“On est en finale, on est en finale”, a-t-on entendu descendre des tribunes. Ekinox savoure, la Jeu est dans l’histoire. Et quelle cuvée de rêve pour le basket français ! Cinq jours après Paris, Bourg-en-Bresse a composté son billet pour la grande finale de l’édition 2024 de l’Eurocup. Devant 3 500 supporters survoltés, la JL Bourg est devenue le 14e club français à se hisser en finale de Coupe d’Europe en venant à bout des Turcs de Besiktas dans un match 3 sous très haute tension, à l’image de l’exclusion de Bodian Massa et Angel Delgado en première mi-temps.
Paris - Bourg sera la deuxième finale franco-française de l’histoire d’une coupe d’Europe après l’affrontement pour le titre entre Nanterre et Chalon-sur-Saône lors de la FIBA Europe Cup en 2017. Elle aura lieu les mardi 9, vendredi 12 et éventuellement lundi 15 avril.
Quelle entrée en matière !
Les débordements des supporters de Besiktas avaient lancé les hostilités lors du match 1, aussi au Sinan Erdem Dome lors du match 2. Pour ce troisième et dernier acte, la soirée a encore débuté bien avant l’entre-deux. Cette fois-ci, ce sont des supporters bressans, tous vêtus de blanc, qui se sont fait entendre. Des chants bras dessus bras dessous sur le parvis, une Marseillaise entonnée à une demi-heure de l’entre-deux, une présentation en grandes pompes, des cris en chœur bien au-delà des décibels habituels… L’avantage du terrain prenait déjà tout son sens avant même le lancement de ce qui s’apparentait au match le plus important de l’histoire de la Jeu.
L’entrée en matière des hommes de Frédéric Fauthoux venait confirmer cette vague d’optimisme avec une grosse défense illustrée par trois pertes de balles provoquées en autant de minutes. Et surtout un 7-0 infligé aux Stambouliotes, déjà largement sanctionnés avec 4 fautes d’équipe en même pas deux minutes ! Fou furieux, le coach Dusan Alimpijevic était déjà averti par les arbitres pour contestation.
Sans Matt Mitchell (protocole commotion) et avec un Jonah Mathews limité par les fautes, Besiktas s’en remettait à l’ancien Parisien Kyle Allman, 7 points au premier quart-temps, pour ne pas laisser échapper des Burgiens collectifs (9-8, 5e), à qui il ne manquait que l’adresse extérieure (1/6 à 3-points à la mi-temps) pour reprendre un matelas confortable. A la fin du premier acte, la JL donnait l’impression de dominer les débats mais elle ne comptait que deux longueurs d’avance (23-21).
Le fait de jeu : l’exclusion de Bodian Massa et Angel Delgado
L’intensité ne retombait pas durant le deuxième acte. Les coéquipiers d’Isiaha Mike (10 points à la pause) continuaient de faire la course en tête (33-30, 15e) tout en provoquant des fautes (17 en 20 minutes, dont 3 pour Konan et Durmaz). Mais les 7 rebonds offensifs turcs en première mi-temps leur donnaient trop de deuxièmes chances et faisaient passer Bourg-en-Bresse derrière pour la première fois de la rencontre juste avant la pause (35-37, 18e).
Le ton continuait de monter quand Jeremy Morgan, bousculé par Durmaz, sortait, touché à la cheville. C’est alors que le match a pris une toute autre tournure lorsqu’Angel Delgado est venu provoquer les Bressans après un panier des Stambouliotes, provoquant une réaction en chaîne trop prononcée de Bodian Massa, en tête-à-tête. Le coup de trop. S’en est suivie l’exclusion immédiate des deux pivots ! Un tournant.
Après cela, les supporters bressans, déjà à bloc, se sont fait entendre comme jamais à Ekinox, portant les joueurs de Frédéric Fauthoux. Maksim Salash and co rentraient au vestiaire avec trois unités d’avance (44-41). Un moindre mal, même si la Jeu menait à ce moment-là 53 à 33 à l’évaluation. Une preuve de sa domination collective.
Maksim se lâche !
