S’il y avait un trophée du club qui a le plus progressé sur les dernières saisons, la JL Bourg serait un sérieux candidat. Les Bressans sont passés de la Pro B à l’Eurocup et ce n’est pas le fruit du hasard car derrière les performances sportives, il existe un club solide sur ses fondations. Le Directeur Général Fabrice Pacquelet nous en décortique le fonctionnement.
Voici la 2e partie de l’interview.
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Vous avez déclaré que le plus important n’est pas que dix minutes après la fin du match les gens se rappellent du résultat mais plutôt de l’expérience qu’ils viennent de vivre. C’est un peu iconoclaste en Europe où le principe est victoires/défaites ?
Je pense que pour remplir une salle, il faut lutter contre ce principe de victoires/défaites parce que encore une fois on n’est jamais sûr de gagner. Par contre, ce que l’on maîtrise, c’est ce que l’on va faire autour du match. Et ça, si on le fait bien on est sûr que les gens vont vivre une belle expérience, et qu’ainsi, ils auront envie de revenir, ils en parleront, parce que le petit aura fait une photo avec la mascotte, il y aura un beau show de présentation des équipes, il y aura eu de l’interactivité avec le public, parce qu’il y a une troupe de pompoms ou les Barjot Dunkeurs. Tout ce qui fait que dans une salle vous n’avez pas que des aficionados de basket.
Avez-vous fait des sondages pour savoir les raisons pour lesquelles les gens viennent aux matches et pour connaître leur degré de satisfaction vis-à-vis de chaque aspect de la soirée ?
La ligue avait fait des sondages nationaux lors de la réflexion sur le plan stratégique. On en a fait un ou deux mais surtout pour mesurer comment était constitué notre public car notre objectif était d’attirer un public familial. Aujourd’hui c’est le cas puisque on a 48% de femmes dans le public et 35% de jeunes. Les gens viennent en famille. De la même manière qu’ils pourraient aller le vendredi ou le samedi soirs au ciné, au théâtre ou ailleurs, venir à Ekinox est sur le même plan. Ils viennent passer une bonne soirée, ils voient une équipe qui va se défoncer qu’elle gagne ou qu’elle perde. Si vous perdez que les joueurs ne se sont pas battus, vous avez beau proposer la meilleure expérience possible autour du parquet, ça ne passe pas.
Vous êtes redescendu en Pro B mais sinon les résultats sportifs ont été au rendez-vous ?
Depuis trois ans c’est le cas mais pas les trois premières saisons. On est arrivé en milieu de saison à Ekinox, on a gagné les playoffs, on est monté, mais la saison suivante en Pro A, on a eu une saison difficile puisqu’on n’a pas réussi à se maintenir mais pour autant on a joué tous les derniers matches à guichets fermés. C’est quand même un signe. La saison suivante en Pro B a été compliquée, on a réussi à l’arrache à se qualifier pour les playoffs mais on a perdu en quart-de-finale contre Le Portel. La saison d’après a été une belle saison et on a été champion de Pro B. Il y a eu des saisons plus prolifiques que d’autres en terme de victoires mais par contre le public et les partenaires ont toujours été présents. C’est pareil pour les partenaires, ils invitent plein de gens qui ne viennent pas parce qu’ils sont fans de basket mais parce qu’ils ont entendu parler que c’était sympa, qu’on passe une bonne soirée.
La capacité limitée d’Ekinox n’est-elle pas un frein au développement du club. Pourquoi la jauge n’a-t-elle pas été portée à 5 000 places ?
Quand on a une salle de 2 200 places et que l’on passe à 3 500 dans une agglomération de 100 000 habitants, on se disait nous, club, que c’était raisonnable. On a surtout donné nos besoins en terme d’équipements, de modernité, plutôt qu’en nombre de sièges. On estimait que c’était déjà un beau challenge de remplir 3 500 places en Pro B à l’époque par rapport à la dimension de la ville et de l’agglo. Peut-être que l’on a été trop raisonnable. Aujourd’hui, c’est facile à dire quand on se retourne (sourire). C’est comme la météo, c’est plus facile de donner le temps de la veille que du lendemain. Alors, c’est vrai, aujourd’hui les résultats sportifs ont changé, on est dans une dynamique un peu différente depuis trois, quatre saisons, on se dit qu’il faudrait augmenter la capacité de la salle, hors période de crise sanitaire bien sûr.
