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Euroleague : l’ASVEL et Monaco, à la croisée des chemins

En Euroleague, l’ASVEL est à 6 victoires et 5 défaites, Monaco à 5 victoires et 6 défaites. Les deux équipes du championnat de France s’affrontent ce vendredi (20h), avec des dynamiques comparables et l’objectif de ne pas se faire décrocher dans la course aux playoffs, dans un contexte tendu par le

En Euroleague, l’ASVEL est à 6 victoires et 5 défaites, Monaco à 5 victoires et 6 défaites. Les deux équipes du championnat de France s’affrontent ce vendredi (20h), avec des dynamiques comparables et l’objectif de ne pas se faire décrocher dans la course aux playoffs, dans un contexte tendu par le fond de trêve internationale.

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Pour la première fois de l’histoire, deux équipes du championnat de France disputent cette saison la formule à 34 matches de l’Euroleague : l’ASVEL en tant que nouveau membre permanent et l’AS Monaco en tant que vainqueur de l’Eurocup. Une petite révolution mise en valeur sur les parquets par le meilleur début de saison européen depuis vingt ans pour les représentants du championnat de France.

Avant de se retrouver à un bilan cumulé de 11 victoires pour 11 défaites, l’ASVEL et Monaco avaient débuté sur un rythme effréné (respectivement 6-2 et 4-3), s’offrant notamment des retournements de situation spectaculaires contre l’Anadolu Efes ou le CSKA Moscou… avant de coincer en novembre face aux ténors de l’Euroleague à domicile pour l’un, et les déplacements lointains à répétition pour l’autre. Sur le plan comptable, les deux restent dans la course aux playoffs, et leur affrontement – le premier entre deux équipes du championnat de France depuis… 2000 entre Lyon-Villeurbanne et Pau-Orthez – pourrait marquer un tournant dans la saison.

Des ambitions à la hausse, mais des objectifs différents

Si les deux clubs ont réussi un début de saison plus que satisfaisant, c’est la résultante d’une hausse du budget global. Jamais autant de moyens financiers n’avaient été mis sur la table en France. L’ASVEL a un budget prévisionnel de 15,1 millions d’euros (+ 27 % par rapport à la saison dernière), et Monaco de 14,1 (+ 87 %). Les masses salariales ont suivi le mouvement (+ 12 % pour les champions de France), surtout pour la Roca Team (+ 150 %), dont le salaire du seul Mike James est évalué à 1,4 million d’euros. Encore fallait-il utiliser à bon escient ces nouvelles ressources, qui restent en deçà des principaux concurrents aux playoffs en Euroleague. Les résultats sont – pour le moment – au-dessus des attentes. « Je ne flatte pas l’ASVEL et Monaco quand je dis qu’ils sont plus forts cette saison. Ils peuvent se qualifier pour les playoffs, tous les deux. C’est comme cela qu’on doit les traiter », avouait le coach du CSKA Moscou, Dimitris Itoudis, battu deux fois en quarante-huit heures à l’Astroballe et à Gaston-Médecin en octobre dernier.

Mais les politiques sportives des deux clubs sont très différentes. Figurant depuis cet été parmi les treize membres permanents de l’épreuve, le club dirigé par Tony Parker n’a aucune pression de résultat pour garantir sa place au plus haut niveau européen. « Pour un top 8, je pense que c’est beaucoup trop tôt. Il faut que nous travaillions encore sur notre budget et, personnellement, je ne pense pas que nous n’y arrivions tant que nous n’aurons pas la nouvelle salle (prévue pour fin 2023) », accordait le président en début de saison au Progrès. Même à 6-2 après la victoire sur l’UNICS Kazan, le frère de Tony et coach villeurbannais, T.J. Parker, se refusait à utiliser le terme de « playoffs » : « Je ne veux pas entendre parler de playoffs. On veut faire aussi bien que l’année dernière (14e, 38 % de victoires), au moins. 34 matches de saison régulière, c’est très long, on sait que ça peut tourner ». « Ils continuent leur évolution. Et je pense qu’ils n’ont pas encore fini », jugeait aussi Guerschon Yabusele, passé de l’ASVEL au Real à l’intersaison, il y a quelques jours. A l’inverse, l’équipe de la Principauté – qualifiée pour une saison grâce à son titre en Eurocup – n’a pas d’autre choix que de viser le top 8 pour retourner en Euroleague la saison suivante. Et elle ne cache pas ses ambitions.

