[REDIFF] Étude – Les tirs à trois-points – 1e partie : en France, la Jeep Élite, LDLC Asvel et Lamonte Ulmer au top

Photo d’ouverture : James Washington – Vichy-Clermont (Photo : Alain Chenevière-JA VCM)

Après nous être intéressé aux lancers francs (voir ICI pour le dernier article du dossier, où figurent les liens pour les deux premières parties), nous nous sommes penchés sur l’art du shoot à trois-points. Depuis son introduction dans les compétitions FIBA en 1984 (1979 pour la NBA), le tir de loin a pris une importance croissante dans le jeu, au point de devenir l’arme majeure de certaines équipes. Nous nous sommes donc posé la question : quels sont les championnats, les équipes et les joueurs les plus efficaces dans ce domaine. D’où cette étude en deux parties, avec la France aujourd’hui, l’Europe demain.

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D’abord installée, pour les compétitions régies par la FIBA, à 6,25 m du panier en 1984, la ligne du tir à trois-points est passée en 2010 (pour les compétitions internationales, 2012 pour les championnats domestiques) à 6,75 m (elle est toujours à 7,23 m en NBA). Ce qui n’a pas empêché le tir longue distance de prendre de plus en plus d’importance dans le jeu de nombreuses équipes, aussi bien de clubs que de sélections nationales. Ce qui est assez logique : alors qu’il n’est pas forcément évident d’atteindre les 50 % de réussite aux tirs à deux-points, il est plus facile (pour des joueurs de haut niveau s’entend) d’arriver à 33,3 % de réussite à trois-points, pour un résultat équivalent : réussir 3 tirs sur 6 à deux-points rapporte 6 points, tout comme 2 tirs sur 6 à trois-points.

Nous nous sommes donc intéressés à ce domaine un peu particulier, qui tend toutefois à se populariser puisque de nos jours, même les pivots tentent de plus en plus souvent leur chance à trois-points. Nous avons voulu discerner quels étaient les championnats où l’adresse à trois-points était la plus importante, comment cette adresse avait évolué au fil du temps en Jeep Élite, quels étaient les meilleurs (et moins bons) clubs et joueurs ou joueuses dans l’exercice.

Il est à noter que les statistiques utilisées dans ce dossier ont été arrêtées au 9 mai et peuvent donc avoir légèrement évolué depuis.

Quel est le championnat français avec le meilleur pourcentage aux tirs à trois-points ?

Tout d’abord, est-ce que le niveau de jeu a une influence sur la réussite à trois-points ? Le tableau ci-dessous apporte une réponse ferme : oui. Même s’ils tirent un peu moins à longue distance qu’en Pro B, les joueurs de Jeep Élite sont les plus adroits en France dans cet exercice, avec une réussite très correcte de 36,47 %. De leur côté, les féminines de la LFB se révèlent moins adroites que leurs homologues masculins, la différence de force physique (en moyenne) faisant son œuvre. Du coup, les joueuses de LFB tentent nettement moins souvent leur chance à longue distance que les garçons, prenant globalement 3 ou 4 tirs de moins à trois-points que les joueurs de Jeep Élite et de Pro B. Enfin, les Espoirs n’hésitent pas particulièrement à shooter de loin, mais avec un taux de réussite très faible, inférieur à 30 %. Ce qui est à mettre sur le compte d’une maturité physique et technique pas encore totale chez des jeunes gens ayant entre 16 et 21 ans pour la plupart. Cela étant, le niveau global d’adresse à trois-points du championnat Espoirs n’est pas brillant.

Quelle est l’évolution de l’adresse aux tirs à trois-points en Jeep Élite ?

Cette saison, en Jeep Élite, l’ensemble des clubs a donc shooté à 36,47 % à trois-points pour 23,21 tentatives par match. Est-ce mieux ou moins bien que les saisons précédentes ?