C’est possible ?
Je pense qu’il y a des possibilités de l’augmenter. Ce sera certainement une réflexion qui sera menée dans les années qui viennent. Aujourd’hui, en recettes de matches on exploite quasiment la quintessence de ce que l’on peut exploiter. En recettes commerciales, on a eu un fort développement ces quatre dernières saisons, on fait partie du top des clubs dans le basket avec 50 000 habitants dans la ville. C’est aussi ce qui nous a amené à travailler sur la dilution du risque d’où dix partenaires majeurs dans le cercle intime, un deuxième poumon avec un club affaires qui réunit 300 entreprises qui existe depuis 25 ans et qui est le plus reconnu et le plus actif de notre territoire. Et la diversification des revenus avec depuis bientôt un an la création d’un centre de loisirs indoor. C’est un projet qui est né via le club et qui est aussi un pilier pour l’asseoir et son avenir.
« Dans un bâtiment de 4 000m2 sont regroupés différentes activités de jeux »
C’est un centre de loisirs sur un terrain situé face à la salle ?
On l’a ouvert le 6 décembre. C’est un complexe qui s’appelle 1055 puisqu’on a pris la licence de marque d’un enseigne qui existait déjà dans le Jura. Dans un bâtiment de 4 000m2 sont regroupés différentes activités de jeux. On a un kit parc pour les plus petits, un trampoline parc, un parcours Ninja, de l’escalade ludique, un laser game, un bowling 14 pistes, des jeux d’arcade, une zone de billard, et au milieu de tout ça une brasserie dans laquelle peuvent manger 200 personnes assises. C’est ouvert 7 jours sur 7 de 10h à 1h du matin, 2h les vendredis et samedis. Le club est actionnaire majoritaire avec un investisseur. On a créé une société civile immobilière qui possède les murs et il y a une société d’exploitation dans laquelle il y a plusieurs actionnaires dont le club. Je suis également le gérant de cette société. On a structuré le club puisque l’on a embauché un directeur communication-marketing il y a un peu plus d’un an de façon à ce que je puisse lui donner certains dossiers que je traitais auparavant en direct, et me dégager du temps pour pouvoir gérer le 1055 où l’on a également un directeur. On l’a fait car il y a beaucoup de synergie entre les deux activités que ce soit avec les partenaires et le grand public. On créé des évènements. Pour notre premier match européen, on a fait une retransmission sur écran géant. On fait plein de choses pour dynamiser ce lieu.
Il y a davantage de monde les jours de match qu’en temps ordinaire ? Les gens viennent avant et après le match ?
Exactement. C’est vrai aussi les jours de spectacle à Ekinox, s’il y a un concert, un salon. L’idée est qu’il y ait un maximum de synergie entre les deux sites. Les week-ends il y a toujours énormément de monde, durant les vacances aussi. C’est un lieu de vie et de loisirs.
Qu’en est-il de votre tournoi de esport ?
