On se souviendra que c’est le dimanche 25 juin 2017 que Céline Dumerc, icône du basket français, et son amie Gaëlle Skrela ont fait leurs adieux à l’équipe de France, malheureusement sur une cuisante défaite (71-55), mais sans regrets car cette version de l’équipe d’Espagne, qui n’est pas vice-championne olympique par défaut, était simplement intouchable.
Plutôt que de constater que la France a échoué une troisième fois de suite en finale européenne, il faut se féliciter de cette troisième médaille d’argent d’affilée, là où par exemple la Serbie, championne d’Europe en titre, n’est même pas qualifiée pour la prochaine Coupe du Monde. Cette constance dans la performance est la preuve ultime que le basket féminin français est en très bonne forme.
Les Bleues cherchent d’entrée la faille espagnole à l’intérieur avec la paire Helena Ciak-Diandra Tchatchouang et les coéquipières de Laia Palau en font autant avec une Alba Torrens tout de suite brillante (7 points en 5 minutes). On sent instantanément que le niveau de cette finale est sensiblement plus élevé que le match de la veille contre la Grèce. Au bout de 6 minutes, les Espagnoles surent de leurs forces sont déjà à 15 points avec 58% de réussite alors que la France en est à 10. Il faut serrer les vis en défense! Seulement la circulation de balle des Espagnoles est impeccable et un shoot de downtown d’Alba Torrens puis un autre d’Anna Cruz leur donnent une avance de six points un peu après le début du deuxième quart-temps (24-18).
Une maturité supérieure se dégage du côté des Espagnoles au maximum de leur savoir-faire -28 ans de moyenne d’âge contre 26 aux Françaises- qui contraignent les Bleues à beaucoup de fautes de carre entraînant balles perdues et shoots dans de mauvaises conditions. Le débours atteint un point culminant inquiétant (32-20, 15e). C’est là que Céline Dumerc paye de sa personne prenant davantage d’initiatives personnelles que lors des matches précédents pour débloquer la situation en attaque. Avec son cerveau, son coeur, ses jambes et son poignet gauche, elle inscrit huit points dans cette mi-temps. Comme un retour à Londres’2012.
La défense espagnole, un roc!
L’intensité s’élève encore. La France revient à cinq points mais des paniers de Silvia Dominguez et Sancho Lyttle redonnent à l’Espagne un écart conséquent après vingt minutes (39-30). La fiche de stats des Bleues laisse percevoir une infériorité dans à peu près tous les domaines (47 à 40% à la réussite aux shoots, 11 à 8 aux passes, 20 à 16 aux rebonds) sinon qu’elles n’ont perdu jusque là que cinq ballons (15 au total!). La naturalisée Sancho Lyttle (10 points et 5 rebonds), comme toujours très rude en défense, fait des ravages à l’intérieur.
Ca commence très mal au retour des vestiaires avec la quatrième faute d’Helena Ciak. C’est là que l’ombre de Sandrine Gruda plane sur l’O2 Arena. Le grand oiseau Alba Torrens (18 points à 7/13) est en feu. Surtout les Espagnoles cadenassent le périmètre autour du cercle. Plus rien ne rentre du côté des Bleues, on sent que le doute s’est installé dans les cerveaux. 49-33 à la 26e minute.
Les Bleues ne manquent pas de bonne volonté mais les Espagnoles sont simplement supérieures. Leur maîtrise de la situation est parfaite, on a l’impression que c’est leur trentième finale internationale. L’objectif de la quatrième période est d’éviter le bouillon. Mais les dernières minutes sont longues, longues… Les Espagnoles ne font aucun cadeau mais sans frimer. Leurs supporters chantent et gesticulent. La fierté bleu-blanc-rouge est mise à mal.
Céline Dumerc et Gaëlle Skrela passent leurs derniers moments ensemble sur le parquet. Céline Dumerc (15 points, 12 d’évaluation), la Reine des abeilles, marque d’un shoot à trois mètres avec la planche son ultime panier en bleu.
« D’un coté il y a beaucoup de larmes mais j’ai envie d’être contente car il y a une médaille autour du cou. Ce soir j’en ai gros sur le coeur car ce n’est pas l’or, c’est mon dernier match mais je suis fière de mon équipe. Voilà, c’était le dernier match… », lâche Céline forcément très émue au micro de W9.
Ca fait mal au coeur de perdre ainsi mais pour la génération d’Olivia Epoupa et Marine Johannès, il aura bientôt des occasions de prendre une revanche. L’année prochaine à la Coupe du Monde?
La boxscore est ici.
Le classement final: 1- Espagne, 2- France, 3-Belgique, 4-Grèce, 5- Turquie, 6-Lettonie, 7-Italie, 8-Slovaquie.
Les six premiers sont qualifiés pour la Coupe du Monde 2018 en Espagne.
Photos: FIBA Europe