La quatrième faute personnelle de Kevin Kokila faisait transpirer le staff bressan dès le retour des vestiaires (48-44, 22e). Celle de Jonah Mathews avait le même effet sur Dusan Alimpijevic et ses assistants, qui se délectaient toutefois des arabesques de l’ancien Monégasque Derek Needham, lui aussi sur un nuage avec 18 points en autant de minutes (48-49, 23e). En l’absence des deux pivots bressans, c’est Maksim Salash qui avait la lourde tâche de se coltiner le pivot adverse, comme en quarts face à Prometey. Le poste 4 biélorusse répondait présent et portait son équipe vers un 12-3 (60-52, 27e).
Un signal d’autant plus fort que les Turcs voyaient Marko Simonovic et Kerem Konan rejoindre le banc avec quatre fautes avant même la fin du troisième quart (64-55, 28e), laissant le troisième pivot turc, Samet Yigitoglu, seul dans la raquette. La Jeu n’en profitait pas pour autant, démarrant l’ultime quart-temps avec - seulement - deux possessions d’avance (65-59).
Maxime Courby sort de sa boite
Le couperet allait finir par tomber quand Besiktas, plombé par les fautes, prenait un 7-1 dévastateur à l’entrée du dernier acte, le début d'un incroyable 24-4 sur le quart-temps. Ekinox a vibré à l’unisson quand le local de l’étape, Maxime Courby, pas encore entré en jeu sur le playoffs d’Eurocup, plantait un tir à 3-points dans le corner pour donner plus de dix points d’avance à la Jeu à sept minutes du terme (72-60, 33e) !
Une minute plus tard, l’ailier chipait un ballon dans les mains de Marko Simonovic, Jonah Mathews était exclu pour cinq fautes personnelles. Une autre minute plus tard, Maxime Courby doublait la mise et Zaccharie Risacher l’imitait (78-60, 36e). Une hola prenait feu, Ekinox était en roue libre. Besiktas ne marquait plus rien (aucun panier dans le jeu en six minutes), Marko Simonovic était lui aussi exclu pour cinq fautes, Dusan Alimpijevic sortait de ses gonds contre les arbitres et rentrait aux vestiaires, Zaccharie Risacher portait l’estocade (85-60, 38e)... Plus rien ne pouvait atteindre la JL, qui filait tout droit vers sa première finale européenne. Ekinox pouvait savourer !
“Cette finale, on la mérite sur l'ensemble des trois matches. Il n’y a pas de hold-up. Finalement, on est très heureux de finir la série à domicile, c’est plus intense. Il y a 9 ans, on galérait en Pro B. Et on se retrouve en finale de l'Eurocup, raconte à notre micro le héros du moneytime, arrivé au club en 2015. Et je peux faire un bisou à Bodian (Massa) car sans sa sortie, je ne serais peut-être jamais rentré !”, sourit Maxime Courby.
Le fait est que Bourg-en-Bresse (41 000 habitants) devient la plus petite ville française représentée en finale d’une compétition européenne depuis Orthez (10 000 habitants) et sa victoire en Coupe Korac en 1984. Le comble de cette édition 2024 est que la Jeu retrouvera le Paris Basketball en finale, la première équipe de la capitale finaliste d’une coupe d’Europe !
Le programme de la Finale de l’Eurocup 2024 :
Mardi 9 avril 2024 : Paris Basketball – JL Bourg-en-Bresse
Vendredi 12 avril 2024 : JL Bourg-en-Bresse – Paris Basketball
Lundi 15 avril 2024 (si nécessaire) : Paris Basketball – JL Bourg-en-Bresse
A noter que la LNB a décidé d’aménager le calendrier afin que ses deux équipes se préparent dans les meilleures conditions pour la finale, en reprogrammant rencontre JL Bourg - Paris Basketball de la 29e Journée prévue le 14 avril 2024 au 28 avril 2024.
Fabrice Jouhaud, Directeur Général de la LNB : « C’est une grande joie et une grande fierté de voir deux clubs français en finale de l’Eurocup après la victoire au match décisif de la JL Bourg. C’est une récompense méritée pour deux clubs moteurs et ambitieux de la Betclic Elite. Paris Basketball - JL Bourg en finale, c’est une confirmation du retour de la compétitivité des clubs français au niveau continental derrière l’AS Monaco qui est dans le trio de tête de l’Euroleague. »
À Bourg-en-Bresse.