Deux stratégies opposées

C’est pour cela que la Roca Team s’est bâtie un effectif de 16 joueurs professionnels, dont onze étrangers, trois internationaux français et deux jeunes. Autour de joueurs reconnus (James, Motiejunas, Thomas, Motum ou Westermann, quasiment intouchables financièrement jusqu’ici pour des clubs de LNB), de rookies à fort potentiel venus de l’étranger (Hall, Bacon, Diallo) et des meilleurs éléments du championnat de France (Andjusic, Lee, Boutsiele). « Il n’y a pas de limite de joueurs étrangers en Euroleague et nous croyons que les joueurs étrangers sont d’abord des joueurs d’Euroleague avant d’être d’être des joueurs du championnat domestique. C’est pour cela que nous avons décidé d’étendre notre effectif global à 15/16 joueurs », nous accordait le general manager Oleksiy Yefimov il y a quelques semaines.

A l’opposé, l’ASVEL a décidé de s’appuyer sur un socle principal de joueurs français (8 cette saison), avec un mélange d’internationaux confirmés et de jeunes potentiels. « L’an dernier, nous avions un groupe de joueurs forts individuellement. Cette année, nous avons construit l’équipe de manière à ce qu’elle soit la plus complémentaire possible, au-delà des individualités », évoquait T.J. Parker il y a quelques semaines en conférence de presse. Son équipe compte malgré tout « seulement » 14 joueurs pro, sur le papier suffisant pour composer sur la durée, mais dans les faits pas assez pour compenser la dernière cascade de blessures – cinq joueurs à l’infirmerie : David Lighty, Raymar Morgan, Antoine Diot, Victor Wembanyama et même William Howard, revenu depuis -, pas aidée par les cas de Covid positifs du pigiste Marcos Knight et de Dylan Osetkowski.

Tout pour l’Euroleague ?

Dans les deux cas, l’effectif reste conséquent en qualité comme en quantité par rapport au championnat de France. Ce qui ne garantit pas toutefois une hégémonie sur le plan national, car il faut ajouter la fatigue à l’équation de la Betclic Elite, pour des équipes qui ont joué deux fois plus que les clubs français sans coupe d’Europe cette saison. Rien d’étonnant donc, à voir l’ASVEL perdre contre Boulogne-Levallois avec six absents pour son quatrième match en huit jours ou Monaco s’écrouler à Bourg moins de 48h après une bataille en Grèce contre l’Olympiakos.

(c) Euroleague

Ce qui explique pour le moment la domination des Metropolitans en championnat, plutôt épargnés par les blessures jusqu’ici, et vainqueurs des deux mastodontes. « Avec les semaines à trois matches, toutes les équipes d’Euroleague peuvent lâcher de temps en temps un match de championnat domestique », rappelait le coach monégasque Zvezdan Mitrovic, pour qui la première place de la saison régulière n’est plus l’objectif, comme cela avait été le cas entre 2016 et 2019. Comme pour l’ASVEL, l’essentiel est ailleurs : permettre au basket français de continuer de grandir. « C’est génial d’avoir un concurrent comme ça. Cela tire tout le monde vers le haut, annonçait TP en début de saison. Aujourd’hui, nous avons deux vraies locomotives dans le basket français. J’adore le fait que nous ayons un tel concurrent. Avec Monaco, c’est une grande histoire d’amour depuis 2016. »

