Vainqueur de la France en finale (88-76), l’Espagne a été sacrée championne d’Europe, ce dimanche, à Berlin.
Il s’agit de la quatrième couronne posée sur la tête des Espagnols après celles de 2009, 2011, 2015. Des triomphes auxquels Rudy Fernandez et le coach Sergio Scariolo ont à chaque fois participé.
Les Bleus pensaient être débarrassés de la fratrie Gasol. Ils ont droit maintenant aux deux Hernangomez. Willy a compilé 14 points et 8 rebonds, et Juancho 27 et 5 passes. Celui-ci a surtout réalisé un festival de paniers à trois-points en première mi-temps qui a désarçonné la France. Il en a transformé 7 au total (sur 9 shoots), prenant position à la 2e place dans la catégorie pour une finale derrière les 9 du Yougoslave Sasa Djordjevic en 1995. Les Espagnols ont été dominants presque tout le match, une vraie force collective, qui a provoqué 19 balles perdues du côté des Bleus (contre 9).
La paire Fournier Heurtel-Fournier (39 points à eux deux) a fait le maximum, comme Terry Tarpey (16 d’évaluation alors qu’il n’a marqué que 4 points), mais cette équipe d’Espagne-là, que personne ou presque imaginait en or, était juste supérieure. Les Bleus se contenteront de la médaille d’argent comme en 1949 et 2011. Avec trois défaites et des miracles face à la Turquie et l’Italie, ce n’est déjà pas si mal.
Pour dans un an à la Coupe du monde, aux Philippines, Japon et Indonésie – 25 août au 10 septembre 2023 -, l’équipe de France devrait compter sur le retour de Nando De Colo, qui aura alors 36 ans, et Nicolas Batum, 34 ans, et le possible sinon probable renfort de Joël Embiid et Victor Wembanyama.
Rudy Fernandez hué
Toute l’Espagne aussi était derrière son équipe. Ainsi, le joueur de tennis Rafael Nadal a publié avant le match une vidéo sur les réseaux sociaux où en enfilant son maillot, il montrait son soutien à la Rioja. Les Espagnols ne se sont pas non plus privés de faire tourner sur ces mêmes réseaux la vidéo de la FFBB qui est un condensé des actions les plus chaudes de la rivalité entre les deux équipes.
Quant aux fans français, ils avaient ressorti le hastag #beatSpain qui est un bon résumé de la crainte que leur procure nos voisins du Sud, et l’envie de les faire rouler dans la poussière. Le cadre extérieur était ainsi posé. A l’intérieur de la Mercedes-Benz Arena de Berlin qui était complet (13 042 spectateurs), mais le millier de Français y compris l’astronaute Thomas Pesquet, s’est fait entendre, notamment en huant Rudy Fernandez à la présentation des équipes.
-21, la France frigorifiée
L’Espagne a fait tout de suite un écart (5-14, 5e) avec plusieurs lancers-francs. Andrew Albicy se faisait pénaliser de deux fautes et surtout la défense espagnole tissait sa toile. Malgré la bonne défense des Bleus, notamment de Terry Tarpey sur Lorenzo Brown, tout baignait dans l’huile offensivement pour les Espagnols. Quelle circulation de balle, un précis technique ! 7-18 et 14-23 à la fin du quart-temps avec un 7/12 aux shoots pour l’Espagne, qui était incontestablement maîtresse du rythme du match.
Vincent Collet essayait différentes options, mais rien n’y faisait, à l’image de ces deux séquences offensives interrompues par l’horloge des 24 secondes. A l’inverse, les Espagnols artillaient de partout. La marge des 19 points était atteinte à la 13e minute (16-35 puis 22-41 et 25-46) avec un Juancho Hernangomez à 6/7 derrière la ligne à 6,75 m. « Juancho ! Juancho ! » criait les fans bariolés de sang et or. C’était comme une odeur de roussi qui flottait dans l’air.
La zone des Français ne changerait rien au scénario. Willy Hernangomez réussisait un layup et un pic était observé à +21 (26-47). C’est à ce moment-là, dans une situation quasi désespérée que les Bleus ont infligé un 11-0 à leurs rivaux avec un Evan Fournier rageur (11 points à la mi-temps) pour remonter à 37-47 à la mi-temps.
La stat qui donnait espoir : L’Espagne avait remporté 23 de ses 24 derniers matchs de l’EuroBasket alors qu’elle menait par 10 points ou plus à la mi-temps, mais leur dernière défaite dans une telle situation datait de 2013… contre la France.
Des Espagnols si sereins
Les Français démarraient la deuxième mi-temps sur la même lancée. La confiance et ce qui va avec la réussite avaient un moment changé de camp. 46-49, avec 7 points de Guershon Yabusele. Une illusion. Un temps mort de Sergio Scariolo, une boîte sur Evan Fournier, et, hop !, ça repartait dans l’autre sens. 48-61. Les Bleus ne lâchaient pas, revenaient à 57-63 avant que l’insubmersible Rudy Fernandez et sa tête de mauvais garçon plante un trois-points. 57-66 à la fin du 3e quart-temps.
Un incident se produisait lorsque la balle était rendue à la France alors que le tir de Rudy Fernandez avait effectivement touché le cercle. Les Bleus remettaient en jeu. Sergio Scariolo écopait d’une technique et Evan Fournier transformait le lancer. Ça ne déconcentrait pas pour autant les Espagnols toujours sereins, alors que les Français étaient petits bras. Vincent Collet plaçait un temps le trio Heurtel-Fournier-Okobo pour tenter de booster le potentiel offensif, mais c’était peine perdue.
Qui peut prétendre que les Espagnols, qui sont aussi champions du monde, ne sont pas les meilleurs basketteurs d’Europe ?
La boxscore est ICI.
https://twitter.com/CanalplusBasket/status/1571600185792380930
Photo : Rudy Gobert (FIBA)