On a parfois des positions différentes… Parmi la volonté d’avoir de nouvelles sources de revenus, on essaye de faire de l’évènementiel. En écho à cette école des meneurs, on organise chaque année les Rencontres du Leadership pour développer la notoriété du club et aussi de nouveaux partenariats, d’aller chercher des marques qui ne seraient pas forcément partenaires du club en dehors de ce type d’évènements. Ces Rencontres du Leadership s’inscrivent dans une récurrence ; on vient de faire la 4e édition. Il y a quatre ans, on a effectivement créé un tournoi esport. On était dans le début du esport et on cherchait un modèle économique qui puisse apporter des nouveaux revenus au club. On l’a fait une première fois, on a réussi à avoir un partenaire, Cultura, on a réuni 80 joueurs pour un tournoi tout l’après-midi. Le soir, il y avait un match à Ekinox et la finale s’y est jouée en partie avec retransmission sur le cube de sorte que tous les spectateurs puissent y assister. Ça a très bien fonctionné et on avait un projet derrière de dupliquer ce type d’évènements avec d’autres clubs du championnat, de sorte à faire six manches et que les six vainqueurs s’affrontent lors d’une finale lors d’un évènement de la ligue. Sauf que ça n’a pas dépassé la phase projet puisque notre interlocuteur a changé chez Cultura. Aussi depuis on n’a plus fait d’évènements esport. La ligue devait créer quelque chose au niveau du esport mais ça ne s’est pas fait. J’ai toujours des contacts pour faire des évènements mais il y a des clubs qui ont créé une équipe esport, Nanterre, Gravelines, mais je ne comprends pas le sens de ça. Je ne sais pas contre qui ils jouent.
Vous aimeriez créer un véritable championnat esport en parallèle des équipes de Jeep Elite ?
Oui mais pas comme un championnat espoir où chaque club aurait son équipe esport qui jouerait avant le match. Pour moi, le bon schéma c’est de créer des évènements esport avec différents jeux pas forcément concentrés sur le basket. Je pense qu’il y a des choses à faire pour créer des passerelles entre ce public qui est très consommateur de esport pour les amener dans nos salles et également sur les annonceurs, des marques que l’on ne touche pas autrement. Mais pour l’instant on n’a pas réussi à trouver le modèle pour organiser tout ça.
« Le fait que le basket soit en clair et qu’il y ait de plus en plus de monde à regarder fera qu’il y aura de plus en plus de monde dans les salles »
Au niveau de votre club, ressentez-vous des effets suite à la diffusion de matches en clair sur La Chaîne L’Equipe et Sport en France ?
J’ai un œil très positif sur la diffusion en clair. C’est une très belle opportunité pour notre sport et on est très satisfait au sein du club de cette évolution. Bien sûr, il peut y avoir une sorte de « cannibalisation », certains spectateurs pourraient rester devant la télé plutôt que de venir dans les salles. C’est à ça que vous faites allusion ?
Non… Je pense que c’est plutôt le phénomène inverse que l’on observe…
Souvent les gens nous disent ça, que l’on va rester devant la télé plutôt que d’aller dans la salle et c’est une erreur. Ça va plutôt générer plus de monde dans les salles que l’inverse et je vois que du positif à ça. C’est comme certains commerçants qui étaient anti-internet car ils estimaient que les clients allaient commander sur Internet plutôt que de venir en magasin. Non, c’est très complémentaire, ça peut générer du trafic. Pour moi, le fait que le basket soit en clair et qu’il y ait de plus en plus de monde à regarder fera qu’il y aura de plus en plus de monde dans les salles.
Vous pensez qu’à terme ça vous permettra de conquérir de nouveaux partenaires ? Est-ce un appât supplémentaire d’être vu par un plus grand nombre de téléspectateurs ?
Je pense que oui. A nous de bien l’utiliser. Je pense qu’il y aura des clubs qui auront plus de facilités à l’utiliser rapidement en raison de la taille de leur ville. C’est plus facile d’attirer des marques nationales quand vous êtes à Paris ou à Lyon qu’à Bourg-en-Bresse. Mais pour autant je pense que c’est un atout pour aller démarcher des marques qu’on ne pouvait pas aller démarcher jusqu’à présent. Nous, par exemple, on a un partenaire maillot pour l’Eurocup, Mincidélice, une boîte qui fait du régime alimentaire, qui est venu parce que les matches sont télévisés et parce qu’elle fait beaucoup de business avec l’Espagne et l’Italie.
En dehors des efforts financiers que vous avez fait chaque année, qu’est-ce qui amène Zach Peacock à rester aussi longtemps à la JL alors que les joueurs et spécialement les étrangers bougent tout le temps car ils veulent aller toujours au plus offrant ?