Deux équipes capables de retourner des situations…

Il n’empêche que Lyon-Villeurbanne comme Monaco ont montré du coeur sur les parquets européens, leur principal objectif de saison régulière, donc, en étant capables de renversements de situation flamboyants. Menée de 19 points dans le troisième quart-temps, l’équipe de T.J. Parker a renversé le champion d’Europe en titre de l’Anadolu Efes devant son public à l’Astroballe (75-73) mi-octobre tandis que celle de Mitrovic a éteint le CSKA Moscou à Gaston-Médecin en remontant un retard de 22 points et s’imposant… de 17 unités (97-80) !

L’info en +
D’après une récente étude du cabinet Iquii Sport, Monaco et l’ASVEL sont les deux équipes d’Euroleague ayant le plus augmenté leur part d’abonnés sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram et YouTube) depuis le début de la saison : 56 000 pour Monaco (+ 6,6 %) et 169 000 pour l’ASVEL (+ 3,1 %).

Des succès de prestige guidés par le collectif et l’énergie déployée pour ne jamais abdiquer. « Tout part de la défense. Si on laisse les meilleures équipes d’Europe à 70 points comme on l’a fait contre l’ALBA, Milan, Efes le CSKA ou le Pana, on sait qu’on a des chances de gagner des matches », estimait T.J. Parker après les deux contre-performances défensives face au Real Madrid et à Barcelone.

… qui affichent aussi leurs limites

A l’ASVEL, certaines individualités sont capables de prendre feu comme Élie Okobo, la grande révélation européenne de ce début de saison, meilleur marqueur avec 19,6 points par match, ou Chris Jones, 5e meilleur marqueur avec 14,7 points par match. Deux arrières ô combien talentueux qui masquent toutefois un manque de collectif : les champions de France sont la moins bonne équipe – et de loin – de l’Euroleague en termes de passes décisives (12,1 seulement, quand le Real en distribue 19,1). En dehors de ses deux leaders, Lyon-Villeurbanne a énormément de mal à créer du jeu et ne bénéficie plus de l’effet de surprise. « La stratégie contre l’ASVEL, tout le monde la connait maintenant : c’est empêcher leurs arrières Elie Okobo et Chris Jones de développer leur jeu », souriait Sarunas Jasikevicius, coach du FC Barcelone, après la large victoire des siens (60-80) la semaine dernière. Autre limite : l’ASVEL a déjà reçu 7 matches à domicile sur 11 et va désormais devoir gagner à l’extérieur (ce qui est déjà arrivé contre l’ALBA et le Pana).

Chris Jones, plus qu’un second. (Infinity Nine Media)

Côté monégasque, le calendrier semble légèrement plus favorable (la Roca Team a reçu 5 matches à domicile sur 11 jusqu’ici) et le collectif un peu plus huilé. Mais attention aux sautes d’humeur et gestes de frustration. Mécontent de la décision de Zvezdan Mitrovic de le sortir du terrain après un match raté contre l’Anadolu Efes, Mike James s’est agacé et est retourné aux vestiaires comme si de rien n’était. La première frasque de l’Américain sous ses nouvelles couleurs. Dans une récente interview accordée à Basket Europe, le general manager Oleksiy Yefimov affirmait néanmoins que Mike James se plaisait au sein du collectif princier. « Il n’y a absolument aucun problème avec Mike James », avait-il noté.

