer franc ?

Au basket, c’est la chose la plus simple à effectuer. Mais, mentalement, cela peut se révéler difficile : on est tout seul face au panier, dans une grande salle, cela peut mettre la pression, dérégler. Techniquement, un lancer franc, c’est très simple. Pour un joueur professionnel, ce devrait être facile. Mais le problème, c’est vraiment la dimension mentale. Cela étant, un lancer franc, c’est facile, mais en même temps il faut être un as du shoot pour être fort aux lancers francs. Les meilleurs shooteurs ont le geste le plus simple, le plus fluide, un minimum de gestes inutiles, comme Steph Curry. La fluidité est importante : si le geste est saccadé, on donne des opportunités au corps de rater pour de nombreuses raisons. La simplicité également, dans la routine de préparation : plus on garde la balle, plus on gamberge, et plus on doute, plus on rajoute de la complication. Il ne faut pas laisser cela prendre le dessus. Des joueurs très forts aux lancers francs comme Steph Curry ou Steve Nash shootent pratiquement toujours de la même manière pour se donner le moins de marge d’erreur possible.

Existe-t-il un geste parfait pour le lancer franc ?

Non, le geste peut varier d’un joueur à l’autre.

À défaut de geste « absolu », quelles sont les bases pour réussir ses lancers francs ?

Il faut rester concentré sur les détails techniques, pas sur le stress, le score, le public… Il ne faut pas mettre le ballon très haut,

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Photo d’ouverture : George Eddy – Canal + (Photo : Alliance internationale)

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