À l’examen des statistiques de ces cinq dernières saisons (l’actuelle incluse), on s’aperçoit que le pourcentage d’adresse augmente, avec « l’anomalie » de la saison passée, où les clubs de Jeep Élite se sont montrés particulièrement adroits dans l’exercice. Parallèlement, on peut s’apercevoir que les joueurs tentent de plus en plus de tirs à trois-points : si l’on comptabilisait 22,12 tentatives par match en 2016-17, on est progressivement arrivé à 23,21 tentatives cette saison, soit un shoot de plus par match. On peut donc considérer que le tir à trois-points rentre de plus en plus dans les mœurs des équipes de haut niveau.

Quels sont les clubs les plus (et les moins) en réussite dans cet exercice ?

Quel que soit le championnat, certains clubs se montrent plus adroits que d’autres dans l’exercice du tir à longue distance. Ce qui n’est généralement pas sans avoir une incidence sur les résultats de l’équipe.

En Jeep Élite

Prenons tout d’abord l’exemple de la Jeep Élite, avec les « top 3 » et « flop «3 » (respectivement les trois équipes les plus et les moins adroites à trois-points) de la division.

Première constatation, les deux premiers de ce classement réussissent au moins 40 % de leurs tirs à trois-points, un excellent pourcentage. À l’inverse, les trois derniers sont en-dessous de la barre des 33,3 %, signe qu’ils réussissent moins d’une tentative sur trois. Par ailleurs, si l’on regarde le classement de ces équipes, on constate que les « top 3 » figurent dans les six premiers du classement alors que les « flop 3 » sont installées dans la deuxième partie de ce classement, semblant toutefois ne pas être menacées par la relégation.

À l’étude de ce classement et de l’historique de la réussite à trois-points en Jeep Élite, un fait est frappant : Nanterre figure cette saison en dernière place du championnat pour la réussite à trois-points et n’est pas très bien classé, autour de la 10-12^e place, après avoir un moment frôlé la zone de relégation. Avec 31,1 % de réussite à trois-points, le Nanterre de cette saison est bien loin de ses rendements passés, avec des conséquences sur son classement : en 2019-20, 40,8 % (1^er de Jeep Élite dans l’exercice) pour une 7^e place, en 2018-19 41,2 % (1^er à trois-points) pour une 4^e place finale, en 2017-18, 36,9 % (5^e de Jeep Élite) pour une 7^e place au classement, en 2016-17, 37,2 % (4^e) pour une 3^e place finale. Ainsi, on peut constater que, même si cela ne s’est pas vérifié la saison passée, le classement de Nanterre est le plus souvent étroitement corrélé à la réussite à trois-points de ses joueurs. Le peu de réussite en la matière cette saison explique en bonne partie les résultats moyens du club.

En Pro B

Le parallèle entre réussite aux tirs à trois-points et classement de l’équipe est un peu moins valide en Pro B, avec Vichy-Clermont qui figure dans la deuxième partie du classement (11^e à l’heure actuelle) tout en figurant parmi les équipes les plus adroites de loin du championnat. Mais c’est un peu l’exception qui confirme la règle : Fos et Nancy sont toujours en lice pour l’accession à la Jeep Élite alors que des trois clubs les moins adroits à trois-points, seul Denain n’est pas concerné par la lutte pour le maintien tout en figurant en deuxième partie de tableau.

On notera également que, comme en Jeep Élite, il existe un gouffre entre les clubs les plus adroits et les moins précis, de l’ordre de 10 % de réussite entre le premier et le dernier.

En LFB

Nous l’avons vu, en Ligue féminine, les chiffres à trois-points ne sont pas de même niveau que ceux des championnats masculins. Du reste, seuls les trois premiers clubs en termes de réussite à trois-points atteignent ou dépassent la barre des 33,3 %. Sans doute pas une coïncidence, ces clubs ont terminé aux trois premières places de la saison régulière, même si c’est Basket Landes, 4^e de la saison régulière, qui a coiffé la couronne de champion de France.

