Dans un match 5 décisif complètement fou, l’Olympiakos a renversé l’AS Monaco mercredi soir pour arracher son ticket pour le Final Four de l’Euroleague à Belgrade (94-88). La Roca Team a longtemps cru mettre fin à 25 ans de disette pour un club français dans le dernier carré de la C1 mais a craqué dans les ultimes minutes. Les Grecs affronteront le tenant du titre, l’Anadolu Efes, en demi-finale.
Cruelle désillusion pour l’AS Monaco. Alors qu’elle a magnifiquement lutté pendant 38 minutes, la Roca Team a fini par tomber sur le terrain de l’Olympiakos, usée par les 12 000 fans surchauffés du Stade de la Paix et de l’Amitié… mais aussi par le collectif grec, d’une solidité remarquable (94-88). L’envahissement du terrain par les supporters alors qu’il restait 9 secondes à jouer a failli avoir raison de l’issue de la rencontre. Mais le match ayant bien pu reprendre, et terminer, l’exploit est bien à mettre à l’actif des Grecs… Et ce malgré une performance monégasque quasi-parfaite !
Depuis que l’Euroleague a mis en place des quarts de finale au meilleur des cinq manches, rarement une équipe n’avait été aussi près d’arracher son billet pour le Final Four lors d’un match couperet hors de ses bases (sur 15 tentatives). Monaco a touché du doigt son rêve d’être la troisième équipe française à atteindre le Final Four de la C1 après Limoges et l’ASVEL, qui avait réalisé cet exploit en 1997.
Il faut dire que la Roca Team avait très tôt pris les commandes au gré d’une défense fantastique dès le round d’observation (6-10, 7e). Les dix premières minutes furent d’une tension rare en tribunes mais aussi sur le terrain entre Dwayne Bacon et Kostas Papanikolaou, qui se chauffaient à la moindre occasion. Sous les yeux de Kevin Durant et même de l’actrice Emma Stone, Monaco ne menait que de 2 points après le premier quart-temps. C’est ensuite que la rencontre s’est emballée.
Yakuba Ouattara, héros valeureux
Le sniper Paris Lee sortait d’abord de ses gonds, en marquant 12 points en sept minutes, puis Donta Hall inscrivait plusieurs paniers en mode energizer. L’écart grandissait subitement et l’on pouvait sentir le Stade de la Paix et de l’Amitié frissonner lorsque l’écart fut monté jusqu’à 11 points (19-30, 14e). D’autant que, très tôt pénalisés par les fautes, les Grecs subissaient aussi la fiabilité de Mike James sur la ligne (24 lancers consécutifs sur la série dont 4 sur le début de match, série finalement arrêtée en fin de deuxième quart) alors que l’Américain n’arrivait pas encore à trouver la mire longue distance (0/6 à la pause).
L’Olympiakos finissait par grappiller quelques points à l’énergie (38-42, 18e) grâce à l’entrée supersonique de Shaquielle McKissic, 16 points à la mi-temps, avant que Yakuba Ouattara ne mette un coup de froid dans la salle… grâce à son quatrième 3-points ! Grâce à sa solidité (3 pertes de balles), Monaco rentrait au vestiaire avec 7 points d’avance à la pause (41-48). Mais il fallait s’attendre à un sursaut d’orgueil des dieux grecs, et ce fut le cas dès le retour des vestiaires. Quasi muet jusqu’alors, Thomas Walkup inscrivait 9 points en 5 minutes et l’Olympiakos était pour la deuxième fois du match devant (56-55, 26e). Danilo Andjusic, auteur de 5 points en une minute, prenait tout de même le relais de Mike James pour conserver la tête (62-67, 29e). Et d’un buzzer à 3-points dont il a le secret, James permettait à l’équipe de Sasa Obradovic de débuter l’ultime quart-temps avec 4-points d’avance (66-70). Sauf que, 4 points, dans une arène surchauffée, ce n’était pas assez.
Pénalisé par quatre fautes d’entrée du dernier quart, Mike James devait s’asseoir sur le banc le temps de quelques minutes. Auteur d’un superbe match jusqu’alors, Paris Lee (14 points) sortait lui pour cinq fautes… et Monaco tombait très tôt dans la pénalité collective, à 6 minutes du terme (75-77, 34e). Le matelas finissait par fondre et le mano-a-mano par tourner à l’avantage des Grecs (78-77, 35e puis 84-81, 37e). La maladresse monégasque dans les moments chauds coûtait cher, et Kostas Sloukas tuait quasiment la rencontre à 2 minutes du terme, d’un 3-points assassin (89-83). Malgré un ultime effort de l’inévitable leader monégasque (91-88), Monaco prenait la foudre de Tyler Dorsey qui pliait le match dans la dernière minute (94-88). L’Olympiakos n’a pas volé non plus sa place dans le dernier carré. La soirée promet d’être longue au Pirée, où supporters et joueurs s’enlaçaient dès la fin du match passée.
Olympiakos – Anadolu Efes au Final Four de Belgrade
De l’incroyable succès olympien, il faut souligner les exceptionnelles performances des extérieurs Kostas Sloukas (15 points, 5 rebonds, 5 passes), Shaquielle McKissic (18 points), Thomas Walkup (17 points) et Tyler Dorsey (16 points). Dominés mais jamais lâchés, ils ont finalement pris le dessus sur Mike James (24 points à 2/10 à 3-points, 10 passes) et ses partenaires, dont Yakuba Ouattara (15 points à 5/7 derrière l’arc) et Dwayne Bacon (12 points, 4 rebonds).
Battus mais fiers de leur performance, les Monégasques se souviendront longtemps qu’ils étaient à deux possessions d’un Final Four historique. Mais le rendez-vous pour le futur est pris, et nul doute que cette série de playoffs sera un acte fondateur de l’histoire de la Roca Team dans la plus grande des compétitions européennes. Car n’oublions pas que Monaco était la première équipe à se qualifier aux playoffs de l’Euroleague dès sa première saison dans la compétition. Une performance déjà XXL.
Deuxièmes de la saison régulière, les triples champions d’Europe grecs (1997, 2012, 2013) affronteront le tenant du titre, l’Anadolu Efes en demi-finale. Dans l’autre partie de tableau, le Real Madrid et le FC Barcelone se défieront au Final Four de Belgrade, du 19 au 21 mai.
Photo : Mike James (Monaco)