Vainqueur de l'Eurocup la saison dernière, Gran Canaria avait renoncé à s'engager en Euroleague pour ne pas prendre un trop gros risque financier, laissant Valence rempiler pour une année dans le gotha européen. Qu’en serait-il si Paris ou Bourg-en-Bresse venaient à gagner la C2 ? Les deux clubs français débutent leur demi-finale européenne, avec l’avantage du terrain, ce mardi soir contre Londres et Besiktas. Un tel scénario s'anticipe.
Le Paris Basketball a toujours annoncé son ambition d’atteindre l’Euroleague à terme. Alors qu’il dispose du troisième budget de France (9,2 millions d'euros) et, grâce à l’Adidas Arena depuis février, d’une infrastructure de top niveau (8 000 places), le club de la capitale né en 2018 voit cette perspective se rapprocher. Comme il l’évoquait cette semaine dans Le Figaro, son président, David Kahn, rappelle toutefois pour L’Equipe que cela dépendrait de l'accord avec l'Euroleague. Sous-entendu que l'objectif n'est pas d'y être pour un one-shot.
« On se sent comme dans une mini-salle NBA à l'Adidas Arena. C'est encore mieux que je ne l'avais imaginé. Mais on a encore du boulot. C'est comme les avant-premières à Broadway, ce n'est pas encore le vrai show tel que vous le découvrirez dans un moment. Je ne sais pas si on est prêts et si on irait - le vainqueur de l’Eurocup l'an passé a refusé, n'est-ce pas ? -, parce que j'ignore quel serait le deal en cas de qualification. On n'a pas parlé avec eux ni réfléchi à quoi pourrait ressembler la saison prochaine, simplement parce que cela serait prématuré. Il y a une demi-finale et éventuellement une finale à jouer ! Il serait malhonnête de dire qu'on n'y pense pas, mais tout aussi faux de prétendre qu'on sait ce qui serait le mieux pour le club. On aura tout le temps d'y penser plus tard. Si on gagne... »
Une question pas encore d’actualité dans l'Ain
La JL Bourg avance encore plus prudemment. Le quatrième budget de France (7,3 millions d’euros) progresse chaque année grâce à un modèle sain et d’excellents résultats sportifs mais son président, Julien Desbottes, se refuse pour le moment à se poser la question de l’Euroleague, comme il nous le confiait déjà il y a quelques mois.
« S'il n'y avait pas danger, la réponse coulerait de source (...). Cela ne m'empêche pas de travailler en off sur les voies qui nous permettraient d'y réfléchir sérieusement. Cela passerait par un développement économique certes très important. Mais nous avons la meilleure organisation de France pour cela. On est aujourd'hui entre raison et passion. Il est prématuré d'aller plus loin dans la réflexion », accorde-t-il à L'Équipe.
Le PDG de l'Euroleague reste prudent
Pour accompagner ce dossier, le quotidien sportif a demandé au PDG de l’Euroleague, Paulius Motiejunas, son avis sur une potentielle introduction des deux clubs dans la compétition reine. Sa réponse est instructive.
« Ce que montre Paris est impressionnant, un joli succès. Mais c'est autre chose d'enchaîner les performances sur plusieurs saisons, en Euroleague. Ils ont un bon staff, entraîneur, GM... Toutes les pièces du puzzle doivent coller. On verra si cela continue. Avec leur arena et Bercy également proche, c'est un marché que nous souhaitons investir, comme Londres et Berlin. Seul le temps dira s'ils sont prêts. S'ils perdaient en Eurocup ? Beaucoup d'équipes sont candidates à une invitation - les deux Belgrade, la Virtus Bologne, Valence... Ce qui est sûr, c'est qu'ils tapent à la porte.
Quant à Bourg, s'ils l'emportent, ils devront suivre le règlement pour pouvoir prétendre à l'Euroleague. Je dois saluer François Lamy (passé par le Zalgiris Kaunas, dont Motiejunas était manager général), qui fait un très bon travail là-bas comme consultant. Le club a un excellent ambassadeur en la personne de Zaccharie Risacher, qui va s'ouvrir les portes de la NBA, et fédère beaucoup de fans. Mais je ne les vois pas comme un possible membre à long terme de l'Euroleague.
Ce ne sera pas une opinion populaire, mais je pense que tous les participants à l’Eurocup ne devraient pas forcément avoir pour objectif de monter en Euroleague. Je respecte Gran Canaria, qui a décliné l'an passé. Il vaut parfois peut-être mieux jouer la gagne à l'échelon inférieur, plutôt que de ne pas s'épanouir au-dessus ou risquer l'effondrement sportif en milieu de saison tout en mettant en danger l'avenir du club. Je trouve la stabilité préférable. Mais encore une fois, bravo à Bourg, qui mérite tout ce qui lui arrive. »