À l’autre bout de ce classement, Villeneuve-d’Ascq et La Roche Vendée ont terminé juste derrière le quatuor de tête au classement, mais pas grâce à leur adresse de loin. Et Charnay, 9^e de la saison régulière, n’a pas évité les affres de la relégation à cause de sa réussite aux tirs lointains. Comme quoi si l’adresse à trois-points contribue à un bon classement, cela ne fait évidemment pas tout…

En championnat Espoirs

Reste le cas un peu particulier des équipes du championnat Espoirs. Particulier notamment parce que le championnat a connu plusieurs phases, dont une de poules de deux fois neuf équipes. Mais aussi parce que, nous l’avons déjà évoqué, il met en scène des joueurs parfois très jeunes (15 ans pour les plus précoces), n’ayant pas toujours fini leur croissance et pas toujours à l’aise techniquement. D’où des pourcentages de réussite à trois-points peu élevées, avec le seul Dijon pour dépasser la barre des 33,3 %.

On notera par ailleurs que si les trois clubs les plus précis à trois-points se sont qualifiés pour le Trophée du futur, c’est aussi le cas de Limoges (malgré ses 24,7 % à trois-points) alors que les deux autres équipes les plus maladroites ont frôlé la qualification pour l’une (Chalon-sur-Saône) ou terminé bonnes dernières de leur poule (Boulazac, 2 victoires pour 14 défaites).

Quels sont les joueurs et joueuses les plus (et les moins) en réussite par championnat ?

Il est d’usage de considérer qu’un joueur se montre très adroit à trois-points s’il réussit plus de 40 % de ses tirs à longue distance. Ce qui est le cas, par exemple, de 41 joueurs en Jeep Élite et de 31 en Pro B. Bien plus rares sont ceux qui atteignent ou dépassent la barre des 50 %, ils sont trois en première division, deux en deuxième (au moment de l’arrêt de nos statistiques, les chiffres et les classements ont changé depuis).

En Jeep Élite

En Jeep Élite, Lamonte Ulmer occupe une surprenante première place avec ses 54,5 %, lui qui les trois saisons précédentes n’avait jamais réussi à tirer à plus de 36,2 % à trois-points. Pour sa part, Guerschon Yabusele n’avait jamais particulièrement brillé dans l’exercice outre-Atlantique (36,4 % au mieux) alors que le Belge Hans Vanwijn se montre encore plus précis en France qu’il ne l’était à Anvers (entre 40,0 et 46,3 % en trois saisons).

À l’autre bout de ce classement, on trouve trois joueurs français, tous trois meneurs ou arrières, présentant des stats piteuses dans l’exercice, qui plus est sur un fort volume de tirs : entre 10 et 30 tentatives de plus que les plus adroits. On notera que, bien malgré eux, Mehdy Ngouama et Boris Dallo contribuent largement au manque de réussite du Portel dans les tirs de loin.

En Pro B

En Pro B, deux joueurs dominaient le classement à l’heure où nous avons arrêté nos stats, mais ils ne figurent plus dans le trio de tête aujourd’hui, l’un (Washington) parce qu’il a vu son adresse baisser (44,6 % aujourd’hui), l’autre (Mbaye) parce qu’il n’a pas tenté suffisamment de tirs à trois-points (au moins 2 tentatives par match) pour figurer encore dans la hiérarchie (52,9 % de réussite mais sur 1,9 tentative). Quant à Yunio Barrueta, il se distingue par sa réussite sur un nombre important de tentatives, prenant au moins deux fois plus de shoots longue distance que ses compères, sachant qu’il a joué 14 matchs avant de se blesser. Soit un peu plus de 6 tirs à trois-points par match…

Pour leur part, les trois joueurs de Pro B les moins adroits à trois-points au moment où ces stats ont été arrêtées figurent toujours dans les profondeurs de ce classement, seul Matthieu Missonnier ayant un peu amélioré son rendement, passant à 25,0 % – ce qui reste faible. Mais Josip Bilinovac en est à 1/10 depuis ce relevé de stats et Zimmy Nwogbo à 0/4.

En LFB

Si la LFB n’est pas un repaire de snipers, elle n’en recèle pas moins quelques jeunes femmes capables de tirer de loin avec une belle adresse. La plus remarquable est sans nul doute Margaux Galliou-Loko (la sœur de Charles Galliou, de Dijon), qui présente l’impeccable taux de réussite de 46,5 % pour un fort volume de tirs, alors que les femmes ont tendance (voir plus haut) à moins prendre leur chance à trois-points que les hommes. Pour les deux autres joueuses figurant parmi les plus adroites de LFB, on peut noter qu’il s’agit de deux internationales en titre, l’une (Johannès) tentant nettement plus souvent sa chance que l’autre (Tchatchouang). Mais toutes deux avec des pourcentages de réussite très convaincants.