Notre grande spécificité c’est de pouvoir fidéliser des joueurs. Certains sont restés chez nous même quand ils étaient MVP comme Zach Peacock. C’est Zach qui pourrait le mieux répondre à cette question mais nous ce que l’on essaie de faire, c’est en sorte qu’il soit dans les meilleures dispositions possibles et qu’on soit le plus pro possible. Au bout d’une semaine qu’il était là, Alen Omic m’a dit qu’au niveau de l’organisation du club, de la manière dont on traite les joueurs, on est au top européen. Je me dis que l’on est dans le vrai. On essaie d’avoir un niveau d’exigence professionnel sur tous les niveaux. Une fois que le contrat est signé par Fred (Sarre) avec le joueur et l’agent, les chose sont faites, le logement, la voiture, l’accompagnement sur l’installation, la découverte de la ville, les infrastructures, l’entraînement, la salle Ekinox. On parle beaucoup aujourd’hui de marque employeur pour séduire les meilleurs candidats et en fait c’est un peu la même chose pour nous. Le salaire c’est une composante. Peut-être qu’il y a des gens qui ne vont regarder que ça. Mais moi je n’ai pas fait des choix de carrière que liés au salaire. Donc, il y a des joueurs qui vont choisir uniquement en fonction du salaire et d’autres en fonction d’un certain nombre de critères. Et ce sont peut-être ces joueurs-là qui correspondent le mieux à notre état d’esprit. Le salaire c’est une chose mais si vous avez des collègues qui vous fatiguent toute la journée, un coach ou un président que vous n’aimez pas, il y a plein de raisons qui font que le salaire c’est bien mais ça ne fait pas tout.
Vous avez souhaité mettre en place tout cet accompagnement avant de mettre de l’argent sur les joueurs ?
Oui. C’est être pro sur toute la dimension de notre activité. C’est ça qui est important, je pense. Chez nous, dès que le joueur a le moindre problème, il est réglé immédiatement. On a une personne, Arafat Gorrab, qui est là pour les aider. On essaie d’être exigeant à tous les niveaux pour que les joueurs soient dans les meilleurs conditions possibles pour exercer leur métier. Dans l’organisation du club, d’avoir des grands professionnels comme Fred Sarre, notre coach (Savo Vucevic) qui est là depuis cinq ans, fait que l’on a une stabilité qui permet d’avancer, de progresser chaque année.
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Vous avez déclaré que le plus important n’est pas que dix minutes après la fin du match les gens se rappellent du résultat mais plutôt de l’expérience qu’ils viennent de vivre. C’est un peu iconoclaste en Europe où le principe est victoires/défaites ?
Je pense que pour remplir une salle, il faut lutter contre ce principe de victoires/défaites parce que encore une fois on n’est jamais sûr de gagner. Par contre, ce que l’on maîtrise, c’est ce que l’on va faire autour du match. Et ça, si on le fait bien on est sûr que les gens vont vivre une belle expérience, et qu’ainsi, ils auront envie de revenir, ils en parleront, parce que le petit aura fait une photo avec la mascotte, il y aura un beau show de présentation des équipes, il y aura eu de l’interactivité avec le public, parce qu’il y a une troupe de pompoms ou les Barjot Dunkeurs. Tout ce qui fait que dans une salle vous n’avez pas que des aficionados de basket.
Avez-vous fait des sondages pour savoir les raisons pour lesquelles les gens viennent aux matches et pour connaître leur degré de satisfaction vis-à-vis de chaque aspect de la soirée ?
La ligue avait fait des sondages nationaux lors de la réflexion sur le plan stratégique. On en a fait un ou deux mais surtout pour mesurer comment était constitué notre public car notre objectif était d’attirer un public familial. Aujourd’hui c’est le cas puisque on a 48% de femmes dans le public et 35% de jeunes. Les gens viennent
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Photo d’ouverture: Danilo Andjusic (Eurocupbasketball)