Ce club et cette équipe sont magiques. En l’emportant ce soir lors de la manche retour (82-79) après avoir assuré l’aller à Chalon (58-58), Nanterre 92 s’offre une deuxième coupe d’Europe après l’EuroChallenge en 2015 et un autre doublé en instantané après la Coupe de France samedi dernier.
La triplette d’extérieurs Chris Warren (24 points), MVP de la soirée, Spencer Butterfield (16), Heiko Schaffartzik (13) et l’adresse générale à trois-points (14/26) ont fait sauter les verrous bourguignons. Sa domination à l’intérieur n’a pas suffit à l’Elan qui s’incline ainsi pour la troisième fois dans une finale européenne.
Quel paradoxe. Cette finale franco-française s’est tenue dans un complet anonymat médiatique national. Se retrouver coincée au milieu de la campagne électorale de la Présidentielle n’est pas la seule explication. Il ne s’agit que d’une FIBA Europe Cup, une C4, c’est vrai… C’est un bon cran en-dessous de feu l’EuroChallenge gagnée il y a deux ans par Nanterre, de la Korac de Nancy et encore plus de cette même Korac trois fois remportée par Limoges et Orthez dans la première moitié des années 80 et qui était habillée d’un prestige bien supérieur surtout que deux d’entre-elles avaient été diffusées en direct sur la deuxième chaîne nationale.
Sur 20 Minutes, le coach nanterrien Pascal Donnadieu faisait remarquer que le fait d’assister à une lutte fratricide pouvait vue de l’extérieur dévaloriser le trophée mais que ses joueurs avaient du batailler dix-huit fois cette saison un peu partout en Europe avant d’apercevoir la ligne d’arrivée et accrocher quelques belles pièces comme Bonn et Charleroi. Incapable de gagner une C1 ou une C2 depuis vingt-quatre ans avec Limoges et son titre européen toutes catégories, le basket français ne peut pas faire la fine bouche sur ce trophée. Lequel vaut toujours davantage qu’une coupe européenne de rugby réservée à un quarteron de pays et pourtant médiatiquement totalement surévaluée. C’est comme ça…
« Oh… Oh… Oh… JSF! JSF!
Quel paradoxe disions nous car en terre bourguignonne, ce fut une véritable fête. C’était la troisième finale continentale de l’Elan Chalon et c’est une sacrée perf puisque seul le Limoges CSP a fait encore mieux. Le Colisée avait été rempli en moins de deux heures pour la manche aller et on y a battu un record de décibels. Pour le retour, la ville avait pris l’initiative d’ouvrir la salle et d’organiser une retransmission sur écran géant pour ceux qui ne s’étaient pas déplacés dans les Hauts-de-Seine et qui n’ont pas SFR Sport 2.
L’entrée des joueurs de Nanterre sur le terrain de Maurice-Thorez s’est fait dans le calme. On n’est pas au Panathinaikos. D’ailleurs à l’extérieur, en dehors du périmètre de la salle, il n’y a pas trace de l’événement. On entend avant match tout autant la centaine de supporters venus de Chalon qui font concurrence au kop de Nanterre situé derrière le panneau et qui est l’un des plus électriques de France. Seulement, évidemment, la loi du nombre fait que les Nanterriens tous en vert, comme les Chalonnais étaient en blanc au Colisée, et avec Jamil comme chauffeur de salle prennent le dessus. Et un peu avant l’heure H, les « Oh… Oh… Oh… JSF! JSF! » résonnent à qui mieux mieux.
+11 pour Nanterre à la mi-temps
L’ambiance euphorise les joueurs de Pascal Donnadieu qui envoient d’emblée une volée de bois vert aux Chalonnais. La présence de Gédéon Pitard dans le cinq de départ pour ralentir l’activité du meneur/shooteur allemand Heiko Schaffartzik n’y change rien. Nanterre, sur sa lancée de la finale de la Coupe de France, creuse un premier écart après un peu plus de trois minutes (12-4). L’Elan fait le gros dos sans courber l’échine. Donner la balle à l’intérieur à Moustapha Fall (2,18m) et à l’extérieur à Cameron Clark sont les meilleurs des remèdes. Après dix minutes, Nanterre a enfilé sept paniers à trois-points sur huit tentatives (11 points pour Chris Warren comme pour Cameron Clark) mais Chalon n’a que cinq points de retard (26-31). C’est un moindre mal.
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Beaucoup d’équipes et pas seulement de Pro A auraient été noyées par les lances à incendie nantériennes. Pas Chalon qui ne se désunit pas dans ce match où clairement l’intensité est davantage mis dans les attaques que les défenses (61,9% de réussite pour Nanterre à la mi-temps et 61,2% pour Chalon!). 36-31 (24e). Moustapha Fall rappelle qu’il est strictement inarrêtable en Pro A balle en main dans la peinture. Seulement, Chris Warren (17 points et aussi 9 passes contre 2 points et 2 passes à John Roberson alors que l’Américain de la JSF avait obtenu une une évaluation catastrophique à l’aller, -4) est dominant à la mène et les Franciliens se constituent inexorablement un petit pécule (56-45, 20e). Le score à la mi-temps est ainsi presque égal à celui de l’aller… après 40 minutes (58-58).
Chalon repasse en tête… Pas pour longtemps
Quand Nanterre va t-il perdre de sa superbe? Pas en début de troisième quart-temps. Les Nanterriens poussent même leur avantage à+ 14 (61-47). Il faudrait voir si jusque là Heiko Schaffartzik and Co ont raté deux shoots de suite. Ceci dit -presque- sans exagérer. Et pourtant, et pourtant… John Roberson, qui est un champion, se réveille. Moustapha Fall (17 points mais seulement 4 rebonds) est toujours intenable dès qu’il est servi dans de bonnes conditions. Chalon a presque recollé quand le buzzer de la fin du troisième quart-temps retentit (68-69) et prend l’avantage aussitôt le dernier acte entamé.
Forcément, chaque action dans le money time vaut son paquet d’euros. L’adresse est en chute libre. Peu importe le beau jeu, il faut être efficace. Nanterre tente une échappée (75-70), est presque repris (77-75).
Chris Warren marque un trois-points impossible (82-75). Mathias Lessort stoppe Moustapha Fall. La sono de Maurice-Thorez et Jamil depuis longtemps saturent. Le public hurle « défense! ». Cameron Clark fait un airball, ce qui ne lui ressemble pas. Mais Axel Bouteille est toujours en embuscade. C’est le final d’une finale dont vous rêviez pour vous en souvenir toute une vie. 82-79 pour Nanterre à 1’27 du buzzer. Mathias Lessort rate ses deux lancers mais dans la foulée Lance Harris réussit… un joli sous-marin. Et Chris Warren un air-ball. Le score est scotché à 82-79.
John Roberson perd la balle. Et c’est autour de Nanterre de faire la même bourde. 8 secondes à jouer. Balle à Chalon pour égaliser. Temps-mort de Jean-Denys Choulet. « We will rock you », des Queens hurle la sono. Tout le monde est debout, personne ne respire. Le dernier shoot à trois-points est pour Axel Bouteille bien démarqué mais qui le loupe franchement. Heiko Schaffartzik prend le rebond, repart à l’attaque, et ivre de joie balance la balle en l’air. Wunderbar!
« Ici c’est? »…………. Nanterre!
Ce soir, sûr que les hommes de Pascal Donnadieu ne vont pas être sages comme des images lors de la troisième mi-temps.
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Photos: FIBA Europe
La boxscore est ici.