Le 7 janvier, premier « vrai classique »

Ce vendredi soir (20h), les deux équipes du championnat de France s’affronteront en tout cas sur le Rocher en Euroleague… sur fond de trêve internationale. En effet, les deux locomotives joueront en même temps que l’équipe de France, à Pau, en qualification à la Coupe du monde 2023 contre le Monténégro. Les deux clubs avaient pourtant exprimé leur volonté commune et formulé une demande auprès de l’Euroleague d’avancer la rencontre au mardi pour éviter de télescoper les rencontres, et permettre ainsi à ses internationaux – Elie Okobo, William Howard, Paul Lacombe (ASVEL) et Léo Westermann (Monaco) – de jouer les deux rencontres tout en offrant de la visibilité à la crème du basket européen. Ce que l’Euroleague a formellement refusé, sous forme d’équité avec les autres clubs…

Ainsi, Monaco et l’ASVEL s’affronteront – en-dessous des radars -, avec une flopée de blessures pour Villeurbanne – « ça va être comme ça jusqu’à début décembre » annonçait d’ailleurs T.J. Parker après Barcelone – et avec une amertume prononcée sans complexe par les instances dirigeantes hexagonales, à débuter par Jean-Pierre Siutat, président de la FFBB. « Ce n’est pas la première fois que cela arrive et c’est lamentable. Les Bleus auraient joué le jeudi, ils auraient mis Monaco-Asvel le jeudi. Quelle tristesse. Et pour quel gain ? Qui gagne quoi là-dedans ? », a-t-il regretté dans les colonnes de L’Equipe. Un classique dont l’exposition sera moindre mais tout de même important sur le plan sportif. « Tous les matches contre l’ASVEL sont d’énormes combats. À nous d’être prêts et de se montrer encore plus agressifs qu’à l’accoutumée », concédait le Lyonnais d’origine Yakuba Ouattara, arrière de la Roca Team, en amont du match. Avant même l’issue du match aller, les deux équipes ont déjà pris rendez-vous le 7 janvier pour le match retour en Euroleague à l’Astroballe avec – les amoureux du basket français l’espèrent – l’exposition qu’elles méritent.

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Pour la première fois de l’histoire, deux équipes du championnat de France disputent cette saison la formule à 34 matches de l’Euroleague : l’ASVEL en tant que nouveau membre permanent et l’AS Monaco en tant que vainqueur de l’Eurocup. Une petite révolution mise en valeur sur les parquets par le meilleur début de saison européen depuis vingt ans pour les représentants du championnat de France.

Avant de se retrouver à un bilan cumulé de 11-11, l’ASVEL et Monaco avaient débuté sur un rythme effréné (respectivement 6-2 et 4-3), s’offrant notamment des retournements de situation spectaculaires contre l’Anadolu Efes ou le CSKA Moscou… avant de coincer en novembre face aux ténors de l’Euroleague à domicile pour l’un, et les déplacements lointains à répétition pour l’autre. Sur le plan comptable, les deux restent dans la course aux playoffs, et leur affrontement – le premier entre deux équipes du championnat de France depuis… 2000 entre Lyon-Villeurbanne et Pau-Orthez – pourrait marquer un tournant dans la saison.

Des ambitions à la hausse, mais des objectifs différents

Si les deux clubs ont réussi un début de saison plus que satisfaisant, c’est la résultante d’une hausse du budget global. Jamais autant de moyens financiers n’avaient été mis sur la table en France. Et les résultats sont – pour le moment – au-dessus des attentes. « Je ne flatte pas l’ASVEL et Monaco quand je dis qu’ils sont plus forts cette saison. Ils peuvent se qualifier pour les playoffs, tous les deux. C’est comme cela qu’on doit les traiter », avouait le coach du CSKA Moscou, Dimitris Itoudis, battu deux fois en quarante-huit heures à l’Astroballe et à Gaston-Médecin en octobre dernier.

Mais les politiques sportives des deux clubs sont très différentes. Figurant depuis cet été parmi les membres permanents de l’épreuve, le club de Tony Parker n’a aucune pression de résultat pour garantir sa place au plus haut niveau européen. « Je ne veux pas entendre parler de playoffs. On veut faire aussi bien que l’année dernière », accordait T.J. Parker après l’UNICS Kazan. « Ils continuent leur évolution. Et je pense qu’ils n’ont pas encore fini », jugeait aussi Guerschon Yabusele

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Photo : ASVEL (Infinity Nine Media)

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