Une autre internationale en titre fait pour sa part partie du « flop 3 » de la LFB en matière de réussite à trois-points, preuve qu’elle apporte bien d’autres choses sur le parquet. Mais à peine plus de 20 % à longue distance, ce n’est pas très brillant. Que dire, du reste, des deux autres joueuses, qui tournent à moins de 15 % sur un nombre de tentatives non-négligeable ?

En championnat Espoirs

Nous l’avons vu, le championnat Espoirs ne se distingue guère par l’adresse lointaine de ses joueurs. Mais, comme toujours, il y a des exceptions. Certes, Mathis Vaudelin (18 ans) ne tente pas très souvent sa chance (il a en définitive pris 24 tirs à trois-points en 10 matchs) mais il le fait à bon escient (avec 13 réussites aujourd’hui, il est à 54,2 %). Quant à ses deux suivants, à distance respectable, ils arrivent à produire des pourcentages très intéressants, plus encore pour Alexander Doyle, à tout juste 17 ans, que pour Thomas Duchêne (20 ans). S’ils se montrent réguliers dans l’exercice, ces trois joueurs pourront se garantir un avenir à haut niveau.

Si Thibaut Trouillaut est dans sa première véritable saison Espoirs (il n’était entré que deux fois en jeu la saison dernière avec le centre de formation de Roanne), Wesley Ouatango et Tine Kotnik présentent des pourcentages de réussite étonnamment bas par rapport à leurs précédentes prestations. Certes, ni l’un ni l’autre n’avaient impressionné dans le domaine la saison passée (30,1 % pour Ouatango, 31,8 % pour Kotnik) mais de là à se rapprocher dangereusement des 10 % de « réussite »…

Demain, la seconde partie de notre étude avec les championnats étrangers et les principales coupes d’Europe

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D’abord installée, pour les compétitions régies par la FIBA, à 6,25 m du panier en 1984, la ligne du tir à trois-points est passée en 2010 (pour les compétitions internationales, 2012 pour les championnats domestiques) à 6,75 m (elle est toujours à 7,23 m en NBA). Ce qui n’a pas empêché le tir longue distance de prendre de plus en plus d’importance dans le jeu de nombreuses équipes, aussi bien de clubs que de sélections nationales. Ce qui est assez logique : alors qu’il n’est pas forcément évident d’atteindre les 50 % de réussite aux tirs à deux-points, il est plus facile (pour des joueurs de haut niveau s’entend) d’arriver à 33,3 % de réussite à trois-points, pour un résultat équivalent : réussir 3 tirs sur 6 à deux-points rapporte 6 points, tout comme 2 tirs sur 6 à trois-points.

Nous nous sommes donc intéressés à ce domaine un peu particulier, qui tend toutefois à se populariser puisque de nos jours, même les pivots tentent de plus en plus souvent leur chance à trois-points. Nous avons voulu discerner quels étaient les championnats où l’adresse à trois-points était la plus importante, comment cette adresse avait évolué au fil du temps en Jeep Élite, quels étaient les meilleurs (et moins bons) clubs et joueurs ou joueuses dans l’exercice.

Il est à noter que les statistiques utilisées dans ce dossier ont été arrêtées au 9 mai (et peuvent donc avoir légèrement évolué depuis).

Quel est le championnat français avec le meilleur pourcentage aux tirs à trois-points ?

Tout d’abord, est-ce que le niveau de jeu a une influence sur la réussite à trois-points ? Le tableau ci-dessous apporte une réponse ferme : oui. Même s’ils tirent un peu moins à longue distance qu’en Pro B, les joueurs de Jeep Élite sont les plus adroits en France dans cet exercice, avec une réussite très correcte de 36,47 %. De leur côté, les féminines de la LFB se révèlent

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